L’acte de création à Kinshasa d’un nouveau club de football appelé FC Imana, porté par les anciens dirigeants, cadres et supporters du DCMP n’est pas anodin. A l’image d’un événement majeur qui refont le cadre naturel ou traditionnel d’une communauté, la venue du FC Imana dans le microcosme sportif kinois pourrait pousser à la redistribution de cartes.
Nous connaissons un derby kinois dont les protagonistes sont V. Club et DCMP. Le plus grand derby national qui a longtemps mobilisé la nation entière. En effet, sans prétention aucune, jusques il y a peu, on était soit V. Club soit DCMP, à travers le pays, quel que soit le club local auquel on s’identifiait. La perte de vitesse du DCMP, la remontée fulgurante de Mazembe ont fait que le derby a été, quelque peu vidé de son contenu, pour laisser advenir ce que la presse congolaise appelle désormais le classique congolais, Mazembe-V. Club. Mais le derby kinois n’est pas mort pour autant. V. Club-DCMP demeure un match symbole d’une ville qui vit et vibre.
Maintenant que DCMP a vu partir ses anciens cadres et une grande partie de ses supporters dont l’affluence aux activités (entraînement, séances de prière) du FC Imana fait dire que ce dernier en compte plus que le DCMP, n’y a-t-il pas lieu de prédire que le derby kinois va changer de visage ? V. Club va-t-il garder comme rival le DCMP ? Ou il devra compter sur le FC Imana ? DCMP-Imana ne volera-t-il pas la vedette à V. Club-DCMP ?
A qui fait-on référence ?
Malgré la mutation de Vita à Victoria, et d’Imana au DCMP, le derby kinois continue d’être appelé Vita-Imana. Il en est donc ainsi dans l’imaginaire collectif. Faudrait-il garder ce nom lorsqu’on sait qu’Imana prêtera désormais confusion ? Si on maintient une telle appellation, à quel club on va se référer lorsqu’il s’agira d’Imana?
L’exemple sud-africain
Soweto, cette cité sud-africaine de la grande ville de Johannesburg, est le berceau du foot du pays de Mandela. Il y compte beaucoup et de grands clubs de cette nation, en l’occurrence Orlando Pirates, Kaizer Chiefs et Moroka Swallows. A l’origine, un match qui faisait référence comme derby de Soweto opposait Orlando Pirates à Moroka Swallows. Aujourd’hui, il est appelé the « old derby », l’ancien derby, parce qu’un nouveau est depuis lors né. C’est dans les années 1970 que le changement est intervenu. Après plus de 40 ans d’existence, Orlando-Moroka a perdu de son lustre lorsque Kaizer Chiefs est né, en 1970, créé par les déçus d’Orlando Pirates, des anciens joueurs dont la tête de proue est Kaizer Motaung, reconnu comme le fondateur de black and gold. Le soutien apporté à ce club a créé la rivalité avec la maison-mère qui a fait naître la plus grande rencontre du foot sud-africain aujourd’hui, le derby de Soweto, Orlando Pirates-Kaizer Chiefs. En sera-t-il autant pour Kinshasa ?
Une année d’attente
Le nouveau club, FC Imana, ne rencontrera ni V. Club ni DCMP au cours de cette saison 2014-2015, à moins d’une disposition de la coupe du Congo. En effet, Imana évoluera à l’Entente Provinciale de Football de Kinshasa, ayant dûment racheté les droits de l’AC Jogari. Le nouveau visage, s’il y en a, du derby kinois ne sera révélé que une année plus tard. Mais en attendant, le « old derby » (déjà ?) ou le derby original aura probablement lieu, moyennant la formule que la Linafoot nous réservera, cette saison. Assistera-t-on à une rivalité à distance entre les frères immaculés? V. Club aura-t-il le soutien du FC Imana ?
Prévisions
Nul ne peut, à ces jours, prévoir avec exactitude la forme du nouveau visage du foot kinois et même national. Ce qui est vrai, cependant, est que la venue du FC Imana redistribuera les cartes. On ne perd pas une bonne base de ses supporters sans que cela laisse des traces. DCMP perdra-t-il son lustre d’antan ? Comme Moroka Swallows qui a subi les conséquences de la montée en force de Kaizer Chiefs. Ca c’est une possible carte. Une autre est que la redistribution des places aux stades sera possible. Nos prévisions ne sont encore que conjectures. Pour l’instant, c’est le foot-plaisir que nous voulons voir et avoir en lieu et place des conflits qui amènent mort d’hommes, coups et blessures. My game is fair-play, dit la FIFA.