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Processus électorale en RDC:
Les enjeux de la candidature unique de l’opposition
Mwamba Tshibangu.
De plus en plus on parle de la candidature unique de l’opposition. Il est bien normal que ce sujet puisse être soulevé et discuté à temps avant qu’on entame le dernier virage menant vers les élections.
La multiplicité des partis de l’opposition
En se basant sur l’actuelle législation, nous avons en face l’opposition institutionnelle et l’opposition non institutionnelle. En plus de ces deux catégories, il y a lieu de prendre en considération les partis nouvellement créés qui doivent clairement se positionner entre l’appui ou l’opposition à la Majorité présidentielle. Un élément clé ne peut cependant échapper à l’analyse : dans cet aréopage des partis politiques qui se comptent en centaines, beaucoup, il faut le dire, sont des partis alimentaires qui n’ont aucune consistance sociologique. Dès lors, l’initiative de fédérer les partis de l’opposition risque de paraître farfelu si l’on doit mettre tout le monde dans le même panier sans savoir le poids réel de chaque parti et ce qu’il peut apporter, en termes de voix, à la plate-forme commune. Dans ce contexte, les négociations devraient être tablées sur un programme du gouvernement. Dans la situation actuelle du Congo, un pays qui a absolument besoin de tout et dans tous les domaines, il sera facile de se mettre d’accord sur un programme choc pour relever le niveau de vie de la population en restructurant l’appareil étatique et en relançant la production économique. En clair, il s’agira d’arrêter les priorités à entreprendre et surtout d’indiquer la source de moyens financiers à utiliser dans le budget à mettre en vigueur.
Profil de l’opposant
Le problème du choix du candidat unique de l’opposition est certes fondamental mais, il y a des préalables à respecter. On ne peut choisir un leader par sentiment ou par caprice au gré du vent qui change. Il faut opérer un choix qui ait d’un côté l’assentiment des hommes politiques et de l’autre, qui soit en symbiose avec la volonté populaire sur base justement du capital humain et politique que le candidat possède. L’exercice consiste à aligner le meilleur cheval de bataille devant l’adversaire en présence. Autrement dit, l’opposition devra se ranger derrière le candidat qui peut drainer le plus de voix possible pour son triomphe. Ceci revient en pratique à désigner le candidat qui jouit plus que les autres de la confiance du peuple congolais. La confiance ne se tisse pas en un jour, moins encore, en quelques mois. La confiance ne relève pas du fait de changer de camp en devenant opposant de dernières heures alors que tout indique que l’on a œuvré pour la consolidation du régime qui est en place. La coresponsabilité de l’action politique ne s’élimine pas automatiquement en changeant de camp. C’est au travers des épreuves et des actions concrètes que l’on peut être qualifié, à juste tire, d’opposant véritable. Un opposant n’est pas forcément celui qui coure vers le pouvoir ou qui veut embrasser le pouvoir pour le pouvoir. Un opposant n’est pas non plus celui qui se proclame tel (une étiquette à brandir) et qui, en réalité, flirte avec le pouvoir ou roule carrément pour l’establishment. Est opposant celui qui a réellement la volonté de changer le cours de choses par rapport à la gestion passée. Celui qui lutte sur le terrain et démontre à travers sa constance politique et ses actes conséquents qu’il n’accepte pas la dictature. Qu’il est opposé à la conduite des affaires de l’Etat dans l’anarchie, dans l’ignorance des préceptes propres à un Etat de droit. Le vrai opposant est celui qui pense au peuple, qui lutte pour le peuple et qui veut améliorer les conditions sociales et économiques de tout le monde.
Un choix qui s’impose
L’ambition humaine de mieux faire les choses en mettant en place une bonne gouvernance politique et économique n’est certes pas l’apanage d’une seule personne. Puisqu’il est impératif d’opérer un choix unique, celui-ci doit être objectif et doit surtout viser l’intérêt suprême de la nation. Il n’est pas question de satisfaire le penchant individuel de quelques-uns, assoiffés ou non du pouvoir. Il est question de placer un responsable, une personne qui incarne la volonté populaire et qui a toutes les chances de gagner les élections à tous les niveaux, seul avec son parti ou en coalition avec les autres partis alliés. À l’état actuel des choses et cela est connu depuis si longtemps au pays, la personne qui peut faire la différence c’est Etienne Tshisekedi. Son parcours est largement connu. Ses capacités aussi ainsi que sa volonté politique vouée au changement sont connus de tous. Le choix semble s’imposer de lui-même surtout si l’on tient compte du fait que le pays est à bord du précipice et que le risque de balkanisation est toujours omniprésent avec la préoccupante situation de l’Est qui perdure désormais depuis plus d’une décennie.
Tenir compte de la donne politique
Au-delà de cette considération, la réelle situation du terrain et les enjeux macroscopiques recommandent une certaine prudence. Il serait stratégiquement nuisible de se nourrir d’illusions sur ce point en affichant l’air d’optimisme, en simplifiant trop la donne politique. Sachant la couardise et l’irresponsabilité de certains politiciens congolais, il est moins probable qu’aux prochaines élections l’opposition politique, toute tendance confondue, puisse aligner un seul candidat désigné par tous. La raison est simple. Ceux qui ont amendé la constitution l’ont fait à dessein pour qu’il puisse y avoir l’éclosion de candidatures dans l’opposition de manière à bien justifier la fraude qui est en préparation à grande échelle. Donc, une partie des politiciens véreux ne lâcheront pas le morceau pour mieux tirer profit de cette opportunité. Quels que soient les scénarios et les ententes scellées, ils trouveront toujours à redire. Par ailleurs, il est à envisager que quelques candidats, au nom de la démocratie, puissent vouloir se présenter à tout prix sans concession, sachant que leur marge de victoire est presque nulle mais animés plus que autre par l’esprit de brouiller les cartes.
Les élections des dernières chances
Qu’à cela ne tienne, les élections de cette année ne sont pas à prendre à la légère. Elles sont déterminantes. Car, elles mettent en relief la survie même du pays en tant que nation. Ce sont les élections des dernières chances. Le peuple congolais, dans son ensemble, semble l’avoir compris. A travers quelques indices qui ne trompent pas, que cela soit à l’étranger ou au pays, le peuple a déjà jeté son dévolu sur un seul candidat. Cela devra se traduire dans le scrutin à venir si les élections sont libres, transparentes et démocratiques. La partition électorale se joue dans la quotidienneté des faits avant le suffrage même. Le peuple a identifié son leader naturel parmi plusieurs de ses enfants à qui il a confié la tâche de le conduire à la victoire finale. L’histoire se répète. C’est la réminiscence de la CNS. On ne peut vouloir obstruer l’histoire d’un peuple d’un trait. On ne peut non plus méconnaître les mérites de ceux qui ont longtemps lutté sans arme à la main contre les dictatures successives pour changer la situation au Congo. Etienne Tshisekedi, chef de file de cette tendance, semble avoir une lourde mission prophétique : tracer la voie vers la démocratisation véritable du pays, promouvoir le développement social et économique du peuple congolais et enfin, préserver l’unité du Congo dans ses frontières héritées de la colonisation et délivrer le peuple congolais du sort actuel, malheureux, pénible et misérable qui semble ne plus le quitter.
Revivre la normalité
L’engouement populaire dont le sphinx de Limeté est l’objet depuis son retour au pays en décembre 2010 est un signe prémonitoire de la communion de tout un peuple avec son leader naturel. Celui-ci incarne jusqu’au fond l’aspiration de tout un peuple qui ne demande rien d’autre qu’à vivre dans la normalité dans un pays gâté par la nature. Toutes les manœuvres politiciennes ne peuvent faire abstraction de cette réalité qui est un message fort, un message à la fois d’angoisse et d’espérance pour la libération véritable du Congo. Agir autrement pour ceux qui se réclament de l’opposition, se mettre de travers contre le projet collectif qui est celui de sortir le Congo du gouffre, c’est démontrer, ambition personnelle mise à part, qu’on a autre chose derrière la tête. Les vrais opposants seront identifiés par leur acte de renoncement, par leur courage de faire taire leurs égoïsmes personnels au profit de l’intérêt collectif.
Est-ce que le peuple congolais saura-t-il en définitive imposer sa volonté pour que le Congo, le nouveau Congo renaisse des cendres de sa destruction à partir du choix judicieux qu’il aura à exprimer dans les urnes sans que celui-ci soit l’objet des manipulations ou des tricheries massives et monstrueuses ?
Mwamba Tshibangu
© Congoindépendant 2003-2011