Joe Lubala : « Faire de l’EFA l’une des meilleures académies du continent »

Par Muko
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Fondée à Kinshasa il y a deux ans, l’Espérance Football Academy se distingue déjà par des résultats très encourageants en Division 3. Président et fondateur de l’académie, Jonathan Lubala nous dévoile les coulisses de ce projet ambitieux.

Bonjour Jonathan ! Avant de fonder l’EFA, tu as joué un peu au foot… peux-tu te présenter et nous détailler ton parcours ?

Bonjour! Je suis Jonathan Lubala, président et fondateur de l’Espérance Football Academy.
Je suis un ancien de l’Académie Ujana où j’ai joué des minimes jusqu’aux juniors, puis j’ai voyagé en Inde pour les études universitaires.
En Inde, j’ai joué pour le compte de mon université, avant d’être repéré par HAL FC, un club de la ville de Bangalore, entre 2012 et 2013. Mais pour des raisons administratives et physiques, je n’ai pas pu poursuivre cette aventure.
Et quelques mois plus tard, je me suis reconverti en tant qu’entraîneur, après avoir passé les diplômes nécessaires à l’AIFF (Fédération Indienne) sous l’égide de la Confédération asiatique.

Comment t’es venue l’idée de fonder une académie ? 

Elle m’est venue dans le souci d’améliorer le niveau du football congolais, tant sur le plan local qu’international. Et cela passe par une formation d’excellence. Avec des collègues, nous avons pris le temps d’étudier la mise en oeuvre, avant de passer à la réalisation du projet.

Le projet EFA, jusqu’aujourd’hui, est une oeuvre à fonds propres.Avec quelques cotisations d’amis proches et de membres de la famille.

Quels sont les objectifs de l’EFA à court,moyen, et long terme ?

Premièrement, le but est de revaloriser la formation des jeunes. Puis à moyen terme, c’est d’offrir une formation de qualité pour leur permettre de faire une carrière de haut niveau.
À long terme, c’est de s’affirmer parmi les meilleures académies au pays, en Afrique, et pourquoi pas dans le monde !

Quelles sont vos modalités de recrutement ? Tous les enfants peuvent s’inscrire ?

Bien sûr, tous les enfants peuvent s’inscrire chez nous. Certains paient leur inscription, et d’autres peuvent souscrire à un système de bourse. Par exemple, nous avons dans nos rangs des enfants du quartier Pakadjuma, qui ont un talent fou, et qui peuvent jouer chez nous en étant boursiers.

La discipline est-elle un facteur important dans la structure de votre académie ?

Jonathan Lubala parle tactique avec le Coach Nsengi !

Vous savez, sans la discipline, c’est difficile de réaliser quelque chose ! Surtout lorsque l’on a des enfants en face, il est important de leur inculquer très tôt. Alors chez nous à EFA, la discipline joue un rôle extrêmement important dans la formation des jeunes;

Votre objectif principal est de faire accéder les jeunes talents au monde professionnel… mais ceux qui n’auront pas la chance d’y accéder bénéficient-ils aussi d’un accompagnement ?

Bien sûr. Parce que nous ne formons pas seulement des footballeurs professionnels. Nous formons, avant tout, des personnes intègres qui seront utiles à la société. Après leur carrière pour ceux qui y arriveront, mais aussi post formation pour ceux qui n’auront pas la chance de faire carrière dans le monde du foot.

Le Congo est bourré de talents. Mais aujourd’hui, la formation est-elle ce qui manque au pays pour passer un cap ?

Oui, clairement. Le talent sans suivi ou formation, c’est juste une perte. Je pense qu’un pays comme le notre, avec l’étendue de notre potentiel, a impérativement besoin d’un encadrement pour pouvoir suivre ces jeunes, et faire en sorte qu’ils exploitent leur talent au maximum.

Quels sont les principaux défis à relever dans ce domaine ?

Il y en a beaucoup… Pour nous, qui axons notre travail sur la formation, c’est en premier lieu les infrastructure de bonne qualité à un prix abordable pour faciliter l’encadrement des jeunes.
En second lieu, c’est le suivi hors terrain. Plus précisément sur le plan médical et aussi celui de la nutrition. 
Enfin, pour finir, le manque flagrant de compétitions régulières à tout âge.

Il est souvent compliqué de trouver des terrains praticables de qualité à Kinshasa. Ce manque d’infrastructures est-il une entrave au bon développement de la technique par exemple ?

Oui, le manque d’infrastructures est une sérieuse entrave à la formation, sur plusieurs aspects tant techniques,  mentaux que tactiques. Les seuls terrains de bonne qualité facilitant un bon développement du jeu coûtent cher. Et cela peut nous limiter dans ce que nous pouvons offrir. 

Et au contraire, quels seraient les atouts d’un jeune kinois, ou d’un congolais par rapport à un autre ?

Le jeune congolais en général joue déjà au football a un très jeune âge dans la rue,  au quartier… cela représente plusieurs atouts. Il part avec une avance sur le plan physique, et cela améliore aussi sa coordination et sa technique.

Avez-vous une identité de jeu bien définie pour toute l’Académie ? Ou elle diffère selon les catégories d’âge ?

À l’EFA, nous avons la même philosophie de jeu pour toutes nos équipes. Nous jouons un football total, en procédant avec des passes et des attaques placées, qui partent souvent du gardien.

Pour le mot de la fin… aurais-tu un message à transmettre aux Congolais qui viennent de connaître l’EFA grâce à cette interview ?

Je demanderais aux Congolais de nous faire confiance, et de ne pas hésiter d’inscrire leurs enfants chez nous. Avec eux, nous serons en mesure de réaliser un jour le rêve de toute une nation : voir notre équipe faire un bon parcours en coupe du monde !

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