Egypte – RD Congo (2-0) : les ardeurs congolaises douchées par le réalisme égyptien

Par Muko
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La réaction d’orgueil tant attendue est arrivée. Elle n’aura malheureusement pas suffi… Pour la première fois depuis bien longtemps, la RDC a joué en équipe, et avec solidarité. Marqué par cinq changements depuis l’humiliation face à l’Ouganda, le onze congolais a beaucoup tenté, mais a manqué de réalisme, contrairement à des égyptiens létaux. Les léopards se sont procuré une kyrielle d’occasions (19 tirs !) mais ont encore craqué sur coup de pied arrêté, et pâti de leur manque d’organisation au milieu.

Encore une fois, l’absence d’un relayeur de métier a coûté cher. Désormais, l’équipe se retrouve dans une position très inconfortable. Car même en battant le Zimbabwe dimanche, rien n’est gagné. Avec 0 pts au compteur et une différence de buts de -4, il va encore falloir sortir les calculettes , les dolipranes, et beaucoup, beaucoup prier…

Beaucoup d’envie, peu de réalisme…

    • A l’image d’un Mputu qui cherche immédiatement à construire vers l’avant dès le coup d’envoi, les léopards sont vite animés par une réaction d’orgueil qui ne les quittera pas tout au long du match. Beaucoup plus d’énergie est injectée au pressing, et les transmissions sont plus rapides. Sans céder à la précipitation, les léopards construisent et s’appliquent. Néanmoins, un frisson parcours les supporters Congolais dès la troisième minute de jeu. Une mauvaise transmission de Bope est interceptée par Hamed qui lance immédiatement Salah. Lancé en profondeur, l’attaquant de Liverpool fixe Matampi mais voit sa frappe déviée par le retour in extremis de Tisserand. Le symbole d’une équipe surmotivée, mais qui semblait parfois crispée par l’enjeu durant le match, notamment en phase défensive. Mais à force de pousser, les léopards inquiètent rapidement les Pharaons. Sur un corner très bien frappé par Mputu, Bolingi dévie pour Tisserand, à l’affût, dont la tête s’écrase sur la barre (9′).
    • Le pressing haut des léopards s’intensifiait et quelques minutes plus tard, Mputu reprenait de volée un dégagement de la tête d’Hegazy. Techniquement bien exécuté mais trop centré sur El Shenawy. Malheureusement, ces deux ratés seront punis à la 24ème minute… Sur un corner joué à la rémoise, Salah centre, Luyindama dégage mal de la tête, le ballon revient sur Elmohamady qui ajuste Matampi de près au milieu d’un cafouillage et d’une défense apathique. Un but qui ressemble énormément à celui encaissé face au Zimbabwe en éliminatoires. Et surtout, encore un coup de pied arrêté… Glacial. Et très frustrant pour la RDC qui voit son début de match encourageant gâché.
    • A la 39ème minute, les léopards vont frôler l’égalisation. Sur un long ballon de Mputu, Bope remise de la tête pour Bolingi qui s’impose devant Hegazy. Pour la deuxième fois de la soirée pour la RDC et la deuxième fois depuis le début de la compétition pour Bolingi, sa tête rebondit sur la barre. C’est la septième fois depuis la CAN 2015 que les léopards touchent les montants en compétition. Un record… Sans compter les éliminatoires (coup-franc de Mpoku contre la Tunisie, frappe de ce dernier contre le Liberia, tête de Tisserand face au Zimbabwe…). Et encore une fois, la sentence ne tarde pas. Deux minutes plus tard, Trezeguet lance une contre-attaque éclair. Après un petit pont sur Maghoma, l’ailier de Kasimpasa s’échappe côté gauche, effectue un rush dans le milieu congolais, élimine Bope puis sert parfaitement Salah qui fixe Tisserand avant de doubler le score. Très cruel pour les léopards, qui quittent la pelouse avec deux buts de retard malgré leur envie.
    • Au retour des vestiaires, Florent Ibenge tente d’accélérer le jeu. Trésor Mputu est remplacé par Meschack et Maghoma passe à la création. La RDC pousse mais ne parvient pas à revenir, même après l’entrée de Bolasie et le passage en 4-4-2. Sur un beau décalage de ce dernier, Issama centre et trouve encore la tête de Bolingi, qui force El Shenawy à une belle parade. Une faute (très discutable) est sifflée sur Alaa, mais le joueur de l’Antwerp s’impose incontestablement comme le meilleur élément offensif de l’équipe. Deux derniers frissons parcourent les supporters congolais : lorsqu’un coup franc de Bolasie travaillé à ras de terre flirte avec le poteau gauche, puis quand une frappe de ce dernier est déviée par Bakambu juste au dessus de la barre. Mais malgré 19 tirs (dont seulement 3 cadrés), soit 10 de plus que leurs adversaires, léopards encaissent un second revers de rang et se voient quasiment éliminés de la compétition.
    • A NOTER : Après le coup de sifflet final, les supporters Congolais ont eu droit à une scène insupportable. Au vu et au su de tous, plusieurs membres du staff national n’hésitaient pas à prendre un selfie avec Mohamed Salah, alors que l’élimination des léopards était quasiment actée après cette défaite. Un geste irrespectueux, insultant pour les joueurs et l’ensemble des supporters Congolais. Et l’ailier de Liverpool semblait lui-même surpris de cette démarche surréaliste… Un changement profond semble s’imposer après cette CAN, qui aura été un véritable fiasco.

Notes :

Matampi : 5

Il n’est pas le principal responsable sur le premier but encaissé, mais une meilleure communication avec sa défense aurait sans doute pu l’empêcher. Il se détend parfaitement sur un coup-franc de Salah (30′) mais victime de la finition clinique de l’attaquant de Liverpool un quart d’heure plus tard, il ne peut rien.

Issama : 3

Encore un match très compliqué. Si Trezeguet n’aura réussi à lui mener la vie dure que par intermittence (il aura beaucoup dézoné), le latéral de Mazembe s’est souvent illustré par des imprécisions techniques. Impliqué dans le premier but où il est apathique, il n’a pas vraiment su hausser son niveau depuis la rencontre face au Liberia. Aidé par son endurance impressionnante, il aura beaucoup plus tenté offensivement, mais ses centres auront rarement trouvé preneur.

Luyindama : 4

Peu rassurant, le défenseur de Galatasaray a encore déçu. L’enjeu de la rencontre l’a aidé à réduire ses prises de risques inutiles, mais ses relances n’ont pas toujours été précises. Défensivement, il aura remporté quelques duels en un-contre-un, mais son mauvais dégagement sur le premier but encaissé aura été fatal.

Tisserand (c) : 8

Capitaine courage. Comme face au Liberia, le score aurait sans doute été plus lourd sans lui. Très solide défensivement et propre techniquement, l’ancien monégasque s’est beaucoup illustré par ses sorties de balle bien menées. L’action de la 3ème minute, où il dévie le tir de Salah qui se présentait face à Matampi restera sans doute l’un des plus beaux gestes défensifs de cette CAN. Avec son leadership et sa hargne tout au long du match, le Ministre de la Défense a su faire honneur au brassard qu’il portait, en dépit du résultat final.

Ngonda : 5

Préféré à Arthur Masuaku pour contrer Mohamed Salah, le latéral de V Club a fait le boulot défensivement. Appliqué et sérieux dans son placement, il a su bien alterner entre La Défense et l’attaque, jouant simple et juste. Cependant, il est pris dans son dos par l’appel de Salah sur le second but, et a parfois manqué de tranchant offensivement.

Bope : 3

Où est passé le Merveille Bope impérial de 2017, qui persuadait le Standard de miser sur lui à l’issue de la CAN ? Repositionné un cran plus haut, l’ancien Corbeau passe à côté de la présente édition. La grave blessure qu’il a subi est peut-être passée par là… Malgré un gros travail à la récupération, sa passe approximative a failli offrir un but à Salah et il échoue à couper la route de Trezeguet sur le second but. Averti pour excès d’agressivité, il manquera le match face au Zimbabwe.

Moke : 4

Malgré sa présence au pressing et toute sa bonne volonté, Wilfred Moke n’a pas convaincu. Comme Merveille Bope, il n’est pas relayeur, et a eu beaucoup de mal à relancer le jeu vers l’avant. Son application et sa hargne à la récupération ont permis de gratter plusieurs ballons, mais des passes ratées viennent ternir sa performance.

Mputu : 5,5 

Touché au genou peu avant la compétition, Trésor Mputu était très incertain. Mais les supporters Congolais auront pu voir leur joyau disputer, au minimum, une mi-temps pour ce qui est sans doute sa dernière CAN. Au cours des 45 minutes passées sur le terrain, le meneur du TPM aura montré de belles choses, notamment sur phases arrêtées. Toutefois, sa mauvaise transversale vers Bolingi lance la contre-attaque égyptienne sur le deuxième but. Remplacé à la mi-temps par Meschack (4) qui aura péché dans le dernier geste malgré son envie.

Bolingi : 7,5

Meilleur léopard ce soir avec Tisserand. Titularisé ailier par Florent Ibenge (dans le rôle qu’il occupe en club, à la manière – toutes proportions gardées – d’un Mario Mandzukic à la Juve), il a impressionné son monde. Maîtrise dans les airs, retours défensifs rageurs, repiquages au centre et déviations bien senties… Le joueur de l’Antwerp aurait mérité un but hier soir. Au grand dam des supporters Congolais, il n’en fut rien. Au vu de sa performance, il devrait obtenir une seconde chance face au Zimbabwe dimanche.

Maghoma : 6

Lancé ailier gauche (grosso modo le poste qu’il occupe en club, un demi-cran plus haut), le joueur de Birmingham n’aura pas démérité. Techniquement agile et intéressant par ses changements de rythme, il a déployé une grande activité tout au long du match. Dribblé par Trezeguet au départ de sa course sur le second but, sa prestation défensive rappelle cependant aux Congolais qu’il n’est pas un récupérateur.

Bakambu : 3,5

Le fer de lance de l’attaque Congolaise a encore manqué de réussite hier soir. Une mi-temps ne lui a pas suffi à concrétiser sa bonne entente avec Mputu, et ses efforts répétés sur le front de l’attaque ont été vains, avec quelques ballons perdus. Sa déviation sur la frappe de Bolasie en fin de rencontre a manqué de peu le cadre, et son compteur à la CAN reste vierge. A la pointe du 4-3-3, il semble néanmoins pâtir d’un rôle de point de fixation qui ne lui correspond pas, et n’est que trop rarement servi en profondeur.

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