Madagascar-RDC (1-0) : dur retour à la réalité…

Par Muko
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Le faux-pas du Bénin contre la Tanzanie (0-1) offrait aux Léopards une occasion rêvée de dominer le groupe J. Il suffisait de battre une seconde fois d’affilée le 105ème du classement FIFA, en fin de cycle et quasiment éliminé au coup d’envoi, et sans victoire au compteur depuis novembre 2019. Une mission tout, sauf insurmontable sur le papier. Pourtant, la RDC a trouvé le moyen d’échouer. 

Défaits 1-0 à Antananarivo, sur l’unique tir cadré d’un match très haché, les hommes d’Hector Cùper ont montré un visage inquiétant, et n’ont pas trouvé les ressources techniques ni mentales nécessaires pour revenir au score. Aucun plan de jeu clair, approximations techniques, liste finale amputée de joueurs importants… le système et les choix du technicien argentin pour cette journée se retrouvent, légitimement, sous le feu des critiques.

Certes, rien n’est perdu. La première place du groupe est encore à portée de main, en cas de victoire aux deux matchs de novembre. Mais cette défaite ressemble davantage à une révélation qu’à un simple accident. A l’heure actuelle, les Léopards sont-ils réellement légitimes à viser le Qatar ?

Une sélection encore amputée…

La pré-sélection laissait pourtant présager de belles choses…

Le 14 septembre dernier, une liste élargie de 53 joueurs était dévoilée par la FECOFA pour la double confrontation avec Madagascar. Parmi la première vague d’élus, pas de Silas Mvumpa – encore convalescent – mais du beau monde avec les retours, entre autres, d’Arthur Masuaku, Gaël Kakuta, Yoane Wissa et même d’Elia Meschack. Et même réduite à 25, la liste avait plutôt fière allure. Mais les Congolais ne sont plus dupes… à quand remonte la dernière rencontre où les Léopards se sont présentés avec leur liste initiale ? Où encore, amputée de moins de cinq joueurs partis pour être titulaires ?

Et malgré le contexte important de la confrontation, celle-ci ne fait pas exception. Convoqué à chaque fois depuis l’arrivée d’Hector Cûper, Elia Meschack manque encore à l’appel, pour des raisons de plus en plus floues, et agaçantes pour les supporters congolais. Touché aux adducteurs, Gaël Kakuta est forfait pour la quatrième fois d’affilée, et Vital Nsimba décide de ne pas prendre le risque d’aggraver son entorse au pouce, pour laquelle il s’est fait opérer une semaine plus tôt. Jusqu’ici, le sélectionneur semble victime de la situation…

Cùper, des choix qui ne passent pas…

 

Les choix du sélectionneur Hector Cùper sont remis en cause dans la défaite.

Toutefois, Arthur Masuaku (West Ham), Neeskens Kebano (Fulham) et Yoane Wissa (Brentford) sont évincés de la sélection finale, bien qu’étant physiquement aptes. Et si le staff n’a pas jugé utile de communiquer sur l’absence de trois joueurs qui partaient pour être titulaires, nos sources nous informent qu’il s’agissait bien d’un choix délibéré. En effet, la RDC se trouvant sur « liste rouge COVID » du Royaume-Uni au moment du match, les trois « Anglais » n’auraient pas pu disputer le match aller, à Kinshasa. Et s’ils auraient pu être alignés hier, au Stade Mahamasina, le choix est alors pris de se passer d’eux pour la double confrontation, sans doute par volonté de ne pas chambouler le groupe.

Mais la physionomie du match remet en question la pertinence de cette décision. L’agilité d’un Kebano, les contre-attaques d’un Masuaku et la vitesse d’un Wissa ont cruellement manqué hier. Et, comme souvent, la RDC se distingue seule par des décisions farfelues…

En effet, la Côte d’Ivoire se trouvait dans le même cas de figure. Vainqueurs au Malawi mercredi dernier (3-0), les Éléphants se présentent ce soir au match retour renforcés de cinq cadres (Wilfried Zaha, Nicolas Pépé, Eric Bailly, Maxwel Cornet et Jean Michaël Seri) qui avaient été privés du match aller pour les mêmes raisons que la RDC. Mais quand on veut gagner, on y met les moyens. Certains l’ont compris, d’autres moins…

… avec un 4-4-2 inoffensif

En reconduisant son 4-4-2, victorieux mais peu convaincant à l’aller, l’Argentin a-t-il gaffé ?

Sans doute… car malgré la complémentarité affichée entre Edo Kayembe et Samuel Bastien à l’aller, nous avions souligné le déséquilibre apparent au milieu, que Madagascar n’avait pas réussi à exploiter. Une faille qu’Eric Rabesandratana, qui a changé son sytème par rapport à l’aller, avait bien repéré. Avec Rayan Raveloson (LA Galaxy) placé à son poste de prédilection (milieu relayeur) aux côtés de Marco Ilaiamaharitra (Charleroi), l’entrejeu des Barea a pris le dessus. Méconnaissable par rapport à jeudi, Edo Kayembe a surtout affiché des lacunes techniques criantes aux côtés d’un Samuel Bastien qui n’aura jamais réussi à peser sur le jeu jusqu’à son remplacement dès la mi-temps.

Bien que volontaire, Samuel Moutoussamy ne jouait pas à son poste, et n’a donc jamais pu exprimer le meilleur de lui-même. Toujours aussi irrégulier, Chadrac Akolo a erré sur son aile gauche tandis que Dieumerci Mbokani et Cédric Bakambu n’ont eu que trop peu de ballons à se mettre sous la dent. Malgré sa maîtrise technique (qui fut une rareté dans ce match) le premier cité n’a pu décrocher le moindre tir jusqu’à sa sortie et le second est désormais  le bouc émissaire de la défaite. A juste titre ? Oui et non…

Fantomatique en première période, et auteur de trois ratés (45′ +, 55′, 85′), l’attaquant de 30 ans n’a pas su endosser le rôle de sauveur tant espéré par les supporters. Même si, à sa décharge, il n’a été que peu sevré en bons ballons, et a surtout payé – comme son partenaire d’attaque – l’absence de créativité du milieu de terrain.

… Sans créateur !

L’absence d’un tireur de coups de pieds arrêtés a été préjudiciable.

Dans ce cadre, difficile d’épargner Hector Cùper. Comme à chaque rencontre depuis son arrivée, l’ancien sélectionneur de l’Egypte s’est passé d’un Paul-José Mpoku certes peu inspiré en Turquie (6 matchs, aucun but ni assist avec Konyaspor) mais qui demeure le seul véritable créatif de l’équipe en l’absence de Kakuta. Car parmi les joueurs du onze, aucun n’avait un véritable profil de passeur, ni même de tireur de coups de pieds arrêtés.

Là aussi, une décision surprenante pour un homme aussi expérimenté que Cùper : celle de se priver non seulement d’un maître à jouer, mais d’un spécialiste des coups francs et/ou corners sur 23 joueurs. Dans une rencontre aussi fermée et hachée que celle-ci, un corner bien botté ou un coup franc bien travaillé aurait, éventuellement, pu débloquer la situation. Malheureusement, ni Akolo, ni Moutoussamy ne sont préposés à l’exercice en club. Et cela s’est constaté…

Le Qatar, ambition réaliste ou prématurée ?

Avec tous ces facteurs peu flatteurs observés, la Coupe du Monde au Qatar semble aujourd’hui à mille lieux de la RDC. Incapables de se distinguer dans un groupe pourtant très modeste, les Léopards ne dégagent, après quatre matchs, aucune identité de jeu clairement établie ni de onze type. Il est objectivement compliqué de trouver des aspects prometteurs. Le staff ne rassure pas, et Hector Cùper est loin de s’affirmer comme l’homme de la situation. Difficile d’imaginer l’équipe que l’on a vu hier affronter les plus grandes nations mondiales d’ici un an. Surtout que, dans l’optique – virtuelle – où la RDC finirait première, des barrages suivront, avec des équipes bien plus huppées.

Toutefois, ce constat n’est pas figé. Les choses peuvent aller vite dans le football, dans un sens comme dans l’autre. Et la volonté des joueurs n’a jamais été remise en question. Tout reste ouvert dans ce groupe, et la Tanzanie et le Bénin sont loin d’être des foudres de guerre. Mais pour espérer décrocher la première place d’ici novembre, il faudra impérativement que Cùper et ses ouailles prennent conscience de leur responsabilité dans cette contre-performance. Et que le onze de départ pour la dernière journée ait une toute autre allure.

La Coupe du Monde 2022 doit-elle être un objectif ?

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