Jean-François Mbuy. Vous l’avez peut être aperçu sur le banc de l’équipe de France sans savoir qu’il était d’origine congolaise. Pourtant, cet ancien Kiné de l’INF Clairefontaine est bien de chez nous. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il n’a pas hésité une seule seconde à venir prêter main forte aux léopards pendant leur stage de préparation à Mons. Né à Tournais d’un père congolais et d’une mère belge, Jean-François Mbuy qui est aussi passé par Angers et le Lille, s’est spécialisé depuis dans la préparation physique individualisée des sportifs de haut niveau. Nous vous proposons de découvrir son portrait à travers cette interview qu’il a bien voulu nous accorder depuis la Belgique où il a installé son Médical Training Center.
Léopardsfoot : Jean-François Mbuy on vous a aperçu à Mons avec les Léopards pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Bonjour, je m’appelle Jean François Mbuy, je suis né à Tournais d’un père congolais et d’une mère belge. J’ai fais mes études de Kinésithérapie à l’université de Bruxelles où j’ai terminé en 2000. A l’issu de ce cursus universitaire, j’ai été tout de suite été embauché à Clairefontaine pour faire des remplacements. J’y suis resté une année et demie après quoi, je suis allé à Angers qui venait de monter en Ligue 2. En 2003, je suis retourné à l’INF où j’ai eu l’occasion de m’occuper des sélections espoirs et des U19 de l’équipe de France. J’ai aussi durant cette période, accompagné des cadres de l’équipe de France comme William Gallas que j’ai aidé à se préparer physiquement lors des rencontres de l’équipe de France… Je suis resté 8 ans à Clairefontaine, ensuite je suis parti à Lille où j’ai passé quatre belles années au LOSC, ponctuées par le fameux doublé Championnat Coupe de 2011.
Ca va faire maintenant 3 ans que j’ai arrêté pour monter une structure d’accompagnement individuel et personnalisé pour les sportifs de haut niveau.
Léopardsfoot : Avec qui avez-vous déjà travaillé par exemple ?
Ils sont nombreux. Mais parmi eux on peut citer Gallas lorsqu’il était à Arsenal, Johan Cabaye, Debuchy, Kalidou Koulibaly de Naples, Clément Grenier de Lyon ou encore Gaël Kakuta lorsqu’il était encore à Vitesse Arnhem jusqu’au Rayo Vallecano…
Jean-François MBUY sur le banc de la RDC lors de l’amical face au Cameroun à Mons
Léopardsfoot : Comment vous êtes-vous retrouvé sur le banc des léopards à Mons ?
Mon intervention au stage de Mons s’est faîtes par l’intermédiaire de Florent Ibenge que j’avais rencontré à Clairefontaine lorsqu’il était en train d’y passer ses diplômes. C’est là bas qu’on s’est connu. Il était venu me voir pour se renseigner sur des sujets médicaux. Il était assez curieux de savoir comment ça se passe. Et puis comme il avait entendu qu’il y avait un congolais belge qui travaillait dans ce service, ça l’avait attiré. Il est donc venu me voir et on a tout de suite accrocher !
Puis dernièrement, lorsqu’il était à Mons avec la sélection, vu que les Kinés officiels n’avaient pas eu leur visa, il s’est souvenu de notre rencontre à l’INF, ce qui était assez flatteur pour moi puisqu’il m’a dit que depuis, il n’avait pas cessé de me suivre et savait que j’avais quitté l’INF pour Lille. Il a donc pris sa voiture et est venu me chercher au Losc que j’avais quitté entre temps. Là bas, on lui a donné mon numéro et un jour j’ai reçu son appel. Sur le coup, j’étais un peu étonné qu’il se souvienne encore de moi mais très vite il m’a expliqué la situation de l’équipe et m’a demandé si je pouvais venir donner un coup de main. Sans hésiter, j’ai dis oui et le lendemain, je me suis retrouvé à Mons avec les Léopards.
C’était une grande fierté pour moi car j’avais déjà eu l’occasion de participer à de grandes compétitions internationales avec l’équipe de France. De côtoyer des joueurs de haut niveau. Mais jamais je n’aurais cru un jour que j’allais avoir l’opportunité de représenter mon pays à ce niveau… J’avais du travail à faire mais j’ai décidé de tout laisser tomber pour rejoindre les léopards à Mons.
Léopardsfoot : Que gardez-vous aujourd’hui de cette expérience ?
Une très belle expérience tant sur le plan professionnel qu’humain. J’avais entendu des choses sur les sélections et leur organisation à « l’africaine » mais là franchement, on était loin de tous ces clichés. D’autant plus que vous avez des cadres comme Cédric Mongongu, Youssouf Mulumbu ou encore Christopher Oualembo qui sont très professionnels et qui par exemple n’ont pas hésité à prendre le groupe en main lorsque Florent Ibenge a du rentrer à Kinshasa pour son match de Ligue des Champions. C’était impressionnant, même vis-à-vis moi qui suis métis et qui ne parle pas la langue… j’ai tout de suite été mis dans le bain avec Mongongu qui n’hésitait pas par exemple à me parler en lingala… C’était une très belle expérience avec un sentiment de fierté et beaucoup d’émotions pour moi qui n’a connu le Congo qu’à travers mon père, fier de se dire aussi que s’il ne m’a pas souvent emmené au Congo, le Congo est venu à moi…
Léopardsfoot : vous qui avez connu la France et des clubs de haut niveau comme Lille, peut-on dire que les léopards sont sur la bonne voie ?
Oui, car j’y ai trouvé une bonne organisation, une certaine rigueur et responsabilité loin des clichés que l’on prête aux sélections africaines. D’ailleurs, on en a beaucoup discuté avec Florent Ibenge. L’objectif c’est de permettre à tous ces joueurs de trouver les mêmes conditions que dans leurs clubs avec l’idée de montrer aux autres qui hésitent encore, qu’il y a de la qualité à tous les niveaux. Nous sommes congolais, mais nous ne sommes pas plus bêtes que les autres. La RDC n’est pas moins forte que le Cameroun ou la Côte d’Ivoire. Si tous les congolais prennent conscience de cela et que chacun apporte sa petite pierre à l’édifice, je pense que 2018 ne sera plus un rêve.
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Jean-François MBUY en plein exercice avec Mulumbu
Léopardsfoot : nous avons appris que Mulumbu et Oualembo sont passé vous voir avant la reprise ?
Oui, l’idée c’est de mettre en place pour nos internationaux un vrai suivi longitudinal qui ne s’arrête pas qu’en équipe nationale. C’est-à-dire pour les joueurs qui sont blessés ou qui vont moins bien, c’est de les aider à retrouver la forme rapidement et ceci au bénéfice de l’équipe nationale. C’est dans ce cadre que nous avons démarré avec Youssouf Mulumbu qui a connu des blessures à répétition la saison dernière et qui jouait jusqu’ici à 80 % de sa valeur. J’ai eu la bonne surprise de le voir venir, poussé un peu par Florent Ibenge pour faire un bilan qui s’est poursuivi par une bonne semaine de travail. On a remis les niveaux au vert et on mit le doigt sur les choses sur lesquelles il devait travailler pour qu’il soit au mieux de sa forme, surtout que c’est le capitaine de l’équipe. Il y a Christopher Oualembo qui est aussi passé pour le diagnostique qu’on avait fait durant le stage à Mons et qui s’est confirmé par un manque de force musculaire au genou que nous allons suivre et traiter.
Après, ce ne sont là que des propositions, l’objectif étant vraiment de mettre en place un véritable pole de compétence et de trouver la bonne formule en associant aussi le staff médicale du Congo pour le suivi des locaux pour que tout ceci mis ensemble, puisse accompagner cette équipe à atteindre ses objectifs. En tous cas personnellement je suis prêt à aider dans ce sens.
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