Stage au Bahreïn : tout aussi inutile que le premier ?

Par Muko
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Une belle perte de temps…

Le bilan des deux stages organisés par la FECOFA est particulièrement médiocre. Et c’est un euphémisme. La défaite mardi dernier, face au Bahreïn, 94ème nation mondiale (0-1) l’a encore confirmé. A part vouloir imposer à Hector Cùper des joueurs dont il ne veut objectivement pas, et faire monter la tension des supporters un mois avant un barrage décisif à la Coupe du Monde… ces stages n’ont pas servi à grand-chose. Mais on peut, malgré tout, en tirer quelques enseignements. Les voici !

Stage en Egypte : pourquoi un stage de locaux ?

Déjà une première idée curieuse…

En choisissant d’appointer Hector Cùper en mai dernier, la Fédération confiait les clés à un technicien qui allait s’appuyer sur des joueurs expatriés pour qualifier l’équipe en barrages d’accession à la Coupe du Monde, ce qu’il a fait. Mais, poussés par des intérêts qui – visiblement – n’ont aucun lien avec le sportif, plusieurs membres de la Fédération cherchent à imposer au sélectionneur des joueurs évoluant dans le championnat congolais dans l’équipe nationale, à une période aussi cruciale. Devant l’inflexibilité de l’Argentin, un stage est alors proposé en Egypte, pays qu’il connaît bien pour avoir entraîné les Pharaons de 2015 à 2018, afin qu’il « mette au niveau » les joueurs locaux (site de la FECOFA). Comme si un sélectionneur national n’avait que ça à faire de mettre à niveau des joueurs confirmés, qui plus est qu’il ne désire pas.

En effet, Cùper l’a bien compris, et a eu l’occasion de le constater : la « génération dorée » du football local est tarie. Du moins, on se trouve dans un creux de génération. Et même parmi les joueurs qui ont quitté la Linafoot pour évoluer dans d’autres championnats africains, seul Mukoko Amale apparaît être, à l’heure actuelle, apte au niveau international. La triste défaite face aux Pyramids FC (0-1) l’a démontré. Et la victoire face au très modeste Misr-El-Maqqasa, 14ème d’Egyptian Premier League (2-0) est bien insuffisante pour nous contredire.  Pour justifier ce stage, les arguments aussi incohérents que discriminatoires de Patou Mangenda, secrétaire général adjoint de l’instance : Pour des raisons d’adhésion nationale, il ne faudrait pas qu’on ait seulement une équipe importée, composée à 100 % des binationaux nés à Beauvais, à Charleroi… Il faudrait aussi les joueurs nés à Lubumbashi, à Kamituga, à Kinshasa” peuvent rapidement être balayés : sur le onze entrant des Léopards face au Bénin, cinq joueurs étaient nés, et avaient débuté leur carrière au pays (Mbemba, Luyindama, Amale, Mbokani, Malango). Mais il s’agit d’une question « d’adhésion nationale ». Oui, bien sûr…

Si la FECOFA veut réellement aider les joueurs locaux, peut-être serait-elle mieux inspirée d’investir dans une formation de meilleure qualité, d’organiser la Linafoot de manière à éviter l’exode de ses talents et mobiliser toutes les ressources nécessaires pour le CHAN. Mais également de relancer un football de jeunes à l’agonie, de s’attaquer aux infrastructures professionnelles comme de proximité, de payer les joueuses féminines à temps… bref, la liste est très longue. Mais  « organiser un stage composé uniquement de joueurs évoluant sur le continent » en vue de barrages d’accession à une Coupe du Monde n’avance à rien.

Stage au Bahreïn : meilleure idée, mauvaise anticipation…

Sur le papier, l’idée apparaît meilleure. Mais tellement mal anticipée…

En effet, la FECOFA annonçait que ce stage, bloqué du 24 janvier au 2 février, permettrait à Hector Cùper de disposer de son groupe au complet, à deux mois des barrages. Car pendant que le Maroc disposera d’une préparation grandeur nature avec la CAN, le groupe congolais n’aurait aucune occasion de se regrouper avant cette double confrontation décisive. Toutefois, l’idée était bien naïve. Car il semblait évident que la majorité des clubs européens se montreraient réticents à l’idée de lâcher leurs joueurs, surtout qu’ils n’y étaient pas obligés. A part le capitaine Tisserand, les deux autres habitués du groupe étaient hors de forme. Yannick Bolasie, relégable en Turquie avec Rizespor, revient de blessure. Et Fabrice N’Sakala, exclu du groupe professionnel de Besiktas, n’a pas disputé la moindre minute en club depuis le mois de septembre.

En fin de compte, ce stage a servi à introduire le néo-léopard Théo Bongonda, seule véritable satisfaction de la défaite humiliante devant le Bahreïn. C’est mieux que rien ! Car par sa patte gauche et sa technique balle au pied, le gaucher de 26 ans apportera une option supplémentaire sur le front de l’attaque. Et bien qu’il ait entamé sa procédure de naturalisation avant le stage, espérons désormais qu’il soit prêt pour mars, connaissant la lenteur des autorités congolaises.

Mais à part ça, que retenir de ces deux semaines de stages cumulées ? Que si l’on veut le bien du football congolais, les dirigeants doivent arrêter une fois pour toutes les interférences aussi incohérentes que destructrices dans les choix du terrain.

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