Le 29 mars 2009 à Beveren, Jacques Maghoma faisait sa première apparition officielle avec les U21 de la RDC de Christian Nsengi. 6 ans plus tard, il fête sa première titularisation au Stade des Martyrs avec les A lors du match des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 face au Burundi. Une occasion pour léopardsfoot de se rapprocher de l’actuel milieu de Birmingham pour évoquer sa personne, son parcours et ses objectifs dans une interview bilan.

Léopardsfoot : Bonjour Jacques, tu es né à Lubumbashi il y a maintenant 28 ans, mais tu as grandi en Angleterre. Dans quelle ville précisément ?
Jacques Maghoma : Avant de commencer j’aimerais d’abord saluer tous les fans des léopards, ils sont les meilleurs. En effet je suis né a Lubumbashi où j’ai vécu jusqu’en 1997. Après j’ai vécu a Johannesburg pendant 2 ans et depuis 1999 je suis a Londres en Angleterre.

Léopardsfoot : Tu as été formé à Tottenham, où tu étais considéré comme un jeune prometteur au sein de la réserve, et tu as même failli signer à Hambourg, qui était à l’époque une des meilleures équipes en Bundesliga. Peux-tu nous en dire plus ? Et plus généralement, sur tes débuts et ton entrée dans le monde du football ?
JM : Je suis arrivé a Londres quand j’avais 11 ans. Etant passionné de football depuis le bas âge, j’ai adhéré un petit club du quartier dans lequel j’ai évolué pendant au moins 2 ans. Ayant identifié mon talent et ma passion pour le football mon père m’a organisé un essai à l’académie de Tottenham, qui fut concluant. J’ai donc signé dans les U15. Les choses se sont déroulées très rapidement car en moins de 2 mois j’ai été surclassé avec les U16 et j’ai signé un contrat de 4 ans dont 3 ans pro.

A 16 ans je faisais partie intégrale de l’équipe B avec laquelle j’ai remporté le championnat et je m’entraînais régulièrement avec l’équipe A sous la houlette de l’entraîneur Martin Jol. A 18 ans j’ai obtenu un numéro de maillot avec les pros pour ma première sélection d’un match de la coupe de l’UEFA (actuelle Europa League). Et après quelques apparitions dans les feuilles de match avec l’Equipe A, l’entraîneur est parti à Hambourg et les choses se sont compliquées… 2 managers se sont ensuite succédé et comme vous le savez, cela rend la tâche difficile pour les jeunes.

Malgré cela Martin Jol avait, après son arrivée à Hambourg, proposé à Tottenham un montant de £1 million pour s’attacher mes services mais juste avant la signature du contrat, il s’est engagé avec l’Ajax Amsterdam qui le convoitait, ce qui a annulé mon transfert. C’était un coup très dur pour moi mais heureusement, j’ai une famille très solide et soudée et un père très entreprenant et impliqué dans le monde du football.

Léopardsfoot : Tu t’engages finalement, à 22 ans à Burton Albion, en troisième division, où tu démontres toutes tes qualités…
JM : Les qualités étaient déjà là, mais beaucoup de jeunes formés dans de grands clubs riches Anglais ont du mal à percer pour faute d’opportunités et de temps de jeu dans l’équipe première. Agé de 21 ans, je n’avais disputé aucun match officiel avec l’équipe A. Je devais impérativement rejoindre un club dans lequel je serais directement titulaire afin de rattraper le temps perdu. Ainsi, sur l’initiative de mon père, j’ai signé pour Burton Albion. Un club pour lequel j’ai une profonde admiration car il m’a offert mon premier match officiel et a lancé ma carrière professionnelle.

Ce n’était pas facile du tout. La différence dans le jeu était énorme. J’ai du travailler d’arrache-pied, mais cela m’a permis d’acquérir une force mentale qui me sert aujourd’hui. Lors de ma dernière saison à Burton, j’ai terminé avec 18 buts et 13 passes décisives, été élu meilleur joueur du club par mes coéquipiers et dans le meilleur XI de la League One par les autorités du football professionnel Anglais.

Léopardsfoot : En 2013, après ces quatre saisons pleines avec Burton, tu gravis un échelon, en rejoignant la Championship et Shieffield Wednesday, que tu as quitté cet été pour Birmingham. Comment juges-tu ces deux saisons d’un point de vue personnel ?
JM : Sheffield Wednesday, comme Birmingham City, est un géant du football Anglais. Je dois admettre que ma première saison là-bas était moyenne, étant donné que j’ai subi quelques blessures, qui ont engendré pas mal d’arrêts qui a affecté mon jeu, même si j’ai aussi connu de très beaux moments avec Shieffield.

Léopardsfoot : Tu te retrouves cette année à Birmingham ton ancien entraîneur à Burton, Gary Rowett. Qu’attends-tu de la saison en cours et comment a-t-elle commencé pour toi ?
JM : J’ai rejoins Birmingham City au mois de juillet dernier, les choses ont très bien débuté sur le plan collectif et personnel. J’ai déjà beaucoup travaillé avec cet entraîneur dans le passé avec mon ancien club de Burton Albion. Il me connait très bien et cela a facilité mon intégration dans le club. Gary Rowett est un très bon manager et d’ailleurs je lui trouve une ressemblance avec Florent Ibenge. Ils sont tous deux jeunes, modernes et très talentueux. J’aime bien travailler avec eux.

Je pense et suis quasi certain que, Dieu le permettant, cette saison sera très fructueuse sur un plan personnel comme collectif. Nous visons la promotion pour la Premier League pour la saison prochaine, nous avons donc placé la barre très haute et nous donnons le meilleur de nous-même à chaque match et entraînement. Birmingham City est un grand club Anglais et la ville est l’une des plus cosmopolites d’Angleterre.

Léopardsfoot : Peux-tu également nous parler de tes objectifs à long terme ?
Mes objectifs a long terme sont simples : jouer en Premier League et emmener la grande RDC à la finale de la CAN 2017 et à la coupe du monde 2018 en Russie.

Léopardsfoot : Justement, parlons des léopards. Tu as été sélectionné pour la première fois en mai 2010 pour le stage en Autriche, mais tu n’a pas été appelé jusqu’à mars 2015 et ce stage à Dubaï. Quel regard portes-tu sur ton statut actuel avec l’équipe nationale et la génération actuelle ?
J’avais déjà été repéré lorsque j’étais à Tottenham et sélectionné par le coach Christian Nsengi pour jouer avec les U21 durant la saison 2008-2009. Comme un soldat, je suis toujours enclin à répondre présent pour défendre mon pays que j’adore. Je voudrais m’investir encore davantage pour ce beau et grand pays, la RDC, qui est mien. Après, c’est au sélectionneur que revient le droit de convoquer les joueurs capables de produire de bons résultats.

27 mars 2009 : première sortie officielle de Maghoma (1er rang accroupi à gauche) avec les U21 de Christian Nsengi face à Beveren

Le football est un jeu collectif, le coach Florent Ibenge et la FECOFA ont un seul objectif qui est de remettre la RDC sur le devant du football Africain. Et nous sommes tous d’accord avec eux. 1974 devient un lointain souvenir pour beaucoup de Congolais. Le travail achevé par les anciens du mondial 74 est énorme. Champion d’Afrique et phase finale de coupe du monde… je ne sais pas si un autre groupe pourra atteindre leur niveau, mais je suis certain que le groupe actuel est dévoué à 150% pour que la RDC soit a nouveau Number 1… Il est temps que nous assumions nos responsabilités vis-à-vis de cette population superbe qui nous offre un soutien et un amour inconditionnel, et lui redonner le sourire et la joie qu’elle mérite depuis bien longtemps.

Il faut aussi souligner le travail de la Fecofa qui depuis quelques temps ne ménage aucun effort pour sensibiliser, recruter et retenir les talents Congolais à travers le monde. C’est un travail important et nécessaire qui a permis aujourd’hui de constituer le groupe actuel.  Un très bon groupe, avec un bon coach, une fédération à l’écoute et surtout de merveilleux supporters. C’est avec tous ces éléments rassemblés qu’on pourra espérer atteindre nos objectifs… Objectif CAN 2017 / RUSSIE 2018 ! Eza likambo ya Ekolo !

Léopardsfoot : Après deux bons matches amicaux, tu as été titularisé contre le Burundi à Kinshasa et effectué ta première apparition au stade des Martyrs. Quel  a été ton regard sur ce match ? Comment as-tu trouvé l’ambiance ?
JM : les deux matchs amicaux contre le Nigeria et le Gabon étaient d’une très haute qualité technique et tactique. L’ambiance était aussi au rendez-vous mais, incomparable à celle du fameux stade des Martyrs. Rien que d’en parler j’ai la chair de poule. Par ailleurs, concernant le jeu, mes coéquipiers ainsi que moi même sommes conscients que le beau jeu n’était pas au rendez-vous mais les playoffs sont dangereux et l’objectif était avant tout de nous qualifier. Ainsi, on peut dire mission accomplie et je suis certain que nos prestations futures vont s’améliorer. Ma titularisation contre le Burundi fut un moment inoubliable et un grand honneur pour ma carrière de footballeur. Ce jour est gravé en moi et je tiens a remercier du fond du cœur tous les acteurs qui ont rendu cela possible à savoir le coach, la fédération, mes coéquipiers et surtout les supporters…

RDC vs Burundi : Bolasie et Maghoma

Léopardsfoot : Tu t’ai toujours présenté comme un joueur polyvalent. Mais quel est ton poste de prédilection et comment définirais-tu ton jeu ?
JM : Etre polyvalent est un véritable atout… Je suis à l’aise partout au milieu pour être honnête. Pendant des années à Tottenham j’ai été formé comme milieu offensif avant d’être déplacé sur les deux ailes grâce à ma puissance, ma capacité à pénétrer les défenses adverses et le fait que je puisse jouer avec les deux pieds. Cependant, vu je suis altruiste et aime toucher beaucoup de ballons avec un jeu simple, le poste de meneur de jeu me convient aussi.

Léopardsfoot : Je te remercie d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, qui permettront aux supporters Congolais d’en savoir plus sur toi. Je te souhaite une excellente continuation en club comme avec les léopards !
JM : Merci beaucoup, je ferai en sorte de bien continuer le mien sur le terrain. Et à tous mes fans Congolais “To ko Longa Etumba”.

Mai 2009, Maghoma en stage au Portugal avec les U21 de Christian Nsengi.