RD Congo – Madagascar (2-2 – TAB 2-4) : Une élimination douloureuse… ou un mal nécessaire ?

Par Muko
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  • Le sursaut du Zimbabwe n’aura malheureusement pas de suite. Défaite aux tirs au but par une vaillante équipe de Madagascar (2-2 à l’issue du temps réglementaire) la RDC est éliminée en huitièmes de finale de la CAN 2019. Bousculés par le pressing et le jeu direct des insulaires, les léopards ont couru après le score à deux reprises, avant de prendre le dessus dans le jeu à partir de la seconde période. Malheureusement, les poulains d’Ibenge ont beaucoup péché dans le dernier voire l’avant-dernier geste, notamment au cours de la prolongation, avant de s’incliner au cours de l’épreuve fatidique. Battus par des Barea mieux organisés et en pleine confiance, la RDC sort de manière frustrante, mais pas forcément illogique… Zoom sur une rencontre qui doit (et va, sans doute) marquer le début de profonds changements au sein de la tanière.

LE FILM DU MATCH

  • Une première période subie…

Survoltés, les malgaches se montrent rapidement les plus entreprenants dans le jeu. Leur pressing haut gêne énormément la relance des léopards, qui se voient contraints d’user de longs ballons, souvent imprécis. La première alerte du match survient à la 6ème minute, lorsqu’un coup-franc botté à ras-de-terre par Andria est difficilement capté par Matampi. Mais c’est 3 minutes plus tard que les malgaches ouvriront le score… Décalé par Nomenjanahary, qui a effacé Mulumbu, Ibrahim Amada décoche un missile du gauche sorti de nulle part. Après avoir frappé le poteau, le ballon vient nettoyer la lucarne de Matampi. Une fois de plus, les léopards devront courir après le score…

Et loin d’inquiéter les malgaches, ces derniers subissent leur pressing et multiplient les déchets techniques, à l’image de cette transversale de Moke complètement ratée (16′). C’est donc bel et bien contre le cours du jeu que les poulains d’Ibenge vont revenir au score. A la 20ème minute, Ngonda s’échappe dans son couloir et voit l’appel de Cédric Bakambu. A plus de 40 mètres, le latéral de V Club adresse un centre millimétré qui trouve la tête décroisée de Bakagoal. L’attaquant vedette des léopards inscrit son 3ème but en CAN et relance la partie. A la demi-heure de jeu, la RDC aurait même pu réaliser le hold-up parfait. Sur un coup-franc de Maghoma, Bakambu dévie de la tête et trouve Mbemba, libre de tout marquage dans la surface. Malheureusement, le défenseur du FC Porto voit sa tentative s’envoler au-dessus du but d’Adrien.

  • Un second acte frustrant…

A la mi-temps, Florent Ibenge décide de montrer un visage plus ambitieux. Il remplace Moke, en difficulté, par Meschack. Maghoma rejoint alors Mulumbu au centre et le supersub des léopards prend l’aile droite. Un visage résolument offensif que l’on aurait peut-être aimé voir dès le début de la compétition… Et sans surprise, la RDC se montre bien plus audacieuse dès le début du second acte, mais échoue à l’avant-dernière passe, à l’image de Meschack. Les accélérations de l’ailier inquiètent à maintes reprises l’arrière-garde malgache, mais ce dernier pèche constamment à la finition. A la 55ème minute, les Congolais manquent d’être punis pour leur absence de réalisme. Après une chevauchée dans la défense Congolaise, Mombris lâche une frappe à ras-de-terre que Matampi repousse dans les pieds d’Andria. Heureusement pour la RDC, le meilleur buteur du championnat saoudien manque de peu le cadre… Et trois minutes plus tard, Bakambu manque la balle de match. Servi en profondeur, l’ancien attaquant de Villarreal élimine le gardien mais sa frappe, trop écrasée, est sauvée sur la ligne par Razak. Hormis une autre tentative de Bakambu dans le petit filet, il n’y aura pas grand-chose de concret à signaler jusqu’au deuxième but malgache, à la 79ème minute.

Fraîchement entré en jeu, Bolasie perd la balle sur l’aile gauche. Un boulevard s’offre alors à Romain Métanire. Le latéral de Minnesota United (MLS) traverse tout le couloir sans être véritablement inquiété et centre tranquillement. Couvert par Mbemba et laissé libre de tout marquage par Issama, Faneva Andriatsima place une tête plongeante. S’il avait lu la trajectoire, Matampi ne peut qu’effleurer la balle, qui fait trembler ses filets pour la deuxième fois. Alors que l’élimination arrive à grand pas, les léopards poussent, notamment sous l’impulsion de Meschack.

A la 89ème minute, ce dernier botte parfaitement un corner qui trouve la tête smashée de Mbemba. En vice-capitaine courage, le défenseur du FC Porto bat Adrien et fait exulter le banc Congolais. Les léopards s’offrent donc 30 mn de prolongations face à des malgaches épuisés par leur pressing au long du match. Une occasion rêvée de porter l’estocade…

L’égalisation de Mbemba à la dernière minute fait exulter le banc congolais.

  • Les prolongations : genèse de la défaite

Dans cet objectif, Florent Ibenge utilise un quatrième joker. Paul-José Mpoku remplace Britt Assombalonga, qui aura peiné à peser sur la défense des Barea. A peine entré, le capitaine du Standard liège se met rapidement en évidence avec une frappe dans le petit filet extérieur d’Adrien (91′). Les léopards entament alors un véritable siège du camp malgache qui durera jusqu’à la fin des prolongations. Laissé libre au milieu de terrain, Ngonda s’emmène le ballon, arme, puis décoche une lourde frappe. Victime du retour in extremis d’Anicet, la trajectoire du ballon retombe sous la barre mais Adrien se montre vigilant et boxe en corner.

Sans surprise, la seule occasion des malgaches s’effectue sur un contre. Impressionnant par son activité tout au long du match, Métanire tire sur la droite de Matampi, qui se couche bien et détourne en corner. Avec l’entrée de Jérémy Morel et le passage en 5-4-1, les magaches défendent à 11 et tiennent bon face aux assauts congolais répétés, mais imprécis. Au cours des prolongations, une nouvelle tête de Mbemba sur corner est magnifiquement claquée par Adrien, une frappe de Bolasie frôle le cadre et Razak souffle un ballon devant Mpoku, qui s’apprêtait à reprendre dans le but vide. Ainsi, malgré 17 frappes (dont huit cadrées), les léopards ne parviennent pas à percer le mur vert. Ils abordent donc l’épreuve des tirs aux buts dans de moins bonnes dispositions que leur adversaire. Au cours de celle-ci, Marcel Tisserand et Yannick Bolasie manquent le cadre tandis que Matampi est pris à contre-pied sur chacun des tirs malgaches. Les conséquences, on les connaît…

Défaits aux tirs aux buts, les léopards ont payé leur manque de réalisme au cours des prolongations.

Le mauvais arbitrage, un facteur important ?

Noureddine El Jafaari n’en était pas à son coup d’essai…

Si l’on souhaite un renouveau pour notre sélection, il serait regrettable de pointer l’arbitrage comme la principale  raison de la défaite. En plus d’entraver une remise en question profonde et nécessaire de notre équipe nationale, ceci ferait acte de mauvaise foi. Il est en effet nécessaire de reconnaître l’énorme travail fourni par cette équipe de Madagascar depuis trois ans pour arriver à ce niveau. La vaillance des Barea, qui reviennent de très loin en terme de niveau, d’organisation et de moyens, se doit d’être félicitée.

Ceci dit, les décisions du trio arbitral marocain ont, indéniablement été défavorables aux léopards. Tout ceci sous les yeux du président de la CAF Ahmad Ahmad… En effet, le match a été haché par de nombreuses fautes, commises dans les deux camps. Mais le sifflet de Nourredine Jaafari semblait lui démanger particulièrement lorsqu’il s’agissait des léopards. Et pas moins 41 fautes ont été sifflées contre la RDC, soit une toutes les 2.9 minutes ! La bonne moitié d’entre elles intervenaient après un simple contact qui n’aurait même pas attiré l’attention d’un public de Premier League.

Chacun son style d’arbitrage pourrait-on dire… Mais malheureusement, monsieur Jaafari ne semblait pas aussi rigoureux avec les malgaches. On pourra notamment regretter un penalty flagrant oublié sur Bolasie, crocheté par Razak en pleine surface au cours des prolongations. A ce stade du match, un but aurait totalement changé la donne. Les malgaches, qui défendaient alors à onze et n’avaient plus l’énergie d’attaquer, ne s’en seraient sans doute pas remis.

Par conséquent, l’étrange choix par la CAF de n’appliquer la VAR qu’à partir des quarts de finale a porté préjudice aux léopards cet après-midi. Celle-ci aurait également permis d’analyser une main en pleine surface de Fontaine. Bien que litigieuse, cette action aurait mérité d’être analysée.

Un mal nécessaire ?

Quoi qu’il en soit, perdre contre la 108ème équipe au classement FIFA (plus du double de celui des léopards) est un échec en toutes circonstances. Logiquement, des léopards mieux organisés n’auraient du faire qu’une bouchée de Zébus qui, s’ils sont en plein essor, demeurent individuellement inférieurs. Car, à part éventuellement Anicet, quel joueur malgache pourrait brider une place de titulaire dans le onze congolais ? Arbitrage partial ou non, cette défaite est donc le signe qu’une ère s’achève, et qu’une véritable transition doit désormais s’opérer. En conséquence, cette sortie de la CAN est peut-être un mal pour un bien. Et qu’elle s’opère sur un litige, non sur une véritable humiliation, est sans doute la meilleure sortie de route pour entamer correctement une reconstruction profonde… et nécéssaire.

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