Cedrick Kisabaka : « disputer le mondial peut être une routine pour la RDC »

Par Rédaction
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A l’occasion du Championnat des Académies et des Centres et Écoles de Football (ACEFOOT), organisé actuellement par la FECOFA, Leopardsfoot est parti à la rencontre de Cedrick Kisabaka, entraîneur U17 et Directeur Technique de l’Académie Éclat Sport pour en savoir davantage sur cette structure mais aussi sur cette compétition qui rassemble de nombreuses structures de la place.

Léopardsfoot : Bonjour peux-tu te présenter ?
Cedrick Kisabaka : Bonjour. Je suis Cedrick KISABAKA WEDU, entraineur de football et formateur de jeunes. Je suis détenteur d’une Licence B Fédéral et j’assume les fonctions de Directeur Technique, entraîneur U17. Je suis également co-tenancier de l’académie Eclat sport. Mais je suis surtout un analyste sportif.

Léopardsfoot : Où as-tu passer tes diplômes ? L’accès à la formation d’entraîneur au Congo est-il facile ?
Cedrick Kisabaka : J’ai passé l’intégralité de mon cursus au Congo plus précisément à la FECOFA qui délivre des diplômes fédéraux mais aussi la CAF A. A cela j’ai ajouté une formation de Management sportif en ligne. Tout le monde y a accès. Il faut juste certains pré-requis dont le plus important est celui d’exercer déjà la fonction d’entraîneur dans une structure.

Léopardsfoot : Tu es également coach et directeur technique de l’académie Eclat Sport.  Comment tu gères cette double casquette ?
Cedrick Kisabaka : Le Directeur Technique est celui qui défini le programme d’entrainement annuel, je le fais en associant mes coachs de l’académie. Et le formateur est celui qui le transmet aux joueurs. Je fais les deux mais je suis assisté par l’ensemble du staff technique et  ça marche sans problème.

Léopardsfoot : Quelle est la philosophie de votre académie ? Quel est votre modèle de formation ?
Cedrick Kisabaka : Notre philosophie ne peut pas se définir en un mot. À la base on tenait à ce que le pays ait dans le futur des footballeurs de haut niveau et surtout des footballeurs instruis et éduqués. Notre académie met en avant le volet éducation. L’éducation par le sport dans le but de se distinguer par des performances. Nous nous sommes inspirés du modèle JMG (Jean Marc Guillou), car c’est un modèle qui a fait ces preuves en Afrique… Après nous avons subit l’influence de notre culture foot. Aujourd’hui l’essentiel de notre philosophie est basé sur un football très technique et tactique, privilégiant l’aspect offensif et la bonne possession du ballon….

Léopardsfoot : Comment on intègre aujourd’hui l’académie Eclat-sport ?
Cedrick Kisabaka : C’est simple mais c’est catégorisé. De 4 à 13 ans, on inscrit des  enfants qui en amont vont à l’école. Il y’a un montant à payer pour l’inscription et aussi un abonnement mensuel. A partir de 14 ans c’est une sorte de scouting, on retient les plus talentueux et on essaie de leurs intégrer notre philosophie. Il y a une page Instagram et Facebook, une adresse et un numéro de téléphone où les personnes peuvent prendre tous les renseignements.

Léopardsfoot : Eclat sport participe actuellement à un championnat fédéral U15. Peux-tu nous donner un peu plus de détails sur cette compétition ?
Cedrick Kisabaka : Oui l’académie participe actuellement à l’ACEFOOT (Championnat des Académies, Centres et Écoles de Football) organisé par Ligue de football des jeunes, une entité de la Fédération Congolaise. Ce tournoi se joue entre 10 académies de Kinshasa. C’est un tournoi qui s’étend sur 9 semaines dont les rencontres se jouent tous les dimanches. Chaque équipe joue 2 matchs de 25 minutes x 2 dans la journée. C’est-à-dire,  un match le matin et un match l’après midi. Pour y participer il faut être une académie reconnue par la FECOFA donc ayant reçu un agrément de la Fédération.

L’idée de ce championnat est d’habituer les jeunes à la compétition, les rendre compétitifs mais aussi en faire une pépinière de détection pour les sélections d’âge. L’objectif à terme est d’en faire une compétition nationale.

Léopardsfoot : Le tournoi est-il sponsorisé ?
Cedrick Kisabaka : Non, pour le moment, il n’y a aucun sponsor. Il n y’a que la Ligue de Football des Jeunes qui est à la base de cette organisation avec la participation des académies.

Léopardsfoot : Où peut-on suivre ce championnat. Est-il diffusé ? Quelle stratégie est mise en place pour promouvoir ce tournoi afin d’attirer d’éventuels sponsors ?
Cedrick Kisabaka : Le tournoi n’est pas diffusé. Seules les infos, résultats, photos, vidéos, sont relayées par la direction de communication de la FECOFA, les pages des académies et  certains médias sportifs privés.

Il y a 3 ans, la DTN a organisé une compétition de jeunes. Elle a lancé une première édition de la LINAFJ qui n’a pas pu atteindre ses objectifs car ce championnat était réservé aux équipes de Ligue 1 et Ligue 2 qui ont créé des équipes d’âge de circonstance. Des équipes truffées de vieux qui ne trouvaient pas de places en équipe première. De l’autre côté, chaque académie, disons la plupart, telle que la notre, organisait des tournois privés, hormis les ententes urbaines. Il y avait donc plusieurs petits championnats qui se jouaient un peu partout mais sans une réelle structuration et surtout un bon niveau de compétitivité.

C’est alors qu’en plein formation d’entraineur des centre et académies, qu’avec la DTN et les tenanciers d’académies, est né l’idée de ce championnat. L’année passée nous avons essayé la 1ere édition, elle était expérimentale et ça s’était bien passé sans grande visibilité. Cette année nous sommes à la 2ème édition. Il faut maintenant que les organisateurs travaillent pour plus de visibilité.

Léopardsfoot : Il faut quoi pour que cette compétition soit plus suivie ?
Cedrick Kisabaka : La développer en termes de communication en facilitant pourquoi pas, le déplacement des médias sur le site de la compétition qui est assez éloigné de la ville.

Léopardsfoot : Éclat sport attend quoi de ce tournoi ? Quelle suite pour les joueurs qui se distinguent ?
Cedrick Kisabaka : Eclat sport souhaite premièrement que ces académiciens soient compétitives, après au lieu de récompenser les jeunes qui se distinguent par des dons matériels, il faudrait plutôt que ceux qui se distinguent, puisse avoir l’opportunité d’intégrer la sélection nationale. Ça serait la plus grande consécration pour eux. Penser aussi à faire de ce championnat, un cadre de scouting. Un berceau pour le foot congolais. D’ailleurs cette année Éclat a eu à inviter des recruteurs de l’extérieur pour superviser ses joueurs.

Léopardsfoot : Quel message aimerais tu faire passer aux dirigeants congolais ? Et au peuple congolais ?
Cedrick Kisabaka : Il y a ‘a des gens qui y travaille, oui mais il y’a t-il des débouchées, y’a t-il des infrastructures qui vont avec ? Y’a t il une bonne allocation des ressources ?… Tant de questions qu’on se pose depuis toujours.

Il faut donc un vrai travail de fond. Ça doit commencer au niveau politique puis être transmis au niveau scolaire et soutenu au niveau des structures de foot… Si des privés nous plantent chaque jour des pelouses synthétiques pour la pratique du football, la Fédération ne mérite pas d’avoir qu’un seul terrain, celui de Kurara… Donc ça peut faire sujet à des gros débats bien qu’on sait, que  les contraintes sont énormes,… et dans d’autres occasions, il s’agira d’évoquer tous ces problèmes qu’on connait déjà… Bref, ils doivent réellement travailler pour le développement du sport.

Léopardsfoot : Ton mot de la fin
Cedrick Kisabaka : Mon mot de la fin sera tourné vers un constat actuel. Les résultats de la sélection nationale actuellement sont au plus bas. On peut l’analyser comme étant les conséquences de beaucoup de choses qui n’ont pas été faites dans les temps… Sur ce, on devrait nous tourner vers la base, vers ces talents jeunes, délaissés et mal orientés… Il y’a tant de modèles à copier, il y’a la génération Eden Hazard avec la Belgique, il y’a le travail que JMG a eu à faire en Afrique de l’ouest. Il  y’a ce que le Sénégal a fait il y’a des années et dont on voit les fruits aujourd’hui. La RDC est capable des produire des joueurs de haut niveau, il faut juste travailler. Et on espère que ce qu’on fait est si ce n’est pas le commencement mais la continuité d’un travail qui doit être pris en compte par tous ceux qui ont ce pouvoir de rendre notre football viable. Le président, le gouvernement, la fédération, les dirigeants des structures de sport, les médias, les joueurs, nous les académies, ainsi que les encadreurs… Si on le fait, dans 7, 10 ans, gagner la CAN et faire des belles campagnes de Coupe du monde sera une routine pour nous car, on est une terre de talents avec un potentiel énorme mais mal exploité.

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