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Le retour à l'autel de l'artisan du 16 février
MERCREDI, 11 JANVIER 2012 11:39
L'abbé José Mpundu s'est complètement transfiguré. Il a rasé son abondante barbe de révolutionnaire, s'est débarrassé de sa chevelure hirsute et porte désormais un costume-cravate à la place de ses habituelles blouses à l'africaine. Mais ses convictions progressistes n'ont en rien été altérées. «Il ne faut pas identifier l'homme par les apparences. La révolution n'est pas synonyme de la barbe.
La révolution vient du fond du coeur», a rassuré l'abbé José Mpundu que la rédaction de «CONGONEWS» a rencontré, il y a 48 heures, au Centre de santé mentale Telema, à Debonhomme, Matete. Malgré ces assurances, ce new look ne manquera pas d'alimenter des commentaires. Des commentaires étaient déjà formulés dans tous les sens sur la récente nomination de José Mpundu comme curé de la paroisse Saint Alphonse, dans la commune de Matete.
Des fidèles se demandaient si l'avènement -de cet abbé gagné à la théologie de la libération n'allait pas transformer la cure de Matete en une rampe de mobilisation pro-démocratie. La paroisse elle-même s'y prête. Elle a la tradition de bouillonner très vite chaque fois qu'il est question d'une demande démocratique collective, outre que la commune qui l'héberge oscille à l'intersection de la zone rouge de la Tshangu et des eaux tranquilles de la Funa. Quant à l'homme Mpundu, son profil, ses combats passés et ses rêves connus disent tout de lui. Du haut de son mètre 65, ce prêtre de 57 ans, ordonné il y a 33 ans, soit le 9 juillet 1978, n'a pas développé le moindre embonpoint. Il est resté sec comme un goyavier, résultat d'une vie d'ascète que Mpundu observe depuis des années. Voilà qui a compris que pour s'élever en esprit, l'homme doit tuer un peu ou tout de sa chair.
C'est le chemin de la grandeur des hommes comme Mahamat Gandhi, avocat de profession devenu le libérateur du peuple indien. Le chemin de Mpundu, lui, commence par une vocation au sacerdoce qu'il s'est découvert très jeune à côté de son oncle, l'abbé Basile Mpundu. «J'étais emporté chaque fois que mon oncle et son ami, le père Laurent Mpongo venaient à la maison en soutane blanche», se remémore Mpundu. Au delà de la vocation, il sommeille chez Mpundu un altruisme prêt au sacrifice suprême qui trouve un cadre propice à . son, expression avec la démocratisation entamée en avril 1990. A l'époque, Kinshasa vit un activisme remarquable dans les milieux des abbés. José Mpundu en est l'un des artisans avec d'autres' comme le très respectable abbé François Luyeye.
Leur combat se matérialisera avec la création du Groupe Amos, engagé dans la moralisation de la société. Rien ne se fera du côté des forces de changement opposées au Maréchal Mobutu sans que les Amossiens n'y apportent leur concours, sinon qu'ils se mettent au départ de l'initiative.
Poursuivre le 16 février
Ils auront été le ferment qui a contribué à la grade révolte du 16 février 1992. Ce jour-là des dizaines de milliers de manifestants sont partis de toutes les paroisses catholiques de la ville avec des prêtres à leur tête. Point de chute : la paroisse Saint Joseph de Matonge, dans la commune de Kalamu. Les représailles furent implacables et les morts innombrables, Certaines sources parlèrent même des centaines de personnes tuées par balles. Les archives renseignent que tous ces gens sont descendus dans la rue à l'appel du «Comité laïc», une organisation informelle sans lien direct avec les partis politiques. Les mêmes archives mettent e nom de José Npundu à l'avant- garde des organisateurs. Mpundu se souvient encore de cette date fatidique. «Le peuple s'est réveillé et a bravé la peur. Nous avons vu que la vraie peur était du côté de ceux qui tenaient à se maintenir au pouvoir coûte que coûte», dit l'abbé activiste de la journée du 16 février 1992. Le sang a coulé le 16 février mais la lutte n'a pas abouti. Mpundu est déterminé à la poursuivre à l'image des évêques et prêtes latino-américains qui ont donné leur vie pour leurs peuples. Celui qui l'inspire le plus est l'évêque Oscar Romero, assassiné par des hommes qui ont fait irruption en pleine célébration eucharistique. «Si Dieu me fait grâce de donner ma vie pour les autres, je ne dirai pas non», confesse le nouveau curé de Saint Alphonse. Cette confession se transforme à un appel à mobilisation généralisation de dernier ouvrage de l'abbé intitulé «Si un nouveau Congo était possible». Il y étale l'objectif pour lequel il combat depuis des années, voir le peuple se mettre debout un jour et dire non à la servitude. La servitude aussi bien interne qu'externe. «J'ai été flatté de voir un Egyptien dire au président Barack Obama que nous l'avons fait de nous- mêmes et non pas parte que vous l'avez voulu ou vous nous l'avez demandé», se félicite l'abbé José Mpundu à qui ça ne ferait pas mal si jamais la révolution de Jasmin, partie de la Tunisie avec le départ en exil de Bel AH pour faire chuter le régime du Pharaon Hosni Mubarak, se pro5age à toute l'Afrique encore sous le joug des dictatures. Pour ce 16 février 2011, Mpundu dira une grande messe, le même jour, à 18 heures, dans sa propre paroisse.
A la tête de la révolte
Son homélie est très attendue et beaucoup d'opposants ainsi que des personnalités de la société civile s'y sont donnés rendez-vous comme à chaque commémoration de la marche des chrétiens. Elle donnera inévitablement l'armoce du combat à venir. Mpundu a passé de longues années de relégation sous Frédéric Etsou pour arriver à la cure de Saint Alphonse. Il l'avait presque 'cherché quand il avait pris lui-même la tête de la fronde de ses paroissiens. Ces derniers n'étaient plus alimentés en eau potable alors que la Régideso poursuivait la facturation. Ils décideront d'aller rendre les factures. Impliqué lui-même, Mpundu a collecté les factures pour les rendre lui-même à la Régideso à la place de ses paroissiens.
Il en écopera une grave sanction de la part de sa hiérarchie : une relégation au Petit séminaire Jean-Marie Vianey. Rien ne viendra arranger le sort de Mpundu qui se permet de critiquer le cardinal Etsou en face, lui crachant qu'il .est le plus grand commun diviseur de l'Eglise. Ceux qui disent Papa pour désigner Etsou jouissent des privilèges et les autres qui l'appellent cardinal n'ont presque droit à rien. Ces années d'isolement, Mpundu ne les a pas vécus à se tourner les pouces. Ils les a consacrés à l'assistance des malades mentaux au centre Telema où il assume des hautes responsabilités. Si le cardinal Malula était là, il en aurait été fier que ce jeune abbé envoyé en Europe pour des études de théologie soit retourné au pays avec le titre de psychologue clinicien. Mpundu avait changé d'option de son propre gré, jugeant que assez les études de théologie et de pholosophie qu'il avait accomplies à l'Université de Kinshasa et au Grand séminaire Jean XXIII.
(In CONGONEWS n°358 du mercredi 16 février 2011).
H.M. MUKEBAYI NKOSO