La RDC disqualifiée de la CAN U23 : les dessous de l’affaire Arsène Zola

Par Muko
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Le couperet de la CAF est tombé. Et il fait mal…Qualifiés sur le terrain aux dépens du Maroc (2-1 score cumulé), les léopardaux ne verront finalement pas le prochain tour qualificatif de la CAN U23. La raison de cette désillusion ? L’inégibilité, à trois mois près, du capitaine Arsène Zola, qui aurait dépassé la limite d’âge requise pour disputer le tournoi.

Un surréalisme à la sauce congolaise…

Selon le site du TP Mazembe, Arsène Zola est né en 1996, ce qui le rend inéligible pour disputer la CAN U23.

En effet, il est inscrit sur le site officiel du TP Mazembe que le défenseur est né le 23 février 1996, ce qui aurait du l’empêcher de participer à cette confrontation. C’est donc logiquement que la Fédération royale marocaine de football a déposé une réserve à la CAF après avoir constaté cette information.

Cette réserve est d’abord accueillie avec scepticisme par beaucoup de Congolais, et pour cause : si l’on se fie à son passeport, Arsène Zola est bel et bien né en 1997 !  Une simple erreur sur le site de Mazembe est alors évoquée, et la propension de certains clubs et sélections du Maghreb à régulièrement brandir une réserve auprès de la CAF après une défaite est moquée.

…aux conséquences dramatiques

Mais les rires s’arrêteront net après le verdict de la CAF : reconnue coupable, la RDC est éliminée de la CAN pour fraude liée à l’âge, et sera également privée des éliminatoires de la prochaine édition. Par extension, les espoirs de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo, auxquels pouvaient participer le vainqueur et les finalistes du tournoi, s’envolent également. La belle vitrine qui pouvait s’offrir aux jeunes talents congolais s’en voit brisée. L’engouement naissant autour des talentueux léopardeaux est anéanti et la RDC sera, une fois n’est pas coutume, la risée de l’Afrique.

Désormais, on pense au travail de fond mené par Christian Nsengi, Christopher Oualembo et le staff technique pour bâtir une équipe de jeunes digne de ce nom, qui vole en éclats. On pense également aux joueurs locaux comme Jackson Muleka, Jonathan Ifaso ou Chadrack Muzungu qui voyaient là une occasion unique de révéler leur talent le plus tôt possible. Sans parler du message envoyé aux binationaux tels que William Balikwisha, Over Mandanda où Gaël Kakudji, qui avaient fait le choix du coeur en optant pour les léopards. Les verra-t-on encore porter notre vareuse ? Rien n’est moins sûr…

La FECOFA prend acte

Face au communiqué de la FRMF annonçant la décision de la Confédération, un recours de la FECOFA est envisagé dans un premier temps. Néanmoins, contre certaines attentes, la fédération a décidé de prendre acte de la sanction infligée par l’instance. Comme en témoigne le communiqué officiel ci-dessous :

Communiqué_FECOFA_0001

La sanction de la CAF : deux poids, deux mesures ?

Connaissant les risques encourus, Arsène Zola n’aurait jamais du être titularisé, et la sanction, de par son caractère facilement évitable, est amplement méritée.  Néanmoins les contours et la sévérité de cette peine se doivent d’être évoqués, et comparés avec d’autres cas similaires en Afrique.

En effet, face aux fraudes d’âge avérées qui ont entaché les éliminatoires de la CAN U17 actuellement en cours en Tanzanie, la Confédération avait radié les joueurs en question, sans toutefois compromettre les sélections, en l’occurrence la Guinée, le Cameroun et la Tanzanie. Force est de constater que la RDC n’a pas bénéficié de la même clémence… Le président Lekjâa s’était déjà insurgé contre ces décisions, qu’il jugeait trop laxistes, comme en témoigne cet extrait du site marocain Le360 sport :

« La Confédération africaine de football a suspendu plusieurs joueurs participant à la Coupe d’Afrique des nations des moins de 17 ans, accusés d’avoir dépassé l’âge limite autorisé. Une décision critiquée et jugée insuffisante par le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa.
(…)  Le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) s’en est ouvertement pris à la Confédération africaine de football (CAF), instance dont il est lui-même vice-président et réputé proche de son patron, le Malgache Ahmad Ahmad.

Cause de cette colère: la participation avérée de plusieurs joueurs âgés de plus 17 ans à la CAN U17, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du weekend des 20 et 21 avril. Surtout que le Maroc a été encore récemment sorti de la CAN U23 et des JO 2020 par la RD Congo qui a aligné un joueur de plus de 23 ans.
Pour Fouzi Lekjaa, la CAF est tout bonnement incapable de mettre fin au fléau de trafic d’âge dans les compétitions footballistiques africaines, assurent nos confrères arabophones.

Le patron du football marocain s’est également interrogé sur l’absence de sanctions contre les fédérations sportives ayant fait participer des joueurs âgés de plus de 17 ans, comme le Cameroun, dont trois joueurs ont été suspendus, et la Tanzanie, pourtant pays hôte de la compétition et qui a fait jouer un joueur de plus de 17 ans.
Le vice-président de la CAF appelle également à ne pas se taire face à ces pratiques qui portent préjudice à la crédibilité du football africain. Si l’on ne sévit pas selon lui, d’autres équipes se mettront à leur tour à user de ce genre de pratique.

Lekjaa s’est finalement étonné que des joueurs âgés d’au moins 23 ans aient pu participer à la CAN U17 pour le Cameroun, qui a battu le Maroc en phase de poule par deux buts à un. Pour lui, le Cameroun doit être au minimum expulsé de la compétition. »

Ainsi, pour taper du poing sur la table à titre d’exemple, l’instance panafricaine a sévi face à ces fraudes répétées. Si le Cameroun, la Guinée et la Tanzanie ont été vernis, l’affaire Zola est tombée au mauvais moment pour la RDC.

 

 

 

 

 

 

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