Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposition
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
http://www.7sur7.cd/index.php?option=co ... :congonews
Hollande lâche son émotion face à Tshisekedi
MARDI, 16 OCTOBRE 2012 14:48
Un entretien historique entre deux socialistes, deux hommes qui défendent les valeurs de gauche, François Hollande et Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Emotion du côté de la partie française lorsque le «Président normal» serre la main de cet historique opposant qui a tant fait parler de lui en Afrique et dans le monde mais n'a toujours pas réussi à transformer son combat pour accéder au pouvoir.
Vive émotion, ce samedi 13 octobre à la résidence de l'ambassadeur de France, au bord du fleuve, lorsque l'octogénaire y débarque sous les coups de 18 heures 30. Pour un entretien chronométré pour 30 minutes, l'estime de l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste français pour son hôte a fait qu'il se prolonge pendant plus d'une heure. Les interlocuteurs ont été rejoint plus tard par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius et la ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui. Ce qui a fait dire qu'Hollande s'est trouvé bien plus à l'aise avec Tshisekedi que Joseph Kabila avec lequel il n'a passé qu'une vingtaine de minutes en tête à tête. Pour Hollande, Tshisekedi a encore un rôle à jouer. Il a dit à son invité qu'il le prenait pour un partenaire de taille quant à l'émergence et à la consolidation de la démocratie dans la région de l'Afrique centrale. Donc, les deux vont travailler ensemble. Le Français a même donné une garantie: «Je ne suis pas un comédien. Tout ce que je dis, je m'investis pour le réaliser». Un discours que Tshisekedi a beaucoup apprécié, le qualifiant de peu fréquent de la part des Occidentaux. Il s'est également flatté du message de Dakar que l'opposant congolais avait lu intégralement pour se présenter avec une synthèse en mains lors de l'entrevue avec Hollande. Dans l'allocution dakaroise de François Hollande, Tshisekedi a affirmé avoir été marqué par la hauteur de son auteur qui a parlé aux Africains comme à des adultes et non de petits enfants. «Voilà pourquoi le Congo aura besoin de vous pour une coopération qui vise la réforme de l'administration publique, de la justice et de l'armée, piliers de développement de tout Etat», a exhorté Tshisekedi à l'endroit de François Hollande avec l'émotion dans la voix. A hollande de rétorquer : «La France sera toujours aux côtés de tout celui qui se battra pour la démocratie et les droits de l'homme». En ce qui concerne les élections, Hollande s'est inscrit dans la logique de la poursuite du processus électoral. S'il ne donnait pas sa caution aux dernières élections, il reste tout de même attaché à ce qui passe à l'Assemblée nationale pour la restructuration de la CENI. Tshisekedi, lui, reste attaché à sa revendication de l'impérium. La mémoire de Floribert Chebeya s'est invitée à cet échange. Hollande y a fait allusion le premier pour renouveler l'engagement de la France à l'aboutissement du procès Chebeya-Bazana, question qu'il a évoquée déjà avec Kabila. Tshisekedi s'est félicité l'inauguration d'une médiathèque en hommage à Chebeya alors que la RD-Congo n'a encore rien fait pour immortaliser ce vaillant activiste de la démocratie. Très peu d'informations ont filtré sur l'autre face à face de Tshisekedi avec Pauline Marois, la Premier ministre du Québec qui a refusé de rencontrer Kabila, tout comme le Premier ministre canadien Stephan Harper. Tout ce que la rédaction de «CONGONEWS»a appris est que Marois a soutenu Tshisekedi dans sa démarche pour revendiquer l'impérium. Pas grand chose à se mettre sous la dent également sur l'entrevue entre Tshisekedi et Denis Sassou N'Guesso. Les contraintes d'agenda ont empêché l'entrevue avec Alpha Condé, parti plus tôt. Mais le conseiller spécial du président guinéen s'est entretenu avec un proche de Tshisekedi. Côté 10ème rue, il y a de quoi se flatter avec tous ces élans de reconnaissance mais ceux-ci ne pourront être mis en perspective que si Tshisekedi apprend à composer avec les autres dans une dimension pragmatique qui tienne compte des forces en présence tant à l'interne qu'à l'international. Un peu moins d'égoïsme pour comprendre que dans aucun Etat du monde il est possible d'accéder au pouvoir et d'exercer celui-ci sans tenir compte des groupes d'intérêts. Faire autrement, c'est de l'angélisme, de la béatitude. Le rapport de forces, Tshisekedi l'a pourtant pris en considération ce jour-là pour renoncer son idée première se faire accompagner de ses partisans à l'ambassade de France. Déjà qu'Hollande lui-même s'y était opposé. Malgré cela, des manifestants s'étaient mobilisés tôt le matin à la résidence du sphinx alors que tout le quartier de Limete était quadrillé. Il a fallu attendre une réunion d'urgence, rue Pétunias, vers les 15 heures, pour décider que Tshisekedi se rendra seul en compagnie de son directeur de cabinet, Albert Moleka. Son cortège a quitté sa résidence à 17 heures 45. Il emprunté le boulevard Lumumba, l'avenue Bokassa, puis Kabambare et Huileries avant de prendre le boulevard du 30 juin.
JOHN TSHINGOMBE
Hollande lâche son émotion face à Tshisekedi
MARDI, 16 OCTOBRE 2012 14:48
Un entretien historique entre deux socialistes, deux hommes qui défendent les valeurs de gauche, François Hollande et Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Emotion du côté de la partie française lorsque le «Président normal» serre la main de cet historique opposant qui a tant fait parler de lui en Afrique et dans le monde mais n'a toujours pas réussi à transformer son combat pour accéder au pouvoir.
Vive émotion, ce samedi 13 octobre à la résidence de l'ambassadeur de France, au bord du fleuve, lorsque l'octogénaire y débarque sous les coups de 18 heures 30. Pour un entretien chronométré pour 30 minutes, l'estime de l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste français pour son hôte a fait qu'il se prolonge pendant plus d'une heure. Les interlocuteurs ont été rejoint plus tard par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius et la ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui. Ce qui a fait dire qu'Hollande s'est trouvé bien plus à l'aise avec Tshisekedi que Joseph Kabila avec lequel il n'a passé qu'une vingtaine de minutes en tête à tête. Pour Hollande, Tshisekedi a encore un rôle à jouer. Il a dit à son invité qu'il le prenait pour un partenaire de taille quant à l'émergence et à la consolidation de la démocratie dans la région de l'Afrique centrale. Donc, les deux vont travailler ensemble. Le Français a même donné une garantie: «Je ne suis pas un comédien. Tout ce que je dis, je m'investis pour le réaliser». Un discours que Tshisekedi a beaucoup apprécié, le qualifiant de peu fréquent de la part des Occidentaux. Il s'est également flatté du message de Dakar que l'opposant congolais avait lu intégralement pour se présenter avec une synthèse en mains lors de l'entrevue avec Hollande. Dans l'allocution dakaroise de François Hollande, Tshisekedi a affirmé avoir été marqué par la hauteur de son auteur qui a parlé aux Africains comme à des adultes et non de petits enfants. «Voilà pourquoi le Congo aura besoin de vous pour une coopération qui vise la réforme de l'administration publique, de la justice et de l'armée, piliers de développement de tout Etat», a exhorté Tshisekedi à l'endroit de François Hollande avec l'émotion dans la voix. A hollande de rétorquer : «La France sera toujours aux côtés de tout celui qui se battra pour la démocratie et les droits de l'homme». En ce qui concerne les élections, Hollande s'est inscrit dans la logique de la poursuite du processus électoral. S'il ne donnait pas sa caution aux dernières élections, il reste tout de même attaché à ce qui passe à l'Assemblée nationale pour la restructuration de la CENI. Tshisekedi, lui, reste attaché à sa revendication de l'impérium. La mémoire de Floribert Chebeya s'est invitée à cet échange. Hollande y a fait allusion le premier pour renouveler l'engagement de la France à l'aboutissement du procès Chebeya-Bazana, question qu'il a évoquée déjà avec Kabila. Tshisekedi s'est félicité l'inauguration d'une médiathèque en hommage à Chebeya alors que la RD-Congo n'a encore rien fait pour immortaliser ce vaillant activiste de la démocratie. Très peu d'informations ont filtré sur l'autre face à face de Tshisekedi avec Pauline Marois, la Premier ministre du Québec qui a refusé de rencontrer Kabila, tout comme le Premier ministre canadien Stephan Harper. Tout ce que la rédaction de «CONGONEWS»a appris est que Marois a soutenu Tshisekedi dans sa démarche pour revendiquer l'impérium. Pas grand chose à se mettre sous la dent également sur l'entrevue entre Tshisekedi et Denis Sassou N'Guesso. Les contraintes d'agenda ont empêché l'entrevue avec Alpha Condé, parti plus tôt. Mais le conseiller spécial du président guinéen s'est entretenu avec un proche de Tshisekedi. Côté 10ème rue, il y a de quoi se flatter avec tous ces élans de reconnaissance mais ceux-ci ne pourront être mis en perspective que si Tshisekedi apprend à composer avec les autres dans une dimension pragmatique qui tienne compte des forces en présence tant à l'interne qu'à l'international. Un peu moins d'égoïsme pour comprendre que dans aucun Etat du monde il est possible d'accéder au pouvoir et d'exercer celui-ci sans tenir compte des groupes d'intérêts. Faire autrement, c'est de l'angélisme, de la béatitude. Le rapport de forces, Tshisekedi l'a pourtant pris en considération ce jour-là pour renoncer son idée première se faire accompagner de ses partisans à l'ambassade de France. Déjà qu'Hollande lui-même s'y était opposé. Malgré cela, des manifestants s'étaient mobilisés tôt le matin à la résidence du sphinx alors que tout le quartier de Limete était quadrillé. Il a fallu attendre une réunion d'urgence, rue Pétunias, vers les 15 heures, pour décider que Tshisekedi se rendra seul en compagnie de son directeur de cabinet, Albert Moleka. Son cortège a quitté sa résidence à 17 heures 45. Il emprunté le boulevard Lumumba, l'avenue Bokassa, puis Kabambare et Huileries avant de prendre le boulevard du 30 juin.
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
Spécial conférence de presse Olenga Nkoy, vérité sur vérité
http://www.congomikili.com/special-conf ... ur-verite/
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
Eugène Diomi Ndongala fait le bilan de la Francophonie et de la rencontre Tshisekedi-Hollande
http://banamikili.skyrock.com/311996696 ... de-la.html
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
En marge du Sommet de la Francophonie - Etienne Tshisekedi très consulté !
Jeudi, 18 Octobre 2012 11:30
*Le Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Kinshasa, du 12 au 14 octobre dernier, a été une opportunité pour l’Opposition politique congolaise ainsi que des organisations de la société civile de faire entendre leur voix auprès de certaines personnalités de marque qui ont fait le déplacement de Kinshasa.
Le Président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, M. Etienne Tshisekedi était, lui également, en phase. Il a été très sollicité en marge de ces assises de l’OIF. Le lider maximo a été reçu successivement, en aparté, par MM. Hollande et Sassou Nguesso ainsi par la Première Ministre du Québec, Mme Marrois. Véritable balai diplomatique pour un homme qui est resté trop longtemps cloîtré dans son Limete légendaire. Pour des analystes, ce n’est que justice, mieux reconnaissance d’un combat sempiternelle pour l’avènement de la Démocratie en RDC.
Après s’être entretenu le 13 octobre 2012 avec François Hollande, le Président National de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) a eu, le lendemain, deux tête-à-tête avec, d’un côté, le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso et de l’autre, la Première Ministre du Québec, Mme Marrois. En début d’après-midi, le lider maximo a échangé, pendant une heure et demi, avec son interlocuteur de Brazzaville, dans un entretien à huis clos. C’était à l’Ambassade de ce pays à Kinshasa, le long du boulevard du 30 juin, dans la commune de la Gombe. Les deux personnalités se sont entretenues à huis clos, pendant près d’un quart d’heure. Ce, après avoir échangé une chaude poignée de main marquant une vieille amitié. Il convient de signaler qu’au terme de leur rencontre, ils se sont gardés de faire la moindre déclaration à la presse.
Ce n’est pas tout. Après le Président Sassou, Etienne Tshisekedi wa Mulumba a rencontré également la Première ministre du Quebec, Mme Marois, à l’hôtel le Royal, derrière l’immeuble Sabena, non loin de l’hôpital de Référence de Kinshasa. Là encore, rien n’a filtré de leurs échanges. Ce qui est cependant évident, est que toutes ces personnalités ont voulu, par les échanges avec le Président de l’Udps, recueillir des données fiables sur le respect des libertés fondamentales en RDC. Certainement que ces audiences vont influencer, dans une certaine mesure, la prochaine ligne politique de l’Udps et de son président.
Laurianne Nzeba
Jeudi, 18 Octobre 2012 11:30
*Le Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Kinshasa, du 12 au 14 octobre dernier, a été une opportunité pour l’Opposition politique congolaise ainsi que des organisations de la société civile de faire entendre leur voix auprès de certaines personnalités de marque qui ont fait le déplacement de Kinshasa.
Le Président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, M. Etienne Tshisekedi était, lui également, en phase. Il a été très sollicité en marge de ces assises de l’OIF. Le lider maximo a été reçu successivement, en aparté, par MM. Hollande et Sassou Nguesso ainsi par la Première Ministre du Québec, Mme Marrois. Véritable balai diplomatique pour un homme qui est resté trop longtemps cloîtré dans son Limete légendaire. Pour des analystes, ce n’est que justice, mieux reconnaissance d’un combat sempiternelle pour l’avènement de la Démocratie en RDC.
Après s’être entretenu le 13 octobre 2012 avec François Hollande, le Président National de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) a eu, le lendemain, deux tête-à-tête avec, d’un côté, le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso et de l’autre, la Première Ministre du Québec, Mme Marrois. En début d’après-midi, le lider maximo a échangé, pendant une heure et demi, avec son interlocuteur de Brazzaville, dans un entretien à huis clos. C’était à l’Ambassade de ce pays à Kinshasa, le long du boulevard du 30 juin, dans la commune de la Gombe. Les deux personnalités se sont entretenues à huis clos, pendant près d’un quart d’heure. Ce, après avoir échangé une chaude poignée de main marquant une vieille amitié. Il convient de signaler qu’au terme de leur rencontre, ils se sont gardés de faire la moindre déclaration à la presse.
Ce n’est pas tout. Après le Président Sassou, Etienne Tshisekedi wa Mulumba a rencontré également la Première ministre du Quebec, Mme Marois, à l’hôtel le Royal, derrière l’immeuble Sabena, non loin de l’hôpital de Référence de Kinshasa. Là encore, rien n’a filtré de leurs échanges. Ce qui est cependant évident, est que toutes ces personnalités ont voulu, par les échanges avec le Président de l’Udps, recueillir des données fiables sur le respect des libertés fondamentales en RDC. Certainement que ces audiences vont influencer, dans une certaine mesure, la prochaine ligne politique de l’Udps et de son président.
Laurianne Nzeba
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
L'UDPS donne son bilan de la Francophonie et assure que seulement les armes feront partir Kabila
http://banamikili.skyrock.com/312007576 ... t-les.html
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
Selon Tshaku Mende l' accusation de Mwilambwe contre Kabila est orchestrée par François Hollande
http://banamikili.skyrock.com/312006413 ... a-est.html
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
Affaire Chebeya : Mende menace la France et la presse française s'ils s'attaquent encore à Kabila
http://banamikili.skyrock.com/312000646 ... ils-s.html
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
http://www.congoindependant.com/article ... cleid=7601
Questions directes à Tharcisse Loseke
Tharcisse Loseke Nembalemba. Photo CIC
Neurologue, membre co-fondateur du parti ECIDé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), proche du leader de l ‘UDPS, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Tharcisse Loseke Nembalemba rentre d’un bref séjour à Kinshasa. Un séjour qui a coïncidé avec le Sommet de la Francophonie qui s’est tenu du 12 au 14 octobre dans la capitale congolaise. Il a bien voulu répondre à quelques questions.
Quel était le but de votre séjour à Kinshasa ?
Le but de mon séjour comportait deux volets. Le premier volet était académique. Je ne vais pas m’étendre là-dessus. Le second, était exclusivement politique. J’ai, en effet, fait partie de l’équipe qui a préparé une série de rencontres entre Monsieur Etienne Tshisekedi et certaines personnalités étrangères venues participer au XIVè Sommet de la Francophonie.
A propos, comment se porte Etienne Tshisekedi ?
Il va très bien. Il est serein. Il reste égal à lui-même…
Est-il toujours assigné à résidence de facto ?
Comme je l’ai toujours dit, c’est une assignation à résidence qui ne dit pas son nom. Mais dans l’ensemble, M. Tshisekedi reçoit tous ceux qui manifestent le désir de le rencontrer. Les check point sont toujours dans le périmètre où se trouve sa résidence. Il y en a au moins trois.
Quelle est l’ambiance générale qui a régné à Kinshasa à la veille et pendant le Sommet de la Francophonie ?
A mon arrivée, il régnait une forte agitation dans la capitale. Les médias officiels ne cessaient de matraquer l’opinion en présentant ce forum comme un événement sans précédent au Congo. Le fait de recevoir plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement au même moment a constitué une occasion en or pour le pouvoir en place - honni par la population - de réhabiliter son image. Je tiens à signaler qu’il y a beaucoup de chantiers à travers la ville qui attendent d’être achevés. C’est le cas notamment du boulevard Patrice Lumumba, une artère qui va de l’aéroport de Ndjili à la Commune de Limete. Il y a plusieurs tronçons qui n’ont pas été réfectionnés. D’autres, attendent les travaux d’asphaltage. A l’aéroport de Ndjili, la piste d’atterrissage été «retapée» un tout petit peu. L’aérogare, elle, n’a pas changé. Les grandes artères de la capitale ont été nettoyées et repeintes. Au total, le Sommet de la Francophonie ne léguera aux Congolais aucun u
"héritage" au plan des infrastructures. Il faut néanmoins reconnaître que Kinshasa compte plusieurs nouveaux hôtels appartenant à des étrangers. Nul ne sait comment ces investissements ont pu être financés dans un pays où le crédit immobilier est inexistant…
Certains observateurs ont déploré le quadrillage de la ville par des forces dites de sécurité…
Il y a eu effectivement un important déploiement de policiers et des militaires à travers la ville de Kinshasa. C’est le cas particulièrement dans le quartier des affaires dans la commune de la Gombe, sur les boulevards Lumumba et Triomphal. Tous les itinéraires empruntés par les délégations étrangères étaient placés sous haute surveillance. Dans mon quartier, à la Gombe, il fallait montrer pattes blanches pour circuler. Mon habitation se trouve à un jet de pierres du Grand Hôtel Kinshasa. Les Kinois ont vécu les journées de samedi 13 et dimanche 14 octobre dans une ambiance de "couvre-feu" . La ville était déserte. Il n’y a que les officiels qui circulaient avec leurs cortèges.
Des militants de l’opposition rassemblés aux environs de la résidence d’Etienne Tshisekedi ont été dispersés sans ménagement. Quelle est votre réaction ?
Il est vrai que les «Combattants» de l’UDPS ont été dispersés par des forces de sécurité. Le parti avait prévu des manifestations qui ont été annulées. Il y a eu plusieurs arrestations. Certains combattants, brutalisés, ont été gravement blessés et hospitalisés.
L’opposition a-t-elle élevé une vive protestation ?
Vous savez, il y a des moments où les plaintes ne servent plus à rien. Je peux vous dire que la presse internationale a été témoin de toutes ces brimades infligées aux militants de l’opposition. Je n’ai pas été surpris par cette violence. Je savais que les gouvernants congolais ne pouvaient que recourir à la force pour donner du Congo l’image d’un pays où règne un semblant d’ordre. Alors que le pouvoir est vomi du fait de son illégitimité.
Des personnalités de l’opposition ont été reçues samedi matin par le président François Hollande. Quel était la teneur de leur message ?
Hormis Vital Kamerhe, reçu en sa qualité d’ancien président de l’Assemblée nationale, la délégation était composée des députés nationaux. Au total, il y avait : Madame Eve Bazaïba, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean-Lucien Bussa, Samy Badibanga et Anatole Matusila. La délégation était porteuse d’un mémo qui s’articulait sur cinq points. A savoir : la faillite de l’Etat congolais ; la crise de légitimité en RD Congo; la situation à l’Est; les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et la corruption. L’entrevue s’est très bien passée. Le président Hollande a pris bonne note du message.
Qu’attend l’opposition du chef d’Etat français ?
La démarche de l’opposition consistait à expliquer la situation qui règne dans le pays. L’opposition s’est limitée à donner l’information. Une chose est sûre : les représentants des forces de l’opposition doivent maintenant prendre leurs responsabilités. Il n’y aura aucun changement sans une pression interne.
Il y a eu ensuite le tête-à-tête Hollande-Tshisekedi…
En fait, M. Tshisekedi devait rencontrer M. Hollande en tant qu’homologue en sa qualité de «président élu» de la RD Congo.
Quel était le contenu du message qu’il a transmis à Hollande ?
Les deux personnalités ont évoqué plusieurs sujets. Premièrement, la collaboration qu’il y a lieu d’établir entre les sociaux-démocrates. L’UDPS et le PS sont membres de l’Internationale socialiste, une organisation régie par certains principes essentiels. C’est le cas notamment de la démocratie, la liberté, les droits de l’Homme et le progrès social. En second lieu, ils ont parlé de la souveraineté et de l’intangibilité des frontières du Congo. M. Etienne Tshisekedi a expliqué à son interlocuteur que l’instabilité qui règne dans la partie orientale du Congo date d’une quinzaine d’années. Et qu’il s’agit d’une situation liée aux guerres et crises récurrentes découlant de la présence, au sommet de l’Etat, des personnalités issues de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) qui avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir grâce au soutien militaire de l’Ouganda et du Rwanda. C’est un secret de Polichinelle de relever que Joseph Kabila est un "produit" de l’AFDL. Le président Tshisekedi a souligné que l’AFDL a connu plusieurs schismes à travers le RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et maintenant le «Mouvement du 23 mars» dit M-23. «C’est toujours M. Kabila qui est le responsable de ces crises», a-t-il précisé. «Lorsque M. Kabila - un produit de l’AFDL, installé grâce au Rwanda et à l’Ouganda - ne sera plus à la tête du Congo, j’ai la ferme conviction que la paix sera rétablie sur l’ensemble du territoire national», a-t-il martelé. Il a, par ailleurs, clairement dit à François Hollande que, dès qu’il accédera au pouvoir, la situation à l’Est sera réglée dans les plus brefs délais. Pour lui, les filles et fils du pays vont jeter les bases d’une véritable réconciliation. Les deux interlocuteurs ont parlé en dernier lieu de l’avenir. Ils sont tombés d’accord d’établir une «collaboration» à l’avenir dans des projets précis. Les droits et libertés, la réforme de l’armée et des services de sécurité, la réforme de l’administration publique, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont des questions qui seront au centre de cette collaboration.
Cette «collaboration» se passera à travers quels mécanismes étant donné qu’Etienne Tshisekedi n’a pas le contrôle de l’appareil d’Etat?
M. Tshisekedi a été élu «Président de la République» par le peuple congolais. Il a bien expliqué à son "homologue français" les dysfonctionnements ayant affecté les élections du 28 novembre 2011. Il a précisé au chef d’Etat français que M. Kabila n’a pas été élu et se maintient au pouvoir par la force brutale.
Pour l’opposition, le bilan est donc positif ….
Pour nous, les «Forces acquises au changement», le bilan est tout à fait positif. Il fallait bien que ce Sommet de la Francophonie se tienne à Kinshasa. J’étais de ceux qui étaient contre l’idée de délocalisation de cette rencontre internationale. Les personnalités étrangères venues à Kinshasa ont pu constater non seulement les excès du régime en place mais aussi le fossé qui sépare ce même régime et la population. Ce forum a permis aux représentants de l’opposition de passer des messages. La froideur adoptée par le président Hollande à l’égard de M. Kabila prouve que ces messages ont été reçus cinq sur cinq.
De nombreux commentateurs ont souligné «l’atmosphère glaciale» qui a régné entre "Joseph Kabila" et François Hollande. Votre avis ?
Je partage ce constat. Sans forfanterie, je peux vous assurer que l’opposition a fait un grand travail de sensibilisation auprès des autorités françaises sur la situation au Congo. La déclaration faite par François Hollande à Paris, la veille de son voyage en Afrique, qualifiant d’«inacceptable» la situation de la démocratie, des droits de l’Homme et la non reconnaissance de l’opposition n’est pas le fait du hasard...
Il semble que «Joseph Kabila» n’a pas été à l’aéroport de Ndjili pour accueillir Hollande...
Effectivement. François Hollande a été accueilli par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Et pourtant, au Sénégal, le chef d’Etat français a été reçu par le président Macky Sall.
Devrait-on conclure que le service du protocole de la Présidence congolaise n’a fait qu’appliquer la «réciprocité» étant donné que les chefs d’Etat africains n’ont jamais été accueillis à Charles de Gaule par le locataire de l’Elysée....
On applique la réciprocité lorsqu’on se trouve au même niveau. La France et l’Allemagne sont les moteurs de l’Union européenne qui regroupe 27 Etats et pas moins de 500 millions d’âmes. Membre permanent du Conseil de sécurité, la France est également la quatrième puissance économique du monde. C’est ça le pays que dirige François Hollande. Joseph Kabila a traité le président français avec désinvolture.
Pour vous, l’absence de « Joseph Kabila » à l’aéroport de Ndjili constitue une gaffe…
C’est une importante bourde diplomatique. C’est une "maladresse" qui ne manquera pas d’engendrer des répercussions...
L’opposition, au sens le plus large, a-t-elle profité de cet événement pour refaire son unité ?
L’unité de l’opposition n’était pas à l’ordre du jour. Toutefois, le président Hollande, qui traîne derrière lui une longue expérience en tant qu’opposant, n’a pas manqué de recommander cette unité. «Si vous restez longtemps divisés, vous pouvez être sûrs que vous resterez longtemps en dehors du pouvoir». C’est l’unique recommandation qu’il a faite, samedi matin, à la délégation de l’opposition venue le rencontrer. Il me semble que c’est une équation difficile à résoudre…
N’est-ce pas un manque de sagesse de dire que le problème est difficile à résoudre ? Ne dit-on pas que l’union fait la force ?
L’opposition congolaise est loin d’être homogène. Il y a beaucoup d’agendas cachés en son sein.
Les agendas cachés, il en aura toujours…
Sauf qu’il faut se réunir autour des valeurs essentielles. Dès lors que nous disons qu’il y a une crise de leadership, il importe que toutes les composantes de l’opposition se mobilisent autour de cette problématique...
Baudouin Amba Wetshi
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Questions directes à Tharcisse Loseke
Tharcisse Loseke Nembalemba. Photo CIC
Neurologue, membre co-fondateur du parti ECIDé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), proche du leader de l ‘UDPS, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Tharcisse Loseke Nembalemba rentre d’un bref séjour à Kinshasa. Un séjour qui a coïncidé avec le Sommet de la Francophonie qui s’est tenu du 12 au 14 octobre dans la capitale congolaise. Il a bien voulu répondre à quelques questions.
Quel était le but de votre séjour à Kinshasa ?
Le but de mon séjour comportait deux volets. Le premier volet était académique. Je ne vais pas m’étendre là-dessus. Le second, était exclusivement politique. J’ai, en effet, fait partie de l’équipe qui a préparé une série de rencontres entre Monsieur Etienne Tshisekedi et certaines personnalités étrangères venues participer au XIVè Sommet de la Francophonie.
A propos, comment se porte Etienne Tshisekedi ?
Il va très bien. Il est serein. Il reste égal à lui-même…
Est-il toujours assigné à résidence de facto ?
Comme je l’ai toujours dit, c’est une assignation à résidence qui ne dit pas son nom. Mais dans l’ensemble, M. Tshisekedi reçoit tous ceux qui manifestent le désir de le rencontrer. Les check point sont toujours dans le périmètre où se trouve sa résidence. Il y en a au moins trois.
Quelle est l’ambiance générale qui a régné à Kinshasa à la veille et pendant le Sommet de la Francophonie ?
A mon arrivée, il régnait une forte agitation dans la capitale. Les médias officiels ne cessaient de matraquer l’opinion en présentant ce forum comme un événement sans précédent au Congo. Le fait de recevoir plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement au même moment a constitué une occasion en or pour le pouvoir en place - honni par la population - de réhabiliter son image. Je tiens à signaler qu’il y a beaucoup de chantiers à travers la ville qui attendent d’être achevés. C’est le cas notamment du boulevard Patrice Lumumba, une artère qui va de l’aéroport de Ndjili à la Commune de Limete. Il y a plusieurs tronçons qui n’ont pas été réfectionnés. D’autres, attendent les travaux d’asphaltage. A l’aéroport de Ndjili, la piste d’atterrissage été «retapée» un tout petit peu. L’aérogare, elle, n’a pas changé. Les grandes artères de la capitale ont été nettoyées et repeintes. Au total, le Sommet de la Francophonie ne léguera aux Congolais aucun u
"héritage" au plan des infrastructures. Il faut néanmoins reconnaître que Kinshasa compte plusieurs nouveaux hôtels appartenant à des étrangers. Nul ne sait comment ces investissements ont pu être financés dans un pays où le crédit immobilier est inexistant…
Certains observateurs ont déploré le quadrillage de la ville par des forces dites de sécurité…
Il y a eu effectivement un important déploiement de policiers et des militaires à travers la ville de Kinshasa. C’est le cas particulièrement dans le quartier des affaires dans la commune de la Gombe, sur les boulevards Lumumba et Triomphal. Tous les itinéraires empruntés par les délégations étrangères étaient placés sous haute surveillance. Dans mon quartier, à la Gombe, il fallait montrer pattes blanches pour circuler. Mon habitation se trouve à un jet de pierres du Grand Hôtel Kinshasa. Les Kinois ont vécu les journées de samedi 13 et dimanche 14 octobre dans une ambiance de "couvre-feu" . La ville était déserte. Il n’y a que les officiels qui circulaient avec leurs cortèges.
Des militants de l’opposition rassemblés aux environs de la résidence d’Etienne Tshisekedi ont été dispersés sans ménagement. Quelle est votre réaction ?
Il est vrai que les «Combattants» de l’UDPS ont été dispersés par des forces de sécurité. Le parti avait prévu des manifestations qui ont été annulées. Il y a eu plusieurs arrestations. Certains combattants, brutalisés, ont été gravement blessés et hospitalisés.
L’opposition a-t-elle élevé une vive protestation ?
Vous savez, il y a des moments où les plaintes ne servent plus à rien. Je peux vous dire que la presse internationale a été témoin de toutes ces brimades infligées aux militants de l’opposition. Je n’ai pas été surpris par cette violence. Je savais que les gouvernants congolais ne pouvaient que recourir à la force pour donner du Congo l’image d’un pays où règne un semblant d’ordre. Alors que le pouvoir est vomi du fait de son illégitimité.
Des personnalités de l’opposition ont été reçues samedi matin par le président François Hollande. Quel était la teneur de leur message ?
Hormis Vital Kamerhe, reçu en sa qualité d’ancien président de l’Assemblée nationale, la délégation était composée des députés nationaux. Au total, il y avait : Madame Eve Bazaïba, Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean-Lucien Bussa, Samy Badibanga et Anatole Matusila. La délégation était porteuse d’un mémo qui s’articulait sur cinq points. A savoir : la faillite de l’Etat congolais ; la crise de légitimité en RD Congo; la situation à l’Est; les violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et la corruption. L’entrevue s’est très bien passée. Le président Hollande a pris bonne note du message.
Qu’attend l’opposition du chef d’Etat français ?
La démarche de l’opposition consistait à expliquer la situation qui règne dans le pays. L’opposition s’est limitée à donner l’information. Une chose est sûre : les représentants des forces de l’opposition doivent maintenant prendre leurs responsabilités. Il n’y aura aucun changement sans une pression interne.
Il y a eu ensuite le tête-à-tête Hollande-Tshisekedi…
En fait, M. Tshisekedi devait rencontrer M. Hollande en tant qu’homologue en sa qualité de «président élu» de la RD Congo.
Quel était le contenu du message qu’il a transmis à Hollande ?
Les deux personnalités ont évoqué plusieurs sujets. Premièrement, la collaboration qu’il y a lieu d’établir entre les sociaux-démocrates. L’UDPS et le PS sont membres de l’Internationale socialiste, une organisation régie par certains principes essentiels. C’est le cas notamment de la démocratie, la liberté, les droits de l’Homme et le progrès social. En second lieu, ils ont parlé de la souveraineté et de l’intangibilité des frontières du Congo. M. Etienne Tshisekedi a expliqué à son interlocuteur que l’instabilité qui règne dans la partie orientale du Congo date d’une quinzaine d’années. Et qu’il s’agit d’une situation liée aux guerres et crises récurrentes découlant de la présence, au sommet de l’Etat, des personnalités issues de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) qui avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir grâce au soutien militaire de l’Ouganda et du Rwanda. C’est un secret de Polichinelle de relever que Joseph Kabila est un "produit" de l’AFDL. Le président Tshisekedi a souligné que l’AFDL a connu plusieurs schismes à travers le RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et maintenant le «Mouvement du 23 mars» dit M-23. «C’est toujours M. Kabila qui est le responsable de ces crises», a-t-il précisé. «Lorsque M. Kabila - un produit de l’AFDL, installé grâce au Rwanda et à l’Ouganda - ne sera plus à la tête du Congo, j’ai la ferme conviction que la paix sera rétablie sur l’ensemble du territoire national», a-t-il martelé. Il a, par ailleurs, clairement dit à François Hollande que, dès qu’il accédera au pouvoir, la situation à l’Est sera réglée dans les plus brefs délais. Pour lui, les filles et fils du pays vont jeter les bases d’une véritable réconciliation. Les deux interlocuteurs ont parlé en dernier lieu de l’avenir. Ils sont tombés d’accord d’établir une «collaboration» à l’avenir dans des projets précis. Les droits et libertés, la réforme de l’armée et des services de sécurité, la réforme de l’administration publique, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont des questions qui seront au centre de cette collaboration.
Cette «collaboration» se passera à travers quels mécanismes étant donné qu’Etienne Tshisekedi n’a pas le contrôle de l’appareil d’Etat?
M. Tshisekedi a été élu «Président de la République» par le peuple congolais. Il a bien expliqué à son "homologue français" les dysfonctionnements ayant affecté les élections du 28 novembre 2011. Il a précisé au chef d’Etat français que M. Kabila n’a pas été élu et se maintient au pouvoir par la force brutale.
Pour l’opposition, le bilan est donc positif ….
Pour nous, les «Forces acquises au changement», le bilan est tout à fait positif. Il fallait bien que ce Sommet de la Francophonie se tienne à Kinshasa. J’étais de ceux qui étaient contre l’idée de délocalisation de cette rencontre internationale. Les personnalités étrangères venues à Kinshasa ont pu constater non seulement les excès du régime en place mais aussi le fossé qui sépare ce même régime et la population. Ce forum a permis aux représentants de l’opposition de passer des messages. La froideur adoptée par le président Hollande à l’égard de M. Kabila prouve que ces messages ont été reçus cinq sur cinq.
De nombreux commentateurs ont souligné «l’atmosphère glaciale» qui a régné entre "Joseph Kabila" et François Hollande. Votre avis ?
Je partage ce constat. Sans forfanterie, je peux vous assurer que l’opposition a fait un grand travail de sensibilisation auprès des autorités françaises sur la situation au Congo. La déclaration faite par François Hollande à Paris, la veille de son voyage en Afrique, qualifiant d’«inacceptable» la situation de la démocratie, des droits de l’Homme et la non reconnaissance de l’opposition n’est pas le fait du hasard...
Il semble que «Joseph Kabila» n’a pas été à l’aéroport de Ndjili pour accueillir Hollande...
Effectivement. François Hollande a été accueilli par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Et pourtant, au Sénégal, le chef d’Etat français a été reçu par le président Macky Sall.
Devrait-on conclure que le service du protocole de la Présidence congolaise n’a fait qu’appliquer la «réciprocité» étant donné que les chefs d’Etat africains n’ont jamais été accueillis à Charles de Gaule par le locataire de l’Elysée....
On applique la réciprocité lorsqu’on se trouve au même niveau. La France et l’Allemagne sont les moteurs de l’Union européenne qui regroupe 27 Etats et pas moins de 500 millions d’âmes. Membre permanent du Conseil de sécurité, la France est également la quatrième puissance économique du monde. C’est ça le pays que dirige François Hollande. Joseph Kabila a traité le président français avec désinvolture.
Pour vous, l’absence de « Joseph Kabila » à l’aéroport de Ndjili constitue une gaffe…
C’est une importante bourde diplomatique. C’est une "maladresse" qui ne manquera pas d’engendrer des répercussions...
L’opposition, au sens le plus large, a-t-elle profité de cet événement pour refaire son unité ?
L’unité de l’opposition n’était pas à l’ordre du jour. Toutefois, le président Hollande, qui traîne derrière lui une longue expérience en tant qu’opposant, n’a pas manqué de recommander cette unité. «Si vous restez longtemps divisés, vous pouvez être sûrs que vous resterez longtemps en dehors du pouvoir». C’est l’unique recommandation qu’il a faite, samedi matin, à la délégation de l’opposition venue le rencontrer. Il me semble que c’est une équation difficile à résoudre…
N’est-ce pas un manque de sagesse de dire que le problème est difficile à résoudre ? Ne dit-on pas que l’union fait la force ?
L’opposition congolaise est loin d’être homogène. Il y a beaucoup d’agendas cachés en son sein.
Les agendas cachés, il en aura toujours…
Sauf qu’il faut se réunir autour des valeurs essentielles. Dès lors que nous disons qu’il y a une crise de leadership, il importe que toutes les composantes de l’opposition se mobilisent autour de cette problématique...
Baudouin Amba Wetshi
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
http://www.congoindependant.com/article ... cleid=7599
Justice : La veuve Chebeya sollicite l’intervention de Hollande
La veuve Chebeya, née Annie Mangbenga Nzinga. Image documentaire.
Dans une lettre datée du 7 octobre 2012, postée depuis Ottawa, au Canada, la veuve Chebeya, née Annie Mangbenga Nzinga, demande au chef d’Etat français de peser de tout son poids auprès de «Joseph Kabila» afin que «justice soit faite» dans le dossier judiciaire relatif au double assassinat du regretté directeur exécutif de l’association de défense des droits humains « La Voix des Sans Voix » (VSV), Floribert Chebeya Bahizire, et de son collaborateur Fidèle Bazana Edadi. Elle fustige par ailleurs le mutisme de la Cour militaire à la plainte qu’elle a déposée contre le «général» John Numbi Banza Tambo, l’ancien patron de la police nationale congolaise qui est le suspect numéro un dans cette affaire.
Dans sa correspondance, la veuve Chebeya rappelle en liminaire le rendez-vous fatidique donné à son époux ce 1er juin 2010 à 17h30, au siège de la police national, par l’Inspecteur général John Numbi Banza. «Il (Floribert, Ndlr) s’y était rendu à l’invitation du général John Numbi Banza Tambo (…)». Le corps sans vie de Chebeya sera retrouvé le lendemain au Quartier Mitendi sur la route de Matadi. Son chauffeur et collaborateur, Fidèle Bazana Edadi, n’a plus jamais été revu.
«Ma famille, orpheline, à laquelle se joint celle de Fidèle Bazana (…) vous adresse la présente lettre en vue de solliciter votre intervention personnelle auprès de vos interlocuteurs à Kinshasa afin de peser de tout votre poids auprès des autorités pour que justice soit faite dans cet odieux double assassinat», note-t-elle. Plus concrètement, «Mama Annie» prie François Hollande d’inviter « Joseph Kabila » à «contribuer à l’éclatement de la vérité» en laissant la justice poursuivre en toute indépendance les «véritables commanditaires» de la mort de son mari et de «mon frère» Fidèle Bazana Edadi. «A défaut, prévient-t-elle, en voulant à tout prix protéger son collaborateur John Numbi à travers une parodie de procès (…), l’histoire retiendra pour l’éternité sa responsabilité personnelle dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana».
Dans sa missive, Annie Mangbenga Nzinga dénonce le « refus » de la Cour militaire d’examiner la plainte qu’elle a introduite contre John Numbi. «Cette juridiction, conclut-elle, a aussi, systématiquement et sans motivation aucune, refusé de prendre en compte différents éléments d’enquête et des témoignages avérés susceptibles de démontrer l’implication de ce Général» dans ce double homicide.
Double crime d’Etat
Ceux qui ont eu l’opportunité de visionner le film-documentaire de Thierry Michel «Affaire Chebeya, crime d’Etat ?» ont eu à constater la «ligne de défense» adoptée par les accusés se résumant en ces quelques mots : «Nous n’avons jamais vu Floribert Chebeya encore moins Fidèle Bazana au siège de la police nationale ce 1er juin 2010». Un mensonge cousu de fil blanc.
Le colonel Daniel Mukalay, bras droit de John Numbi et chef de la DRGS (direction des renseignements et services généraux de la police nationale) a reconnu avoir fait parvenir à Chebeya un message en date du 31 mai 2010 lui confirmant que l’inspecteur général Numbi allait le recevoir le 1er juin 2010 à 17h30. Un message écrit a été porté au siège de la « VSV » par le policier Michel Mwila. Un témoin à charge inattendu, en la personne du Camerounais Gomer Martel, assure avoir vu Chebeya ce jour au siège de la police. Lors de la reconstitution de la scène, le colonel Mukalay de lancer à l’endroit du Camerounais : «L’homme que vous voyez ici est un grand délinquant !». Autre détail. Mukalay dira avoir fixé rendez-vous à Chebeya après concertation avec le responsable du protocole, la colonelle Alaine Ilunga, afin de connaître «l’emploi du temps du chef ». « Faux », rétorquait vivement Alaine Ilunga. Etrangement, la défense a constaté que quelques pages manquent dans le registre des visiteurs tenu au service du protocole pour la journée du 1er juin 2010. Coïncidence ?
Entendu en qualité de "renseignant" lors du procès, John Numbi prétend qu’il ignore la raison pour laquelle Chebeya voulait le voir. Alors même que ce dernier lui avait écrit en date du 10 février 2010. Il sollicitait son intervention afin d’obtenir «l’humanisation des conditions carcérales dans les cachots de la police». Chebeya avait demandé également une audience auprès du patron de la police. La réponse a été adressée à la VSV en date... du 31 mai 2010.
Dans le documentaire réalisé par Thierry Michel, les spectateurs n’ont pas manqué de noter le «trouble» affiché par Numbi. C’était lorsque le juge-président lui a demandé s’il était au courant d’un rapport que Chebeya se proposait de transmettre à la CPI (Cour pénale internationale) au sujet du massacre des adeptes du mouvement religieux Bundu dia Kongo. «Pas du tout !», protestait un John Numbi apparemment déstabilisé. Le magistrat militaire avait sans doute mis le doigt là ça faisait mal.
Paul Mwilambwe et Jacques Mugabo alias Amisi Mugango
Dans la récente interview accordée à Radio France Internationale, l’inspecteur de police Paul Mwilambwe, en fuite, confirme la présence de Chebeya et Bazana au siège de la police nationale ce 1er juin 2010. Le fugitif va plus loin en clamant, citant le major Christian Ngoy, que l’ordre d’exécuter Chebeya a été donné à John Numbi par le président de la République. Il n’y en a pas deux. « J’ai appelé le major Christian, confie-t-il à RFI. Je lui ai posé la question : « Qui a reçu l’ordre du président de la République ? Par téléphone ou par quoi précisément ? ». Il m’a dit : « Non, j’ai reçu l’ordre du président de la République par le canal du général Numbi ». Mwilambwe est formel : « C’est le général Numbi qui a intimé l’ordre au major Christian. Et lorsqu’il a donné cet ordre, il a dit au major Christian que cet ordre vient du président de la République. Ça c’est le major Christian qui me le rapporte. D’abord l’ordre est venu : toute personne qui accompagnerait Chebeya, que ça soit son fils, que ça soit son collègue, que ça soit son épouse, doivent subir le même sort que Chebeya. Et il m’a dit : « Voyez dans la voiture. Son chauffeur, on l’a déjà exécuté ». J’ai regardé la voiture et j’ai vu un corps sans vie. Et lorsque je parle avec le major Christian, les policiers sont en train de continuer à étouffer Chebeya».
Les propos tenus par Paul Mwilambwe confirment, à quelques virgules près, le témoignage fait à l’auteur de ces lignes par le sous-commissaire Jacques Mugabo, alias "Amisi Mugangu", alias "Mike Kilo". Bras droit et chauffeur de Daniel Mukalay, ce policier, disparu le 26 novembre 2010 à Kampala, était tout aussi formel : «Floribert Chebeya devait être exécuté le 23 mai 2010. Nous étions en embuscade aux environs de son domicile. Nos informateurs s’étaient trompés. La «cible» était rentrée plus tôt que prévu à son domicile. L’ordre final d’exécuter Chebeya a été donné au colonel Daniel Mukalay par le général John Numbi instruit par la «haute hiérarchie». C’était le lundi 31 mai à 10h00. Chebeya a été exécuté par étouffement. Après cela, nous nous sommes «occupés» de son chauffeur. Le corps du chauffeur a été immergé dans le fleuve aux environs de Kinsuka.» S’agissant du mobile, le flic a eu ces mots : «Chebeya dérangeait le pouvoir de notre Président. Il donnait une mauvaise image du régime à travers des rapports sur la situation des droits de l’homme.»
Pressions internationales
Après avoir fait des aveux le 4 juin 2010 devant des «enquêteurs» du Conseil national de sécurité (CNS), Mugabo trouve refuge en Ouganda plus particulièrement à Iganga, près de la frontière avec le Kenya. A partir de l’Ouganda, il contacte des diplomates en poste à Kinshasa. «J’ai participé à l’exécution de Chebeya et de son chauffeur, dit-il. Je suis prêt à témoigner à condition que ma sécurité soit garantie». Jacques Mugabo a quitté Kinshasa aux alentours du 5 juin 2010. Selon lui, il a été assisté par John Numbi non seulement pour obtenir un «vrai-faux» passeport de service sous le nom d’Amisi Mugangu mais aussi un petit pécule pour les frais de voyage. Numbi lui aurait remis une somme de mille dollars laquelle lui a permis de prendre un vol d’Ethiopian Airways à Brazzaville. Destination : Kampala. Le policier se disait traqué notamment par des sbires du CNS dirigé par Pierre Lumbi Okongo. «S’ils m’attrapent, je suis un homme mort», se lamentait-il. En Ouganda, il redoutait de se retrouver sur le même trottoir avec ses poursuivants. Il cite des noms : Elie Lungumbu, agent de l’ANR proche de Zoé Kabila, et Marcel Mbangu, colonel de la police et deuxième conseiller à l’ambassade de la RD Congo à Kampala. «Marcel Mbangu est un spécialiste en rapt», disait-il.
Au fil des conversations, Jacques Mugabo fera allusion aux contacts qu’il continuait à entretenir avec «son chef» le major Christian Ngoy, le fameux commandant en cavale du très redouté bataillon Simba. Le jour de sa «disparition», Mugabo se proposait de quitter Kampala pour rejoindre Ngoy à un endroit tenu secret. A-t-il été exécuté pour avoir "trop bavardé » ? La dernière fois qu’il a été vu en vie, il prenait place à bord d’un véhicule de l’ambassade congolaise en Ouganda…C’est un précieux témoin à charge qui a disparu. Il est tombé dans un traquenard. Un traquenard tendu par qui ?
Il ne fait plus l’ombre d’un doute que l’ordre d’exécuter Floribert Chebeya Bahizire émanait d’une «autorité supérieure». En éliminant le chauffeur Fidèle Bazana, le «cerveau» de ce double assassinat escomptait commettre un «crime parfait». Un crime sans témoin ni traces. Erreur. Tous les yeux sont désormais braqués sur John Numbi Banza Tambo et "Joseph Kabila". Le premier sert manifestement de «coupe-feu» voire de «fusible» au second.
Inféodée au pouvoir politique, la justice congolaise n’inspire aucune confiance aux citoyens. Elle incapable de faire éclater la vérité sur les circonstances exactes de ce double homicide. Seules, les pressions internationales pourraient mettre fin au «cirque judiciaire» qui se déroule à la Cour militaire de Kinshasa-Gombe. La veuve Chebeya a vu juste en s’adressant à un dirigeant occidental.
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2012
Justice : La veuve Chebeya sollicite l’intervention de Hollande
La veuve Chebeya, née Annie Mangbenga Nzinga. Image documentaire.
Dans une lettre datée du 7 octobre 2012, postée depuis Ottawa, au Canada, la veuve Chebeya, née Annie Mangbenga Nzinga, demande au chef d’Etat français de peser de tout son poids auprès de «Joseph Kabila» afin que «justice soit faite» dans le dossier judiciaire relatif au double assassinat du regretté directeur exécutif de l’association de défense des droits humains « La Voix des Sans Voix » (VSV), Floribert Chebeya Bahizire, et de son collaborateur Fidèle Bazana Edadi. Elle fustige par ailleurs le mutisme de la Cour militaire à la plainte qu’elle a déposée contre le «général» John Numbi Banza Tambo, l’ancien patron de la police nationale congolaise qui est le suspect numéro un dans cette affaire.
Dans sa correspondance, la veuve Chebeya rappelle en liminaire le rendez-vous fatidique donné à son époux ce 1er juin 2010 à 17h30, au siège de la police national, par l’Inspecteur général John Numbi Banza. «Il (Floribert, Ndlr) s’y était rendu à l’invitation du général John Numbi Banza Tambo (…)». Le corps sans vie de Chebeya sera retrouvé le lendemain au Quartier Mitendi sur la route de Matadi. Son chauffeur et collaborateur, Fidèle Bazana Edadi, n’a plus jamais été revu.
«Ma famille, orpheline, à laquelle se joint celle de Fidèle Bazana (…) vous adresse la présente lettre en vue de solliciter votre intervention personnelle auprès de vos interlocuteurs à Kinshasa afin de peser de tout votre poids auprès des autorités pour que justice soit faite dans cet odieux double assassinat», note-t-elle. Plus concrètement, «Mama Annie» prie François Hollande d’inviter « Joseph Kabila » à «contribuer à l’éclatement de la vérité» en laissant la justice poursuivre en toute indépendance les «véritables commanditaires» de la mort de son mari et de «mon frère» Fidèle Bazana Edadi. «A défaut, prévient-t-elle, en voulant à tout prix protéger son collaborateur John Numbi à travers une parodie de procès (…), l’histoire retiendra pour l’éternité sa responsabilité personnelle dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana».
Dans sa missive, Annie Mangbenga Nzinga dénonce le « refus » de la Cour militaire d’examiner la plainte qu’elle a introduite contre John Numbi. «Cette juridiction, conclut-elle, a aussi, systématiquement et sans motivation aucune, refusé de prendre en compte différents éléments d’enquête et des témoignages avérés susceptibles de démontrer l’implication de ce Général» dans ce double homicide.
Double crime d’Etat
Ceux qui ont eu l’opportunité de visionner le film-documentaire de Thierry Michel «Affaire Chebeya, crime d’Etat ?» ont eu à constater la «ligne de défense» adoptée par les accusés se résumant en ces quelques mots : «Nous n’avons jamais vu Floribert Chebeya encore moins Fidèle Bazana au siège de la police nationale ce 1er juin 2010». Un mensonge cousu de fil blanc.
Le colonel Daniel Mukalay, bras droit de John Numbi et chef de la DRGS (direction des renseignements et services généraux de la police nationale) a reconnu avoir fait parvenir à Chebeya un message en date du 31 mai 2010 lui confirmant que l’inspecteur général Numbi allait le recevoir le 1er juin 2010 à 17h30. Un message écrit a été porté au siège de la « VSV » par le policier Michel Mwila. Un témoin à charge inattendu, en la personne du Camerounais Gomer Martel, assure avoir vu Chebeya ce jour au siège de la police. Lors de la reconstitution de la scène, le colonel Mukalay de lancer à l’endroit du Camerounais : «L’homme que vous voyez ici est un grand délinquant !». Autre détail. Mukalay dira avoir fixé rendez-vous à Chebeya après concertation avec le responsable du protocole, la colonelle Alaine Ilunga, afin de connaître «l’emploi du temps du chef ». « Faux », rétorquait vivement Alaine Ilunga. Etrangement, la défense a constaté que quelques pages manquent dans le registre des visiteurs tenu au service du protocole pour la journée du 1er juin 2010. Coïncidence ?
Entendu en qualité de "renseignant" lors du procès, John Numbi prétend qu’il ignore la raison pour laquelle Chebeya voulait le voir. Alors même que ce dernier lui avait écrit en date du 10 février 2010. Il sollicitait son intervention afin d’obtenir «l’humanisation des conditions carcérales dans les cachots de la police». Chebeya avait demandé également une audience auprès du patron de la police. La réponse a été adressée à la VSV en date... du 31 mai 2010.
Dans le documentaire réalisé par Thierry Michel, les spectateurs n’ont pas manqué de noter le «trouble» affiché par Numbi. C’était lorsque le juge-président lui a demandé s’il était au courant d’un rapport que Chebeya se proposait de transmettre à la CPI (Cour pénale internationale) au sujet du massacre des adeptes du mouvement religieux Bundu dia Kongo. «Pas du tout !», protestait un John Numbi apparemment déstabilisé. Le magistrat militaire avait sans doute mis le doigt là ça faisait mal.
Paul Mwilambwe et Jacques Mugabo alias Amisi Mugango
Dans la récente interview accordée à Radio France Internationale, l’inspecteur de police Paul Mwilambwe, en fuite, confirme la présence de Chebeya et Bazana au siège de la police nationale ce 1er juin 2010. Le fugitif va plus loin en clamant, citant le major Christian Ngoy, que l’ordre d’exécuter Chebeya a été donné à John Numbi par le président de la République. Il n’y en a pas deux. « J’ai appelé le major Christian, confie-t-il à RFI. Je lui ai posé la question : « Qui a reçu l’ordre du président de la République ? Par téléphone ou par quoi précisément ? ». Il m’a dit : « Non, j’ai reçu l’ordre du président de la République par le canal du général Numbi ». Mwilambwe est formel : « C’est le général Numbi qui a intimé l’ordre au major Christian. Et lorsqu’il a donné cet ordre, il a dit au major Christian que cet ordre vient du président de la République. Ça c’est le major Christian qui me le rapporte. D’abord l’ordre est venu : toute personne qui accompagnerait Chebeya, que ça soit son fils, que ça soit son collègue, que ça soit son épouse, doivent subir le même sort que Chebeya. Et il m’a dit : « Voyez dans la voiture. Son chauffeur, on l’a déjà exécuté ». J’ai regardé la voiture et j’ai vu un corps sans vie. Et lorsque je parle avec le major Christian, les policiers sont en train de continuer à étouffer Chebeya».
Les propos tenus par Paul Mwilambwe confirment, à quelques virgules près, le témoignage fait à l’auteur de ces lignes par le sous-commissaire Jacques Mugabo, alias "Amisi Mugangu", alias "Mike Kilo". Bras droit et chauffeur de Daniel Mukalay, ce policier, disparu le 26 novembre 2010 à Kampala, était tout aussi formel : «Floribert Chebeya devait être exécuté le 23 mai 2010. Nous étions en embuscade aux environs de son domicile. Nos informateurs s’étaient trompés. La «cible» était rentrée plus tôt que prévu à son domicile. L’ordre final d’exécuter Chebeya a été donné au colonel Daniel Mukalay par le général John Numbi instruit par la «haute hiérarchie». C’était le lundi 31 mai à 10h00. Chebeya a été exécuté par étouffement. Après cela, nous nous sommes «occupés» de son chauffeur. Le corps du chauffeur a été immergé dans le fleuve aux environs de Kinsuka.» S’agissant du mobile, le flic a eu ces mots : «Chebeya dérangeait le pouvoir de notre Président. Il donnait une mauvaise image du régime à travers des rapports sur la situation des droits de l’homme.»
Pressions internationales
Après avoir fait des aveux le 4 juin 2010 devant des «enquêteurs» du Conseil national de sécurité (CNS), Mugabo trouve refuge en Ouganda plus particulièrement à Iganga, près de la frontière avec le Kenya. A partir de l’Ouganda, il contacte des diplomates en poste à Kinshasa. «J’ai participé à l’exécution de Chebeya et de son chauffeur, dit-il. Je suis prêt à témoigner à condition que ma sécurité soit garantie». Jacques Mugabo a quitté Kinshasa aux alentours du 5 juin 2010. Selon lui, il a été assisté par John Numbi non seulement pour obtenir un «vrai-faux» passeport de service sous le nom d’Amisi Mugangu mais aussi un petit pécule pour les frais de voyage. Numbi lui aurait remis une somme de mille dollars laquelle lui a permis de prendre un vol d’Ethiopian Airways à Brazzaville. Destination : Kampala. Le policier se disait traqué notamment par des sbires du CNS dirigé par Pierre Lumbi Okongo. «S’ils m’attrapent, je suis un homme mort», se lamentait-il. En Ouganda, il redoutait de se retrouver sur le même trottoir avec ses poursuivants. Il cite des noms : Elie Lungumbu, agent de l’ANR proche de Zoé Kabila, et Marcel Mbangu, colonel de la police et deuxième conseiller à l’ambassade de la RD Congo à Kampala. «Marcel Mbangu est un spécialiste en rapt», disait-il.
Au fil des conversations, Jacques Mugabo fera allusion aux contacts qu’il continuait à entretenir avec «son chef» le major Christian Ngoy, le fameux commandant en cavale du très redouté bataillon Simba. Le jour de sa «disparition», Mugabo se proposait de quitter Kampala pour rejoindre Ngoy à un endroit tenu secret. A-t-il été exécuté pour avoir "trop bavardé » ? La dernière fois qu’il a été vu en vie, il prenait place à bord d’un véhicule de l’ambassade congolaise en Ouganda…C’est un précieux témoin à charge qui a disparu. Il est tombé dans un traquenard. Un traquenard tendu par qui ?
Il ne fait plus l’ombre d’un doute que l’ordre d’exécuter Floribert Chebeya Bahizire émanait d’une «autorité supérieure». En éliminant le chauffeur Fidèle Bazana, le «cerveau» de ce double assassinat escomptait commettre un «crime parfait». Un crime sans témoin ni traces. Erreur. Tous les yeux sont désormais braqués sur John Numbi Banza Tambo et "Joseph Kabila". Le premier sert manifestement de «coupe-feu» voire de «fusible» au second.
Inféodée au pouvoir politique, la justice congolaise n’inspire aucune confiance aux citoyens. Elle incapable de faire éclater la vérité sur les circonstances exactes de ce double homicide. Seules, les pressions internationales pourraient mettre fin au «cirque judiciaire» qui se déroule à la Cour militaire de Kinshasa-Gombe. La veuve Chebeya a vu juste en s’adressant à un dirigeant occidental.
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Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
Mega exclusivité: Déclaration de Etienne Tshisekedi, après la rencontre avec François Hollande
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