Le manque de supporters dans les gradins des stades accueillant les matchs de championnat est un phénomène qui prend de l’ampleur. Il y a t-il de quoi s’inquiéter pour l’avenir du football local ?
Quelles en sont les causes et surtout comment y remédier afin que la plus prestigieuse des compétitions locales retrouve son engouement d’antan ?
Alors que l’on était habitué à voir des gradins remplis et entendre l’ambiance électrique créée par les fans passionnés, ces dernières années ont vu une baisse significative de la fréquentation des stades lors des rencontres de la LINAFOOT. Ce déclin pose plusieurs problèmes, notamment les répercussions financières en ce qui concerne les recettes de matchs puisque peu de clubs disposent de ressources nécessaires pour l’autofinancement.
Mais comment en est-on arrivés là ?
La politisation du football !
il est devenu courant pour les personnalités influentes et les hommes politiques de se servir des clubs de football comme plateforme pour promouvoir leurs projets politiques et rassembler des soutiens lors des différents scrutins nationaux, régionaux ou locaux.
Cette instrumentalisation des équipes de football peut sembler être un moyen efficace de gagner rapidement en popularité, mais elle entraîne malheureusement des conséquences néfastes tant pour les clubs que pour les supporters. En effet, après chaque élection, lorsque les politiciens ne remportent pas le mandat visé, ils délaissent souvent les clubs qu’ils avaient utilisés pendant la campagne. Cela conduit fréquemment à une instabilité interne et à une perte de confiance des sympathisants, qui finissent par perdre l’intérêt pour ces équipes.
Par exemple, le Daring Club Motema Pembe (DCMP) a vu passer quatre présidents en tête de sa coordination en sept ans ! Idem pour Sanga Balende qui, depuis le départ de l’ex-gouverneur de Mbuji-Mayi Ngoy Kasanji, est plus qu’instable. Ces derniers constituent donc deux exemples probants de cette tendance inquiétante. Ces clubs ont connu une succession rapprochée de présidents issus de la sphère politique, dont plusieurs n’ont manifestement pas accordé suffisamment d’attention à la gestion et au développement durables des structures sportives concernées. Les querelles internes et les luttes de pouvoir qui s’ensuivent contribuent ainsi à fragiliser davantage ces institutions déjà mises à rude épreuve.
Il est essentiel de prendre conscience des dommages causés par cette utilisation politique des clubs de football et de trouver des solutions pérennes pour assurer leur stabilité future. Il apparaît indispensable de séparer clairement les affaires politiques des activités sportives, afin de garantir que les dirigeants soient choisis en fonction de leurs compétences managériales et non de leur capacité à attirer des votes.
Organisation et respect du calendrier !
Il est important de reconnaître que ces questions soulèvent des inquiétudes légitimes quant à la qualité globale de l’expérience offerte aux supporters lors des rencontres sportives organisées par notre instance dirigeante. Les retards dans l’organisation des matches peuvent causer des désagréments considérables pour les fans, tandis que le manque de respect du calendrier peut entraîner une confusion générale et nuire à la planification personnelle des supporters.
Afin d’améliorer ces domaines critiques, il serait temps que on examine attentivement les raisons derrière ces défaillances et prenions des mesures correctives appropriées. On doit envisager d’examiner notre processus actuel d’organisation des matches afin de garantir qu’il soit aligné sur les meilleures pratiques du secteur. Cela inclut la possibilité de programmer les matches exclusivement en début du week-end ou encore pendant les weekends ou les jours fériés, si possible, afin de minimiser tout impact négatif sur les activités professionnelles des supporters dont la plupart d’entre eux sont souvent à la quête du pain quotidien pour des raisons de faible taux du PIB du pays.
Violence dans les stades !
Les supporters des clubs congolais sont connus à la fois pour leur dévouement et leurs actes des violences en cas d’une contre performance de leur équipe. Cet excès d’émotion matérialisé par de l’intolérance, du manque de fair-play et de sportivité a déjà conduit à des drames meurtriers, à l’envahissement de la pelouse à l’image des derbys Kinois et Lushois où les supporters ont adopté cette mauvaise habitude pour interrompre le spectacle.
Le duel entre les deux « grands » clubs à Kinshasa tout comme à Lubumbashi se déroule sous haute surveillance policière, ce qui rappelle donc que certains « supporters » ne sont pas là pour la paix. Année après année, le championnat de la RD Congo a vu l’augmentation de cas de violence dans les stades jusqu’à atteindre des proportions alarmantes à l’encontre des arbitres, joueurs, entraîneurs, journalistes et surtout entre supporters rivaux. On pense que ces éléments poussent aujourd’hui certains supporters à ne pas se rendre au stade en masse afin d’encourager leurs clubs de peur d’être victime de violences entre supporters.
Les prix de billets d’accès aux stades exorbitants !
Les prix de billet du match As Vita – Dauphin Noir. Image : Linafoot .
Il est temps d’étudier ou proposer une solution alternative visant à rendre les événements sportifs plus accessibles au grand public. Il s’agit de fixer les prix des billets en fonction de la capacité financière moyenne des citoyens. Par exemple, on pourrait envisager de vendre les billets pour le match à des tarifs plus raisonnables.
En adoptant cette approche, on favorisera l’inclusion et encouragera davantage les supporters à participer aux événements sportifs, créant ainsi une ambiance plus dynamique et festive dans nos stades. Cette initiative contribuerait également à renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté et à promouvoir le développement du football local.
Bien entendu, il conviendrait d’effectuer une étude de marché afin d’évaluer l’impact potentiel sur les recettes générées par la vente des billets. On doit veiller à trouver un équilibre entre la rentabilité et l’accessibilité pour garantir la viabilité à long terme de cet aménagement tarifaire.
En ce moment, il serait difficile d’avoir un tas de spectateurs dans les stades tout d’un coup sans stratégie. Une mission difficile, certes, mais pas impossible. La balle reste dans le camp des décideurs !