Michel-Ange Balikwisha était attendu. Matthieu Epolo espéré. Mais rares sont les Congolais qui attendaient un troisième renfort venu de Belgique. Pourtant, la nouvelle pioche de Sébastien Desabre a tout du joli coup. On vous explique.
Photo : RSC Anderlecht
Un talent précoce
16 ans et 108 jours. C’est l’âge auquel Mario Stroeykens faisait ses débuts en championnat avec son club formateur.
Ainsi, à seulement 21 ans, ce milieu box-to-box a déjà disputé 150 matchs professionnels. Le temps de se bâtir une belle réputation en Belgique, au point que son choix de représenter le pays de sa mère suscite une petite vague d’indignation dans le « plat pays », déjà confronté à un exode de ses binationaux.
Pourtant, Stroeykens n’est pas titulaire à Anderlecht depuis le début de la saison. En 16 matchs toutes compétitions confondues, il n’en a démarré que six, dont seulement deux en championnat. Mais alors, pourquoi la perte d’un « remplaçant » dérange-t-elle autant ?
« Meilleur joueur » du championnat belge ?
Tout d’abord, le joueur a mis du temps à se remettre d’un été agité. Après une saison dernière très accomplie (39 matchs, 5 buts, 6 passes décisives toutes compétitions confondues), il espérait rejoindre un championnat majeur.
Le Milan AC, l’OM, Lyon, West Ham ou encore le FC Porto ont manifesté un intérêt concret, sans pour autant proposer une offre à la hauteur des attentes du club bruxellois. Seul Braga a formulé une proposition officielle, mais le projet ne correspondait pas aux ambitions du joueur.
En novembre 2024, lors de l’émission « Dans le vestiaire » sur RTL Sports, le journaliste belge Marc Delire le qualifiait de « meilleur joueur du championnat belge », saluant son impact et s’insurgeant contre la volonté d’Anderlecht de le vendre aussi tôt.
Un an plus tard, le natif de Zellik, dans la partie flamande de Bruxelles, joue moins. Sa situation contractuelle incertaine, conjuguée à quelques pépins physiques, l’a relégué sur le banc.
Et s’il participe à tous les matchs, il a quitté le onze de départ depuis le début de saison, restant dans l’ombre de Thorgan Hazard, frère cadet d’Eden. Son statut de meilleur joueur de Pro League n’est donc plus vraiment d’actualité… pour l’instant.
Un grand potentiel
Début octobre, Anderlecht et le joueur ont finalement réglé sa situation contractuelle, prolongeant son bail jusqu’en 2028 — sans doute pour mieux le valoriser en cas de transfert (le club réclamerait au minimum 12 millions d’euros).
Le produit du centre de formation de Neerpede dispose en effet d’un potentiel intéressant : doué techniquement, il s’illustre par son jeu entre les lignes, sa polyvalence et sa précision dans l’avant-dernière passe.
Également adroit devant le but, il sait marquer et faire marquer. Il doit cependant gommer une certaine irrégularité pour atteindre son plein potentiel.
Quelle place chez les Léopards ?
Né d’un père belge et d’une mère congolaise, celui qui a cumulé 48 sélections avec les Espoirs belges n’était pas vraiment attendu en Léopard. Et ses déclarations passées n’avaient pas aidé à entretenir l’espoir.
En 2022, celui qui n’avait alors que 18 ans déclarait à la RTBF, avec beaucoup d’assurance : « Je suis né en Belgique et je joue avec les Diables depuis les U15. Je ne vois pas pourquoi je choisirais le Congo. »
Trois ans plus tard, disons qu’il aura trouvé ses raisons.
La progression des Léopards – demi-finalistes de la dernière CAN et outsiders annoncés pour l’édition 2025 – , la perspective d’une qualification à la Coupe du monde 2026, ainsi que la recommandation appuyée de Noah Sadiki, qu’il connaît depuis l’enfance et le centre d’Anderlecht, ont pesé dans la balance.
De son côté, Sébastien Desabre gagne un profil différent au milieu de terrain.
Relayeur plus offensif qu’un Moutoussamy, Stroeykens a le profil du meneur de jeu reculé. Il est également capable d’évoluer en numéro 10, une option manquante depuis l’éviction de Kakuta. Sa touche technique, ses projections vers l’avant et son jeu entre les lignes pourraient faire beaucoup de bien aux Léopards sur le long terme. Reste à savoir s’il saura s’adapter rapidement à l’âpreté du football africain.
