Objectif Qatar : comment se renforcer d’ici mars ?

Par Muko
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La plainte des Ecureuils a été vaine !

Victorieuse en Tanzanie (3-0) puis devant le Bénin (2-0) lors de la dernière journée, la RDC a bel et bien validé sa qualification en barrages d’accession à la prochaine Coupe du Monde. Soulagement ? Oui. Euphorie ? Non. On ne va pas se réjouir d’avoir dominé un groupe abordable pendant des mois. Désormais, il est nécessaire d’avoir un regard bien plus introspectif et critique sur cette campagne d’éliminatoires. Car malgré les victoires finales, tout est loin d’avoir été parfait. Et pour avoir une chance d’aller au Qatar au détriment d’un cador du continent, les chantiers sont nombreux d’ici mars…

4-4-2 : austère, efficace… ou les deux ?

Dès la nomination d’Hector Cùper, nous vous avions prévenu. Avec l’Argentin de 66 ans aux commandes, il ne fallait pas s’attendre à un football offensif ni attrayant. Caractérisé par son austérité depuis ses débuts sur un banc il y a 24 ans à Majorque, ce n’est pas aujourd’hui qu’il changera quoi que ce soit. Et sans surprise, le jeu des Léopards s’en ressent. Exit le 4-3-3 ou encore 4-2-3-1. Place à un bon vieux 4-4-2 à l’ancienne, comme on en fait pratiquement plus. Ainsi, on a vu l’équipe congolaise avoir 36% de possession de balle face à… la Tanzanie. Loin de vouloir faire le jeu, les Léopards subissaient, et n’osaient qu’en contre-attaque.

Le 3-0 net en faveur de nos fauves (3 buts sur 4 tirs cadrés) indique, espérons-le, la naissance d’une efficacité dans le jeu. Mais il peut également être un trompe-l’oeil. Car avec des adversaires plus adroits et sans la vigilance de Kiassumbua, le score aurait pu être bien différent. Idem lors du retour face au Bénin, où la solidarité des Léopards doit être relativisée par la faiblesse offensive des Ecureuils. En mars, il sera donc dangereux de laisser la balle à une équipe plus joueuse et mieux rodée tactiquement que nos adversaires du groupe.

Surtout qu’au cours de la manche aller comme retour, les Léopards n’ont jamais vraiment convaincu dans le jeu. Une équipe coupée en deux, une défense parfois friable sans Tisserand et Mbemba (cf les occasions concédées face à la Tanzanie), et une attaque surtout portée par un Mbokani déterminé à disputer une Coupe du Monde avant la fin de sa carrière (4 buts et 1 passe décisive en 5 matchs). L’efficacité du schéma d’Hector Cùper reste donc à relativiser. Dans le schéma et les idées du staff, plusieurs aspects positifs comme négatifs peuvent être dégagés.

On aime…

Le schéma de Cùper laisse libre cours au contre-attaque des latéraux, ce qui permet à Mukoko Amale de s’épanouir.

  • L’association Bakambu-Mbokani 

Dans le principe, l’idée d’associer Dieumerci Mbokani et Cédric Bakambu en attaque est optimale, grâce à la complémentarité de leur profil et leur expérience respective. A respectivement 36 et 30 ans, il est d’ailleurs étonnant – et dommage – de constater qu’ils aient si peu été alignés ensemble ces dernières années. Ayant manqué plusieurs mois de compétition suite à l’arrêt du championnat chinois, Bakambu est totalement passé à côté de la campagne. Mais avec un retour en Europe programmé au mercato, hivernal, il devrait être en meilleure forme en mars.

  • La solidarité

Face au Bénin, on a vu Ben Malango tacler, Dieumerci Mbokani remporter des un-contre-un défensifs, Yannick Bolasie arpenter son couloir pour se replier…. la patte Cùper s’est ressentie dans la solidarité et l’envie observée. La coordination du pressing s’est notamment améliorée au fil des rencontres. La générosité des milieux centraux dans l’effort (mention spéciale à Samuel Bastien) qui avalent les kilomètres n’y est pas étrangère.

  • L’activité des latéraux 

Le 4-4-2 de Cùper est défensif, certes. Mais il a le mérite d’exploiter les qualités de contre-attaquants des latéraux congolais. Et s’il y en a un qui s’est imposé comme le grand gagnant de ce système, c’est bien Mukoko Amale. L’ancien « Imanien » semble très apprécié par Cùper, qui l’a titularisé à chaque rencontre, même après son premier match raté face à la Tanzanie. Sa vitesse de pointe et sa percussion apportent une réelle menace offensive, et son endurance lui permet de répéter les efforts tout au long du match. Sa qualité de centre tend également à s’améliorer (deux passes décisives pour Malango) malgré quelques approximations techniques. Idem pour son pendant à gauche, Arthur Masuaku, qui a impressionné face au Bénin. Plus fin techniquement et percutant que Glody Ngonda, le joueur de West Ham sera malheureusement suspendu pour le match aller des barrages. Et alors que Fabrice N’Sakala est mis au placard à Besiktas, Vital N’Simba (Clermont) semble le candidat idéal pour le remplacer dans ce rôle de latéral offensif.

On aime moins…

L’approche très « défensive » des Léopards sera risquée face à un cador du continent…

  • Voir les Léopards subir

Si tenté qu’il y en a un, l’ADN des Léopards est-il de subir le jeu de l’adversaire ? Florent Ibenge s’adaptait à lui, Christian Nsengi voulait imposer un jeu offensif, tandis qu’Hector Cùper ne jure que par la contre-attaque. Peu de continuité, donc… mais comme évoqué plus haut,  il sera très dangereux de subir autant face à un cador du continent, en confiance et affûté tactiquement, surtout que l’équipe reste en construction.

  • Le milieu pas encore rôdé

L’entrejeu des Léopards se cherche encore, et ne rassure pas toujours. Prometteuse à l’aller à Madagascar, la paire Bastien-Kayembe a déçu au retour, et la prestation du deuxième cité à Antananarivo semble lui avoir coûté – du moins pour l’instant – sa place dans le onze. De manière générale,  la cohésion a du mal à prendre malgré les efforts individuels fournis par les joueurs. Peu d’offensives efficaces ont réellement été construites à partir du milieu de terrain. Et la défense se retrouvait trop souvent exposée, jusqu’au dernier match face au Bénin. Espérons que cette victoire décisive serve de déclic !

  • Des joueurs pas à leur poste

Kakuta à droite, Mbemba de retour au milieu, Bastien qui passe milieu droit en cours de match… Cùper devra trouver une alchimie plus cohérente en barrages. A sa décharge, plusieurs joueurs initialement sélectionnés manquaient à l’appel. Mais pour maximiser les chances des Léopards, chaque joueur doit jouer à son poste de prédilection.

Toutefois, l’urgence de la situation doit nous rendre à l’évidence : il est trop tard pour un profond remaniement tactique. Ce 4-4-2 austère, à l’image des idées et de la personnalité apparente d’Hector Cùper, sera probablement reconduit en mars. Il est donc dommage de constater que l’équipe semble se construire… en match officiel. Les Léopards ont pourtant effectué un stage amical en mai dernier, mais sans réellement profiter de l’occasion, sans doute par manque d’ambition. Dommage, car un système comme le 3-5-2 où 3-4-3 iraient comme un gant à l’équipe nationale. Mais un changement de système (une défense à trois en particulier) demande du temps à implémenter. Et les Léopards n’en ont pas… Il faudra donc  certainement se contenter de défendre et de contre-attaquer.

Surtout : faites le nécessaire pour réunir les meilleurs !

Arthur Masuaku a étalé toute sa classe face au Bénin

Pour cette confrontation capitale, espérons que le staff affiche des critères de sélection plus convaincants qu’en éliminatoires. Par exemple, celui du temps de jeu en club n’apparaît clairement pas comme une priorité. Mais surtout, une grosse erreur a été commise pendant les éliminatoires : celle de se passer des joueurs évoluant au Royaume-Uni pour la double confrontation face à Madagascar. En effet, dans un contexte où la RDC se trouvait, un temps, sur « liste rouge » établie par les autorités britanniques, les joueurs concernés n’auraient pas pu disputer les rencontres à domicile pour les deux premières journées. Face à cette situation, la décision a été prise (sans qu’on sache précisément s’il s’agit du coach, du staff, du Team Manager où encore de la Fédération) de se passer totalement de ces joueurs sur les deux matchs, alors qu’ils auraient pu jouer à l’extérieur. Espérons que la défaite au Stade Barea, et surtout l’apport d’un Masuaku et d’un Kebano lors des deux dernières sorties dissuadera les décisionnaires de recommencer. Par exemple, le latéral de West Ham sera suspendu et donc indisponible pour la confrontation aller en barrages. Mais sa présence dans la liste doit absolument être maintenue pour le match retour.

De manière générale, la sélection se montre beaucoup trop laxiste dans sa volonté de réunir les meilleurs joueurs. Dernier exemple probant en date ? La défaite face au Gabon (0-3) qui avait coûté à la RDC sa place à la CAN de cette année. Malgré les demandes de Christian Nsengi et de son staff, aucun moyen n’a été mis en place pour affréter les joueurs sélectionnés. Contrairement aux adversaires du jour, qui avaient pu compter sur leurs meilleurs éléments…

On ne le répètera jamais assez : tirons les leçons de nos échecs. En mars, on veut voir le onze le plus cohérent possible. Avec les meilleurs ! 

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