Il faut désormais remonter un an en arrière, au 6 septembre 2015 , et le match en Centrafrique (0-2) pour voir l’équipe de la République démocratique du Congo s’incliner. Depuis ce que l’on qualifiera de « l’accident de Bangui », dont les joueurs semblent avoir appris, les poulains d’Ibenge n’ont jamais laissé l’adversaire prendre le dessus, confirmant le renouveau depuis l’appointement de l’entraîneur de l’AS Vita Club la tête des fauves. Tantôt offensif et séduisant comme contre la Roumanie et Madagascar, tantôt rugueux et en contre-attaques comme face à l’Angola, les léopards sont parvenus à adapter leur jeu aux faiblesses de leurs adversaires respectifs. Un des potentiels secrets de cette réussite : le 4-3-3 en losange utilisé par « Coach Florent » tout au long de l’année 2016. Il est parfois arrivé qu’il se transforme en 4-4-2 en cours de match avec l’entrée en jeu d’un attaquant supplémentaire (pour déstabiliser l’adversaire, dixit Ibenge lui-même), mais il semble clair que le sélectionneur national semble vouloir s’appuyer sur un milieu offensif créateur. Comme « numéro 10 » titulaire, il dispose de plusieurs options, que leopardsfoot a tenté d’étudier…

NEESKENS KEBANO (24 ans, Fulham FC, Angleterre) :

Toujours remuant, Kebano peut être très utile dans cette position, qui est sans doute son poste de prédiléction. Capable de couvrir une distance importante à chaque match, il sait se montrer très disponible sur tous les fronts de l’attaque et lancer plusieurs offensives intéressantes, comme contre la RCA à Kinshasa. Néanmoins, si sa tendance à s’excentrer sur les côtés peut s’avérer parfois très utile grâce à sa technique et ses capacités d’élimination, elle peut parfois lui porter préjudice lorsqu’elle est utilisée avec excès. En effet, il est peu fréquent de voir l’ancien parisien organiser, distribuer le jeu et mettre sur oribite ses partenaires à partir du centre du terrain. Sa mobilité, qui est certainement son plus grand atout, peut donc également lui jouer des tours à un poste initialement axial. Cependant, le feu follet de Fulham pourrait partir avec une longueur d’avance sur ses conccurents au poste grâce à un bon match contre la RCA, qui nous a rappelé à quel point Neeskens savait être décisif, et des débuts prometteurs en Angleterre dans son club. Espérons qu’il soit tenu à l’abri des blessures aussi longtemps que possible !

PAUL-JOSE MPOKU (24 ans, Panathinaïkos FC, Grèce) : 

Avec sa palette technique étendue (jeu court, jeu long, dribbles…) couplée à une vision du jeu aiguisée, le joueur prêté au Pana par le Chievo Vérone représente une alternative très crédible au poste de meneur de jeu, dans un tout autre style que Kebano. Certes moins rapide, il sait néanmoins organiser le jeu au centre du terrain et être un bon point de relais entre le milieu et l’attaque. Peu avare en efforts, il n’hésite pas à revenir défendre très bas et a réaliser de bons tacles. Sa bonne frappe de balle, lourde et précise, en fait également un artificier de choix pour les léopards, capable de se montrer dangereux sur coups de pieds arrêtés. Grand amoureux du ballon, il peut toutefois avoir tendance à le conserver trop longtemps, et à parfois ralentir le jeu, ce qui peut l’handicaper pour alimenter l’attaque Congolaise avec efficacité. Il n’en demeure pas moins doté d’un potentiel indéniable, et pourrait s’avérer extrêmement utile aux léopards s’il engrange du temps de jeu avec le club athénien.

JACQUES MAGHOMA (28 ans, Birmingham FC, Angleterre) : 

Perturbée par les blessures, la carrière de Jacques Maghoma a mis du temps à pleinement décoller. Mais depuis août 2015 et sa signature à Birmingham, l’ancien pensionnaire de Tottenham a enfin trouvé la régularité dans ses performances, au point d’être un membre clé de l’effectif des Blues. Rappelé par Florent Ibenge contre l’Irak en mars 2015, cinq ans après sa dernière sélection, il n’a plus quitté la tanière depuis. Et pour cause: le milieu de terrain a brillé par son efficacité dans son jeu direct et sans fioritures.  Lui confier le poste de meneur de jeu pourrait être intéressant car, capable d’accélerer et d’éliminer quand il le faut, il a également la faculté de toucher un grand nombre de ballons et distribuer le jeu intelligemment. Malgré sa grande polyvalence (il est utilisé comme milieu relayeur, voire défensif, en sélection, mais évolue la plupart du temps sur l’aile gauche en club) il est avant tout un joueur à vocation offensive, et milieu récupérateur n’est pas son poste de prédilection.

HERVE KAGE (27 ans, KV Courtrai, Belgique) : 

Ce milieu offensif polyvalent n’a disputé que deux matchs officiels sous la vareuse de l’équipe nationale, c’était durant la CAN 2015 ou il n’avait pas fait forte impression. Titularisé comme meneur contre la Zambie en poules puis contre la Guinée Equatoriale lors du match pour la 3ème place, il s’était montré transparent. Depuis, plus une trace de l’ancien d’Anderlecht en sélection. Ce n’est pourtant pas les qualités qui manquent à un joueur dont l’ex-international belge Johan Walem disait  que « niveau talent pur, c’est un des meilleurs joueurs que j’ai vu » lorsqu’il était sous ses ordres à Courtai l’an dernier. Issu des quartiers populaires de Bruxelles, Kage est un archétype du « joueur de la rue ». Dribbleur vif et spectaculaire, prenant un malin plaisir à enchaîner les petits ponts et humilier les défenseurs adverses, il sait également marquer des buts (co-meilleur buteur de Jupiler League à ce jour) et distiller des passes décisives. Longtemps critiqué en Belgique pour son irrégularité, il s’impose comme l’homme en forme de son club depuis la fin de saison dernière. Pour l’instant absent des listes du sélectionneur, il n’en demeure pas moins dans le viseur de ce dernier, qui a été aperçu dans les tribunes pour le premier match de la saison de Courtai…

MICHAEL-JORDAN NKOLOLO (23 ans, SM Caen, France) : 

Un joueur d’avenir sans doute. Mais en 4 matchs avec les léopards, Nkololo est déjà parvenu à marquer deux buts. En raison de son jeune âge et de son inexpérience du haut niveau, il n’a, certes,  brillé que par intermittences, mais a su se montrer décisif. Dans un futur proche, c’est sa situation en club qui risque de lui poser problème. En effet, malgré quelques belles promesses affichées en Ligue 1 l’an dernier, l’entraîneur caennais Patrice Garande souhaite s’appuyer sur de l’expérience au milieu de terrain, et a écarté le jeune léopard de ses plans pour l’édition 2016-2017.  S’il ne parvient pas à trouver une porte de sortie pour un prêt au mercato hivernal, la saison s’annonce compliquée pour lui, bien qu’un revirement de situation ne soit pas totalement à exclure. Avec sa technique fine, sa bonne conduite de balle et son sens du but, le natif de Créteil représente certainement, à moyen ou long terme, une option crédible pour animer le jeu des léopards.

GAEL KAKUTA (25 ans, Heibei Fortune FC, Chine) : 

Ayant repoussé les avances de la RDC, notamment sous l’ère Claude Le Roy, déclarant même ne vouloir « jouer que pour le France« , on avait quasiment fait une croix sur Gaël Kakuta. Mais quelques années passées et quelques changements de clubs opérés, il semblerait que l’ancien grand espoir de Chelsea, actuellement au Heibei Fortune China FC ait, à désormais 25 ans, commencé à considérer un avenir international pour son pays d’origine. Le joueur ne s’étant pas encore clairement exprimé sur ses motivations d’intégrer la tanière, nous ne pouvons pas assurer qu’il mènera un jour le jeu des léopards, tant que rien ne sera concret (cf Jirès Kembo). Cependant, étant donné la progression de l’équipe sous l’ère Ibenge et son attractivité croissante parmi les bi-nationaux, l’arrivée de Kakuta dans un futur plus où moins proche semble probable. Freinée par de (très) nombreuses blessures, l’ascension de ce talent brut encensé par les plus grands observateurs du  football européen avait commencé à prendre forme en 2014-2015 avec une saison pleine en Liga accomplie au Rayo Vallecano, qui a débouché sur une signature au FC Séville en août 2015, mettant fin à son appartenance à Chelsea, qui se résume à une succession de prêts . Malheureusement, celui qui était considéré comme le meilleur technicien de l’effectif de Chelsea par John Obi Mikel et Joe Cole a déchanté en Andalousie, ses blessures incessantes l’empêchant de s’exprimer sur le terrain. Son bilan chez le vainqueur de la dernière Europa League s’est définitivement arrêté à 5 matchs et 1 but au compteur, lorsqu’il a cédé, à l’instar de Gervinho et Stéphane Mbia, aux sirènes du Heibei Fortune en juin dernier… Joueur rapide et créatif, son pied gauche, son toucher et sa conservation de balle pourraient, à coup sûr, apporter à l’attaque des léopards. Cependant, sa fragilité physique et son inexpérience du football africain pourraient, du moins dans un premier temps, lui mettre du plomb dans l’aile. Affaire à suivre…