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Pleins feux
"Tshisekedi a dit à la délégation québecoise que l'impérium reste son objectif politique à court terme"
Ancien ministre et actif dans la vie politique en RDC, Tharcisse Loseke Nembalemba est médecin de son état. Il est professeur à la faculté de médecine au campus de l'Université de Kinshasa. Il a répondu aux questions de "Culturecongolaise.com"
Vous faisiez partie de la délégation du président élu lors d’une séance de travail avec la première ministre du Québec, Mme Pauline Marois, (dimanche 14 octobre) en marge du 14ième sommet de la francophonie à Kinshasa.
Quels étaient les axes abordés lors de cette rencontre ?
Effectivement, j'ai fait partie de la délégation du Président Etienne Tshisekedi qui a été reçue par Madame Pauline MAROIS, Première Ministre du Québec, en marge du XIVe Sommet de la Francophonie à Kinshasa.
Il importe de signaler que lorsqu'elle était la "Leader" de l'opposition au Québec, Madame Marois n'avait jamais caché son souhait de voir les forces de changement accéder au pouvoir en RD Congo pour l'avènement d'un véritable Etat de droit. C'est à ce titre qu'elle nous avait reçus, en tant que délégation de la DTP (Dynamique Tshisekedi Président) dans son Cabinet à Québec City au mois d'avril 2011 lors de notre tournée de sensibilisation en Occident en faveur de la candidature de Monsieur Etienne TSHISEKEDI à la Présidence de la République. Inutile de vous dire que cet accueil était tellement chaleureux qu'elle a eu, en ce moment là, la conviction de l'élection de Monsieur Tshisekedi comme Président de la RD Congo.
Vous comprenez que nous devrions lui rendre la politesse étant donné, d'une part, qu'elle venait pour la première fois en RD Congo et que d'autre part, les Québécois venaient de l'élire comme Première Ministre, première femme dans l'histoire du Québec. Le Président Tshisekedi en a profité pour lui présenter les félicitations du peuple congolais en lui souhaitant un fructueux mandat à la tête de l'exécutif du Québec.
Quant au fond de la rencontre, Madame Marois a répété au Président Tshisekedi l'attachement du Québec aux valeurs universelles que sont la démocratie et les droits de l'homme. Pour elle, ces valeurs ne sont pas respectées en RD Congo et sa délégation a tenu à le dire sans détours et de la manière la plus claire possible pendant le Sommet de la Francophonie à Kinshasa. A ce sujet, elle a voulu entendre de la bouche du Président Tshisekedi sa lecture concernant l'évolution de la situation politique en RD Congo.
Après avoir donné l'aperçu général de la situation politique de la RD Congo selon sa vision, le Président Etienne Tshisekedi nous a accordé la parole, tour à tour, à Albert MOLEKA, son Directeur de Cabinet et à moi-même, pour expliciter certains points de son exposé à la délégation québécoise. Je voudrais souligner le fait que le Président Tshisekedi a dit à son interlocutrice combien il tenait à la souveraineté de la RD Congo, à l'intégrité territoriale et aux relations de bon voisinage avec les 9 pays limitrophes de la RDC.
Albert Moleka est revenu pour expliquer dans les détails ce que nous appelons le "hold-up électoral" de Monsieur Kabila et l'importance que nous attachons à l'acquisition de l'impérium dans les brefs délais.
Tandis que moi-même, j'ai abordé la problématique de la crise de l'Est de la RD Congo et la position du Président Tshisekedi de ne pas reconnaitre l'actuelle Assemblée nationale.
En résumé, j'ai explicité notre position par rapport à la guerre de l'EST pour laquelle l'implication de Monsieur Kabila est claire et indéniable. Le M23 étant la branche armée du CNDP, parti membre de la majorité présidentielle (MP) de Joseph Kabila, il serait trop naïf pour les Congolais d'ignorer la responsabilité de ce dernier non seulement dans la violation de leurs accords internes du 23 mars 2009 mais surtout dans l'affaiblissement de notre armée. Pour ce qui est du soutien du Rwanda au M23, celui-ci est le même que ce pays avait accordé à l'AFDL, au RCD et au CNDP. D'ailleurs Joseph Kabila n'a jamais cité le Rwanda comme pays agresseur et laisse les autres zélateurs du kabilisme cette sale besogne. La solution à la crise de l'Est réside principalement dans le départ de Monsieur Kabila de la tête de la RD Congo.
Les Congolais parlent au quotidien de l’avènement de l’imperium pour le président élu. Ce sujet a-t-il était abordé ?
Assurément oui. Bien plus, le Président Tshisekedi a dit à la délégation québécoise que l'impérium reste son objectif politique à court terme. Dès que les conditions seront réunies, le mot d'ordre nécessaire sera donné à cet effet au peuple Congolais.
Quelle aide le Québec peut-il apporter dans le cadre de la vérité des urnes issue du scrutin du 28 novembre dernier ?
En ce qui concerne la lutte pour la vérité des urnes, cela forme un tout avec la conquête de l'impérium. Il appartient aux Congolais de faire ce qui est à leur niveau pour aboutir à cet objectif. Le Président Tshisekedi est optimiste et serein à ce sujet. Quant au soutien du Québec, il ne peut être que diplomatique car le Président élu de la RD Congo a toujours dit que ce n'est pas de l'étranger que l'on obtient la légitimité pour diriger notre pays. Cette époque est déjà révolue. Le peuple Congolais est un peuple mûr capable de se libérer à l'instar des autres peuples à travers le monde.
Vous êtes parmi les proches d’Etienne Tshisekedi. Comment analysez-vous le retard enregistré sur le programme de l’élu du peuple alors que ce dernier a lui-même annoncé son entrée en fonction depuis le 20 janvier ?
Il est vrai que le Président Tshisekedi avait annoncé son entrée en fonction depuis le 20 janvier 2012 sur base des paramètres de l'époque tenant compte de l'effervescence du peuple Congolais. Pour nous, nous estimons qu'il n'y a pas de retard car désormais c'est l'agenda du Président Tshisekedi qui compte sur base des éléments à sa disposition. Les Congolais sont, certes, impatients mais ils doivent aussi comprendre que, contrairement aux autres peuples, le peuple de la RD Congo n'a pas été à la hauteur de donner à son leader maximo les moyens d'atteindre l'objectif tant attendu dans les brefs délais. Comme le Président élu l'a dit lui-même, que le peuple prenne son mal à patience, pourquoi pas "dormir comme des bébés" car on ne peut plus lui demander plus.
Comment maintenez-vous l’équilibre entre votre appartenance à un parti, ECIDE, qui se trouve dans l’institution parlementaire issue des élections du 28 novembre dernier et votre soutien à Tshisekedi qui ne reconnaît pas cette Assemblée ?
Je ne joue nullement à l'équilibriste entre mon Parti, l'ECiDé, et mon soutien ferme au Président élu, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. D'abord, je vous rappelle que mes relations avec le Président Etienne Tshisekedi remonte à 1987 et depuis lors j'ai toujours été à ses côtés pour soutenir son combat. Tandis que l'ECiDé, dont je suis Co-fondateur, est jeune parti qui s'est illustré par son soutien à la candidature du Président Etienne TSHISEKEDI dans le cadre de la DTP (Dynamique Tshisekedi Président) avant et pendant la période électorale de 2011. Comme vous le savez, je me suis personnellement investi dans cette candidature avant et pendant la campagne électorale. Il m'est difficile pour le moment de trahir la confiance que le Président Tshisekedi place à ma modeste personne, dans la mesure où je suis convaincu que, à moins d'un miracle, la participation des députés de l'ECiDé à l'assemblée nationale pourrait s'arrêter avec l'échec annoncé de la reforme de la CENI.
Beaucoup de mes proches me posent la question importante de savoir pourquoi je ne prends pas carrément la carte de membre de l'UDPS ? Je leur dis qu'il s'agit d'une éventualité hautement probable qui n'est pas encore à l'ordre du jour. Le moment venu j'en parlerai avec le Président de l'UDPS et les instances de l'ECiDé. Notre priorité pour le moment est de faire accéder, par tous les moyens, le Président élu à la haute charge de l'Etat que le peuple Congolais lui a confiée le 28 novembre 2011. Il n'est pas indispensable d'être de l'UDPS pour soutenir ce combat qui est celui de tous les Congolais aspirant au changement en RD Congo.
Propos recueillis par Ali Kalonga