Comment rendre la sélection plus attractive ?

Par Muko
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Un Abdou Diallo (PSG) contacte lui-même Aliou Cissé pour représenter le Sénégal, tandis qu’un Stanley Nsoki (FC Bruges) refuse catégoriquement les avances de la RDC. Triste constat du retard des Léopards…

Pourquoi certains pays arrivent à composer, et gagner, avec leurs meilleurs binationaux ? En termes de talents originaires du pays, la RD Congo n’a pourtant rien à envier à personne. Mais la sélection est loin d’avoir la même attractivité. Et au-delà de la désorganisation qui caractérise la sélection, les « techniques de drague » sont loin, très loin d’être efficaces…

Voici des pistes pour rendre la sélection plus attractive.

Les joueurs d’origine congolaise : un enjeu capital

Aux quatre coins de l’Europe, et dans les cinq « grands championnats », de talentueux jeunes joueurs d’origine congolaise poussent les portes de l’équipe première de leur club chaque saison, tandis que d’autres, déjà confirmés, sont toujours éligibles pour leur pays d’origine. Ce vivier inédit représente une immense opportunité pour les Léopards. En attendant de développer les infrastructures et la formation nécessaires pour exploiter correctement les talents locaux et rehausser le niveau du championnat, les joueurs évoluant en Europe doivent composer l’ossature de la sélection. Qu’ils soient des « produits locaux » (Mbemba, Bope, Meschack…) ou des binationaux ayant choisi les Léopards (Bakambu, Kakuta, Tisserand). Ce modèle, appliqué dans chaque sélection du top 5 africain actuel prouve son efficacité. C’est donc la solution à adopter en attendant que notre formation locale atteigne un meilleur niveau.

Les « ambassadeurs » : une belle coquille… vide ?

« Ambassadeur ». Un titre pompeux, comme les Congolais apprécient… mais concrètement, à quoi servent-ils en équipe nationale ?

Au cours d’un entretien avec Global Sports Promo, Roger Hitoto (titulaire actuel du poste) expliquait être lui-même dans le flou par rapport à sa mission  : « être ambassadeur de l’équipe nationale regroupe de multiples fonctions. Quand j’étais nommé, j’étais content, mais je ne savais pas où j’allais. » Surréaliste…  « ce que je fais, c’est de promouvoir cette équipe, vendre son image à l’extérieur pour une belle visibilité, mais aussi solliciter des matchs amicaux avec d’autres nations. Par contre, la FECOFA ne me demande que d’aller voir des joueurs pour les ramener en équipe nationale. Je ne peux pas faire au-delà de ce qu’on me demande, car je n’ai signé aucun contrat, mais c’est une grande joie de servir mon pays« . Dans l’idée, c’est intéressant. Mais concrètement ? du flou, toujours du flou… et rien d’efficace.

Et l’ancien milieu de Lille n’y est pas pour grand-chose. Comment mener à bien une mission déjà mal définie, sans contrat ni budget approprié ? Son – très critiqué – prédécesseur Aziz Makukula s’était heurté au même problème. Même si son profil d’ancien international portugais interrogeait sur sa légitimité au poste. Le tout sans parler du couac Makelele… Mais en fin de compte, Roger Hitoto n’a pu convaincre aucun binational jusqu’à présent. Les nouveaux venus dans la tanière (Théo Bongonda et Samuel Bastien) l’ont été par le biais de joueurs qu’ils connaissaient. En l’occurence Cédric Bakambu et Paul-José Mpoku.

En effet, ce manque de cadre conduit les joueurs, volontaires, à prendre eux-mêmes les initiatives de contacter d’autres joueurs. Ce qui est tout à leur honneur, mais qui souligne encore la désorganisation perpétuelle.  Bien sûr, les têtes d’affiche de l’équipe nationale doivent avoir un rôle dans ce domaine, et se sont parfois montrés efficaces. Mais un joueur actif doit uniquement servir d’appui pour contacter un binational, pas être à la base du projet. Ce n’est pas son rôle de prédilection, qui doit rester le terrain.

Instagram, ça suffit..

Ainsi, comme il est de coutume en RDC, le contact des binationaux se fait avec éparpillement, et sans plan d’action à moyen et long-terme. On navigue à vue, tente sa chance ici, par là… et sans professionnalisme.

Depuis plusieurs années, le staff contacte les joueurs binationaux dont ils n’ont pas le numéro de téléphone par le biais des réseaux sociaux, notamment via leur compte Instagram personnel, ce qui ne renvoie pas l’image d’un grand sérieux. De plus, cette méthode ne porte quasiment jamais ses fruits : les joueurs ayant généralement un grand nombre d’abonnés, les messages se perdent dans les méandres, et ne sont jamais lus, où même vus par les concernés. Logique…

Pourtant, un numéro de téléphone, ça se trouve. On ne demande pas celui de Cristiano Ronaldo, mais celui d’un jeune joueur d’origine congolaise. En passant par les différentes connaissances, agents, joueurs… la démarche demande un peu de recherche, mais n’a aucune réelle excuse pour ne pas aboutir. Les réseaux sociaux ne devraient être qu’une ultime roue de recours. Mais là aussi, c’est le rôle de la FECOFA de cadrer tout ça.

Comment ? En créant par exemple une cellule exclusivement dédiée aux binationaux.

Création d’une cellule dédiée ?

Celle-ci pourrait être hiérarchisée, de préférence chapeautée par un ancien international de renom, et composée de quelques personnes volontaires (joueurs, agents, communicants du sport…) ayant une connaissance du football et des deux environnements (africain et occidental) afin d’exposer un plan clair, précis et ambitieux aux joueurs et à leur famille. 

Les interlocuteurs doivent être exclusifs et compétents si l’on souhaite être efficace. A l’approche des élections, les futurs candidats devraient prendre cette proposition au sérieux s’ils souhaitent oeuvrer dans l’intérêt du football congolais, et l’extirper de la médiocrité…

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