RDC-Maroc : de l’âme, de l’envie… et une pointe de frustration !

Par Muko
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Au terme d’un combat haché et intense, Léopards et Lions de l’Atlas se quittent dos-à-dos (1-1). Un match nul qui maintient les deux équipes invaincues dans le groupe F. Les Léopards devront assurer face à la Tanzanie mercredi soir pour passer en huitièmes. Analyse d’une rencontre qui a vu les hommes de Desabre montrer une âme particulièrement combative.

Le film du match

Un démarrage difficile…

C’était prévisible : le match du Maroc ne ressemblerait en rien à celui de la Zambie. Seul point commun (et pas des moindres), ce but encaissé sur une faute d’inattention. Après 2 minutes de jeu, Ziyech trouve En-Nesyri en pleine surface. La tête décroisée du Sévillan est claquée par Lionel Mpasi en corner. Alors que Hakim Ziyech s’apprête à le botter, l’arbitre kényan Peter Waweru se dirige vers son banc, afin de remplacer son oreillette défectueuse. S’en suivent trois minutes d’arrêt de jeu. A priori, une occasion pour les Léopards d’appliquer leur marquage individuel, et de s’organiser pour repousser l’action. Mais non… Le corner trouve Hakimi, que Kakuta n’avait pas vu venir dans son dos. Le défenseur du PSG reprend du plat du pied au point de penalty, ne laissant aucune chance à Mpasi. 1-0 dès la 5ème minute. Difficile de faire pire entame pour les Léopards…

5 minutes plus tard, Amallah renverse pour Ziyech. Dans un style qui lui est propre, le joueur de Galatasaray revient sur son pied gauche et trouve un angle pour décocher une frappe lontaine. Lionel Mpasi, qui avait lu la trajectoire, se couche pour capter le ballon.

Décomplexés et volontaires, les Léopards se procurent une belle occasion de revenir au score à la 11ème minute. Sur un corner frappé par Wissa, Kakuta dévie de la tête au premier poteau. Bien placé à la réception, Mbemba est surpris de l’opportunité qui s’offre à bout portant, et écrase sa frappe, qui meurt en six mètres.

marqué par un penalty manqué…

C’est encore sur coup de pied arrêté que les Léopards vont se procurer l’occasion idoine pour revenir au score. Kakuta tire un coup-franc excentré. Sa « feuille morte » plonge au point de penalty. Selim Amallah, qui blesse au passage Inonga d’un coup de coude, dévie maladroitement de la main. Après un moment de flottement et le visionnage de la VAR (sur insistance de Mbemba), M. Waweru est formel : penalty.

Préposé à l’exercice, Cédric Bakambu s’élance. L’attaquant de 32 ans a l’occasion de calmer les critiques sur sa titularisation, remise en question depuis plusieurs mois par de nombreux supporters, en raison de sa situation compliquée en club (10 matchs, 1 titularisation en championnat). Mais le manque de confiance qu’il semble traverser impacte sa frappe, trop croisée, qui cogne le poteau de Bounou avant de sortir.

mais un coaching gagnant…

L’entrée d’Elia Meschack a été décisive.

Cruel pour les Léopards et Bakambu, passeur décisif contre la Zambie et qui, par ses appels en profondeurs, se montre menaçant pour la défense marocaine jusqu’à sa sortie, à la 51ème. Mais loin de se laisser abattre, les Léopards cherchent activement les ressources pour recoller au score.

Peu avant la mi-temps, Mpasi ne se laisse pas surprendre par Boufal, qui laisse volontairement passer entre ses jambes un centre à la trajectoire fuyante de Ziyech. A la pause, les Léopards sont menés, mais loin d’être malmenés. Au retour des vestiaires, Léopards et Lions se rendent coup sur coup avec une velléité congolaise sur corner (47′) puis une Marocaine (51′). Sébastien Desabre choisit alors d’opérer des changements offensifs, avec l’entrée de Silas, Mayele et Meschack.

qui donnera les ressources pour se relever !

A la 75ème minute, ces derniers vont tout changer. Auteur d’une prestation à la hauteur de l’enjeu, Mbemba se projette balle au pied avant de lancer Meschack en profondeur, à la limite du hors jeu. L’ancien Corbeau centre à ras-de-terre pour Silas, qui ajuste Bounou à bout portant, inscrivant son premier but en sélection.

Avec l’impulsion des changements, les Congolais dominent le dernier quart d’heure. A la conclusion d’une contre-attaque qu’il a lui-même amorcée, Moutoussamy se retrouve au point de penalty. Mais sa déviation est sauvée par Hakimi qui dégage en catastrophe devant la ligne. Quelques minutes plus tard, la lourde frappe de Mayele est sauvée par un réflexe de Bounou. Lions et Léopards se quittent donc dos-à-dos au terme d’un match haché. La tension se poursuivra après le coup de sifflet final avec une brouille sur-médiatisée entre Chancel Mbemba et Walid Regragui.

Une âme de Léopard trouvée ?

Il fallait s’y attendre : l’accablante chaleur en pleine journée à San-Pédro, a impacté la qualité technique du match. Et c’est humain… avec ce climat, même un Bayern-Manchester City n’aurait pas la même allure. Cependant, les Léopards n’ont pas ménagé leurs efforts, et se sont battus sur chaque ballon. Le travail tactique mis en place par le staff s’est ressenti dans la coordination des efforts, le mouvement des joueurs et l’activité encore impressionnante des latéraux. Défensivement, Arthur Masuaku a pris le meilleur sur Hakim Ziyech tout au long du match, avec 6 duels au sol sur 8 remportés, et son implication offensive s’est matérialisée par 3 passes clés.

A noter également la complémentarité grandissante de la paire Pickel-Moutoussamy dans l’entrejeu. En effet, le milieu de Cremonese a remporté 75% de ses duels aériens, et effectué 4 récupérations, tandis que son partenaire du FC Nantes à réussi 83% de ses passes, synonyme de son application, en plus d’une énorme dépense d’énergie pour les deux hommes. Pickel a même du céder sa place à Tshibola pour fatigue en toute fin de rencontre.

Enfin, les progrès dans l’animation offensive observés face à la Zambie ont été moins probants, bien que toujours visibles, face à une opposition de meilleur niveau. Et sur 10 tirs effectués, la RDC n’en a cadré que deux, intervenus dans le dernier quart d’heure et qui sont l’oeuvre de remplaçants (le but de Silas puis la frappe de Mayele). La finition est donc l’axe d’amélioration qui s’impose en ce début de CAN. Sébastien Desabre et son staff en sont sûrement conscients, et chercheront sans doute à trouver les meilleures solutions pour la Tanzanie.

Une chose est certaine : il y avait sans doute la place pour gagner ce match en étant plus « tueur » devant. Mais tenir tête (et même dominer en deuxième période) à une sélection dont l’aura surfe encore sur son succès en Coupe du Monde, donnera de la confiance aux Léopards. Une confiance dont ils auront besoin pour assurer leur qualification mercredi prochain.

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