Cinq (bonnes) choses que nous avons appris lors de cette CAN

Par Muko
126 Vues
  • TISSERAND-BOPE, UNE CHARNIERE PLEINE DE PROMESSES…

La blessure de Gaby Zakuani, qui n’aura en tout et pour tout disputé un seul match de ce qui pourrait être sa dernière Coupe d’Afrique, aurait pu être un sacré coup dur pour les Léopards. Mais le nez de Florent Ibenge s’est avéré, une nouvelle fois, assez creux. Tenant fermement à maintenir Chancel Mbemba au milieu de terrain, où il a réalisé quatre excellents matchs, le technicien à la casquette à décidé d’associer Merveille Bope à Marcel Tisserand… Bien lui en a pris. Si elle reste perfectible sur certains points, cette charnière a montré de bonnes dispositions et laisse espérer un avenir très intéressant pour la défense des Léopards.

Le défenseur d’Ingolstadt a révélé au grand jour son talent lors de cette CAN, et peut, en toute objectivité, être considéré comme l’un des meilleurs à son poste lors du tournoi. Son style de jeu rappelle celui de Cédric Mongongu à ses débuts en équipe nationale. Serein et confiant balle au pied, l’ancien monégasque sait également se montrer agressif sur l’adversaire, ce qui avait pu manquer à Mongongu, souvent taxé de nonchalance, pour confirmer les espoirs placés en lui. Si sa relance est moins précise que celle du Montpelliérain, dont les longs ballons pouvaient être un délice, il n’est cependant pas à blâmer sur ce point, comme l’a démontré sa passe décisive à Mubele contre le Togo. Doté d’un bon jeu aérien et d’un sens du placement développé, il s’est révélé à chaque match comme un stoppeur complet.

Pour accompagner ce genre de défenseur, un défenseur bourrin et dur sur l’homme pourrait suffire, mais le néo-standarman Merveille Bope ne se limite pas à ces caractéristiques. Sa discipline dans le placement et son bon sens de l’anticipation en ont fait un sacré client pour les attaquants Ivoiriens, Togolais puis Ghanéens. Milieu défensif de formation, il n’est, sans être un grand technicien, pas embêté par le ballon, et sa vision du jeu n’est pas négligeable. L’un de ses meilleurs attributs reste son jeu de tête. En effet, peu de défenseurs, en Afrique et dans le monde peuvent se targuer d’avoir remporté la majorité de leurs duels aériens face à Emmanuel Adebayor. Assurément doté d’un gros potentiel, son profil semble, à long terme, parfait pour l’Angleterre… Affaire à suivre.

  • KABANANGA : UN AILIER !!

« Bima, Kabananga Bima ! » Voilà la douce mélodie que les supporters Congolais avaient entonné pour accompagner la sortie de Junior Kabananga lors d’un match amical contre le Gabon à Visé (2-1). La raison de cette hostilité ? Le trop grand nombre de duels perdus, d’appels inutiles et d’occasions vendangées par l’attaquant d’Astana, qui était remplacé par Dieumerci Mbokani, entré sous l’ovation des supporters. Un an et deux mois plus tard, le vent a quelque peu tourné… Auteur de trois buts, d’une passe décisive, et d’un travail colossal au cours de la compétition, Okocha est aujourd’hui la révélation Congolaise de la CAN. L’attaquant d’Hull City est quant à lui (de manière plus où moins juste) sous le feux des critiques après l’élimination de la RDC. Le repositionnement de l’ancien du FC MK sur une aile gauche habituellement occupée par Yannick Bolasie est LA principale explication de sa renaissance…

Le profil du Kasaïen peut être trompeur, car en dépit de son gabarit (1m90 pour 91kg) il n’est pas un bon pivot axial, ni un point de fixation comme peut l’être Mbokani, et peut éprouver plus de difficultés à exister en pointe. Mais comme il l’a démontré au cours de cette CAN, il n’en demeure pas moins puissant, et ses courses à grandes enjambées sur l’aile gauche peuvent être une grande menace pour les défenses adverses. La meilleure illustration de ces deux attributs reste sans doute son but face au Togo où, parfaitement lancé en profondeur par Chancel Mbemba, il résiste physiquement au retour de Serge Gakpé sur plusieurs mètres avant de crucifier Cédric Mensah d’un plat du pied gauche parfaitement exécuté. Un but dont on a relativement peu parlé, mais particulièrement difficile à réaliser…

Son repositionnement a permis de bien mieux exploiter certaines facultés de son jeu. Sa malice par exemple, qu’il a démontré en obtenant de nombreux coups-francs excentrés, où en se trouvant au bon endroit au moment opportun. Mais surtout, le travail de titan qu’il a abattu sur l’aile mérite d’être souligné. En quatre matchs, il est maintes fois venu prêter main-forte à la défense, récupérant et taclant, renvoyant des corners adverses de la tête, et couvrant un gros volume de jeu… Loin, très loin de l’image du grand dadais nonchalant qui pouvait lui être attribuée auparavant. Kabananga (qui signifie « celui que l’on n’aime pas » en Tshiluba), n’a certes pas l’aisance technique d’un Bolasie où d’un Botaka, mais peut effacer des joueurs par ses dribbles chaloupés. Son profil assez atypique ajoute de la variété parmi les ailiers Congolais.

  • BOLASIE : (TRES) IMPORTANT MAIS PAS INDISPENSABLE…

L’absence de Yannick Bolasie pour la CAN est tombée comme un couperet début décembre. La désolation s’installait alors chez de nombreux supporters, certains imputant même un futur échec des léopards à la CAN à l’absence de l’ailier d’Everton, écarté des terrains pour environ 1 an. Une fois les léopards sortis, une question va légitimement se poser : Avec Yannick Bolasie, les léopards auraient-ils pu aller plus loin ? Mais on ne le saura jamais…

Il semble néanmoins évident que la technique, la vitesse et l’expérience du haut niveau de Yala n’auraient pas fait grand mal aux léopards, à qui on a parfois reproché un jeu trop lent durant la compétition. De par sa capacité à accélérer et à dynamiser le jeu, l’ancien de Crystal Palace aurait certainement apporté un véritable plus dans ce domaine. Cependant, la révélation de Junior Kabananga, qui évoluait sur une aile gauche habituellement occupée par Bolasie, aurait-elle eu lieu ? Rien n’est moins sûr. La solidarité dont a fait preuve l’équipe en l’absence de leur leader technique est également remarquable. Hormis contre le Maroc, l’équipe est parvenue à produire du beau jeu, et ce malgré la non-présence de l’ailier de 27 ans. Son absence, dont on peut affirmer qu’elle a été compensée avec brio, s’est avérée être un mal nécessaire pour comprendre une chose : nul n’est indispensable en équipe nationale.

  • MPOKU-KEBANO : UNE BELLE PAIRE DE PLAYMAKERS

Le 4-3-3 offensif de Florent Ibenge, utilisé à partir du deuxième match de poules contre la Côte d’Ivoire, s’est grandement appuyé sur Neeskens Kebano puis Paul-José Mpoku pour organiser l’attaque des léopards. Tous deux ont marqué, beaucoup tenté, lancé des offensives dans un style contenant quelques similarités, mais assez différent. Une chose est néanmoins certaine : les léopards peuvent se targuer d’avoir deux jeunes créateurs de talent, et qui sont loin d’avoir dit leur dernier mot…

  • UN ETAT D’ESPRIT IRREPROCHABLE

Si Florent Ibenge a utilisé chaque joueur de champ du groupe avant même l’accès au quarts (fait assez rare pour être souligné), cette CAN a été frustrante pour certains en terme de temps de jeu. Cependant, pouvons-nous citer un joueur ayant montré de la mauvaise volonté, boudé ou exprimé publiquement son mécontentement ? Cet état d’esprit exemplaire s’est avant tout ressenti sur le terrain. Eliminés au terme d’un match serré contre le Ghana, les léopards n’ont pas été irréprochables lors de ce match, mais ont également joué de malchance…Quoi qu’il en soit, un véritable esprit d’entraide a été observé dès le premier match contre le Maroc. A la récupération du ballon entre autres, où un joueur en difficulté n’était jamais laissé seul, constamment rejoint par un partenaire pour s’approprier le cuir. L’énergie injectée par Youssouf Mulumbu contre le Togo, Le volume de jeu déployé par Jacques Maghoma contre la Côte d’Ivoire, les efforts défensifs réalisés par les attaquants (mention spéciale à Kabananga et Mubele) sont révélateurs d’une chose indéniable : les léopards ont TOUS mouillé le maillot durant cette CAN.

Articles liés