À 25 ans, Jonathan Kakoma est un jeune arbitre qui commence à se faire un nom dans la Linafoot, le championnat de football congolais. Depuis ses débuts à Kipushi (Haut-Katanga) il a surmonté de nombreux obstacles pour se faire une place dans un milieu souvent dominé par les plus expérimentés. Passionné, déterminé et ambitieux, Jonathan partage dans cette interview son parcours, ses défis, ainsi que sa vision de l’arbitrage et de son avenir, notamment sur la scène internationale.
Bonjour Jonathan, merci de prendre le temps de discuter avec nous. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, merci cher Darius. Je m’appelle Jonathan Kakoma, je suis natif du territoire de Kipushi, je viens d’une grande famille et je suis le benjamin.
Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir arbitre plutôt que joueur ?
Ce qui m’avait poussé à faire l’arbitrage, c’est quand je regardais les matchs et j’appréciais la façon dont les arbitres géraient le jeu. En outre, j’ai eu la chance de voir l’internationale Mireille Kajinga officier des matchs à Kipushi. Cela a été pour moi une grande source de motivation et c’est ainsi que j’ai commencé à suivre des formations pour devenir arbitre.
Raconte-nous un peu ta formation, comment devient-on arbitre au Congo ?
J’ai commencé ce métier en étant mineur ! En 2014, j’ai commencé à officier au Cercle de Football de Kipushi. J’étais désigné 4e arbitre pour tous les matchs en raison de mon jeune âge. En 2015, j’ai suivi une formation organisée par l’Entente Urbaine de Football de Lubumbashi (EUFLU) et c’est cette année-là que j’ai débuté en tant qu’arbitre officiel dans le même championnat . Avant cela, j’étais aussi arbitre à la Cité des Jeunes, où j’officiais chaque dimanche. Pour devenir arbitre au Congo, il faut suivre une formation dispensée par une entité agréée par la Ligue de football.
Quelles sont les difficultés rencontrées à tes débuts ?
Les principales difficultés que j’ai rencontrées ont été liées à mon échec au test Cooper de la Fédération, que j’ai raté pendant deux saisons. Cela a retardé mon passage au statut d’arbitre fédéral. C’est seulement en 2021 que je suis devenu arbitre fédéral, alors que je devais le devenir depuis 2017.
En tant que l’un des jeunes arbitres de la Linafoot, quel est ton plus grand défi sur le terrain ?
Mon plus grand défi en tant que jeune arbitre est de maintenir l’autorité tout en étant juste et impartial. Il est parfois difficile de faire entendre sa voix face à des joueurs plus expérimentés et à des entraîneurs qui contestent les décisions. Mais, avec de la persévérance, on apprend à gérer ces situations.
Comment réagis-tu face aux critiques, qu’elles viennent des joueurs, des entraîneurs ou même des spectateurs, surtout en étant un arbitre jeune ?
En tant qu’arbitre, gérer les critiques des joueurs, entraîneurs et spectateurs est essentiel pour maintenir son autorité et assurer le bon déroulement du match. Il est important de garder son calme et son professionnalisme. Il faut savoir différencier la critique constructive de la contestation excessive. La communication est primordiale pour expliquer les décisions, et il est aussi nécessaire de savoir gérer la pression des supporters. Un bon arbitre doit faire preuve de confiance et d’autorité naturelle.
Quelles sont tes ambitions pour l’avenir ? Penses-tu aller plus loin dans l’arbitrage, notamment au niveau international ?
Oui, j’ai des ambitions de devenir un jour arbitre international. Mon objectif est de représenter mon pays sur la scène internationale et de faire la fierté du Congo en Afrique et dans le monde. Comme notre arbitre international Jean Jacques Ndala, qui est une grande source d’inspiration pour nous.
Comment prépares-tu un match en tant qu’arbitre ? As-tu une routine particulière ?
La préparation est essentielle pour un arbitre avant un match. Je commence par la préparation physique, puis je me concentre sur la préparation mentale. J’étudie les équipes et le règlement du jeu. Avant le match, je vérifie tout le nécessaire, notamment l’équipement, et je m’assure que les conditions sont optimales pour le bon déroulement du match. Une fois sur le terrain, la gestion du match devient ma priorité.
L’arbitrage peut parfois être un métier sous pression. Comment gères-tu le stress pendant un match ?
Gérer le stress pendant un match est essentiel pour maintenir de bonnes performances. Je me prépare mentalement avant le match à l’aide de visualisations et de ma routine pré-match. Pendant le match, je me concentre sur la respiration contrôlée et ma routine entre chaque action pour garder mon calme. En cas d’erreurs ou de pression, je me sers du stress comme un boost pour rester concentré et donner le meilleur de moi-même.
As-tu déjà eu une situation difficile ou tendue sur le terrain ? Comment l’as-tu gérée ?
Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais eu de situation vraiment difficile ou tendue sur le terrain, et je ne souhaite pas en avoir. Mais dans le cas où cela arriverait, je garde mon calme, j’applique les règles du jeu et j’essaie toujours de trouver une solution juste pour chaque situation.
Que penses-tu des technologies comme la VAR dans le football ? Est-ce quelque chose que tu aimerais voir en Linafoot ?
L’arbitrage vidéo (VAR) dans le football divise beaucoup d’opinions. Il permet de corriger des erreurs flagrantes comme les hors-jeu ou les fautes dans la surface, mais il ralentit parfois le jeu et peut enlever de la spontanéité. Cela dit, je pense que la VAR pourrait apporter plus de justice, en rendant les décisions plus transparentes. J’aimerais voir cette technologie dans notre championnat d’élite, car elle pourrait améliorer la qualité du jeu et réduire les critiques dont nous faisons souvent l’objet.