Champion de Pologne en titre, dans une saison où il a terminé meilleur buteur de son club, Afimico Pululu (25 ans) lance véritablement sa carrière. Né en Angola, de parents congolais, il a désormais un objectif : intégrer la tanière des Léopards, qu’il met en priorité. Entretien et présentation !
Afimico, après une saison de folie l’année dernière, comment se passe cette nouvelle saison avec Jagiellonia ?
Sur la continuité de la saison dernière ! J’ai eu la possibilité de jouer la qualification pour la Ligue des Champions, affronter des équipes comme l’Ajax, et marquer mes premiers buts en Coupe d’Europe. Et en championnat, on joue encore le titre !
Parle nous un peu de ton enfance, et de ton rapport au Congo ?
Je suis né à Luanda, en Angola, de deux parents originaires de la RDC. Je suis donc 100% congolais ! J’ai grandi à Mulhouse, en Alsace, dans l’Est de la France. Et j’ai encore beaucoup de famille au Congo. Mes grands-parents, mon père qui vit à Lubumbashi.
Durant toute mon enfance, on ne parlait que le lingala à la maison. J’ai bien sûr grandi en écoutant la musique congolaise, et en m’imprégnant de la culture de mon pays d’origine. Tout cela fait partie de moi et j’ai un fort attachement à la RDC, bien que je n’ai pas encore eu la chance d’y aller.
Alors à Mulhouse, tu rejoins le FC Bâle de la Suisse voisine en 2015. Comment as-tu été repéré?
Au cours d’un tournoi, ou j »ai mis pas mal de buts dès que j’avais 8-9 ans. Mais j’étais très jeune à l’époque, donc je n’ai pu rejoindre officiellement le club qu’en 2012, alors que j’étais en U13.
Après quatre saisons dans ton club formateur, tu décides de quitter la Suisse et de rejoindre Greuther Fürth, qui a cette époque là était dernier du championnat allemand. Pourquoi ce choix ?
Au mercato d’été, il me restait un an de contrat et Bâle souhaitait me vendre. Comme il s’agissait de la Bundesliga, j’ai décidé de prendre le risque, et je ne le regrette pas, malgré la descente du club. Le séjour en Allemagne a été court, mais je n’en garde que du positif. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’évoluer en Bundesliga. J’ai joué dans de grands stades comme l’Allianz Arena (Bayern Munich), la Volkswagen Arena (Wolfsburg)… tu es confronté aux meilleurs, et indirectement, tu apprends d’eux. C’est une expérience qui m’aide encore aujourd’hui.
Tu quittes ensuite la Bavière pour la Pologne en 2023, en rejoignant Jagiellionia. Est-ce que gagner le titre était tout de suite un objectif ?
Bien sûr. Je l’ai dit à mon entraineur dès mon premier rendez-vous avec lui. C’est la mentalité avec laquelle je suis arrivé. Et ça s’est réalisé. Dieu merci !
Au final, vous offrez au club le premier titre de champion de son histoire et tu finis meilleur buteur du club. Quelle saison !
Clairement. Je ne te mens pas, je ne m’y attendais pas forcément dès la premiere saison (rires) mais le travail dans l’ombre et l’acharnement a payé. J’ai fini meilleur buteur, pour ma première saison comme avant-centre (et non comme ailier, ndlr) je suis très content de ce que j’ai pu accomplir.
Le championnat polonais est méconnu. Comment tu le décrirais en termes de niveau ?
D’un niveau équivalent à la Suisse, où j’ai également joué. C’est un championnat très physique, avec beaucoup de duels. La Bundesliga est bien au-dessus, mais également assez similaire à la deuxième division allemande.
Steve Kapuadi (Legia) évolue dans le même championnat que toi, et nous a exprimé sa volonté de rejoindre la sélection. As-tu déjà eu l’occasion de parler avec lui ?
Oui ! Au début, je ne savais meme pas qu’il était congolais, mais je l’ai appris via un coéquipier, et on a discuté à partir de ça.
Cette saison, tu as très bien démarré en Ligue Europa Conférence (3 buts en 2 matchs). Comptes-tu sur cette compétition pour attirer l’attention de championnats plus huppés ?
C’est une opportunité. Jouer l’Europe, c’est une vitrine, un vrai plus. Un but marqué en compétition européenne vaut trois trois fois plus qu’un but en championnat. À la fin, si je peux attirer l’attention dans un championnat plus huppé, ça serait super. Je veux vraiment me confronter aux meilleurs.
Cette saison, quel est ton objectif ? Et à plus long-terme ?
Cette saison, je veux défendre de nouveau le titre, confirmer la saison dernière et si possible ajouter la Coupe nationale à mon palmarès. Pour ce qui est du long-terme, les cinq grand championnats européens me font rêver, à commencer par la Premier League.
Sinon, tu suis un peu l’équipe nationale congolaise ?
Bien sûûûr ! Je suis un fan des Léopards, comme tout bon congolais qui se respecte (rires), ce sont mes racines !
As-tu déjà été en contact avec le staff ou la Fédération ?
Pas du tout, je ne suis meme pas sûr qu’ils savent que je suis congolais ! (Rires)
Tu connais personnellement certains joueurs ?
Charles Pickel, avec qui j’ai joué à Bâle en jeunes, et à Neuchâtel. C’est un grand frère, un vrai exemple de détermination et de rigueur sur le terrain, il est très travailleur. C’est le seul que je connais personnellement.
Est-ce que l’Angola, pays dans lequel tu es né, t’a déjà contacté ?
Oui, ils m’ont contacté pour la première fois quand j’avais 17-18 ans, à l’époque de Bâle. Et ils et m’ont même convoqué l’année dernière (en 2022, face à la Guinée-Bissau, ndlr) et j’ai encore été contacté récemment. Mais mon premier objectif est de jouer pour le Congo.
Aujourd’hui, l’équipe nationale s’améliore, et la concurrence est rude à ton poste. Qu’est-ce que tu penses pouvoir apporter en sélection ?
Un profil différent. De ce que j’ai pu voir, la plupart des attaquants sont grands. Moi je suis petit (1m75) rapide et j’aime attaquer la profondeur. J’apporterais donc cette variété en attaque. Tout ça relève bien sûr du choix du sélectionneur, mais la RDC est clairement ma priorité.
Tu es capable de jouer en pointe et comme ailier. Quel poste préfères-tu , et comment décrirais-tu ton style de jeu ?
Je préfère jouer dans l’axe, ou en tant que 9 et demi. La « deuxième pointe » est vraiment le registre où je me sens le mieux. Je suis rapide, costaud, j’aime les un contre un, jouer dans la profondeur et garder le ballon. Je suis aussi bon face au but.
Merci Afimico ! Pour finir, quel message as-tu à transmettre à tous les Congolais qui vont te suivre désormais ?
Naza mwana mboka ! Soki jour moko na zui possibilité ya ko représenter Léopards, na ko zala très enchanté. Soki RDC benga nga lobi, naza prêt. Et fan des Léopards avant tout. 243 toza ensemble !