Les Canaris l’ont fait !
Auteurs d’une saison catastrophique, bien loin des belles promesses entrevues l’année dernière, le FC Nantes a sauvé sa peau sur le fil, lors de la dernière journée de Ligue 1. Au milieu d’un marasme collectif, un joueur en particulier a su tirer son épingle du jeu : Samuel Moutoussamy. Loué pour son leadership et sa résilience, le néo-capitaine a accompli sa mission. Zoom sur un mental exemplaire, qui pourrait en inspirer plus d’un dans son pays.
La révélation…
Un rollercoaster. Voilà ce qui s’apparente le plus à la carrière de Moutoussamy sous le maillot nantais. Depuis 2017 et son lancement en équipe première par Claudio Ranieri, le natif de Meudon (région parisienne) a connu la palette d’émotions. D’abord, la révélation, avec cette belle saison 2018-2019 et une place de titulaire gagnée sous Vahid Halilhodžić pour sa deuxième pige en pro.
Ponctuée d’une prestation XXL face au PSG et un but victorieux face à l’OM, elle mettra sa fougue et son volume de jeu en lumière. Une lumière qui attirera son pays d’origine, qu’il affirme alors vouloir représenter dans une interview exclusive avec notre média. Cinq mois plus tard, il fête sa première cape lors du stage organisé entre l’Algérie et la France. Les « Moutoussamy aleki Pogba » ont longtemps résonné dans les oreilles des supporters du stade de la Licorne d’Amiens, malgré la défaite des Léopards face à la Côte d’Ivoire…
… puis la frustration…
Mais après l’envol, viennent souvent les turbulences. Et c’est là qu’on voit ce qu’on a dans le ventre. La frustration, Samuel n’a pas mis longtemps à faire connaissance avec. À l’intersaison, Christian Gourcuff a remplacé Ranieri. Et le style de Moutoussamy collera rarement aux idées de l’entraîneur Breton.
Décalé sur des positions peu naturelles de milieu droit ou d’arrière-gauche, il est relégué dans la hiérarchie et ne dispute que 17 matchs de championnat, et pas le moindre à son poste. Pas vraiment la saison de la confirmation qu’on attendait…
… et la déception…
Il redouble d’efforts durant l’été, travaille dur pour regagner sa place, mais rien n’y fait. 5 matchs sur le banc lors de la saison suivante le convainquent d’accepter un prêt au Pays-Bas. Direction le Fortuna Sittard, alors en pleine lutte contre la relégation. Et même là-bas, la déception s’accentue… il débarque en plein hiver, particulièrement rude en Hollande.
Handicapé par la barrière de la langue, il n’est pas intégré dans le vestiaire. Un mal-être mental qui déteint sur le terrain : il ne parvient pas à s’imposer et ne joue que 14 matchs (3 titularisations). Un prêt raté, au sein d’un club pourtant modeste. Pas de quoi revenir à Nantes en conquérant…
… avant la confirmation !
Ce prêt était-il vraiment une perte de temps ? Sur le papier oui. Mais officieusement, vraiment pas. Car le joueur l’affirme aujourd’hui : ce passage dans le Limbourg lui a servi. Tactiquement – avec la découverte d’un autre football – mais surtout mentalement. C’est peut-être cette expérience qui, couplée à la résilience naturelle du joueur, lui permettra de vivre le rebond qu’il espérait. À Nantes, Antoine Kombouaré a remplacé Gourcuff, limogé en décembre 2020. Rapidement, le Kanak réputé pour son intransigeance est séduit par l’état d’esprit du Congolais, et lui redonne sa chance, cette fois à son poste de prédilection.
Avec 30 matchs disputés sur la saison (alors son record), il réalise une édition 2021-2022 pleine. En plus de son volume de jeu inné, il affiche une belle progression technique, que l’enchaînement des matchs contribue à enraciner. Surtout, il engrange le premier trophée de sa carrière, en gagnant la Coupe de France au terme d’une belle épopée, qui voit les Nantais battre Nice (1-0).
Cette saison, plus paradoxale, marque, à 26 ans, la confirmation pour le joueur. Du moins, individuellement. Car si les Nantais se retrouvent rapidement en difficulté collectivement, le soldat Moutoussamy ne ménage pas ses efforts. Au four et au moulin, il récupère, intercepte, transmet proprement (87% de passes réussies) et mouille le maillot. Contrairement à beaucoup de ses coéquipiers qui craquent mentalement au fil des défaites, il refuse. Au cours des matchs, le Léopard affiche une constance dans ses performances plutôt rares pour un joueur qui joue le maintien.
En mai dernier, alors que le club historique est plus que jamais menacé, il est promu capitaine par Kombouaré, en lieu et place d’Alban Lafont. Son abnégation ne suffira pas à sauver son coach, remercié mi-mai. Pas de quoi retirer le brassard au joueur, qui conserve la responsabilité auprès de Pierre Aristouy, ancien coach des u19. « Je trouve qu’il incarne, à travers son état d’esprit, ce que j’attends de tous les joueurs » s’est expliqué le nouvel entraîneur lors de sa première conférence de presse.
Choisi comme le capitaine du navire, il sait remobiliser les siens malgré 3 défaites consécutives. Des batailles perdues, mais une guerre finalement gagnée, à Angers (1-0) lors de la dernière journée. Une victoire, couplée à la défaite d’Auxerre à Lens, qui maintient le FCN dans l’élite.
Cet état d’esprit de résilience, qui a fait de lui un cadre en club comme en sélection, sera particulièrement qu’utile dans la tanière pour les prochains jours. Les Léopards partiront à Franceville dos au mur. Une position dans laquelle il a su se déployer…