Michél Mazingu-Dinzey : « Ma carrière internationale ? Une bénédiction pour moi ! »

Par Muko
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Une autre époque. Alors qu’il sort d’une expérience comme sélectionneur à Antigua et Barbuda, l’ancien léopard Michél Mazingu-Dinzey se rappelle aux bons souvenirs de sa carrière internationale. Sélectionné 33 fois entre 1996 et 2004, le natif de Berlin fut l’un des premiers binationaux de sa génération, et le premier Germano-Congolais a porter la tunique nationale. 

Ses meilleurs souvenirs en sélection, ses projets actuels, mais également son expérience compliquée à Lupopo et l’échec de ses contacts avec la FECOFA, l’ancien milieu du Hertha Berlin s’exprime à notre rédaction, sans langue de bois. 

Michél, pour commencer, comment vas-tu ? Le confinement se déroule bien pour toi  ?

Oui tout va bien. Je me maintiens en fore de manière intense, car je dois être prêt si un projet se présente ! Donc je cours, je fais du CrossFit et du vélo.

Tu as mis un terme à ta carrière professionnelle en 2008. Comment s’est passée la transition de l’autre côté du terrain ?

Très bien. J’ai commencé comme coach éducatif et comme scout de talents pour la Fédération allemande en 2018 à Hambourg. Par la suite j’ai obtenu mon diplôme de coach et j’ai commencé à transmettre mon expérience aux jeunes.

Tu as récemment démissionné de ton poste de sélectionneur à Antigua-et-Barbuda. Que retiens-tu de cette première expérience ?

C’était une super expérience, et je suis très fier de mes joueurs, qui étaient tous très jeunes. Le plus jeune avait 16 ans ! Ils ont tous fait du beau boulot ces neufs derniers mois. Personnellement, j’ai tiré d’excellentes leçons de cette expérience, et j’en suis très reconnaissant. J’ai beaucoup aimé transmettre mon expérience aux jeunes, qui travaillaient dur. Et en même temps, on a beaucoup rigolé ensemble. C’était une grande famille, et nous avions confiance en notre mission.

Mais déjà, comment tu as débarqué sur Antigua ? L’île est plutôt loin de l’Allemagne et du Congo…

En février 2019, j’ai repéré trois jeunes joueurs d’Antigua dans le cadre de mon activité de scout, et j’en ai parlé longuement à un ami, Lenny Hewlett, qui était à la Fédération. Dès le lendemain, il m’a proposé d’être le nouveau sélectionneur de l’équipe. Il a donc tout arrangé pour que je rencontre les responsables à St. John’s (la capitale).

Désormais, quels sont tes prochains objectifs en tant que coach ?

Honnêtement, je n’y pense pas trop en ce moment. La situation sanitaire exige de rester à la maison, et c’est le plus important. Quand on sera parvenus à bien maîtriser cette situation tous ensemble, alors je franchirai le pas et contacterai d’autres pays. Je suis ouvert à beaucoup d’opportunités. Peut-être que je resterai en Europe, découvrirai l’Asie ou retournerai en Afrique. Mais je sais que Constant Omari n’aimerait pas m’avoir comme entraîneur pour les catégories de jeunes. C’est pourquoi je ne cherche plus à contacter la FECOFA.

Comment ça ?

En 2009, je suis allé rencontrer le président Omari à Lubumbashi, peu avant sa réélection à la tête de la FECOFA. Je lui ai demandé s’il pouvait me confier notre équipe nationale féminine. A l’époque, mon lingalà et mon français étaient meilleurs qu’aujourd’hui, et j’aurais pu bien développer les deux langues en restant au Congo, tout en transmettant mon expérience. Il m’a répondu qu’il allait y réfléchir, mais ne m’a jamais recontacté. Il a peut-être pensé que je n’avais pas les qualités nécessaires. Pourtant à Lupopo j’ai prouvé que je pouvais le faire…

As-tu tenté ta chance pour d’autres postes ?

Oui j’ai réessayé plusieurs fois, mais je n’ai jamais eu de retours. Par exemple, en 2018 j’ai voyagé à Kinshasa, mais aucun membre de la Fédération n’est venu me rencontrer.

Je trouve ça dommage. J’ai voyagé à travers le monde… En Inde, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande et plein d’autres pays comme scout de talents ou pour entraîner. Même en Allemagne, j’ai travaillé comme entraîneur éducatif pour des équipes professionnelles. Je me demande vraiment pourquoi mon propre pays ne me propose pas de travailler avec n’importe quelle équipe de jeunes.

Tu parlais de ton expérience à Saint Eloi Lupopo. Sportivement, ça a été une belle réussite avec une qualification pour la Ligue des Champions à la clé…. mais tu étais parti au bout de six mois. Pourquoi ?

Oui justement. En 2009 j’ai été recruté par Lupopo comme entraîneur adjoint. Cette année, l’équipe est devenue plus forte, et nous avons gagné le championnat régional. C’était merveilleux de voir l’engouement des supporters, et les joueurs ont fait un très bon travail. Mais j’ai quitté Lupopo car beaucoup d’entraîneurs étaient jaloux de ce succès, et ont commencé à mentir sur beaucoup de choses. En plus, le président ne payait plus mon salaire. C’est pourquoi je suis parti au bout de 10 mois.

Aujourd’hui, tu as d’autres projets ?

J’ai plusieurs projets humanitaires en Allemagne, comme https://www.team-bananenflanke.de ou https://www.nestwerkev.de/.
Je suis également parrrain de l’association Street football for tolerance depuis 5 ans. Je fais aussi du repérage de talents pour plusieurs équipes de jeunes (U17, U19 et U23) en Allemagne.

Notre pays est plein de jeunes talents, mais très mal structuré. Selon toi, que faut-il faire en priorité pour aider la jeunesse à développer son potentiel ?

Je sais que nous avons plein de bons joueurs. C’est pourquoi, en 2018, j’étais à Kinshasa avec Trésor Milenga, mon ancien joueur à Lupopo, pour voir jouer notre équipe U20. Mais j’ai également vu tellement de mauvaises personnes graviter autour de ces jeunes, pour ensuite se faire de l’argent sur leur dos, que j’ai arrêté de me mêler à ça.

 

Il faut travailler à long terme avec ces jeunes. Sur cinquante d’entre eux, seuls un ou deux pourront faire une belle carrière. Il y a également pas mal d’autres aspects… mais je devrais alors écrire un livre pour tout expliquer !

Avant d’être entraîneur, tu as été un Simba, puis un Léopard pendant 8 ans (1996-2004). Quel a été ton meilleur souvenir avec l’équipe nationale ?

Sans hésiter, mon but contre le Ghana à Kinshasa, de l’extérieur de la surface (victoire des léopards 2-1, pour les éliminatoires de la CAN 2002). Je n’oublierai jamais ce moment. Encore aujourd’hui, beaucoup de gens me parlent de ce but. Mais de manière générale, jouer aux stade des Martyrs a toujours été spécial. Les gens scandaient nos noms etc… C’est aussi pour ça que j’adore le football, et les Congolais. Pendant 90 minutes, les gens oublient leurs problèmes, alors qu’ils en ont beaucoup. Après les matchs, les supporters venaient nous parler, on était proche d’eux. Vraiment, j’adore mon pays !

On avait une belle équipe avec Banza, Biscotte, Mamale, LuaLua, Kidiaba, Jason Mayele, Nonda bien sûr et tous les autres de cette belle équipe pour  laquelle j’ai joué. Ces huit années en équipe nationale ont été une bénédiction pour moi, et j’en suis très reconnaissant.

Aujourd’hui, es-tu encore contact avec certains ?

Oui, avec Lualua.

Tu as été l’un des premiers binationaux à jouer pour le Congo, et le premier Germano-Congolais. Aujourd’hui, de nombreux jeunes talents fleurissent en Allemagne. Tu en connais certains ?

Oui, je suis en contacts avec certains. J’espère qu’on verra ces jeunes talents en équipe nationale tôt ou tard.

Pour finir, quel message souhaites-tu transmettre aux supporters Congolais ?

Que Dieu bénisse notre pays. S’il vous plaît, restez chez vous et prenez soin de vous !

Une autre époque…

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