Ibrahim, les Fauves de Centrafrique ont failli être victimes d’une arnaque aux binationaux, avant le match contre l’Algérie, le 9 octobre dernier. Que s’est-il passé ?
On avait un problème de gardien, puisque le titulaire habituel, Geoffrey Lembet, qui joue à Sedan, était suspendu. Le sélectionneur, Jules Accorsi, m’avait demandé si je connaissais un gardien. Le seul qui me venait à l’esprit jouait en DH française, pas vraiment le niveau pour disputer un match international. Notre joueur, Franklin Anzité, nous a alors suggéré l’un de ses coéquipiers de club, Hadama Bathily. Nous étions surpris car nous n’en avions jamais entendu parler. Jules Accorsi s’est alors fait imposer ce joueur, qui était en réalité Malien, et a dû le retenir dans sa liste. Puis, dans les heures précédant le match à Alger, il y a eu un contrôle général des passeports ! Le gardien a alors été caché et c’est Prince Samolah, le numéro 2 habituel qui a finalement disputé le match. Mais on est passé près de la catastrophe.
Quel était l’intérêt pour les représentants de ce joueur de le faire venir en équipe centrafricaine ?
Je suppose qu’ils voulaient en faire un international afin de faire monter sa cote.
Vous vous exposiez à des sanctions si ce gardien avait été aligné. Les instances centrafricaines en sont-elles conscientes ?
Le président de la Fédération n’a pas encore compris certaines combines qui se passent autour de l’équipe nationale et de ses joueurs. Il a pourtant fait beaucoup pour les Fauves, il a toujours cru en eux même si le gouvernement ne l’aidait pas toujours. Mais certaines personnes profitent de sa naïveté. J’espère que cette histoire le rendra plus méfiant à l’avenir.
« Traquer les faux binationaux »
Ces dérives ne sont-elles pas la rançon du succès ?
On peut le voir comme ça. Au début des éliminatoires, nous faisons match nul au Maroc, nous enchaînons par une victoire contre l’Algérie. Tout se passait bien, le climat était bon autour de l’équipe. Ca s’est un peu gâté ensuite, avec trop d’intermédiaires, pas tous bien intentionnés, autour de nos joueurs.
Les qualifications pour la CAN 2013, puis celles du Mondial 2014 vous attendent. Comment les préparer au mieux ?
Il faut se ressaisir. Si on ne le fait pas, ça ne pardonnera pas, contre l’Egypte dans les qualifications de la CAN 2013. On a fait du bon travail depuis un an avec le sélectionneur, et je crois qu’il est là pour longtemps. Nous en sommes au moment où on peut franchir un cap. Le groupe éliminatoire pour le Mondial 2014 est accessible, avec l’Afrique du Sud, le Botswana et le vainqueur d’Ethiopie-Somalie. A condition de se professionnaliser et de rester ferme sur les valeurs. L’équipe nationale, c’est sacré. Cela doit le rester. Beaucoup de joueurs évoluant en Europe ont progressé dans leur carrière grâce à leurs performances avec les Fauves.
C’est pourquoi il faut traquer les faux binationaux. On sait que nous sommes un petit pays, mais nous devons nous battre avec nos forces.
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