RDC – Maroc : les gaffes de Cúper

Par Muko
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Humiliée à Casablanca (4-1), la RDC ajoute le Mondial 2022 à sa liste de rendez-vous manqués.

Très mal organisés et dépassés tactiquement, les Léopards ont offert sur un plateau la victoire à des Lions de l’Atlas peu flamboyants, mais bien plus rigoureux.  Les causes profondes de ce nouvel échec dépassent le terrain. Elles sont, une nouvelle fois, imputables à un manque de vision et d’organisation d’un système. Et de l’incapacité de dirigeants qui, tant qu’ils seront en place, représenteront toujours un énorme obstacle à la progression du football congolais, quels que soient l’entraîneur en place. Toutefois, les choix du (futur ex) sélectionneur Hector Cúper sont loin, très loin d’être de tout reproche.

Défense à trois : oui, mais pas comme ça…

Surprenant…

Il est très surprenant qu’un manager avec 25 ans d’expérience professionnelle décide d’improviser un système aussi pointilleux que le 3-4-3 pour un match décisif. Pourtant, la composition des Léopards était plutôt cohérente sur le papier, bien que l’absence d’un joueur créatif dans le onze, avec Kakuta, Kebano et Mpoku sur le banc, pouvait faire jaser. Mais au vu de l’effectif, une défense à trois peut, en effet, permettre d’exploiter au mieux le potentiel de certains joueurs. Sauf que la RDC n’avait jamais joué en 3-4-3 auparavant, et ça s’est vu !

En effet, un changement de système du temps à mettre en place. Surtout quand il s’agit d’une défense à trois. Et troquer subitement un basique 4-4-2 à plat pour un audacieux 3-4-3 était une prise de risque mal considérée. En effet, le principal inconvénient de ce schéma est la faible densité qu’il propose au milieu. Hier, la paire Samuel Bastien – Edo Kayembe était complètement perdue sur le terrain, larguée à chaque offensive marocaine. La moindre passe tranchante exposait directement la charnière Luyindama-Tisserand-Mbemba, souvent en train de reculer, et quasiment jamais coordonnée. Là aussi, le choix des joueurs peut être remis en question… Gaucher et habitué à jouer dans ce système, Chris Mavinga pouvait être utile, notamment dans la première relance. Peut-être davantage qu’un Christian Luyindama solide dans les duels, mais dont les erreurs d’alignement peuvent coûter très cher.

De plus, un 3-4-3 vise à utiliser la vitesse des attaquants. En alignant Yoane Wissa, Elia Meschack et Cédric Bakambu, l’objectif était clair. Mais pas très cohérent, pour trois principales raisons.

1 : Ces trois joueurs n’ont jamais joué ensemble, ce qui est loin d’être idéal pour les combinaisons.

2 : Wissa a beau être droitier, il est ailier gauche, pas droit.

3 : Meschack effectuait son retour en sélection, deux ans après, ne s’étant entraîné que deux fois avec le staff actuel.

En outre, un 3-4-3 efficace repose sur des transitions rapides vers l’avant. Pas sur des chandelles et longs ballons aériens vers un attaquant de profondeur, sans construction ni combinaisons dans le jeu. C’est malheureusement le spectacle auquel on a assisté hier soir. Difficile d’en vouloir pleinement aux joueurs, qui n’étaient pas rôdés à ce schéma.

Aucun joueur créatif, ni tireur de coup de pied arrêté au coup d’envoi des deux matchs. C’est bien dommage… difficile de comprendre pourquoi Gaël Kakuta n’a joué que 45 minutes sur les deux matchs. La vista du Lensois a manqué. Qu’un Neeskens Kebano pleinement rétabli pour le deuxième match, n’ait joué que 5 minutes, malgré ses neuf ans d’expérience internationale. Quant à Polo Mpoku, il n’aura pas quitté le banc au cours des barrages. Et sans véritable créateur pour servir les attaquants, c’est toujours compliqué… On a donc l’impression que Cúper connaissait mal ses joueurs et leurs profils respectifs.

Enfin, il est frustrant de constater que le Maroc qui a battu les Léopards 4-1 n’est pas un foudre de guerre. Et que sur le papier, le niveau intrinsèque des Lions de l’Atlas n’avait rien à envier à celui de la RDC. Mais comme cinq ans plus tôt face à la Tunisie, le coaching n’a pas été au rendez-vous pour un match aussi important. Même si, comme évoqué plus haut, le mal est plus profond…

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