Jonathan Makaya : « un bon coach doit connaître la psychologie humaine »

Par Muko
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Le « soccer » connaît un bel essor en Amérique du Nord, et Jonathan Makaya a su en profiter.

Après avoir grandi en France, il a étudié en Espagne, aux Etats-Unis, puis au Canada grâce à une bourse obtenue à chaque fois grâce au football. Coach certifié par la Fédération Française, il s’est reconverti dans le coaching privé de jeunes athlètes dans la région de Montréal, après avoir pratiqué le métier dans diverses académies, dont celle de l’Atlético de Madrid. Et alors qu’il occupe cette activité à temps plein depuis plus d’un an, celui qui a fondé sa plateforme « JM Coaching » nourrit désormais un objectif : mettre son savoir-faire au service des jeunes talents en RDC.

Et dans un contexte où la formation représente un plus des grands défis de notre football, ça valait bien une interview ! 

Bonjour Jonathan, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Mon nom est Jonathan Makaya, je suis un entraîneur d’origine congolaise. J’ai grandi en France, où j’ai pu jouer et entraîner. J’ai ensuite poursuivi ma carrière en Espagne, puis aux USA et au Canada. Partout où je suis passé, j’ai pu jouer à un niveau correct et entraîner dans diverses académies.

En France, par exemple, j’ai joué en U19 nationaux, avec des entraînements dans un groupe de CFA, avant de jouer en 4ème division espagnole. En Espagne, j’ai notamment entraîné les U12 de l’Atlético de Madrid. Et grâce à une bourse complète, que j’ai obtenue grâce au football, j’ai joué en NCAA, aux Etats-Unis, tout en faisant mes études. Aujourd’hui, je fais du coaching particulier pour des jeunes dans la région de Montréal, au Canada, garçons et filles, où il y a une forte demande car le soccer est en pleine expansion. Beaucoup de ces jeunes athlètes sont déjà engagés dans des clubs.

Tu fais du coaching privé à temps plein depuis janvier 2020. Peux-tu nous expliquer comment tu es arrivé à ce stade ?

J’ai commencé lorsqu’un ami m’a proposé d’entraîner ses enfants. Ils ont ensuite amené d’autres enfants avec eux, qui ont en invité d’autres par un effet de bouche à oreille. Ma clientèle s’est donc mise en place très naturellement et, de fil en aiguille, je me suis créé un réseau. Au début, je le faisais simplement pour aider, mais en m’apercevant que j’étais bon dedans, et que ça fonctionnait, je me suis dit qu’il fallait en faire un business.

Selon toi, quelles qualités sont nécessaires pour être un bon coach personnel ?

Premièrement, il faut être un enseignant compétent. Un coach privé est avant tout un enseignant. Moi je suis coach personnel spécialisé uniquement en football. Donc il faut savoir enseigner, sans jamais rechigner à entrer minutieusement dans les détails. C’est très important. Souvent, un coach peut faire une remarque qui est vraie, mais sans rentrer dans le détail. L’art de savoir enseigner, c’est d’aller en profondeur dans chaque petit détail, et d’avoir beaucoup de patience. S’attarder sur le moindre contrôle, le moindre crochet… Pas uniquement donner des consignes de loin.

Deuxièmement, connaître la psychologie humaine. Savoir comment motiver un joueur, lui donner envie de progresser. Créer un climat de confiance en utilisant l’humour par exemple, comme ce que je fais. De manière générale, je sais bien analyser les gens, et c’est primordial. Pour tirer le meilleur d’un joueur, il faut savoir qui est cette personne, quelle approche prendre afin de le pousser à la performance sans pour autant l’offenser. Comprendre son caractère pour lui donner confiance afin qu’il se dise « je suis bon, et je peux le faire« . L’objectif est que le joueur puisse tirer le maximum de la séance, donc il faut le comprendre. Après, je n’hésite pas non plus à être cash et à « choquer » les concernés en leur disant la vérité. Mais il faut appréhender le bon moment.

Enfin, il faut, idéalement, avoir eu une certaine expérience dans le football. Avoir pratiqué et connu les concepts, les idées, les tactiques. Sans ça, c’est compliqué. Je ne pense pas qu’on puisse enseigner comment frapper dans un ballon si on ne l’a pas fait auparavant. Où alors, ça ne sera pas fait de la meilleure des manières. Et même pour le coach, c’est important d’avoir cette assurance et cette confiance, liée à sa propre expérience.

Qu’est-ce qui caractérise ta méthode ? 

Trois mots : travail, respect et humilité. Ce qu’on trouve d’ailleurs en premier lieu sur mon site web.

Le travail, c’est la base. C’est ce que ma famille m’a appris… si tu ne travailles pas, tu n’as rien. C’est aussi simple que cela. Sans tricher, bien évidemment, car la vie te rattrapes toujours, dans le football comme ailleurs. Si il n’y a pas de travail, il n’y aura pas de résultats, pas de développement du joueur, et pas de succès. Au niveau du travail, je suis donc vraiment intense dans mes séances : il n’y a pas beaucoup de pauses. Et le joueur n’est pas le seul à travailler, je suis au charbon avec lui. Mais je veux sentir que quand le joueur rentre en club, pour des séances de 1h30, il a travaillé pour l’équivalent de 3-4 séances. Et c’est ce que j’ai souvent comme feedback.

Le respect est aussi extrêmement important. Je cherche à développer des personnes avec de l’amour pour les autres, au-delà des simples joueurs, et qui auront un impact positif dans la vie. Un joueur qui n’a pas cette notion de respect aura à coup sûr des problèmes avec ses coéquipiers, ses entraîneurs… et n’atteindra peut-être pas l’objectif qu’il s’est fixé à cause de ça. Le respect, c’est arriver à l’heure, respecter les entraineurs, ses collègues. Ca contribue aussi au climat de confiance

L’humilité va de pair avec le respect. Car sans, on se met des bâtons dans les roues. Il est important de comprendre que même si on est un bon joueur, on sait considérer les autres avec humanité, sans les regarder de haut. Dans un vestiaire, tu te crées rapidement des ennemis si tu n’est pas humble. Sans oublier que dans le monde du football, tu ne peux pas réussir complètement seul. Il faut être apprécié et avoir la confiance des autres. Pour cela, l’humilité est aussi primordiale que le respect et le travail.

Tu vis et travailles au Canada, tu as grandi en France, étudié en Espagne et aux Etats-Unis… mais tu es d’origine Congolaise ! Quel rapport entretiens-tu avec ton pays d’origine ?

Je suis extrêmement fier d’être Congolais. Je le dis haut et fort , et très souvent (rires).

Je suis 50% RDC et 50°% Brazza. J’aime notre culture, notre nourriture, nos danses, nos chants… et le lingala est la plus belle langue du monde. J’ai eu l’opportunité d’aller dans notre beau pays, c’est chez moi ! D’ailleurs, je sais qu’un jour je demanderai la nationalité congolaise car bien qu’ayant grandi à l’étranger, je me sens congolais.

Tu suis un peu le football du pays ?

Oui, bien sûr. Pas forcément la Linafoot, même si je connais les clubs au moins de nom. En revanche, je regarde attentivement l’équipe nationale, comment elle joue, sa dynamique…

As-tu déjà pensé à faire du coaching en RDC ? Où alors, as-tu d’autres projets dans le football avec le pays ?

Bien sûr, j’y ai déjà pensé a de nombreuses reprises. Et là ou je pourrais vraiment aider, c’est dans l’identification, la détection et le développement de talents. J’ai toujours voulu, en tant que Congolais, collaborer avec la RDC d’une manière ou d’une autre. Ce serait donc un honneur d’avoir cette opportunité un jour. J’aimerais beaucoup pouvoir mettre mes capacités au service du pays.

Sinon, sur le plan plus social, j’aimerais bien être en partenariat avec une organisation, à distance comme en physique, pour parler aux jeunes, les encourager, leur montrer comment je travaille, et les aider à développer leur talent. Car avec mon parcours et mes compétences, j’ai beaucoup de choses à transmettre. Et en tant que chrétien, la persévérance à travers la foi est une valeur qui me tient à coeur.

De manière générale, je veux aider le pays à se développer, en étant une valeur ajoutée grâce à mon savoir-faire.

La RDC a beaucoup de talent, mais la formation des jeunes est l’un des plus gros chantiers… 

Oui, et tout est important pour avoir une formation complète. Technique, tactique, physique et mental sans oublier l’aspect social pour être en phase avec ses coéquipiers. D’après ce que j’ai observé des joueurs que je voyais arriver du Congo, c’était surtout au niveau technique et tactique qu’il y avait des lacunes et qu’il faudrait mettre de l’emphase. Mais je sais qu’il faudrait que j’y retourne pour observer ça de plus près.

Merci pour tes réponses ! Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

D’évoluer dans mes activités, en tant que personne très compétitive. Avoir encore plus d’opportunités, et pourquoi pas celle de collaborer avec la sélection un jour !

 

Pour aller plus loin : JM Coaching, la plateforme de Jonathan : https://fr.jmcoachinglife.com 

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