Binationaux, talents locaux, tournoi Maurice Revello… Christopher Oualembo dit tout !

Par Muko
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L’échange aura duré plus de deux heures. Christopher Oualembo s’est exprimé en direct de notre page Instagram avec un membre de notre rédaction. Au cours d’un entretien fleuve, le sélectionneur adjoint des léopards s’est livré sur tous les sujets chauds qui animent la tanière. Et si vous l’avez raté, pas de panique. Leopardsfoot vous fait un récap détaillé !

Binationaux : espoir… et patience ! 

Auteur d’une énorme saison avec Leipzig, Christopher Nkunku ne « ferme pas la porte » aux léopards.

 

Entre tentatives en stand-by…

Sans surprise, Oualembo n’a pas échappé aux questions concernant les binationaux. Et au sujet de Christopher Nkunku, sans doute LE joueur espéré par les supporters actuellement, l’ancien international refuse de se montrer pessimiste. Et assure que le milieu de Leipzig reste ouvert aux léopards. « Evidemment, nous le suivons. C’est un très bon joueur, d’origine congolaise, qui réalise une très, très grosse saison en Bundesliga » a-t’il reconnu. Avant de poursuivre :  « On est directement en contact avec lui, via son agent. Il se montre sensible à l’intérêt du Congo, et ne ferme pas la porte pour le moment, loin de là« . A-t’il conclu.

Toutefois, il y a très peu de chances de voir le milieu de 22 ans opter pour la RDC dans un futur proche. « Ils ont besoin de temps, et c’est normal » a répété plusieurs fois Oualembo au cours de l’entretien, au sujet de Nkunku et consort. « Demain, si l’équipe de France se manifeste, ça va être compliqué de rivaliser » a-t’il admis, tristement réaliste. Ce qui nous renvoie aux cas Kimpembe ou, plus récemment, Jonathan Ikoné. Concernant Nkunku, un appel de Didier Deschamps ne surprendrait désormais personne…

Auteur de 4 buts et 14 passes décisives en 23 matchs (et seulement 15 titularisations !) en Bundesliga, l’ancien parisien réalise une saison XXL pour sa première en dehors de son club formateur. Devant ces statistiques soignées, et surtout depuis sa qualification en quarts de finale de Ligue des Champions, de nombreux médias français braquent leurs projecteurs sur le natif de Lagny-sur-Marne. Bien conscient de cet engouement, le joueur ne va donc pas précipiter son choix…

Interrogé sur son coéquipier Nordi Mukiele, Oualembo indique « rester à l’affût » pour le latéral droit, pétri de qualités. Et s’il reconnaît ne pas être en contact direct avec le joueur, il a effectué des tentatives de rapprochement via des « contacts interposés« . Pas suffisant, néanmoins, pour récolter un avis concret du latéral sur son pays d’origine. En revanche, une amorce a été entamée avec Axel Tuanzebe (Manchester United) : « Guy Bukasa m’a transmis les coordonnées de son papa, avec qui j’ai discuté. C’est une famille très patriote qui s’est dite honorée de l’intérêt du Congo« .

Mais encore une fois, il faudra patienter pour voir le natif de Bunia revêtir, éventuellement, la tunique nationale : « Son père est séduit par le projet que nous lui avons présenté, mais souhaite laisser du temps, notamment qu’il s’installe en club ». Tout en sachant que la RDC ne pèsera pas bien lourd si l’Angleterre se présente… Mais la forte concurrence à son poste chez les Three Lions peut permettre aux léopards d’espérer.

Le staff avait tenté d’approcher Eduardo Camavinga !

De plus, l’ancien vice-capitaine de l’Académica Coïmbra confirme avoir contacté l’entourage d’Eduardo Camavinga (Rennes), avant que ce dernier obtienne la nationalité française en novembre 2019.  « Sa mère était très contente de l’intérêt de la RDC mais il réfléchissait encore« . Cet échange confirme que le joueur, né en Angola, est également originaire de la RDC, et non du Congo-Brazzaville, comme l’indique par erreur le site de la LFP. Mais il semble désormais inaccessible pour les léopards. Du moins, pour l’instant.

…Et renforts concrets !

Deux bonnes nouvelles, plus concrètes cette fois : Axel Disasi « aurait du faire ses débuts avec les léopards en mars » contre l’Angola. Pré-convoqué par Christian Nsengi, le défenseur du Stade de Reims (22 ans) a bel et bien choisi les léopards. Un beau renfort, à mettre au crédit du staff technique. Car avec 21 buts encaissés jusqu’à l’arrêt du championnat, Reims était la meilleure défense de Ligue 1, devant le PSG ! Et le solide Disasi, indéboulonnable cette saison, était loin d’y être étranger.

Enfin, Streli Mamba (Paderborn) pourrait bel et bien obtenir sa chance pour les prochaines échéances. Auteur de six buts pour sa première saison en Bundesliga, l’attaquant de 25 ans « est en contacts avancés avec Christian Nsengi » selon les aveux de Oualembo.

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Tournoi Maurice Revello 

Les léopards au Tournoi Maurice Revello (ex-Toulon) en 2013… On reconnaît quelques têtes !

Prévu en juin prochain, le tournoi Maurice Revello n’a toujours pas été officiellement annulé, malgré la situation sanitaire. « On en saura plus la semaine prochaine. Pour la deuxième quinzaine d’avril, j’ai un rendez-vous téléphonique prévu avec Alain Revello, qui me dira si le tournoi est maintenu où non » nous soufflait Oualembo.

La santé prédomine évidemment sur le foot. Et à l’heure actuelle, le tournoi a de fortes chances d’être, au mieux repoussé, au pire annulé. Pour les léopards, on espère la première option, car l’enjeu est de taille. En effet, Christopher espère y bâtir les bases d’une nouvelle génération, sur le modèle de Marbella en 2008, ou Dubaï en 2015, en intégrant des talents binationaux et locaux de moins de 23 ans. Amical, ce tournoi ne nécessite pas un changement de nationalité immédiat. Un binational pourra donc conserver le temps de la réflexion, même après l’avoir disputé. Mais avait-il déjà sondé quelques joueurs ?

Grady Diangana a été approché pour le tournoi !

« Je me suis longtemps entretenu avec la mère de Stephy Mavididi (Dijon, prêté par la Juventus), qui s’était montrée intéressée par le projet. J’ai aussi parlé directement à Grady Diangana (West Ham, prêté à West Bromwich), et on était sur la bonne voie. » Quant à Gédéon Kalulu (Ajaccio), qui avait confié à notre rédaction son désir d’être sélectionné en A, sa présence semblait quasi-acquise : « Ce serait bien dommage que le tournoi soit annulé » a souri Oualembo à son sujet.

En revanche, un autre son de cloche résonne au sujet d’Arnaud Lusamba (Nice) : « J’ai parlé avec lui, et les premiers échanges étaient très positifs. Il était enthousiaste et s’est montré intéressé par le projet de Toulon. Mais depuis qu’il a enchaîné les matchs en club, j’ai beaucoup plus du mal à le joindre. » Mais Oualembo tenait tout de même à conserver quelques surprises… Ce n’est qu’après son entretien avec Alain Revello mi-avril qu’il effectuera un communiqué vidéo dédié au tournoi.

Talents locaux

Le Congo est grand, peuplé, et truffé de talents. Christopher le sait, et le martèle : « A qualités égale, un joueur local sera toujours privilégié par rapport à un binational. Un binational doit nous apporter un plus. Mais courir après des binationaux qui ne veulent pas représenter la patrie de leurs ancêtres, c’est manquer de respect aux talents locaux, qui sont bel et bien présents. »  a-t-il clairement annoncé. Au cours du live, Vital Bahati (18 ans), dont nous avons fait l’interview () est intervenu. Le jeune gomatricien, actuellement en formation à Antalyaspor, demandait à Oualembo s’il avait un conseil à donner à un jeune Congolais qui débarque en Europe. Et la réponse de l’ancien léopard ne s’est pas faite attendre.

« Je lui conseillerais d’être attentif, et d’intégrer la progression tactique que va lui offrir l’Europe, mais sans perdre son ‘africanité’, car elle sera son meilleur atout » Mais qu’entend-il par là ? « Il ne faut pas qu’il bride son jeu » développe-t-il. « Les joueurs africains ont souvent un style qui leur est propre, et auquel les européens ne sont pas habitués. C’est un gros atout !«  Pour illustrer son propos, il choisit un exemple probant : « Regarde Sadio Mané par exemple, c’est ce qui fait la différence chez lui. Il a beaucoup progressé sous Klopp, mais sans jamais brider son jeu naturel. Ses feintes, sa façon d’appréhender la balle… et c’est aussi ce qui perturbe les défenseurs. Je pense notamment à son but en talonnade là (contre Watford, le 2 mars 2019 ndlr) il n’y a qu’un africain pour penser à marquer comme ça. Et les défenseurs n’ont rien compris ! »

Mais comment s’organiser pour repérer les talents, dans un pays aussi vaste ? Interrogé par un internaute, Oualembo a sa réponse : « Il faudrait organiser des tournois à plusieurs échelles, dans tout le pays, en suivant le découpage administratif » propose-t’il. « D’abord des compétitions par territoire, puis dans chaque province, et enfin à l’échelle nationale. On identifiera alors les meilleurs talents, et c’est comme ça que l’on parviendra à exploiter au mieux le potentiel du pays. » affirme-t-il.

Ainsi, il confirme que les talents locaux, et leur évolution au pays comme à l’étranger, sont au coeur du programme de la sélection.

Patriotisme : un critère essentiel  !

Youssouf Mulumbu, un modèle de patriotisme selon Christopher Oualembo.

Pour porter la vareuse des léopards, il faut aimer le Congo. Et le patriotisme est même élevé en critère de sélection pour le nouveau staff : « En club, tu fais les choix qui sont les meilleurs pour ta carrière. Mais pour ce qui est de l’équipe nationale, selon moi, ça doit être le choix de ton coeur. Tu viens avant tout pour représenter son pays. Et le Congo compte 85 millions d’habitants, sans doute plus ! Donc chaque membre du onze porte 7 millions de Congolais avec lui, il doit bien intégrer ça. » répétait-il pendant le live.

Au cours de l’entretien, le nom de Youssouf Mulumbu est revenu plusieurs fois. Il faut dire que les deux hommes, qui se connaissent depuis longtemps, ont quelques points communs. Tous deux nés en 1987, ils ont grandi en région parisienne, été formés au PSG, et sont les figures de proues de la génération Marbella. « Quand on parle de patriotisme, je pense direct à Youssouf…  » sourit Oualembo « J‘étais avec lui quand il a refusé, au téléphone, une sélection avec l’équipe de France u23 pour participer au tournoi de Toulon. Alors qu’on lui offrait le brassard de capitaine ! Il n’avait disputé qu’un match amical avec la RDC, et dans des conditions qui sont moins évidentes que celles de maintenant. Mais son choix était déjà fait. Il n’avait que 21 ans. Aujourd’hui, c’est comme si un joueur né en 1999, international espoirs français, faisait la même chose. C’est quand même fort… »

Blessure, Neymar et Grand Libulu ! 

Interrogé sur la fin précoce de sa carrière, Christopher Oualembo en a rappelé la raison, comme dans l’interview exclusive qu’il nous avait accordé en mai 2019. « J’ai été victime d’une grave blessure au genou gauche. Je me suis cassé le cartilage du genou, dans la seule zone où il est impossible de faire une greffe. Cela m’a contraint à arrêter ma carrière très rapidement, à 29 ans« . Ce qui ne l’a pas empêché de revenir sur plusieurs anecdotes de sa carrière au cours du live.

Parmi elles, l’ambiance du stade des Martyrs, où encore son fameux face-à-face avec Neymar. Alors joueur du Lechia Gdansk (D1 polonaise), il était au marquage du Brésilien pour son premier match en Europe, lors du Trophée Super Mecz en août 2013. « Je m’en suis quand même bien sorti ! » se remémore-t’il fièrement. « Il venu me féliciter à la fin du match. On avait fait 2-2, et il y avait même la place pour aller gagner. » Au cours du tournoi,

Mais la séquence émotion est survenue lorsqu’un intervenant a évoqué le stade des Martyrs. Ce qui a conduit Oualembo a détailler sa grande première : « C’était en juin 2008 contre le Malawi, j’avais 21 ans. J’ai remplacé Hérita Ilunga qui m’a dit ‘vas-y mon petit’ au moment d’entrer. J’ai fait attention à assurer mes premiers ballons, et ne pas les perdre. Je n’oublierai jamais cette ambiance ! On avait l’impression que le sol tremblait au coup de sifflet final… j’en ai pleuré d’émotion après le match » a-t-il confessé.

On comprend mieux pourquoi le patriotisme est désormais l’un des critères majeurs pour prétendre à la sélection…

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