Demain à 17 heures, la RD Congo recevra le Soudan au stade des Martyrs. Un nul suffirait aux Léopards, premiers du groupe, pour valider leur ticket pour la Côte d’Ivoire. En mauvaise posture, mais toujours en course pour la qualification, les Faucons de Jediane joueront leur va-tout à Kinshasa, dans un contexte bien particulier pour eux. Quelles sont les forces et faiblesses de cette équipe, la plus méconnue du groupe ?

Voici à quoi s’attendre.

1 : Un vivier 100% local

L’intégralité du groupe Soudanais évolue au pays. Photo : BBC

Les joueurs Soudanais s’exportent très peu. Et pour cause : la Sudanese Premier League n’est peut-être pas le championnat le plus coté du continent, mais reste relativement attractif en termes d’organisation et de conditions offertes aux joueurs, qui les dissuadent d’aller voir ailleurs. Ainsi, la liste pour les éliminatoires ne compte aucun expatrié ! La plupart des membres de l’équipe nationale évoluent au Al-Hilal Omdurman, entraîné par un certain Florent Ibenge, et Al-Merreikh, les deux plus grands clubs du pays.

2 : Marqué par la guerre des généraux

Face à la RDC, cette dépendance au championnat local pourrait coûter cher. En effet, le Soudan traverse actuellement une situation politique très difficile, avec la guerre des généraux qui sévit dans le pays depuis avril dernier. Depuis cinq mois, le championnat local est à l’arrêt. Le groupe soudanais pourrait donc se présenter très juste physiquement face aux Léopards. Pour compenser au mieux ce déficit de rythme, les hommes de Yusuf Fartout (qui a remplacé Badou Zaki, viré après la défaite contre la Mauritanie) se sont préparés pendant deux semaines en Arabie Saoudite.

3 : Physique oui, tactique pas vraiment…

Ce manque de matchs pourrait bien coûter cher aux Crocodiles du Nil, qui se basent beaucoup sur leurs capacités physiques. Avec un milieu de terrain très endurant , et une défense dure sur l’homme, les Soudanais ont également l’avantage de bien se connaître, le noyau qui compose la sélection ayant peu évolué ces trois dernières années. De plus, quelques joueurs ne sont pas maladroits techniquement (cf le but splendide inscrit par Muhamed Kome face au Gabon en mars). Cependant, les lacunes dans la formation locale sont visibles sur les défaillances tactiques d’une équipe qui est très largement à la portée de Léopards en confiance.

4 : Ils n’ont gagné qu’un seul match en 2023

Enfin, le Soudan (131ème au classement FIFA) n’est pas dans la phase la plus glorieuse de son histoire. Sa victoire devant des Léopards en pleine crise et à Omdurman en juin 2022 marquait alors son premier succès en match officiel en deux ans ! Depuis, les Faucons de Jediane n’ont su récidiver qu’en mars, face à un Gabon amputé de plusieurs éléments importants (1-0). Soit leur seule victoire sur l’année 2023. Les deux défaites en amical face au modeste Koweït (1-2) et contre la Mauritanie (0-3) n’aideront pas à booster la confiance des troupes.

4 : l’homme à suivre : Mohamed Abdelrahman (Al-Merreikh)

Buteur à l’aller, Mohamed Abdelrahman (Al-Hilal) sera à surveiller de près.
Photo : Kick442

Sans conteste le meilleur joueur Soudanais. Capitaine de Florent Ibenge à Al-Hilal, le natif d’Omdurman sera le joueur à suivre. A l’aise techniquement, rapide et très agile, il est capable d’évoluer sur tous le front de l’attaque. Buteur et excellent à l’aller, il avait causé bien des problèmes à l’arrière-garde congolaise, avant d’être élu homme du match. Cette fois, il ne faudra pas lui laisser un pouce d’espace !

Le petit plus : l’effet « rien à perdre »

Individuellement supérieurs, les Léopards partent en position de force. Mais attention à ne pas avoir les « jambes qui tremblent » face à l’enjeu comme le disait Yoane Wissa lors de notre interview. Car en cas de défaite, les Léopards ont tout à perdre. Les Soudanais, moins. Ils seraient certes éliminés de la course à la CAN, mais la situation politique du pays et l’arrêt des championnats qui ont en découlé seraient de fortes circonstances atténuantes pour eux. Dos au mur, ils partiront à la guerre à Kinshasa, en sachant qu’une victoire pourrait leur permettre de réaliser un exploit, et d’écrire une très belle histoire pour leur peuple. Cet état d’esprit, avec la volonté qui va avec, peut transcender des joueurs.