Avec le coeur et les tripes !

Par Muko
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50 ans après, la RDC l’a refait !

Vainqueur de l’ Égypte (1-1, 8-7 TAB), la RD Congo dompte sa bête noire et s’offre le scalp des Pharaons. Décryptage d’une victoire qui aura nécessité du coeur, du mental… et des burnes !

Plier sans rompre

Défensivement, Gédéon Kalulu a réalisé un match très solide.

Défensivement, Gédéon Kalulu a réalisé un match très solide.

Elle a beau être privée de Salah, cette génération de Pharaons se connait bien. Au coup d’envoi, les ossatures d’Al Ahly, meilleur club d’Afrique (Hany, Abdelmonem, Fattia) et de l’historique Zamalek (Gabaski, Fotouh, Zizo) sont représentées. À leurs côtés, des tauliers, aux plus de 250 sélections à eux trois (Hegazy, Elneny, Trezeguet) derrière un Mostafa Mohamed en pleine confiance, avec 3 buts et 1 assist depuis le début de la CAN. La majorité de l’effectif a déjà disputé au moins une, deux, voire trois CAN ensemble. Une complémentarité qui s’exprime d’entrée : l’Egypte s’accapare la possession de balle.

Malgré leurs résultats poussifs en phase de groupes, les égyptiens semblent confiants, jouent calme, font tourner la balle et s’approchent dangereusement du but congolais. Les dix premières minutes voient deux situation fortes égyptiennes : une tête de Hamdy Fathy qui fuit le cadre (5′) puis une autre d’Hegazy à bout portant (7′). Globalement, les Congolais subissent, mais tiennent au cours de la première période, qui voit l’Egypte avoir la possession à 70% du ballon. Une stat qui, dans le foot moderne, ne signifie rien de concret. Surtout quand l’adversaire a bien identifié les faiblesses.

La lenteur égyptienne : une faiblesse identifiée !

En effet, la lourdeur de l’arrière-garde égyptienne a été identifiée en amont du match par le staff et les joueurs. Le latéral gauche Ahmed Fotouh représente donc un « maillon faible » que Meschack cherche (et réussit) rapidement à déséquilibrer. Dès la deuxième minute, l’accélération de l’ailier de Young Boys met son vis-à-vis dans le mal. Et si son tir en angle fermé passe largement au-dessus, il prendra constamment le dessus sur le latéral de Zamalek, jusqu’à la sortie de ce dernier à la mi-temps pour blessure. La preuves en chiffres : l’ancien Corbeau a remporté 9 duels au sol sur 14, et a réalisé 8 centres, signe de sa domination du couloir. Le remplaçant de Fatouh, Mohamed Hamdy, ne fait pas mieux, et sera même exclu en prolongations pour un deuxième carton jaune.

De l’autre côté, Yoane Wissa a connaît moins de réussite face à Hany (3 duels gagnés), mais se déploie surtout en dézonant. Cédric Bakambu, lui, peine à être trouvé dans la surface et est pris en tenaille par le duo Hegazy-Abdelmonem. L’absence de Kakuta pour lui distiller des ballons en profondeur se fait sentir. Et si Théo Bongonda fait de son mieux pour le remplacer, il ne réalise qu’une seule passe clé au cours du match.

Quelques problèmes à la finition

En effet, malgré cette victoire au mental, les Léopards n’ont pas encore de réussite dans la finition. Sur 10 tirs tentés, ils n’en ont cadré qu’un : le but de Meschack, inscrit à bout portant dans le but vide. Au total, depuis le début de la compétition, 12 tirs ont été cadrés, et 3 buts marqués sur 56 frappes tentées ! 

 Entré à la place de Bakambu, Simon Banza commence par avoir du mal à toucher des ballons, mais pèse beaucoup sur la défense égyptienne, notamment à partir de la prolongation. Il ne se laisse pas déstabiliser par la malice d’Hegazy « c’est un vicieux ! » lui crie d’ailleurs l’entraîneur Français au cours d’un tête-à-tête entre les deux joueurs. L’attaquant de Braga monte en puissance au cours du match, sans toutefois parvenir à se mettre en position de frappe.

Sébastien Desabre essaye, mais n’a pas encore trouvé la solution pour débloquer le plein potentiel de l’attaque congolaise. On a bon espoir que ça viendra !

La menace Mohamed muselée

En revanche, les Léopards se montrent toujours aussi solides derrière. Hormis un but sur penalty, les égyptiens, plutôt prolifiques offensivement depuis le début de la CAN ont eu du mal à inquiéter Mpasi. Seule une frappe de Zizo bien négociée par le portier de Rodez fait trembler les supporters congolais.

En conférence d’avant-match, Samuel Moutoussamy avait prévenu sur la menace Mostafa Mohamed, son coéquipier en club : « Je connais bien Mostafa, je ne lui souhaite certainement pas de succès demain et je donnerai des conseils aux défenseurs pour bien le gérer« . Le milieu du FC Nantes, auteur par ailleurs d’un excellent match, a joint les actes à la parole. Le buteur de 26 ans reste dans la poche de Chancel Mbemba au cours du match, et doit revenir très bas pour toucher des ballons. Hormis son but sur penalty, il n’aura réalisé qu’un tir.

َA droite, Gédéon Kalulu rappelle qu’un latéral droit était d’abord un défenseur : avec 70% de duels au sol remportés, il détient le meilleur total côté congolais. Auteur d’une excellente CAN, Arthur Masuaku confirme son importance par sa grosse activité tout au long du match. Aucun Léopard ne touche plus le ballon que lui (116 touches), et il tente 16 centres au cours de la rencontre.

Et une âme de Léopard affirmée !

Comme 50 ans plus tôt, les Léopards éliminent l’Égypte !

 

Comme depuis le début de la CAN, les joueurs se battent, et affichent une grande solidarité. Une coordination dans le pressing, des ailiers qui effectuent un gros travail défensif (mention spéciale à Meschack) et un milieu qui déploie un énorme volume de jeu.

Symbole de ces efforts, Samuel Moutoussamy a encore réalisé une prestation de haut vol. Agressif sur le porteur du ballon, au four et au moulin, le milieu du FC Nantes s’illustre par la précision de ses transmissions (90%), presque autant que Charles Pickel (94%) qui touche cependant bien moins de ballons. Le joueur de Cremonese se montre moins influent dans le jeu, mais très précieux au pressing, et compense souvent les montées des latéraux.

Très bon depuis le début de la CAN, Samuel Moutoussamy a déployé une grande activité dans l'entrejeu.

Très bon depuis le début de la CAN, Samuel Moutoussamy a déployé une grande activité dans l’entrejeu.

Loin d’être anecdotique, la séance de tirs au but est très révélatrice. La détermination de Moutoussamy, qui prend ses responsabilités en tirant le premier penalty pour sa première CAN, le tir audacieux de Diangana, qui disputait ses premières minutes dans la compétition ou encore le – désormais fameux – sourire en coiun de Lionel Mpasi avant d’envoyer les Léopards en quarts sont des signes de confiance d’un groupe sûr de ses qualités, face à un adversaire spécialiste du domaine.

Ce succès obtenu 50 ans après la demi-finale au Stade Nasser du Caire, qui avait vu les Zaïrois éliminer les Égyptiens sur leurs terres (3-2) devrait renforcer la confiance et la cohésion du groupe. Et pour rappel, les hommes de Blagoje Vidinić remportaient cette année la deuxième CAN de leur histoire…

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