Comme on se retrouve…
Presque deux ans après leur dernière confrontation, Lions et Léopards se recroisent dans un contexte chargé d’enjeu : la deuxième rencontre de la phases de poules. Décisif, ce match mettra aux prises les Congolais, tenus en échec par la Zambie (1-1), à des Marocains faciles vainqueurs de la Tanzanie (3-0). 13ème mondial, le Maroc vise une deuxième victoire synonyme de qualification, tandis que la RDC cherchera à concrétiser les progrès notables dans le jeu face à la Zambie. Une tâche qui s’annonce compliquée, mais loin d’être impossible. Explications.
Points forts
- Une génération dorée
Dans tous les compartiments de jeu, les Lions de l’Atlas sont équipés pour le haut niveau. Dans les cages, l’excellent Yacine Bounou n’a pas baissé le pied depuis son transfert en Arabie Saoudite. La défense qui l’accompagne (Aguerd, Saïss, Hakimi et Mazraoui) est l’une des valeurs sûres du continent, derrière un milieu technique (Amrabat, El Khanouss, Harit, Ounahi…), et une attaque complémentaire (Adli, Ezzalzouli, En-Nesyri). Une génération dorée qui peut légitimement viser son premier sacre depuis 1976.
- Un entraîneur influent
D’ailleurs, Walid Regragui déclarait après la Coupe du Monde qu’il « quitterait son poste » si les Lions de l’Atlas n’atteignaient pas le dernier carré de la compétition. Une manière de se mettre la pression, ainsi qu’à ses ouailles, qui n’est pas passée inaperçue, même s’il est depuis revenu sur cette phrase, prononcée dans l’euphorie du mondial. L’ancien international Marocain, qui bénéficie de la confiance de son peuple, saura-t-il se donner les moyens d’aller au bout ?
- Une équipe en confiance
Si l’on en juge par les dernières oppositions officielles, les Lions sont plutôt en confiance, ayant survolé leur groupe en éliminatoires dans une poule à trois équipes (après l’exclusion du Zimbabwe pour ingérences politiques). Les Marocains ont glané neuf points sur douze possibles, perdant néanmoins leur match retour en Afrique du Sud en juin dernier.
Points faibles
- Tout reste à prouver sur le continent
Et c’est là que le Maroc doit encore prouver. En 2023, les Lions de l’Atlas ont perdu à Johannesburg (1-2), concédé le nul à domicile face au Cap-Vert (0-0), puis devant la Côte d’Ivoire (1-1), avant de gagner poussivement face au Burkina Faso (1-0). Une opposition africaine relevée peut donner du fil à retordre aux Marocains. Et dans ce groupe, la RDC est l’équipe qui à sa carte à jouer.
- Quelques cadres en méforme
De plus, certains cadres ne sont pas dans la forme de leur vie. Hakim Ziyech retrouve des sensations à Galatasaray mais est encore loin de son meilleur niveau, tandis que Sofyan Amrabat ne s’épanouit pas à Manchester United. Les jeunes Amine Adli (Leverkusen) et Abde Ezzalzouli (Betis Séville) bien que bourrés de talent, ne sont pas encore titulaires en club.
- Des difficultés face aux « blocs bas »
Enfin, une tendance s’impose le début de l’ère Regragui. Le Maroc éprouve des difficultés face à des blocs bas et disciplinés. En jouant de la sorte, les Requins Bleus du Cap-Vert ont su échapper aux griffes des Lions de l’Atlas (0-0) en juin dernier . Un style qui avait également permis au Pérou de contenir les assauts Marocains en mars (0-0).
La clé pour les Léopards : la contre-attaque
Ainsi, le match du Maroc ne devrait, en rien, ressembler à celui de la Zambie. Tout d’abord, l’heure (15h) et le climat de plomb qui l’accompagneront devraient impacter la gestion des efforts et l’intensité du match, d’un côté comme de l’autre, avec une majorité de joueurs qui évoluent dans des championnats hors d’Afrique. Surtout, il est peu probable que la RDC ait l’occasion de tirer 25 fois au but, comme ce fut le cas mercredi. Le staff et les joueurs le savent parfaitement : chaque occasion vaudra cher.
Surtout, l’équipe sera peut-être contrainte de faire le dos rond, laisser la balle aux Marocains et de jouer en contre, pour avoir une chance. Les Léopards ne manquent pas de joueurs doués pour les contre-attaques avec Wissa, Masuaku ou encore Silas. Ces derniers pourraient donc avoir un rôle important à jouer, si Sébastien Desabre décide d’utiliser cette tactique.
Face à la Zambie, les joueurs ont montré un bel état d’esprit dans la coordination du pressing, et l’activité dans l’entrejeu a été impressionnante, tout comme celle des latéraux. Cette solidarité dans l’effort, combinée à une discipline tactique et des contre-attaques bien menées, peut offrir une chance aux Léopards de fatiguer les Marocains et de se procurer des occasions.
L’homme à suivre : Azzedine Ounahi (Marseille)
Révélé lors de la Coupe du Monde, le milieu polyvalent de 23 ans est un des hommes de base du système de Regragui. Très endurant, et doté d’une belle touche technique, il sait se projeter vers l’avant et combiner avec ses partenaires, pour se retrouver rapidement aux abords de la surface. Sa vista et sa belle frappe de balle sont souvent décisives en sélection. Buteur et auteur d’un gros match contre la Tanzanie, il a parfaitement démarré sa CAN. Son coéquipier en club, Chancel Mbemba, en aura sûrement touché un mot à ses coéquipiers.