l’Exétat 2011 : Des « kuluneurs » déguisés en lauréats
Posté : 11 juil. 2011, 13:58
Des « kuluneurs » (entendez : les membres de gangs en vogue à Kinshasa opérant à l’arme blanche) sont entrés en danse dès samedi dernier, multipliant de victimes dans plusieurs coins de la capitale. C’était à l’occasion du début de la série de publications des points relatifs aux épreuves de l’examen d’Etat, Exétat, édition 2010-2011.
En effet, dès 18heures, des groupes d’élèves dans l’attente des points depuis plusieurs semaines, se sont attroupés en différents endroits indiqués, devant des cybers. Progressivement, les lauréats informés de leur « sort » formaient des carnavals, chacun tenant en main un pot de poudre pour bébé. Depuis plusieurs années, à Kinshasa, la poudre de toilette est entrée dans les usages, ceux qui manifestent publiquement leur joie la répandent sur la tête des proches. Des fêtards, sans rompre l’habitude, ont rempli les bars, dont notamment ceux de plein air dans les quartiers kinois de la populace. Profitant du laissez-faire légendaire des parents kinois, les jouisseurs dont la plupart en situation de couples, ont prolongé les moments de folie jusqu’aux heures avancées. C’est dans ce contexte que les « kuluneurs », faisant les malins, se sont illustrés en véritables loups en peau d’agneau.
Dans plus d’un quartier de la capitale, dont notamment dans celle de Kinshasa et précisément au croisement des avenues Funa et KasaVubu, des inciviques ont été à l’œuvre, allant jusqu’à dépouiller des fêtards à bord de voitures. « Ils étaient munis des pots de poudre et en vidaient le contenu en se le répandant sur la tête. Certains portaient des t-shirts troués et ayant des inscriptions comme les noms du lauréat ou de la lauréate, et les points obtenus. Ils ont réussi à isoler aussi bien des garçons que des filles, avant de les dépouiller. Des téléphones portables aux billets de banque et de belles chaussures, tout a été pour le butin des gangs qui ont pris soin de se dissimuler (…) », a témoigné un observateur. Et un autre d’ajouter : « les inciviques se sont, à l’occasion, montrés plus malins que les parents et leurs enfants lauréats plongés dans la folie de la réjouissance.
L’insuffisance ou le manque de lumière publique devenues une seconde nature des quartiers kinois faute de disponibilité des groupes électrogènes en plusieurs coins, ont aussi joué en faveur des ravisseurs. Il est souhaitable que ce qui a été vécu à grande échelle samedi dans les quartiers de la populace serve de leçon aux parents kinois habitués au laissez-faire, pour que désormais, ils apprennent à canaliser les jouissances de leur progéniture sur la place publique. Car il est devenu courant et aberrant que dans une ville où s’activent les pasteurs pour relever les mœurs, les parents abusent massivement par un laissez-faire qui décape abandon et complaisance ».
Payne