Le nul de la RDC face au Sénégal est loin d’être anodin. Au-delà du score, cette rencontre illustre la progression des Léopards dans leur maîtrise collective, tout en mettant en évidence les ajustements nécessaires pour s’installer durablement parmi les grandes nations africaines.
Plan de jeu clair et assumé !
Face aux Lions de la Teranga, Sébastien Desabre n’a pas cherché à rivaliser dans la possession. Le choix d’un bloc médian à bas, compact et rigoureux, visait avant tout à verrouiller le cœur du jeu sénégalais. Dans ce registre, le milieu congolais a globalement répondu présent, limitant l’influence d’Iliman Ndiaye dans l’animation offensive adverse. La RDC a accepté de subir, mais sans jamais paniquer : un signal clair de maturité tactique.
La principale limite congolaise reste toutefois la projection offensive après récupération. Si les premières sorties de balle ont été propres, leur exploitation dans les trente derniers mètres est restée insuffisante. Souvent isolé sur son couloir, Meschack Elia s’est heurté à un Krépin Diatta solide et discipliné, ne parvenant qu’une seule fois à prendre la défense sénégalaise de vitesse. L’ancien joueur du TP Mazembe a néanmoins été précieux dans le repli défensif pour soulager Arthur Masuaku et a réussi deux dribbles. De l’autre côté, Théo Bongonda a subi quatre fautes sans tenter le moindre dribble, preuve qu’il est un danger permanent pour la défense adverse. Dans ce contexte, Cédric Bakambu s’est parfois retrouvé esseulé, même si son pressing constant sur les relances adverses a pesé sur la défense sénégalaise.
Mpasi premier relanceur
Dans un tel plan de jeu, Lionel Mpasi a joué un rôle central. Par la qualité de son jeu au pied, le gardien congolais a régulièrement cassé le pressing sénégalais, notamment sur l’action menant à l’ouverture du score. Dans une équipe qui assume de défendre bas, disposer d’un gardien capable de participer activement à la première relance constitue un atout stratégique majeur.
Le but de Bakambu n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard. Il résulte d’une longue séquence collective, maîtrisée, marquée par du jeu en une ou deux touches, un renversement intelligent et une projection rapide des latéraux. Six joueurs sont impliqués dans l’action. Il s’agit sans doute de la séquence offensive la plus aboutie des Léopards depuis le début de la compétition, illustrant leur capacité à produire du jeu lorsqu’ils parviennent à ressortir proprement sous pression.
Un but évitable
À l’inverse, l’égalisation sénégalaise met en lumière un double problème : un pressing mal coordonné et une fragilité physique malheureuse. L’action bascule sur la blessure d’Arthur Masuaku. Axel Tuanzebe sort haut pour presser Mbaye, tandis que Masuaku assure la couverture dans son dos et semble en position idéale pour intervenir. Mais le latéral gauche se blesse au moment de son geste, désorganisant instantanément la ligne défensive. Mbaye en profite pour attaquer la profondeur et se présenter face à Mpasi. Le gardien repousse une première tentative, mais la défense, déséquilibrée, ne parvient pas à sécuriser la seconde balle. Sadio Mané, esseulé, ajuste sa frappe malgré le retour désespéré de Wan-Bissaka sur sa ligne.
Ce match confirme que la RDC est une équipe difficile à manœuvrer, capable de souffrir sans rompre et de sanctionner lors de ses temps forts. Pour franchir un cap face aux grandes sélections africaines, les Léopards devront toutefois enrichir leur animation offensive et mieux gérer les moments clés. Ce point pris face au Sénégal constitue, au-delà du classement, un véritable signal de crédibilité.