Tisserand:  » J’ai envie de ramener ce groupe avec moi afin d’atteindre ces objectifs… »

Par Destin Makaya
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Après avoir passé ses classes à l’AS Monaco, c’est ailleurs que Marcel Tisserand va prendre son envol. Aujourd’hui sociétaire de Fenerbahce où il est en train de réaliser des bons débuts, le défenseur de 27 ans nourrit encore de grandes ambitions pour la suite de sa carrière. 

Dans son interview avec Leopardsfoot, il nous fait part de ses différents prêts au Racing Club de  Lens et au Toulouse FC, de son parcours en Bundesliga, de ses ambitions avec Fenerbahce et avec l’équipe nationale de la RDC dont il est le capitaine depuis un an.

 

Tu as été formé à l’AS Monaco. Ensuite, tu as enchaîné avec des prêts qui ont été satisfaisants notamment au RC Lens et à Toulouse. Qu’est-ce qu’il t’a manqué pour t’imposer dans l’équipe monégasque?

Tisserand sous le maillot de l’AS Monaco

Monaco c’est ma maison. J’y ai passé beaucoup de temps. J’avais à cœur de m’imposer là-bas malheureusement ça s’est fait ailleurs. Monaco était dans une phase où il souhaitait acheter pas mal de joueurs. Beaucoup de grands noms tels qu’Eric Abidal, Ricardo Carvalho sont arrivés, et la direction avait préféré privilégier ces joueurs là. Donc il fallait que j’aille faire mon chemin ailleurs si je voulais avoir un peu plus de temps de jeu.

En tant que joueur, que t’ont apporté ces différents prêts?

Tisserand lors de son prêt au RC Lens

Mes prêts à Lens et à Toulouse m’ont été très bénéfiques au niveau de l’expérience. Ils m’ont permis d’apprendre le football de haut niveau. Ces deux clubs m’ont permis de grandir et d’apprendre beaucoup de choses.

Tisserand en prêt à Toulouse.

En 2016,après ta saison à Toulouse, ton nom a été associé à plusieurs clubs dont quelques uns de Premier League. Tu as finalement signé à Ingolstadt. Comment justifies-tu ce choix ?

Tisserand signe à Ingolstadt

C’était le meilleur choix que je puisse faire. Même si cela semblait être un risque car Ingolstadt venait à peine de monter en Bundesliga. Mais c’était justement ce genre des clubs qu’il me fallait. Un club qui me faisait confiance à 100%, et qui pouvait me garantir du temps de jeu toute la saison car je souhaitais également être en bonne position pour participer à la CAN 2017. Cela me tenait vraiment à cœur car c’était ma première. Ingolstadt est un club familial qui a beaucoup de valeurs. Il m’a permis d’enchaîner les matches en Bundesliga.

Comment a été ton adaptation? Quelle est la différence entre la Ligue 1 et la Bundesliga?

L’adaptation s’est bien passée du point de vue individuel mais un peu plus compliquée au niveau collectif car , comme je l’ai dit, on vient d’arriver en Bundesliga, on a du mal à se faire une place dans le championnat. Ce qui fait que la première année on est amené à descendre en deuxième division.

Pour moi, la grosse différence entre l’Allemagne et la France c’est l’intensité. Il y a une grosse dépense d’énergie en Allemagne, que ce soit en match ou pendant les entraînements. Je l’ai senti lors de mes premières séances avec Ingolstadt. Sinon de manière générale, ça reste du football, il n’y a rien d’exceptionnel entre ces deux pays mais  au niveau des courses, ça reste un degré au-dessus en Allemagne.

Un an après ton arrivée à Ingolstadt tu signes à Wolfsbourg, un club qui joue l’Europe en Bundesliga. Est-ce le tournant de ta carrière en ce moment là? 

Après la relégation d’Ingolstadt, j’ai reçu quelques offres des clubs de Bundesliga dont celle de Wolsbourg qui me proposait un contrat de cinq ans. Je l’ai acceptée car en ce moment de ma carrière c’était une offre très intéressante pour la suite ma progression.

Ton parcours à Wolfsbourg a été bon dans l’ensemble, mais contrasté par des pépins physiques. Que retiens-tu de cette expérience?

J’ai eu quelques petits pépins physiques à Wolfsbourg qui m’ont empêché  d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés pour les deux premières saisons. Mais je me suis accroché et j’ai joué quelques matches. Cependant, j’ai un sentiment assez mitigé de mon passage à Wolfsbourg, il y a eu des bonnes choses, des moins bonnes mais quand on gagne pas, on apprend. Cela me servira pour la suite de ma carrière.

Cet été tu as signé à Fenerbahce après avoir passé trois saisons à Wolfsbourg. Comment expliques-tu ce choix? 

Tisserand s’engage avec Fenerbahce.

J’arrivais à la fin d’un cycle à Wolsfbourg où j’avais tout connu. Que ce soit l’Europe, la Bundesliga, les blessures, les méformes, j’avais fait le tour et j’avais besoin de voir autre chose. Fenerbahce est tombé au bon moment pour moi. C’est un club qui a de l’ambition et qui veut revenir sur le devant de la scène en rebâtissant une équipe compétitive. C’était le choix idéal pour continuer ma progression.

À Fenerbahce, ton adaptation a été plutôt correcte. De plus tu as été nommé deux fois dans le Joueur du mois Leopardsfoot. Comment juges-tu tes débuts?

Mon adaptation se passe plutôt bien pour le moment. Un début de saison assez bon en général. Les résultats sont plutôt positifs. J’arrive dans un groupe qui est assez nouveau avec pas mal de joueurs, le coach est également nouveau. Je prends mes marques petit à petit, on est seulement en début de saison, et j’espère continuer comme ça pour faire une saison pleine afin de retrouver la Ligue des Champions et être champion en fin de saison, l’objectif premier de l’équipe.

Lors de ton discours dans le vestiaire après le match retour contre l’Angola, tu n’as cessé de parler du « mental ». Selon toi, c’est ce dernier qui a réellement fait la différence par rapport au match aller ? 

C’était pour moi important de passer ce message à mes coéquipiers car on devra s’appuyer sur ce genre des matches au niveau de l’étal d’esprit et du mental. On a rien lâché jusqu’au bout, on a tenu et on s’est bien battu chacun l’un pour l’autre. Ça va beaucoup nous servir pour la suite.

Cette victoire contre l’Angola est votre première sous Christian N’sengi Biembe, pourrions-nous parler d’un déclic?

La double confrontation contre l’Angola est un déclic car il manquait cette victoire pour donner la confiance au groupe parce qu’on travaillait quand même. On se disait qu’on était pas assez récompensé des efforts qu’on faisait pendant les entraînements ou les matchs. Cette récompense est tombée face à l’Angola lors du match retour, et on est très fiers d’avoir gagné ce match.

Les supporters congolais sont très exigeants en terme des résultats. Face à cela, ne ressentez-vous pas une sorte de pression avant chaque trêve? En tant que capitaine de l’équipe comment vis-tu cela ?

Bien sur, je comprends qu’il y ait de la pression derrière nous, on représente un drapeau. On se doit d’avoir des attentes de nos supporters mais aujourd’hui on a conscience à notre potentiel, du travail qu’il nous reste à faire. On sait qu’on a un très bon groupe homogène et il nous manque très peu de choses pour arriver à nos objectifs. A nous de garder ce bel état d’esprit comme je l’ai dit.

En mars 2021, la RDC jouera deux matchs importants contre le Gabon et la Gambie. Comment aborderez-vous ces deux rencontres?

Ce sont deux matches qui seront décisifs. Aujourd’hui on a l’avantage de se connaître, chacun a joué contre tout le monde, du coup il n’y aura pas d’excuses de savoir comment joue l’adversaire. A nous de faire le travail qu’il faut. On sait qu’on a besoin des points aujourd’hui. On a fait un bout de chemin et il nous reste encore pas mal de travail. Ces deux matchs là vont nous permettre de consolider notre place en Coupe d’Afrique.

Lors des derniers rassemblements, plusieurs joueurs se sont plaints de l’état de la pelouse du Stade des Martyrs. Quelles sont tes impressions par rapport à ce dernier?

Le sujet du Stade des Martyrs n’est une surprise pour personne, c’est un stade qui est vieillissant, la pelouse est en fin de vie. C’est vrai qu’aujourd’hui on a besoin d’une pelouse de qualité pour produire notre jeu et surtout gagner des matches. Pour avoir discuté avec le Président de la République après le premier match contre l’Angola, on était tous d’accord qu’il fallait changer cette pelouse. Le Président Omari en a rajouté une couche après le deuxième match contre l’Angola. On est tous d’accord qu’il faut la changer afin de nous donner les moyens d’être plus à l’aise car à domicile c’est quand même important. Mais je pense qu’on est sur la bonne voie car tout le monde est d’accord sur ce sujet là.

Tu as joué ton premier match officiel avec la RDC en 2016 contre la RCA. Tu t’es fait remarqué par ton sans froid et ton leadership sur le terrain. Ce qui t’a valu le surnom de « Ministre de la Défense » de la part des supporters. Quels souvenirs gardes-tu de ce match?

Premier match officiel de Tisserand contre la RCA.

J’en garde un très très bon souvenir. Pour moi c’était un match très important, toute ma famille était là. C’était une grosse pression pour moi de jouer face à autant de monde, j’ai été bien accueilli que ce soit par les joueurs ou par le public. Je m’en rappellerai toute ma vie car j’ai ressenti beaucoup d’émotions à la fin de ce match. J’ai hâte de revoir les supporters dans le stade pour revivre ces choses là. C’était un moment très particulier et je remercie le public de m’avoir accueilli de cette manière.

 Après avoir été capitaine des Léopards U21, tu as été désigné capitaine des Seniors. Que représente ce rôle pour toi ?

Tisserand lors du Tournoi de Toulon avec les Léopards U23.

C’est vrai qu’aujourd’hui je suis capitaine, c’est un rôle qui me tient à cœur, j’avais également l’occasion de l’être lors du tournoi de Toulon. Ça me touche beaucoup du fait qu’on m’ait choisi pour ce rôle. Celui de transmettre des messages, de parler au groupe et de le mettre en confiance. Certains nouveaux qui arrivent en ont également besoin. Quand je suis arrivé en sélection j’avais besoin qu’on me parle, c’est ce qu’ont fait Mulumbu, Zakuani, Mbokani. Cela m’a fait du bien et aujourd’hui c’est maintenant à moi de donner des conseils aux nouveaux.

Quatre ans maintenant que tu portes le maillot congolais. Quelle différence peux-tu faire entre le football européen et africain?

Oui ça fait quatre ans que je joue pour l’équipe A, même si j’y ai été plus tôt avec les jeunes. Ça me tient toujours à cœur que quand j’étais jeune de porter ce maillot, c’est une fierté de porter ces couleurs. La différence entre l’Afrique et l’Europe c’est plus du point de vue organisationnel, parfois on va avoir quelques retards sur certaines petites choses qui feront qu’on perde du temps. Mais en général il n’y a pas vraiment de différence même s’il y a aussi la question du climat, des stades.

Que penses-tu de ton association avec Chancel Mbemba ? ( 4 clean sheets, aucune défaite)

Avec Chancel on s’entend bien, on se connaît depuis longtemps pour avoir joué ensemble lors du Tournoi de Toulon et aussi en sélection A où il jouait souvent au milieu ou en défense. C’est un joueur de haut niveau, on a pas besoin de trop parler sur le terrain, on se comprend, on a des repères, c’est toujours un plaisir de jouer ensemble. C’est vrai que sur cette double confrontation on a senti pas mal de complémentarité et j’espère que ça va continuer comme ça pour la suite. Je trouve que défensivement l’équipe s’est bien comportée dans l’ensemble, que ce soit au milieu ou en défense. C’est une bonne chose que tout le monde se sente concerné.

À 27 ans, tu arrives dans l’âge de la maturité dans le foot. Quelles sont tes ambitions pour la suite de ta carrière ? Et pour l’équipe nationale ?

A cet âge là on est plus vers la fin que vers le début mais je garde toujours les mêmes objectifs. J’ai envie d’aller de l’avant, gagner des titres, jouer dans des grands clubs. Avec l’équipe nationale j’ai envie de gagner une CAN, aller à la Coupe du monde. C’était des rêves mais c’est devenu des objectifs avec le temps. J’ai envie de ramener ce groupe là avec moi pour atteindre ces objectifs au niveau de l’équipe nationale. J’ai hâte de retrouver mes coéquipiers en mars pour jouer ces deux matches là et surtout pour se qualifier.

Un message pour les Congolais ?

Je remercie le peuple congolais d’être toujours là pour nous dans les bons comme dans les mauvais moments. C’est très important de se sentir soutenu comme ça. C’est une période difficile avec la pandémie, mais ils n’ont pas arrêté de nous soutenir, on l’a vu à travers les réseaux sociaux. C’est ce qui nous a donné la force. To yebi que toza biso moko te, boza sima na biso. Merci!

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