Re: Etienne Tshisekedi désigné "candidat unique" de l'opposi
Posté : 04 mars 2012, 09:13
http://www.lalibre.be/debats/opinions/a ... nders.html
Le cri d’alarme d’un prêtre congolais à Didier Reynders
Mis en ligne le 03/03/2012
Je suis prêtre congolais de l’Eglise catholique travaillant à Bruxelles qui a choisi la Belgique comme patrie. C’est avec des larmes aux yeux et avec une très grande tristesse que je viens vous adresser cette lettre pour vous exprimer les mécontentements de la plupart des Congolais résidant sur le territoire belge. Avec une attention particulière, nous suivons vos différentes déclarations soit au Parlement soit dans les médias, depuis que vous êtes ministre des Affaires étrangères, sur la situation qui prévaut actuellement en RD Congo. Vous êtes, avec tant d’autres, citoyens d’un pays de droit, d’une société démocratique, qui se réfère à chaque circonstance à la Constitution et aux lois belges pour résoudre tout problème qui se pose dans la société. Et vous particulièrement, cela figure dans le texte du serment que vous avez prêté devant Sa Majesté le Roi Monsieur le ministre, vous avez été le premier à reconnaître les irrégularités de votre mission d’observation quand vous avez regretté que la Cour suprême de justice congolaise n’ait pas examiné sereinement et profondément la requête introduite par Monsieur Vital Kamerhe. Aujourd’hui, vous soutenez la thèse invraisemblable que toutes les entorses faites à plusieurs étapes, et la falsification des résultats, et la disparition des fiches originales des résultats, n’ont pas changé l’ordre d’arrivée. Cet ordre d’arrivée dont vous parlez, c’est par rapport à quoi ? Est-ce par rapport à un vainqueur prédéfini par votre famille politique, le MR ? Si on s’en tient à la loi électorale, logiquement parlant, avant de parler de l’ordre d’arrivée, on devrait d’abord sanctionner pénalement tous ceux qui ont contribué à la falsification avérée des résultats. Monsieur le ministre, je pense que le vrai ordre d’arrivée, c’est le respect de la volonté du peuple congolais. Laurent Gbagbo a été délogé par la force, parce qu’il n’avait pas respecté la volonté des Ivoiriens, malgré sa prestation de serment. Kadhafi a été tué parce que, disait-on, il était dictateur et il ne respectait pas la volonté du peuple libyen. Comment expliquer que vous, qui prônez la démocratie et l’Etat de droit, vous ne puissiez pas écouter le peuple congolais, qui aspire aussi à la justice, à la démocratie, et au bien-être comme tous les peuples de la Terre. Comment expliquer que vous, qui prônez la transparence dans la gestion de la chose publique, la moralité dans la vie politique, la rectitude et l’honnêteté, vous puissiez encore soutenir des tricheurs et des fraudeurs ? Pensez-vous que le peuple congolais ne mérite pas aussi une certaine dignité et un certain respect dans son autodétermination et dans ses aspirations les plus profondes ? ( ) Quel intérêt la Belgique a-t-elle d’avoir un Congo faible et mal gouverné ? Croyez-vous qu’un Congo bien portant ne constituerait pas aussi une garantie pour les intérêts de la Belgique ? Je sais très bien que la situation de la RD Congo est une histoire de gros sous, avec des multinationales qui tirent les ficelles dans l’ombre. Cependant, en tant que prêtre, je viens faire appel à votre conscience. Je vous prie de voir l’intérêt du peuple congolais et non les intérêts d’une personne ou d’un groupe de personnes. De quel peuple congolais parlez-vous, Monsieur le ministre, à travers toutes vos déclarations ? S’agit-il vraiment de ce peuple qui manifeste à Washington, à Londres, à Tel-Aviv, à Séoul, à Paris, à Bruxelles, à Anvers, à Leuven, à Zaventem, à Rome, en Australie ou d’un autre peuple congolais imaginaire, que, vous seul et Joseph Kabila connaissez ? Le peuple congolais ne se retrouve pas dans ce peuple dont vous parlez. Au pays, il est bâillonné. Il a peur de manifester à cause de la sauvage répression qui s’ensuivrait, et vous le savez très bien. Ces Congolais qui manifestent aujourd’hui à travers le monde, croyez-vous qu’ils sont tous partisans de l’UDPS ou d’Etienne Tshisekedi ? Croyez-vous que ce sont des voyous ? Croyez-vous que ce sont des opportunistes ? C’est un peuple qui en a marre des tueries, des enlèvements, de l’impunité, etc. Comme disent les évêques congolais dans leur dernière déclaration sur les élections, "on ne dirige pas un pays par défi". Il est pratiquement impossible de "diriger un pays contre la volonté populaire ", dit la Mémoire de la Révolution française. En 2006, je vous avais adressé une correspondance à travers laquelle je me plaignais des différentes violations des droits de l’homme en RD Congo et vous me répondiez en ces termes : "Je tiens à vous assurer sur le fait, que lors de mes contacts officiels avec les représentants congolais, j’insiste systématiquement sur la préoccupation des autorités belges de voir se développer en République démocratique du Congo comme dans d’autres Etats de la région, un Etat de droit respectueux des droits de l’homme et des valeurs démocratiques. Soyez assuré que je poursuivrai dans cette voie". (Cf réponse du 06/07/2006, références CABFIN/DR/CG). Où en sommes-nous aujourd’hui, après 11 ans de pouvoir de Joseph Kabila ? Où en sommes-nous avec la démocratie ? Est-il normal qu’après 50 ans d’indépendance, les Congolais soient en retard de 50 ans en matière de développement ? Comment est-il possible que vous continuiez toujours à défendre avec force un tel régime ? Est-ce que ce que vous défendez aujourd’hui en RDC correspond réellement aux valeurs démocratiques auxquelles vous croyez ? Existe-il deux démocraties, une à l’africaine et une autre à l’européenne ? Comme homme politique, l’histoire que vous écrivez vous poursuivra toujours, en bien ou en mal. Et le jugement de cette histoire sera très sévère. Je me permets de vous dire qu’il n’est pas encore tard pour que vous puissiez vous mettre du côté du vrai peuple congolais et non du côté de ce peuple mythique dont vous parlez tout le temps dans les médias. C’est pourquoi, en tant que prêtre n’ayant aucune ambition politique, je viens lancer à votre intention ce cri d’alarme, afin que vous puissiez vous mettre du vrai côté de l’histoire. Mais j’espère surtout que ce cri d’alarme du pauvre prêtre congolais touchera votre conscience de ministre et serviteur des concitoyens, et par surcroît celle du père de famille que vous êtes.
Gilbert Yamba
Prêtre à Bruxelles
Le cri d’alarme d’un prêtre congolais à Didier Reynders
Mis en ligne le 03/03/2012
Je suis prêtre congolais de l’Eglise catholique travaillant à Bruxelles qui a choisi la Belgique comme patrie. C’est avec des larmes aux yeux et avec une très grande tristesse que je viens vous adresser cette lettre pour vous exprimer les mécontentements de la plupart des Congolais résidant sur le territoire belge. Avec une attention particulière, nous suivons vos différentes déclarations soit au Parlement soit dans les médias, depuis que vous êtes ministre des Affaires étrangères, sur la situation qui prévaut actuellement en RD Congo. Vous êtes, avec tant d’autres, citoyens d’un pays de droit, d’une société démocratique, qui se réfère à chaque circonstance à la Constitution et aux lois belges pour résoudre tout problème qui se pose dans la société. Et vous particulièrement, cela figure dans le texte du serment que vous avez prêté devant Sa Majesté le Roi Monsieur le ministre, vous avez été le premier à reconnaître les irrégularités de votre mission d’observation quand vous avez regretté que la Cour suprême de justice congolaise n’ait pas examiné sereinement et profondément la requête introduite par Monsieur Vital Kamerhe. Aujourd’hui, vous soutenez la thèse invraisemblable que toutes les entorses faites à plusieurs étapes, et la falsification des résultats, et la disparition des fiches originales des résultats, n’ont pas changé l’ordre d’arrivée. Cet ordre d’arrivée dont vous parlez, c’est par rapport à quoi ? Est-ce par rapport à un vainqueur prédéfini par votre famille politique, le MR ? Si on s’en tient à la loi électorale, logiquement parlant, avant de parler de l’ordre d’arrivée, on devrait d’abord sanctionner pénalement tous ceux qui ont contribué à la falsification avérée des résultats. Monsieur le ministre, je pense que le vrai ordre d’arrivée, c’est le respect de la volonté du peuple congolais. Laurent Gbagbo a été délogé par la force, parce qu’il n’avait pas respecté la volonté des Ivoiriens, malgré sa prestation de serment. Kadhafi a été tué parce que, disait-on, il était dictateur et il ne respectait pas la volonté du peuple libyen. Comment expliquer que vous, qui prônez la démocratie et l’Etat de droit, vous ne puissiez pas écouter le peuple congolais, qui aspire aussi à la justice, à la démocratie, et au bien-être comme tous les peuples de la Terre. Comment expliquer que vous, qui prônez la transparence dans la gestion de la chose publique, la moralité dans la vie politique, la rectitude et l’honnêteté, vous puissiez encore soutenir des tricheurs et des fraudeurs ? Pensez-vous que le peuple congolais ne mérite pas aussi une certaine dignité et un certain respect dans son autodétermination et dans ses aspirations les plus profondes ? ( ) Quel intérêt la Belgique a-t-elle d’avoir un Congo faible et mal gouverné ? Croyez-vous qu’un Congo bien portant ne constituerait pas aussi une garantie pour les intérêts de la Belgique ? Je sais très bien que la situation de la RD Congo est une histoire de gros sous, avec des multinationales qui tirent les ficelles dans l’ombre. Cependant, en tant que prêtre, je viens faire appel à votre conscience. Je vous prie de voir l’intérêt du peuple congolais et non les intérêts d’une personne ou d’un groupe de personnes. De quel peuple congolais parlez-vous, Monsieur le ministre, à travers toutes vos déclarations ? S’agit-il vraiment de ce peuple qui manifeste à Washington, à Londres, à Tel-Aviv, à Séoul, à Paris, à Bruxelles, à Anvers, à Leuven, à Zaventem, à Rome, en Australie ou d’un autre peuple congolais imaginaire, que, vous seul et Joseph Kabila connaissez ? Le peuple congolais ne se retrouve pas dans ce peuple dont vous parlez. Au pays, il est bâillonné. Il a peur de manifester à cause de la sauvage répression qui s’ensuivrait, et vous le savez très bien. Ces Congolais qui manifestent aujourd’hui à travers le monde, croyez-vous qu’ils sont tous partisans de l’UDPS ou d’Etienne Tshisekedi ? Croyez-vous que ce sont des voyous ? Croyez-vous que ce sont des opportunistes ? C’est un peuple qui en a marre des tueries, des enlèvements, de l’impunité, etc. Comme disent les évêques congolais dans leur dernière déclaration sur les élections, "on ne dirige pas un pays par défi". Il est pratiquement impossible de "diriger un pays contre la volonté populaire ", dit la Mémoire de la Révolution française. En 2006, je vous avais adressé une correspondance à travers laquelle je me plaignais des différentes violations des droits de l’homme en RD Congo et vous me répondiez en ces termes : "Je tiens à vous assurer sur le fait, que lors de mes contacts officiels avec les représentants congolais, j’insiste systématiquement sur la préoccupation des autorités belges de voir se développer en République démocratique du Congo comme dans d’autres Etats de la région, un Etat de droit respectueux des droits de l’homme et des valeurs démocratiques. Soyez assuré que je poursuivrai dans cette voie". (Cf réponse du 06/07/2006, références CABFIN/DR/CG). Où en sommes-nous aujourd’hui, après 11 ans de pouvoir de Joseph Kabila ? Où en sommes-nous avec la démocratie ? Est-il normal qu’après 50 ans d’indépendance, les Congolais soient en retard de 50 ans en matière de développement ? Comment est-il possible que vous continuiez toujours à défendre avec force un tel régime ? Est-ce que ce que vous défendez aujourd’hui en RDC correspond réellement aux valeurs démocratiques auxquelles vous croyez ? Existe-il deux démocraties, une à l’africaine et une autre à l’européenne ? Comme homme politique, l’histoire que vous écrivez vous poursuivra toujours, en bien ou en mal. Et le jugement de cette histoire sera très sévère. Je me permets de vous dire qu’il n’est pas encore tard pour que vous puissiez vous mettre du côté du vrai peuple congolais et non du côté de ce peuple mythique dont vous parlez tout le temps dans les médias. C’est pourquoi, en tant que prêtre n’ayant aucune ambition politique, je viens lancer à votre intention ce cri d’alarme, afin que vous puissiez vous mettre du vrai côté de l’histoire. Mais j’espère surtout que ce cri d’alarme du pauvre prêtre congolais touchera votre conscience de ministre et serviteur des concitoyens, et par surcroît celle du père de famille que vous êtes.
Gilbert Yamba
Prêtre à Bruxelles