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Tshisekedi a expliqué les grandes lignes de son programme de gouvernement
10 juillet, 2011
011« Les autres pays ont avancé pendant ces dernières 50 années alors que le Congo a régressé », dixit Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Et de poursuivre : « Une fois au pouvoir, nous devons rattraper ce retard en 10 ans », a-t-il martelé devant un millier de ses partisans enthousiastes réunis samedi 9 juillet dans l’auditoire Emile Janson de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il s’agissait d’une rencontre organisée par la fédération locale de l’UDPS et l’asbl Dynamique Tshisekedi for president (DTP) au terme du périple euro-américain de leur leader. Tshisekedi qui est apparu en pleine forme, a parlé sans note, d’abord dans son introduction liminaire et ensuite dans le jeu des questions-réponses avec l’assistance. L’explication des grands axes de son programme a constitué, sans nul doute, le point saillant de son introduction liminaire. Le candidat à la présidence de la République a rappelé le point cardinal de son action qui se focalisera sur la moralisation de la société congolaise. « Mettre l’accent sur l’intérêt général, cultiver l’amour de la patrie » constitueront l’épicentre de cette action, a-t-il dit. Les dirigeants doivent savoir que « toute responsabilité c’est pour servir le peuple congolais », a-t-il souligné. L’objectif est de doter le Congo d’un Etat de droit, a-t-il insisté. Ensuite, l’orateur a évoqué le problème de la « sécurité nationale » avec la constitution « d’une vraie armée républicaine et une vraie police ». Il a évoqué aussi les infrastructures de base : route, chemin de fer. Bref, pour un pays aussi immense, il faut s’appesantir sur l’infrastructure de communication. La santé et l’accès à l’eau et à l’électricité sont des domaines ciblés dans ce programme. Il a ajouté qu’un accent particulier sera mis sur la revalorisation de l’agriculture, « richesse incommensurable », selon lui, au lieu de miser uniquement sur le minerai. L’opposant historique a affirmé sa joie de constater que « le Congolais a atteint la maturité et peut se prendre en charge ». Le temps où l’occident venait imposer quelqu’un à la tête du pays est révolu. « 30 ans de lutte paient », s’est-il exclamé ! Son apaisement semble puiser ses racines dans les résultats positifs de son périple euro-américain. Il est convaincu que la communauté internationale ne viendra pas troubler les élections congolaises. A la diaspora, le candidat leur a demandé de mettre les moyens conséquents pour gagner l’élection. Quoique exclu de vote, la diaspora qui soutient financièrement des membres de famille et/ou des connaissances électeurs, devrait les orienter à voter le candidat du changement, a conseillé Tshisekedi. Un débat riche s’est enclenché où toutes les questions d’actualité ont été abordées. La première interrogation a été celle de s’en querir de l’état de santé du « candidat d’espoir du peuple congolais ». Du haut de ses 78 ans, il a répondu qu’il se portait « comme un charme », pour le reste Dieu pourvoiera. Comment gérer la contestation après le scrutin ? Quid de la candidature commune de l’opposition ? La création d’une monnaie unique dans le cadre de la SADEC ? Le passage à 26 provinces ? Contrat chinois ? L’UDPS prône-t-elle toujours la non violence ? Dans ses réponses, l’opposant est resté ferme, vigoureux avec un leitmotiv qui s’est dégagé : « dans tous les cas de figure, Kabila doit partir ». Pour le sphinx de Limete, le Congo devrait d’abord avoir une économie saine et une monnaie solide avant d’entreprendre la création de la monnaie unique dans le cadre de la SADEC. Fédéraliste, l’homme demeure attaché à la Constitution de Luluabourg de 1964 qui prônait la création de 24 états. Ceci « faciliterait une administration de proximité », a-t-il ponctué. Il n’a pas exclu des conciliabules avec ses pairs dès son retour au pays pour harmoniser la présentation d’une candidature commune de l’opposition. Il a qualifié le contrat chinois de léonin car conclu dans une parfaite opacité et a appelé de tous ses vœux sa révision. Un intervenant Aubin Kikonka, combattant de Bana Congo, a fustigé l’assemblée pour soutenir Etienne Tshisekedi, figure de proue, sinon « on va perdre notre pays ». Pour le combattant, le 6 décembre prochain : « Kabila dégage », slogan repris en chœur par l’assistance.
005Auparavant, plusieurs intervenants se sont succédé à la tribune. D’abord, c’était l’artiste musicien Boketshu 1ier (photo) qui a chanté en play back une chanson d’éveil patriotique. Le chanteur a invité les Congolais a intronisé Etienne Tsisekedi comme président de la République le 06 décembre prochain. Ensuite Stanislas Kalombo de l’Aprodec a, quant à lui, briefé l’assistance sur les observations des chiffres issus des élections présidentielles de 2006 et ceux attendus de 2011. Il a conclu que le maintien de la candidature de Kamerhe nuirait plus à Kabila qu’à Tshisekedi. In fine, la sommation des déçus de Kabila, des abstentionnistes de 2006 et des personnes qui ont voté Bemba seraient un réservoir qui assurerait l’élection de Tshisekedi.
Paul Nsapu, secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), a annoncé le renforcement de la présence des défenseurs des droits de l’homme en RDC en qualité des témoins pendant toutes les opérations de vote. Il a signalé par la même occasion la surveillance dont fait l’objet le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, Kyungu wa Kumwanza, de la part des organisations des droits humains pour des propos « xénophobes, haineux et séparateurs » tenus par l’allié de Kabila lors de sa campagne d’enrôlement dans des localités à l’intérieur du Katanga. Il a affirmé que le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale ont été saisis à cet effet.
Placide de Jésus de Mopadico (Mouvement chrétien pour la paix et la défense d’intérêts congolais, basé en Hollande) et François Londa de la société civile ont tour à tour invité les Congolais à soutenir Tshisekedi le qualifiant au passage de « père de la démocratie ».
Pierre Mbuyi, représentant de l’UDPS/Benelux, véritable tribun, a puisé des slogans dans le registre populaire ngala pour communier avec l’auditoire. Il a démontré que Tshisekedi est populaire avec l’accueil lui réservé par les Kinois le 8 décembre dernier suivi d’un meeting réussi. Puisque le processus doit être en phase avec la réalité, le représentant a déclaré Tshisekedi candidat du peuple, mieux « Tshisekedi est un patrimoine national ». Il est donc la propriété du peuple congolais. Mais pour gagner, il faut tenir compte du paramètre international, a-t-il admis. Dans la foulé, il a reconnu qu’on a souvent reproché à l’UDPS son manque de vision diplomatique. Il a fallu que le chef du parti comble cette lacune, ce que Tshisekedi vient de franchir avec brio, a enchainé « Pierre ». Maintenant que le décor est planté, il a conclu son speech par : « soyons prêt pour en découdre ».
003Enfin Dr Tharcisse Loseke (photo, 1e plan) a planché sur la bipolarisation de la vie politique en RDC. D’un côté le pouvoir avec le président sortant et de l’autre le candidat de l’opposition ; entre les deux rien. (Lire l’intégralité du texte dans la rubrique « Actualité »).
Bien que la victoire soit à notre portée, a dit le neurologue, il faille relever plusieurs défis. Malgré la gestion opaque du processus électoral par le pouvoir pour un passage en force, faisons de l’empêchement de fraude des fichiers électoraux une question « de vie ou de mort », a-t-il lancé. Il veut livrer la bataille pour l’accès au média public à l’opposition et sécuriser les candidats pendant la campagne. Il est revenu sur le candidat du peuple qu’il a qualifié de « symbole de la nation ». « Votre famille, c’est la nation congolaise », a-t-il ajouté. Avant de cèder la parole à l’orateur principal, Loseke a dit que « l’heure de la victoire a sonné ». Et l’auditoire a repris en chœur avec lui le slogan de campagne de Barack Obama : « Yes we can ». Enfin le secrétaire national de l’Ecidé a ajouté : « avec Tshitshi la victoire est certaine ».
Un appel émouvant a été lancé à l’assistance par une dame pour la sensibiliser au problème des femmes violées dans les provinces orientales du pays. Une marche Paris-Bruxelles est organisée à ce sujet. L’oratrice a invité les personnes de bonne volonté à se joindre à cette marche.
Ali Kalonga