Défaite par la Guinée à Abidjan (0-1), la RDC a subi sa première défaite de la campagne d’éliminatoires. Un revers sans incidence, les Léopards étant déjà qualifiés pour la CAN. Mais ce match révèle des aspects à améliorer pour continuer à progresser. Analyse.
(PHOTO : FECOFA)
Une animation inefficace
Un match insipide de part et d’autre (3 tirs cadrés), mais une défaite logique face à un adversaire qui, sans être flamboyant, a concrétisé. Comme depuis le début de l’ère Desabre, les Léopards n’ont pas manqué de grinta et de solidarité dans l’effort. Mais parfois, cela ne suffit pas… L’animation offensive de l’équipe, que nous pointons du doigt depuis de longs mois, est toujours aussi inefficace.
Derrière, l’absence de compétition commence à se faire ressentir chez Chancel Mbemba, dont le dernier match en club remonte à mai dernier. Le capitaine des Léopards a remporté ses deux duels au sol, mais s’est montré brouillon (10 pertes de balle) et a souvent abusé de longs ballons (10), dont seulement 4 ont trouvé preneur. Mais celui qui a fêté sa 90ème sélection avec la RDC reste très important sur le terrain. Espérons qu’il trouve un club en janvier !
Postes clés dans une animation offensive réussie, les latéraux n’ont pas pesé. Gédéon Kalulu a très peu dédoublé avec Théo Bongonda tout au long du match. Sa première incursion offensive, survenue à la 82e minute, a été réalisée avec Nathanaël Mbuku, qui venait d’entrer en jeu. À gauche, Meschack s’est bien plus signalé par ses retours défensifs pour aider Masuaku, en difficulté ce soir, que par sa relation offensive avec le latéral de Besiktas.
Dans l’entrejeu, l’absence d’un joueur créatif capable de jouer entre les lignes et d’orienter le jeu s’est fait ressentir. En l’absence de Kakuta, qui ne rajeunit pas (33 ans), ce type de profil manque aux Léopards. Un manque que le trio Pickel-Sadiki-Moutoussamy n’a pas pu compenser, malgré un gros volume de jeu déployé et quelques projections intéressantes.
Théo Bongonda, dans son rôle habituel, a beaucoup tenté et provoqué balle au pied. Mais souvent trop esseulé, l’ailier du Spartak Moscou s’est éteint au fil de la rencontre.
Banza : qu’est-ce qui se passe ?
Première « victime » de cette animation peu efficace, Simon Banza est sorti à la 76e minute sans avoir effectué le moindre tir. Avec seulement 22 touches de balle, l’attaquant de Trabzonspor a vécu un nouveau match frustrant en sélection.
Tout comme Guirassy, il a été peu servi en ballons pendant le match. Cependant, Banza glissait en pleine surface sur la remise de Sadiki, après un beau centre de Bongonda, alors qu’il était seul face au but (10e). L’attaquant du BVB, lui, ne s’est pas fait prier pour convertir la seule offrande qu’il a eue de la partie.
La comparaison est anecdotique, mais le problème est réel : en 12 rencontres, Banza n’a toujours pas trouvé le chemin des filets en sélection. Celui qui en est déjà à six buts cette saison en Süper Lig a pourtant des qualités qui devraient servir aux Léopards. Certes, il s’est montré maladroit à plusieurs reprises depuis ses débuts en sélection, mais le problème de fond semble être son utilisation. Bien qu’habitué à jouer en pointe seul, son profil pourrait être intéressant aux côtés d’un attaquant plus véloce comme Wissa, ou d’un 9 et demi pour tourner autour de lui. Un rôle que pourrait également occuper Meschack. Mais dans l’animation actuelle, il semble évident que quelque chose ne va pas…
Les nouveaux : qu’est-ce que ça a donné ?
Titularisé pour la première fois en sélection, Noah Sadiki s’est montré volontaire. Dans son rôle de relayeur, il est celui des trois milieux qui s’est le plus projeté vers l’avant, à l’image de cette belle percée, finalement réduite en corner par Saïdou Sow. Cependant, le manque d’automatismes avec ses partenaires du milieu s’est fait ressentir, et il s’est montré plus discret au fil du match, jusqu’à sa sortie.
Pour ses premières minutes en sélection, Ngal’ayel Mukau a également montré de belles choses. Très technique (15 passes réussies sur 15), il a éteint une offensive dangereuse d’Aliou Baldé peu après son entrée. Cependant, son duel perdu dans l’entrejeu avec Condé est suivi du but guinéen. Auteur d’une entrée décisive contre la Tanzanie, Nathanaël Mbuku a, quant à lui, été intéressant dans ses mouvements et son explosivité.
La manière sera nécessaire !
Mardi, les Kinois auront l’occasion de voir les Léopards une dernière fois en 2024. Face à l’Éthiopie, lanterne rouge et déjà éliminée, il faudra soigner la forme, même en donnant du temps de jeu aux remplaçants.
Avant mars et la reprise des éliminatoires pour la Coupe du Monde, une introspection semble importante de la part du staff. Car si les Léopards et leur assise défensive ont su dominer un groupe composé d’adversaires plus faibles (la Guinée est 76e, la Tanzanie 110e et l’Éthiopie 145e au classement FIFA), ils n’ont pas eu la possession de balle une seule fois en cinq matchs. Et la précision des passes n’a jamais atteint les 80 %. Désormais, il va falloir travailler la manière afin de réussir l’objectif d’intégrer le top 5 africain, chose dont cette équipe est capable.