Tactique : une défense à trois pourrait-elle être profitable aux léopards ?

Par Muko
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Un véritable verdict pourra être donné après le match à Brazzaville, mais la RDC traverse indéniablement une période de doute. Sans victoire enregistrée depuis un an jour pour jour (face à la Guinée à Kinshasa), les léopards doivent impérativement gagner le derby du Pool Malebo pour conserver leur destin en main dans la course à la CAN camerounaise.

Au-delà des résultats décevants, le jeu proposé par les poulains d’Ibenge est sous le feu des critiques. Et celles-ci n’ont rien d’anormales, surtout depuis la double confrontation ratée face au Zimbabwe. A Kinshasa, domination stérile (près de 80% de possession de balle), constructions offensives inefficaces et sautes de concentrations fatales en défense furent les ingrédients d’une défaite frustrante. Ces deux derniers points, réitérés au match retour, étaient les facteurs du triste nul concédé à Harare.

A la veille d’un match déterminant pour la qualification, changer de système peut paraître inapproprié. Cependant, pourquoi ne pas y réfléchir à court terme ? Aucune « équipe type » des léopards ne peut aujourd’hui être décelée. Les fréquentes absences de joueurs susceptibles d’être titulaires, pour x ou y raisons, rendent le onze national (trop) variable d’un match à l’autre. Néanmoins, le sélectionneur présente la plupart du temps un 4-3-3 dit « défensif », se transformant souvent en 4-4-2 au cours du match, ou un 4-4-2 dit « à plat » (comme lors du match retour face au Zimbabwe). Un système à 3 défenseurs n’a jamais été utilisé par coach Androïd. pourtant cela pourrait être cohérent…

 

3-4-3 :

 

 

LES AVANTAGES :

  • La forte densité offensive que déploie ce système aiderait aux constructions d’attaque qui ont récemment fait défaut à l’équipe. Ce schéma présente cinq joueurs de couloir (et les léopards n’en sont pas dépourvus) qui disposent d’une grande liberté.
  • Au poste d’arrière-latéral, certains joueurs tels que Jordan Botaka auraient une carte à jouer. Repositionné avec succès piston droit en club (un peu à la manière d’un Victor Moses, toutes proportions gardées), le capitaine de Saint-Trond ferait valoir son dynamisme et ses qualités d’élimination dans le un-contre-un. Cependant, cet ailier d’origine demeure en phase d’apprentissage défensif.  Sur ce plan-là, Jordan Ikoko semble plus armé. Discipliné dans le placement, le joueur formé au PSG offrirait un apport plus équilibré entre la défense et l’attaque. Sa concurrence avec Issama Mpeko pourrait alors être replacée un cran plus haut. Les lacunes techniques du défenseur de Mazembe, qui possède actuellement une longueur d’avance sur Ikoko au poste d’arrière-droit, permettraient alors de rebattre les cartes.
  • A gauche, Arthur Masuaku serait dans son élément. Excellent contre-attaquant, le joueur de West Ham sait presser haut et se montrer dangereux en possession, comme le requiert ce système. En cas d’indisponibilité de l’ancien Valenciennois, le poste de wing-back irait comme un gant à Fabrice Nsakala. Porté vers l’offensive et percutant, le joueur de 28 ans représenterait une belle alternative à Masuaku. Encore jamais appelé en sélection, Heradi Rashidi verrait là une belle opportunité d’intégrer les léopards. A l’aise techniquement et capable de jouer « faux-pied », le joueur de l’AIK Solna apporterait de la variété par son style de jeu .
  • Pour couvrir les montées des pistons et relancer proprement, les léopards ont l’avantage d’avoir à disposition des stoppeurs sachant manier le ballon. Ainsi, Marcel Tisserand, Chancel Mbemba où encore Chris Mavinga auraient une vraie carte à jouer pour entourer Christian Luyindama. Polyvalent, le défenseur de Wolfsburg s’était révélé à gauche d’une défense à trois avec Ingolstadt. Sa technique fine et sa capacité à remonter la balle (même en jouant faux-pied) feraient de lui un sérieux candidat à ce poste. Quant à Mbemba, il a déjà évolué à droite d’une défense à trois lorsqu’il évoluait à Newcastle et son profil semble correspondre aux besoins requis. Néanmoins, le sélectionneur rechigne à le faire redescendre en défense. Et c’est là que l’option Mavinga, très performant au sein d’une défense à trois avec Toronto, serait intéressante. Quant au boss du Standard, moins à l’aise avec le ballon que ses compères mais dur sur l’homme et très bon dans les un contre un, il semble désigné pour le centre de la défense. Ce système conviendrait parfaitement pour contrer une équipe présentant un 4-4-2.
  •  De plus, le 3-4-3 est particulièrement utile pour lancer des attaques en profondeur. Ceci correspondrait davantage au profil de Cédric Bakambu qu’un 4-3-3 par exemple, qui requiert un profil plus physique en pointe. Pour animer les ailes, les candidats ne manquent pas : Yannick Bolasie, Chadrac Akolo, Elia Meschack ou Firmin Mubele (pour ne citer qu’eux).

LES INCONVENIENTS :

  • S’il pourrait bien exploiter certaines facettes du jeu des léopards, le pari du 3-4-3 est risqué. Il s’agit en effet d’une formation qui mise davantage sur l’attaque et peut facilement exposer la défense si les pistons et les ailiers manquent de discipline dans le repli. C’est le jeu de l’adversaire qui déterminerait ainsi le choix des joueurs de couloir en fonction de leur aptitudes défensives, car  la probabilité de se retrouver en deux contre un sur le couloir est très élevée.
  • Le manque de densité au milieu de terrain. Si l’adversaire aligne trois joueurs dans l’entrejeu, la bataille du milieu pourrait tourner à son avantage. Tout dépend néanmoins des joueurs utilisés à la récupération du ballon. Un tandem Mulumbu-Mbemba par exemple, pourrait être intéressant.
  • L’absence de maître à jouer. Paul-José Mpoku, très à l’aise dans ce rôle avec la sélection (6 buts et 3 passes décisives en 11 matchs) s’en retrouverait alors privé.

3-5-2 :

 

 

LES AVANTAGES : 

  • Système assez proche du 3-4-3, le 3-5-2 a l’avantage de présenter un milieu beaucoup plus dense, moins susceptible d’exposer la défense. Le jeu de l’Angleterre pendant la Coupe du monde serait à prendre en référence pour ce système. Si les deux récupérateurs alignés sont complémentaires, l’un des deux peut alors créer un surnombre sur les phases offensives. L’on pense alors à Mbemba, souvent enclin à se projeter et tenter des percées offensives, tout en travaillant à la récupération. Le polyvalent Jacques Maghoma aurait aussi un rôle à jouer, pour son calme et sa capacité à relayer le jeu. Mais ses lacunes défensives (il n’est pas récupérateur de métier) pourraient coûter cher, comme à la CAN 2017 face à la Côte d’Ivoire. Merveille Bope toujours convalescent et Fabrice Ngoma peu convaincant face au Zimbabwe, Youssouf Mulumbu pourrait alors en profiter pour s’installer dans le onze. Bref, un véritable casse-tête pour le sélectionneur, mais qui pourrait s’avérer fructueux…
  • L’apparition d’un milieu offensif central permettrait de sevrer davantage les deux attaquants en ballons. Mpoku, Kakuta, Kebano et désormais Mputu pourraient se disputer le poste. Devant, Bakambu serait moins esseulé. L’ancien goleador de Villarreal pourrait être accompagné d’un attaquant utilisant un jeu de déviations. En froid avec la sélection, Dieumerci Mbokani ne semble pas près d’un son retour, malgré sa forme retrouvée à l’Antwerp. Dommage, car son profil aurait pu être bénéfique à ce système… Jonathan Bolingi, dont le jeu aérien est une des principales qualités, aurait alors son mot à dire. Pas vraiment à son avantage avec la sélection, Benik Afobe partirait avec une longueur de retard (il n’a d’ailleurs pas été retenu contre le Congo-Brazza, au même titre que Britt Assombalonga)

LES INCONVENIENTS : 

  • Contrairement au 3-4-3, les côtés représentent davantage une potentielle faiblesse qu’une force offensive. En effet, ce système réclame énormément d’effort aux pistons, qui doivent constamment faire l’essuie-glace entre la défense et l’attaque. Ces derniers cumulent alors le travail d’un arrière-latéral et d’un ailier. Pendant la Coupe du Monde, l’Angleterre, possédait des pistons disciplinés et infatigables (Kieran Trippier et Ashley Young), mais la RDC peut difficilement en dire autant.
  • S’il permettrait indéniablement de densifier le milieu, ce schéma supprimerait le poste d’ailier, très pourvu chez les léopards. Un gâchis potentiel, donc…

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