Dans un match au rythme irrégulier, la RDC a pris le meilleur sur un voisin particulièrement revanchard après le fameux 4-2 subi deux ans auparavant. Disposés en un 4-4-2 relativement inhabituel, les poulains d’Ibenge ont parfois joué de chance, mais la victoire demeure méritée. Décryptage au cas par cas.
L’homme du match : BAKAMBU (8) :
Compte tenu de la faiblesse de l’adversaire, son doublé face à Madagascar en mai 2016 (6-1) avait quasiment été oublié ! Mais celui-ci restera davantage dans les annales. Avec un 4-4-2 qui l’a bien mieux mis en lumière, c’est le talent de Bakagoal qui a fait la différence samedi soir. Parfaitement lancé par Ikoko qui avait vu son appel croisé, il fait preuve d’un grand sang-froid pour tromper Barel Mouko (20′). Danger constant par ses accélérations et ses appels, Bakagoal a délivré le stade des Martyrs 35 minutes plus tard en doublant la mise sur un nouveau service d’Ikoko à la suite d’un corner mal dégagé. Au-delà des buts, il a prouvé que la CAN 2017 décevante n’était qu’un vieux souvenir, et a pu mettre pour de bon le public Congolais dans sa poche.
MATAMPI (5) : La titularisation sans doute été la plus discutée. Matampi n’a pas eu grand-chose à faire en première période, où les deux tentatives de Prince Oniangué voyaient heureusement le cadre se dérober. Il a également joué de chance lorsque la tête de Jordan Massengo s’est écrasée sur la barre transversale. Par la suite, il n’est pas exempt de tout reproche sur la frappe de Bifouma qui aurait pu être à sa portée s’il avait gardé une main plus ferme sur un ballon qui a filé sous son épaule. Il a eu bien plus à faire en seconde période, et a su été décisif face à Tobias Badila puis Delvin Ndinga. On retiendra également de sa performance qu’il a su donner de la voix à sa défense lorsqu’il a senti la pression monter, mais qu’il n’a ne s’est pas montré assez serein, notamment dans ses sorties aériennes. Le débat sur son statut de au TP Mazembe devrait ressurgir dans les semaines qui suivent.
ZAKUANI (4) : Récemment transféré au Gillingham F.C. (D3 anglaise), Un Ya Gaby peu épargné par les blessures tout au long de la saison effectuait son retour dans le onze des Léopards et par la même occasion son retour à la compétition depuis mars dernier. Si son sens du sacrifice a pu être utile par moment, notamment après l’entrée du puissant Silvère Ganvoula, il est paradoxalement trop timoré sur l’égalisation de Bifouma. Il choisit en effet de rester statique pour tenter de contrer la frappe de l’ancien bastiais, au lieu de l’attaquer, ce qui s’est avéré être une erreur de jugement. De plus, son manque d’automatismes et sa complémentarité inexistante avec Merveille Bope observée tout au long du match aurait pu coûter cher face à des attaquants plus adroits.
BOPE : (4,5) : Comme son partenaire du soir, le joueur du Standard Liège n’a pas livré son meilleur match sous le maillot des léopards. S’il n’est pas directement impliqué sur l’égalisation brazzaviloise, certains errements de sa part au niveau du placement défensif ont été remarqués, notamment lorsqu’il laisse Oniangué placer une tête à bout portant dans son dos. Néanmoins, il participe au troisième but des léopards en gênant la sortie de Barel Mouko, ce qui permit à Chancel Mbemba de catapulter le ballon au fond des filets et sceller le sort du match.
IKOKO (7,5) : Très discipliné, le latéral de Guingamp s’est notamment distingué en délivrant deux passes décisives à Cédric Bakambu, avec qui il a formé une complémentarité prometteuse. Particulièrement en vue offensivement en première période, où il a tenté plusieurs déboulés sur son couloir droit, il s’est davantage illustré défensivement au cours de la seconde (le milieu gauche Arnold Bouka Moutou est resté muet tout au long du match). Toutefois, cela ne l’a pas empêché de délivrer à Bakambu sa deuxième offrande de la soirée, à la suite d’un corner mal renvoyé par la défense adverse. Pour sa deuxième sortie officielle avec l’équipe nationale, Jordan Ikoko a donc rendu une excellente copie.
NSAKALA (3) : Un match compliqué pour le joueur d’Alanyaspor, qui retrouvait son couloir gauche avec les léopards depuis sa blessure à la CAN. En difficulté défensivement face à Bahamboula et Bifouma, qui ont profité des espaces dans son dos, la majorité des attaques adverses en première période étaient lancées sur son couloir. Battu à l’agressivité par le second sur un ballon anodin, il commet donc l’erreur qui amène l’égalisation. Remplacé à la mi-temps par un ISSAMA (6,5) qui, s’il est moins à l’aise techniquement, a injecté l’engagement nécessaire pour contenir les offensives adverses et animer le couloir gauche.
MBEMBA (7) : Difficile de croire qu’il n’a jamais été titularisé au milieu à Newcastle… Samedi soir, il était aux quatre coins du terrain pour relancer le ballon, colmater les brèches quand les latéraux montaient et créer le surnombre devant. Il aurait pu marquer de la tête sur un joli centre de Mubele mais a finalement attendu la dernière minute de jeu pour reprendre parfaitement un ballon relâché par Mouko, et rendre un bel hommage à son ancien coéquipier Cheik Tioté qui nous a tragiquement quitté la semaine dernière.
MAGHOMA (5,5) : L’ancien pensionnaire de Tottenham est très bien rentré dans son match. Bon relais entre la défense et l’attaque, il s’est d’abord signalé par une splendide ouverture en début de match pour Kabananga, puis sur cette belle frappe difficilement captée par le gardien adverse en fin de première période. Cependant, sa position de relayeur au sein d’un 4-4-2 ne l’a pas toujours mis en valeur. Il n’est, en effet, pas un milieu à vocation défensive, ce qui a exposé l’arrière-garde à plusieurs reprises, et a fait preuve de certains déchets évitable dans son jeu. En deuxième période, il a fait preuve d’une bonne entente avec Afobe, le mettant entre autres sur orbite deux fois, sans que ce dernier puisse conclure. Il serait intéressant de le voir jouer dans le même onze que Mpoku, doté d’un jeu qui pourrait être assez complémentaire au sien.
MUBELE (5) : Après avoir été élu « joueur de la saison » au Stade Rennais, Katafumbwa était de retour dans son jardin. Comme à l’accoutumée, l’ancien Vclubien a montré beaucoup de volonté et déployé une grande quantité d’énergie. Particulièrement surveillé par la défense adverse qui l’a empêché de prendre de la vitesse, il a eu du mal à se mettre en valeur de manière régulière, notamment en première période. Sa vision du jeu discutable dans les 30 derniers mètres s’est manifestée de nouveau, entre autres lorsqu’il oublie de servir Mbemba (71ème minute). Il s’est néanmoins montré plus entreprenant au cours de la seconde période, en tentant plus de centres, dont l’un d’entre eux a été à l’origine du but de Mbemba.
KAKUTA (4) : On attendait beaucoup de l’ancien prodige de Chelsea pour sa première au stade des Martyrs. Malheureusement, l’ailier de 24 ans s’est montré trop discret. Titularisé sur l’aile droite, il n’a que trop rarement mis Tobias Badila en difficulté, et a fait preuve d’un jeu timide, sans réelle prise de risques. Altruiste, il a été parfaitement lancé par Mbemba et aurait pu inquiéter Mouko d’un tir du gauche, mais a préféré remiser d’une belle talonnade pour Bakambu, dont la frappe a été sortie par l’ancien portier de Dijon (9′). Pas vraiment inséré dans l’intensité du match, c’est assez logiquement qu’il a laissé sa place à AFOBE (non noté) qui a montré beaucoup d’envie et de belles dispositions.
BAKAMBU (voir ci-dessus) :
KABANANGA (6) : Auréolé d’une CAN pleinement réussie, et d’une très belle saison qu’il réalise en club, l’attaquant d’Astana est logiquement apparu en pleine confiance. Très présent sur tous les fronts de l’attaque, il a beaucoup tenté, s’est montré altruiste, mais sans parvenir à scorer. Par sa vitesse et sa puissance, il a causé quelques sueurs (malheureusement froides) à l’arrière-garde adverse et a enfin su réaliser ce qu’on pouvait attendre d’un attaquant de son gabarit : jouer en pivot. Titularisé aux côtés de Bakambu pour la première fois, les deux attaquants ont montré une complémentarité perfectible, mais intéressante. Affaire à suivre…