Live de Larrys Mabiala : le récap détaillé !

Par Muko
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Pour la première fois depuis de longues années, Larrys Mabiala s’exprimait sur une plateforme congolaise. Le défenseur des Portland Timbers (MLS), dont la dernière sélection remonte à 2013, s’est livré à leopardsfoot, sans langue de bois. Pour ceux qui auraient manqué ce live Instagram, en voici un récapitulatif détaillé. 

Le confinement

C’est depuis Portland, dans l’Oregon, à six heures de décalage de Kinshasa, que Larrys nous a accordé ce live. Un Nord-Ouest américain, bien épargné du virus. « Les Etats-Unis sont devenus le premier foyer de l’épidémie, mais ça dépend vraiment des villes. Ici,on à très peu de cas, donc c’est tranquille. Ce n’est pas comme sur la côte Est, à New York notamment… » Interrogé sur son quotidien d’entraînement, il confirme que l’organisation de la MLS n’a rien à envier à l’Europe. « C’est super bien organisé. dès que le confinement a été déclaré, le club nous a livré à tous des vélos d’entraînement, du matériel, des ballons… et une application avec un travail à effectuer chaque jour. Et tous les lundis, ils nous livrent l’équivalent de cinq jours de nourriture« .

La MLS

 

Et selon lui, même le niveau intrinsèque du championnat peut faire rougir le Vieux Continent. « Avant d’arriver, j’étais assez sceptique sur le niveau, car ce n’est pas un championnat que je regardais. Mais en fait, il y a des talents partout ! Une équipe de MLS ne rivalisera pas avec les cadors des gros championnats mais le niveau augmente d’année en année ici. Aujourd’hui, je mettrais la MLS au même niveau que la Ligue 1« .  affirme-t-il. A désormais 32 ans, il se sait plus proche de la fin que du début, et se voit bien terminer sa carrière au pays de l’oncle Sam.

Le PSG

Au cours du live, Larrys est longuement revenu sur son parcours, depuis ses prémices. Un parcours qui a commencé dans son club de coeur, le PSG :  » La formation parisienne m’a tout appris » a-t-il reconnu. « J’y ai connu Youssouf (Mulumbu) et Chris (Oualembo), qui sont mes frères. On a un groupe whattsap sur lequel on parle avec les anciens du club ». ajoute-t-il, avant de revenir sur des souvenirs moins plaisants.

Peu le savent, mais Larrys Mabiala a subi en 2006 une grave blessure, peu après avoir signé son premier contrat professionnel à Paris. Inconnue des médecins, celle-ci a retardé sa progression, et lui a laissé d’importantes séquelles physiques et mentales. « J‘étais dans ma chambre avec Youssouf, qui était venu faire une machine chez moi. Et d’un coup, impossible de me lever » explique-t-il. Il était alors atteint, sans le savoir, d’une pubalgie infectieuse, qui l’a laissé en chaise roulante pendant dix jours. « Je voulais juste remarcher, je ne pensais même plus à jouer au foot. Aucun spécialiste ne trouvait ce que j’avais. J’avais perdu 10kg en deux semaines« . se rappelle-t-il.

Et un malheur n’arrive jamais seul. A son retour, Guy Lacombe, qui l’appréciait beaucoup, est viré. Paul Le Guen a pris le relais, et ne compte plus sur lui. Il met donc le cap sur Nice, ou il joue dans un premier temps, mais où l’enchaînement des blessures lui fera perdre sa place. Il décide finalement de quitter la France.

La Turquie

Aujourd’hui, Larrys qualifie son exil dans le Bosphore du « meilleur choix de toute sa vie« . Loin des tentations de la vie parisienne, il y exprime son meilleur football. A Karabükspor (où il croisera Trésor LuaLua) puis à Kayserispor, il porte le brassard de capitaine. Aujourd’hui, il garde encore un très bon souvenir du pays « Les gens sont super accueillants. Et être loin de la France m’a permis de me recentrer sur mon football et exprimer mon meilleur niveau« . Régulièrement, il est nommé dans l’équipe-type de la semaine par les différents quotidiens turcs.

Les Léopards

Aujourd’hui, le nom de Larrys Mabiala reste étroitement lié à la Génération Marbella, lancée en 2008 contre l’équipe de France. Et pourtant, sa carrière internationale avait commencée sous le maillot bleu, en U21. Mais alors, qu’est-ce qui l’a convaincu d’accepter l’appel de la RDC ?  « Le premier facteur, c’était le choix du coeur. Quand j’ai eu la possibilité de jouer en équipe nationale je n’ai pas hésité. En plus, il y avait des joueurs que je connaissais déjà : Youssouf, Cédric (Mongongu)… » Interrogé sur ses débuts contre la France A’ (0-0) puis l’Algérie (1-1), il se rappelle aux bons souvenirs « Ce n’était que du bonheur. Face à la France, on avait été loin d’être ridicules. J’étais impressionné par la qualité technique de l’équipe« .

Et au cours de sa carrière internationale, quel joueur l’a impressionné le plus ? « Roum » répond-il. « Son pied gauche, c’était vraiment incroyable… » Il est également revenu sur son affinité avec Cédric Mongongu, aux côtés duquel il a disputé plusieurs matchs en charnière centrale : « On avait une vraie complémentarité. On savait exactement comment jouer l’un avec l’autre ».

Cependant, la carrière internationale de Larrys a été marquée par les conflits avec deux entraîneurs : Claude Leroy et surtout Robert Nouzaret. Il nous a raconté sa brouille avec le dernier cité, et son expulsion de l’équipe nationale qui en avait résulté (avec Dieumerci Mbokani et Cédric Mongongu) la veille d’un match face à l’Île Maurice en mars 2011. Après un malentendu à l’entraînement, dont il nous a détaillé sa version, il s’exprime : « Il nous a viré de la séance avec Dieumerci et Cédric. Il nous a même viré de l’hôtel le soir même ! Tu n’es même pas Congolais et tu nous chasse de notre propre sélection ? De notre hôtel ? Je ne voulais donc pas revenir tant qu’il était en poste (comme Mbokani d’ailleurs, ndlr) ». 

Sur Claude Leroy :

« A la CAN 2013, je fais une erreur contre le Niger qui a failli nous coûter un but. Mais à la mi-temps, au lieu de me remotiver, il m’enfonce, me crie dessus comme si j’étais un enfant de deux ans. Le match suivant, je me retrouve sur le banc contre le Mali, et je l’accepte car je suis passé à côté de mon match. Mais je n’ai pas du tout apprécié la manière dont il m’a parlé ce jour-là« . Mais ce match face au Niger reste, à l’heure actuelle, le dernier disputé par Mabiala avec le maillot congolais. Même après le départ de Claude Leroy, il n’a jamais joué sous l’ère Ibenge. Quelle en était la raison ?

Sur Florent Ibenge :

« Dès qu’il reprend l’équipe (en août 2014, ndlr), il m’appelle. Il me connaissait personnellement depuis la génération Marbella. Il m’a clairement dit qu’il me voulait dans son équipe, et qu’il me voyait comme un joueur de base. » Mais Larrys n’était pas prêt… « Je n’avais pas encore fait le deuil de mes déceptions en sélection et je lui ai demandé un peu de temps pour revenir. Ça a sans doute été trop long pour lui. » En réclamant du temps, Mabiala a donc raté le train avec Ibenge. Ce dernier bâtira alors sa défense sans lui, et ne l’appellera plus. Loin d’être rancunier, Larrys assume. Et se fend même d’un hommage envers coach Androïd: « Il a réussi a construire une équipe solide, obtenir une troisième place à la CAN. On doit lui rendre hommage pour ça. Même si, selon moi, on aurait pu faire encore mieux par la suite avec les joueurs qu’il a eu.« 

Et aujourd’hui ?

Est-il toujours sélectionnable ? A 32 ans, Mabiala n’incarne plus l’avenir, mais il possède encore quelques arguments, dont un statut de titulaire en MLS, et une belle expérience à faire-valoir. « Si demain je suis appelé, je répond présent » affirme-t-il. Mais les joueurs qui sont là n’ont rien volé, sont talentueux, et méritent amplement leur place. C’est pour ça qu’à l’heure actuelle, la sélection n’est plus une priorité pour moi. Si je suis appelé, je viendrai avec plaisir, mais sinon je comprends tout à fait.« 

Ses projets 

Si il n’aura disputé que 12 matchs avec sa sélection, Larrys Mabiala reste un patriote affirmé. Et il compte bien servir le Congo après sa carrière : « Le confinement est une aubaine pour y réfléchir à ses projets. Avec Youssouf, Distel (Zola) et Chris (Oualembo) on travaille depuis un moment à un projet sur, et en dehors du terrain, qui va servir le pays« . Et nous, on a hâte d’en voir les fruits ! 

Le onze de légende de Larrys (en 4-3-3) : Kidiaba – Mbemba, Mongongu, Luyindama, Ilunga – Tiko- Roum, Mputu – Mayele, LuaLua, Nonda

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