Cette fois, la calculatrice reste au placard.
En battant la Tanzanie une deuxième fois, chez elle (2-0), la RD Congo valide officiellement son ticket pour la CAN 2025 avant la fin des éliminatoires. Invaincus depuis la CAN, les Léopards se qualifient sans avoir encaissé le moindre but depuis le début de la campagne.
(PHOTO : FECOFA)
Le film du match :
Dès le début, les Taifa Stars prenaient le jeu à leur compte. Dès la 5e minute, un centre venu de la droite est repoussé par la défense des Léopards. Les hommes de Hemed Suleiman poursuivaient leur lancée, notamment avec une frappe puissante de Samatta, servi en profondeur sur le côté gauche à la 13e minute.
En réponse, les Congolais peinaient à réagir, malgré quelques bonnes intentions. La frappe à ras de terre d’Edo Kayembe, facilement captée par Ally Salim à la 19e minute, ou la reprise acrobatique manquée de Simon Banza au point de penalty, après un centre venu de la droite de Théo Bongonda à la 29e, en étaient de parfaits exemples.
C’est donc logiquement que les Tanzaniens s’offraient la meilleure occasion jusqu’alors. Denis Kibu touchait l’extérieur du poteau après avoir repris un long centre à la 39e minute. Les Léopards répliquaient juste avant la mi-temps avec une frappe lourde de Simon Banza à l’extérieur de la surface, offrant la meilleure opportunité congolaise jusque-là (42e).
Les statistiques à la pause reflétaient la domination tanzanienne, avec plus de 60 % de possession en faveur des locaux. Une supériorité toutefois stérile, car la défense congolaise tenait bon. Chancel Mbemba intervenait in extremis en taclant son adversaire dans la surface (49e). De plus, les attaquants tanzaniens manquaient de précision, gâchant une contre-attaque à la 51e minute.
Les hommes de Sébastien Desabre n’étaient pas plus incisifs. Par exemple, la tentative de Samuel Moutoussamy depuis le point de penalty était stoppée par Ally Salim à la 74e minute. Le match semblait se diriger vers un match nul peu inspiré, jusqu’à ce qu’une éclaircie surgisse grâce à Meschack, trois minutes avant la fin du temps réglementaire. Placé au second poteau à la réception d’un centre de Nathanaël Mbuku, l’attaquant des Young Boys lobait Salim avec une reprise de volée dévissée et ouvrait le score (0-1, 87e).
Libérés, les Congolais appuyaient pour clore la rencontre. Fiston Mayele manquait une première occasion de faire le break, butant sur Ally Salim au lieu de servir Moutoussamy démarqué sur la droite (90e+2). Finalement, Meschack complétait son doublé en plaçant une jolie frappe enroulée dans le coin gauche du gardien durant les arrêts de jeu (0-2, 90e+3).
Coaching 100 % gagnant
Face au contenu insipide proposé par le onze entrant, Sébastien Desabre décide de faire bouger les choses. Silas, pourtant loin d’être le pire sur la pelouse, sort pour Meschack peu avant l’heure de jeu. Un choix qui s’avère payant, au vu de l’impact décisif de l’ancien Corbeau. Peu épargné par les critiques depuis la CAN, l’ailier des Young Boys saisit l’occasion de faire grimper sa cote auprès des supporters avec un doublé et une grosse activité.
Nathanaël Mbuku, lui, a vécu une première cape pleine d’émotions. L’ailier formé à Reims, que nous vous avions présenté l’année dernière, a montré de belles intentions pour sa première sélection, par sa touche technique et ses mouvements offensifs. Passeur décisif pour Meschack, il est également à l’origine du second but, en remisant pour Mayele. 18 minutes remarquées, qui ont suffi à faire de lui un nouveau chouchou des supporters… à lui de confirmer !
Dans une ville et un pays où il reste une star depuis son passage fracassant à Yanga, Fiston Mayele avait pourtant mal commencé. Lancé en profondeur par Meschack, qui avait vu son appel, il file seul au but… mais perd son face-à-face avec Salim. Dommage pour Moutoussamy, qui l’avait suivi à la même hauteur et qui était prêt à finir le boulot, seul face au but. Une maladresse qu’il rattrapera quelques minutes plus tard, en servant Meschack qui place un plat du pied imparable.
Au total, les entrants ont marqué (Meschack), passé (Mayele, Mbuku) ou simplement fait du bien (3 duels au sol remportés sur 4 par Noah Sadiki en 10 minutes jouées). Bravo, coach !
Une défense toujours aussi solide
Sur les 7 derniers matchs, la RDC n’a encaissé qu’un but. C’était face au Sénégal en juin dernier (1-1). Depuis, les filets de Bertaud n’ont pas tremblé. Le but d’Ismaïla Sarr est d’ailleurs le seul pris par Dimitry Bertaud en neuf sélections jusqu’à présent. Le gardien de Montpellier n’a pas eu énormément à faire hier, mais a encore dégagé une assurance précieuse pour son arrière-garde, qui n’a pas démérité non plus.
Souvent menacés mais rarement inquiétés, Chancel Mbemba et Henock Inonga ont encore fait la paire. Malgré sa situation sportive très spéciale – aucun match disputé avec l’OM et sa situation de conflit avec le board du club – le capitaine a encore guidé le navire. Inonga, lui, continue de rendre à Desabre la confiance qu’il lui accorde. Mention spéciale, toutefois, à Gédéon Kalulu. Revenu dans le onze depuis la blessure d’Axel Tuanzebe, le joueur formé à l’OL a gagné 7 duels au sol, le meilleur total du match. C’est également son interception qui lance Mbuku sur le premier but.
Mais une animation toujours aussi brouillonne
Cependant, quelques ombres subsistent au tableau, à commencer par la situation des attaquants. Lancé en pointe, Simon Banza n’a toujours pas trouvé le chemin des filets en onze sélections. Ça commence à faire long… tout comme Samuel Essende (5 sélections, 0 but) au match aller, l’attaquant de Trabzonspor a vécu un match frustrant. Peu servi en ballons, il a manqué une occasion à bout portant sur un beau centre de Silas. Son apport potentiel, pourtant, ne fait pas de doute : habile sur sa première touche de balle et son sens du placement, il donne l’impression que son premier but n’est jamais loin.
Mais alors, quid de l’animation ? Déjà observé pendant la CAN, ce problème semble persister. Est-ce le 4-2-3-1 cher à Desabre qui ne fonctionne pas ? Le manque de créativité au milieu ? L’imprécision à l’avant-dernière passe, ou un peu des trois ? Malgré un contenu parfois soporifique et décousu, les victoires des Léopards s’enchaînent. On ne va donc pas s’en plaindre à outrance, mais il est important de le relever.
Une chose est certaine, Sébastien Desabre en a conscience. Et avec deux matchs « pour du beurre » en novembre, le coach aura l’occasion d’affûter ses armes et, pourquoi pas, de tester de nouvelles choses. Le fond est là, la forme viendra !