Victorieuse à Franceville (0-2), la RDC s’offre une belle option pour la CAN, qu’il faudra confirmer face au Soudan en septembre. Voici les notes des Léopards pour ce derby d’Afrique centrale à la saveur particulière !

Photo : Samy Ntumba

☆ Mpasi : 9

C’est ce qu’on appelle réussir son baptême du feu. Alors qu’il dégageait peu de sérénité en début de match, comme sur cette frappe d’Allevinah repoussée dans les pieds de Bouanga (13′) qui – heureusement – manque l’immanquable, le portier de Rodez a réalisé pas moins de 7 parades décisives pour sa première. Une cage congolaise inviolée pour sa première sélection, une belle lecture de jeu mais également de belles aptitudes montrées dans le jeu au pied. Élu (logiquement) homme du match par notre rédaction.

Mukoko : 6

Un match correct de la part de « Soso ». Comme d’habitude, il a été très généreux en efforts, et sa grinta et son engagement sont restés les mêmes de la première à la dernière minute. Défensivement, il a complètement éteint Denis Bouanga, même s’il a parfois souffert face aux montées du jeune Ekomié. Parfois maladroit dans ses prises de décision, il a toutefois été plus appliqué dans son placement qu’à l’accoutumée (43′).

Mbemba (C) : 4

Un match en-dedans pour Chancel, qui fêtait ce soir sa 68ème cape, dépassant Issama comme recordman (connu) de sélections. Moins incisif que d’habitude, il se fait complètement enrhumer par André Poko, laissant l’ancien Bordelais allumer Mpasi, heureusement auteur d’un beau réflexe (41′). De manière générale, il n’a pas affiché le leadership qu’on pouvait attendre de lui. Quelques interventions bien senties, cependant (47′, 61′, 62′) mais sa complémentarité avec Batubinsika n’a pas affiché de meilleures garanties que celle avec Bope.

Batubinsika : 5

Préféré à Bope, le défenseur formé au PSG était – comme Mpasi – lancé pour sa première en match officiel. Agressif et plutôt solide dans les duels, il a remporté plusieurs duels important, notamment dans les airs. Mais quelques maladresses auraient pu coûter cher (70′). Un match globalement correct pour une première.

Masuaku : 7

Dans la lignée de ses dernières sorties avec l’équipe nationale, le latéral de Besiktas a été très bon. Rarement mis en difficulté défensivement,  il a surtout été précieux aux avant-postes. Désormais préposé aux coups de pieds arrêtés, il dépose son corner sur la tête de Tshibola (32′). Toujours aussi intéressant dans ses remontées de balle, il a su rester concentré jusqu’au bout. Une carrière internationale enfin bien lancée !

Tshibola : 7

Encore associé à Samuel Moutoussamy, le natif de Londres s’est montré bien plus libéré pour sa troisième sélection. Dans un rôle d’essuie-glace, il a su mettre son gabarit imposant au service de la bataille du milieu, mais s’autorisant également quelques belles projections vers l’avant. Des efforts récompensés par son premier but en sélection, d’une belle tête croisée sur corner après s’être échappé du marquage de Lemina. Sa complémentarité avec Moutoussamy reste perfectible, mais est prometteuse. Appliqué dans son jeu de passe, il termine le match avec peu de déchets à son actif. Averti, il manquera le match face au Soudan.

Moutoussamy : 7

Sans doute le meilleur Léopard sur les derniers matchs, le Nantais a confirmé son nouveau statut en sélection. Infatigable, il enchaînait encore les courses à haute intensité dans les dernières minutes ! S’il ne s’est pas toujours montré précis dans ses transmissions, il a encore bluffé par son volume de jeu et son impact. Indispensable.

Kakuta : 7

Ça fait du bien de voir un Kakuta comme ça ! Depuis le début de sa carrière internationale, on avait rarement senti l’ancien Lensois aussi impliqué. Balle au pied, mais surtout sans : on l’a vu partout. À gauche, à droite, dans le repli défensif, les courses… on sent qu’à 32 ans, participer à sa première (et sans doute son unique) CAN est un objectif qui lui tient à coeur. Très en jambes d’entrée, il sert parfaitement Wissa en profondeur (38′) mais l’attaquant de Brentford s’enferme et manque le cadre. Tout au long du match, ses dribbles chaloupés, sa vista et son agilité ont fait mal aux Gabonais. Il aurait pu bénéficier d’un penalty (ou d’un très bon coup-franc) après avoir été déstabilisé à l’entrée de la surface par Poko après avoir accéléré, et éliminé deux adversaires (58′). Remplacé par Akolo (74′) qui s’est surtout illustré dans le repli défensif.

Bongonda : 4

L’ailier de Cadiz avait à coeur de faire belle impression après son match réussi contre l’Ouganda en amical. Malheureusement, il n’aura existé que par intermittences au cours de celui-ci. Son manque de complémentarité avec Mukoko s’est fait ressentir, et il n’a touché que trop peu de ballons pour influencer le jeu comme il l’aurait souhaité. Remplacé à la 65ème minute par Mfulu qui a immédiatement apporté un impact à la récupération.

Meschack : 6

Un match réussi pour Meschack. Comme à son habitude, il tente beaucoup, rate… mais finit aussi par réussir ! Au final, il est à l’origine des deux buts Congolais. C’est lui qui élimine Poko d’un petit pont, forçant Appidangoye a dégager en corner, qui sera décisif (32′). C’est également lui qui lance Mayele à la limite du hors-jeu, avant que l’attaquant de Yanga ne se charge du reste (82′). Sinon, il a su se montrer dangereux par ses percussions et sa vitesse sur l’aile gauche. L’action ou il dépose, plein de spontanéité, Lloyd Palun avant de servir Moutoussamy (61′) incarnent son utilité pour l’équipe nationale. Un Meschack en forme, c’est toujours un bel atout !

Wissa : 4

Titularisé en pointe en l’absence de Bakambu, le joueur de Brentford n’a – comme Bongonda – pas eu l’impact escompté. Parfaitement lancé par Kakuta, il avait une belle occasion de doubler la mise à la 38ème, mais après une belle course, croise trop sa frappe dans un angle fermé. Pour le reste, il n’a pas eu d’occasions à se mettre sous la dent. Remplacé par Mayele (74′), auteur d’un banger pour sceller la victoire congolaise.

Cette fois, les Léopards n’ont plus le choix.

Demain à Franceville, la RDC devra battre le Gabon, sous peine de rater une deuxième CAN d’affilée. Face à des Gabonais qui ne réussissent statistiquement pas aux Léopards (4 défaites, 2 matchs nuls, 1 victoire depuis 2011) et dans un stade qui n’a pas vu les locaux perdre depuis 20 ans, les joueurs de Desabre sont condamnés à l’exploit : récupérer 6 points perdus. Qu’est-ce qui fait la force des Panthères ? Et surtout, quelles sont les faiblesses à exploiter ?

Leur force : la cohésion par l’expérience 

Le noyau des Panthères joue ensemble depuis de longues années.
Photo : RFI

Pour un pays de 2 millions d’habitants, le Gabon réussit à produire pas mal de talents. Mais ce qui fait vraiment la force des Panthères aujourd’hui, c’est leurs automatismes. Bien davantage que les Léopards, dont le onze est constamment chamboulé ces dernières années. Ainsi, sur les 23 sélectionnés face à la RDC, six joueurs (Aubameyang, Appidangoye, Palun, Poko, Ndong, et Mfa Mezui) sont internationaux depuis plus de 10 ans !  Et hormis le dernier cité – qui est gardien remplaçant – tous sont des titulaires. Des briscards qui se connaissent parfaitement, et qui ont eu l’habitude de gérer la pression ensemble. Un avantage de taille…

Comme la RDC, le Gabon prépare une phase de transition. Expérimentée (7 joueurs de plus de 30 ans), la tanière des Panthères voit éclore plusieurs jeunes talents, prêts à prendre la relève, dont les prometteurs Jacques Ekomié (19 ans, défenseur, Bordeaux) et Alan Do Marcolino (21 ans, attaquant, Rennes).

Points faibles : Une charnière vieillissante

International depuis 2006, Bruno Ecuele Manga évolue depuis janvier à Belfort (4ème division française) Photo : L’Union Sonapresse

L’expérience a beau avoir taillé une belle complémentarité entre eux, Bruno Ecuele Manga (34 ans) et Aaron Appindangoye (31 ans) sont plus proches de la fin que du début. International depuis 2006, le vice-capitaine des Panthères évolue depuis janvier dernier à Belfort, en quatrième division française. Et s’il n’a rien perdu de son leadership, l’ancien Lorientais joue aujourd’hui à un niveau très modeste.

Son compère, lui, est plus jeune, et joue toujours les premiers rôles à Sivasspor (D1 turque). Mais a vécu une saison compliquée, freinée par des blessures récurrentes (17 matchs joués en championnat) 1C. Surtout, la vitesse est loin d’être son point fort, tout comme Ecuele Manga. La charnière pourrait donc avoir du mal face à la vivacité de l’attaque congolaise. Malgré l’absence de Bakambu, la RDC dispose de joueurs de profondeur et rapides (Wissa, Meschack ou encore Kalulu) dont le rôle sera déterminant demain.

Si les Léopards parviennent à trouver de l’espace dans le dos de la défense, ils pourraient se procurer des occasions franches. À eux d’en profiter !

Retour du duo Aubame – Lemina : aubaine ou poids ?

Partis dans des conditions polémiques, Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina reviennent après plus d’un an d’absence
Photo : Afrik-Foot

En froid avec la sélection depuis plus d’un an, les deux « stars » Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina reviennent pour ce match décisif. Sur le papier, leur retour est une force de frappe supplémentaire à une équipe qui tournait plutôt bien sans eux depuis la CAN. L’attaquant vedette a beau avoir passé la pire saison de sa carrière avec Chelsea (3 buts en 22 matchs TCC), il reste le meilleur buteur de l’histoire de la sélection avec 30 pions inscrits, et celui qui a placé le Gabon sur la carte dans le football. « Aubameyang a été rappelé pour pallier au manque d’efficacité en attaque. Contre la Mauritanie et le Soudan, le Gabon a dominé, mais il manquait clairement quelqu’un pour mettre les ballons au fond. C’est pour ça que le président Ali Bongo l’a fait revenir. Et Lemina viendra boucher des trous laissés, notamment, par l’absence de Kanga  » nous confirmait le journaliste Gabonais Freddhy Koula au cours d’un Space Twitter, le 30 mai dernier. Auteur d’une bien meilleure saison individuelle, le milieu des Wolves devrait densifier un milieu privé du plus Congolais des Gabonais, Guélor Kanga.

Cependant, leur retour ne fait pas que des heureux au Gabon. Leur départ dans des conditions polémiques a laissé des traces parmi les supporters, mais également chez certains coéquipiers.« En interne, on peut s’interroger sur la cohésion du groupe par rapport à leur retour » nous confirmait poursuivait-il. De quoi faire vaciller le collectif, principale force des Panthères ? Réponse demain !