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Joseph Kabila tend la main à l'opposition
« Au service de la patrie, il n'y a point de camp politique. Seuls comptent la compétence, le patriotisme et la bonne volonté », a déclaré le chef de l'Etat au seuil de son quinquennat.
Réélu pour un second quinquennat, Joseph Kabila a prêté serment hier mardi 20 décembre. La cérémonie a eu lieu à la Cité de l'union africaine dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Pour ce deuxième et dernier mandat, le chef de l'Etat congolais a exprimé sa disponibilité de travailler avec tous les Congolais, sans distinction de couleur politique. Joseph Kabila tend désormais la main à l'Opposition politique qui, on l'espère, saisira la balle au bond.
Joseph Kabila place son deuxième quinquennat sous le signe de l'émergence de la RD Congo. Pour relever ce défi, il compte sur l'apport de tous ses concitoyens. Dans son discours d'investiture hier mardi, le Président réélu de la RD Congo a promis de travailler avec tous ses concitoyens. Mais à deux conditions. Seuls devront accompagner Joseph Kabila dans la réalisation de son projet de société, les Congolais ayant la passion du pays et qui veulent réellement œuvrer à sa modernisation. « Au service de la patrie, il n'y a point de camp politique », a déclaré Joseph Kabila, sous les applaudissements abasourdissants d'une foule en délire.
Par ailleurs, le vainqueur de la présidentielle congolaise du 28 novembre dernier, a dévoilé les principaux axes de son quinquennat. Les grandes lignes de ces actions se recoupent en la poursuite de la modernisation de la RD Congo. Objectif : élever le pays au rang des pays émergents. Un défi à la fois ambitieux et réaliste que Joseph Kabila compte relever avec l'apport de tous les Congolais. « La haute charge que, pour la seconde fois, vous venez de me confier, fait de moi le Président de tous les congolais. Je saisis l'opportunité que m'offre cette tribune pour, à ce sujet, rassurer solennellement tous ceux qu'au cours de la campagne électorale, je n'ai pas su convaincre de m'accorder leurs suffrages. Je les invite à croire en ma détermination à être réellement le garant de la nation congolaise dans toute sa diversité ; à l'écoute et au service de toutes les Congolaises et de tous les congolais. Sans distinction de race, d'origine, d'obédience politique ou de confession religieuse », a encore dit Joseph Kabila dans son discours d'investiture.
Le chef de l'Etat congolais le prouve si bien dans son message d'hier, pour le moins dénué de tout sentiment de triomphalisme. Qui plus est, dans aucune ligne de son discours, Joseph Kabila n'a fait allusion ni à sa famille politique ni à la plate-forme politique (la Majorité présidentielle) acquise à sa cause. Il n'en sera pas autrement quand on sait que Joseph Kabila s'est présenté à la présidentielle du 28 novembre dernier sous la casquette de candidat indépendant.
LA REVOLUTION DE LA MODERNITE, NOUVEAU CREDO DU RAIS
Pendant son premier quinquennat achevé le 6 décembre 2011, Joseph Kabila s'est illustré à travers plusieurs descentes dans l'arrière-pays. Ces voyages ont eu le mérite de permettre au Chef de l'Etat non seulement de communier avec la masse laborieuse mais aussi et surtout, d'identifier les vrais problèmes liés à la vie sociale des différentes communautés de base. A l'issue de cette itinérance, Joseph Kabila s'est rendu à l'évidence des mérites que lui reconnaissent à l'unanimité, les différentes entités visitées.
Parmi ces acquis, figurent le rétablissement de la paix aussi bien à l'intérieur du pays qu'avec les Etats voisins, la réunification du territoire national, la réhabilitation de la puissance publique ou Etat, l'instauration de la démocratie et l'Etat de droit. La stabilité du cadre macroéconomique, l'annulation d'une part importante de la dette extérieure, la relance de la croissance, l'amorce de la reconstruction du pays et la fin de son isolement diplomatique viennent allonger la liste du bilan des cinq premières années du pouvoir de Joseph Kabila, comme Premier président élu de la 3ème République congolaise. « Ces acquis seront préservés et consolidés », a rassuré Joseph Kabila, Chef de l'Etat réélu à sa propre succession.
Ces avancées positives ne sont pas cependant sans revers négatif. Et le Chef de l'Etat en a été conscient. Il s'agit, entre autres, de l'absence de retombées à impact visible de ces acquis sur le chômage, les revenus de ménages, la satisfaction des besoins sociaux de base, la salubrité des villes. Ces faiblesses se résument en la dégradation du vécu quotidien du Congolais. Bref, le social. Voilà qui constitue l'essentiel de la requête des populations congolaises visitées au cours du dernier quinquennat de Joseph Kabila. Modestement, le Président congolais a reconnu hier, la pertinence des préoccupations de ses différents hôtes. « Ce message a été reçu cinq sur cinq », a rassuré Joseph Kabila.
Ainsi, pour répondre aux desiderata des populations congolaises en général, l'ex-candidat n°3 à la présidentielle congolaise de 2011, a désormais un nouveau credo : « la Révolution de la modernité ». Il s'agit là, d'un projet de société que Joseph Kabila entend réaliser avec les congolais ayant les compétences nécessaires. « Véritable pacte pour l'avenir de notre pays, ce projet, qu'en m'accordant vos suffrages vous avez adopté, vise à faire de la République démocratique du Congo, un pool d'intelligence et de savoir-faire, un vivier de la nouvelle citoyenneté et de la classe moyenne, un grenier agricole, une terre de paix et de mieux-être, une puissance régionale au cœur de l'Afrique. L'objectif ultime étant l'émergence de notre pays », a précisé le Chef de l'Etat congolais.
UNE COMPETITIVITE TOUS AZIMUTS
Le défi du second quinquennat de Joseph Kabila est énorme. Le relever n'est pas, cependant, chose impossible. La réalisation du projet de société de Joseph Kabila axé sur le social exige une compétitivité dans tous les domaines de la vie nationale. L'auteur de ce projet de société a une conviction. L'application de ce Cahier des charges, selon son initiateur, « suppose qu'en plus d'une gestion rigoureuse des finances publiques et d'une politique monétaire prudente, nous allons poursuivre l'amélioration du climat des affaires pour mieux attirer les investisseurs. »
Par ailleurs, Joseph Kabila n'entend pas enterrer le vaste programme de reconstruction du pays, présenté comme les « Cinq chantiers de la République » initié en 2006. A ce propos, le Raïs s'engage à « poursuivre et accélérer la reconstruction du pays à travers les Cinq chantiers, avec comme priorité reconfirmée, la construction des infrastructures de communication ». Plus qu'un impératif, ce contrat est motivé par l'étendue sous-continentale et la géographie (fragmentée) du pays. Voilà qui impose la continuité de l'intensification et l'amélioration de la qualité des voies de communication. En ce compris les voies de desserte agricole. Objectif : faciliter la circulation des hommes et des biens.
Ce n'est pas tout. Les villages seront regroupés de manière à favoriser leur modernisation et une meilleure fourniture des services de base. Corrélativement à l'essor des infrastructures, l'Exécutif à venir se montrera soucieux de la vie sociale du citoyen congolais. « Avec le concours du conseil Economique et social qui sera bientôt installé, l'accent sera ainsi mis sur la création d'emplois, une politique du logement plus volontariste, l'amélioration de la couverture sanitaire de notre pays en multipliant les hôpitaux généraux de référence et de les centres de santé locaux, la poursuite sans relâche de la lutte contre le VIH/SIDA, une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires et l'amélioration sensible de la desserte en électricité et en eau potable, tant dans les milieux ruraux qu'urbains », a promis Joseph Kabila.
UN CEREMONIAL EN POLYCHROMIE
Déjà à 8 heures, la vaste cours de la cité de l'Union africaine refusait du monde. Les tenues des différentes unités des forces armées de la RD Congo (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC) offraient aux invités une mosaïque de couleurs beau à voir. Sous les deux grandes tribunes couvertes de larges tissus aux couleurs nationales, étaient installés les hôtes de marque et autres personnalités politiques dont les animateurs des institutions du pays.
Il est 10h52’ à Kinshasa, lorsque joseph Kabila arrive au lieu de la manifestation. Le ciel est plutôt variant. Des parasols imprimés avec l'effigie du Raïs sont distribués à l'assistance pour prévenir à toute éventualité. A 11 heures, un petit défilé de quelques 4 minutes des unités des Fardc et de la Pnc annonce les couleurs de la suite d'un événement riche en couleurs. A 11 h04, le protocole annonce le programme du cérémonial. D'abord par la présentation des invités de marque dont le Chef de l'Etat zimbabwéen, Robert Mugabe. Trois temps sont au menu de la cérémonie : l'audience solennelle de la Cour suprême de justice, la prestation de serment et la remise des symboles du pouvoir traditionnel au chef de l'Etat élu. Mais le tout précédé par des prières interreligieuses, récitées par les différents chefs des confessions religieuses invitées.
11h33'. Le bureau de la Cour fait son entrée et occupe la tribune placée juste à gauche de la petite tribune de réservée aux preneurs d'images et de son. Un seul point est inscrit à l'extrait de rôle de la Cour suprême de justice, à savoir l'investiture à la Magistrature suprême. Le rituel commence par les réquisitions du Procureur général de la république. Vint ensuite la prestation de serment proprement dite. C'est à l'issue du serment que le Président de la CSJ, Kitoko Kimpele a pris acte du serment du Président de la République avant de l'investir. La dernière étape a été la remise des symboles du pouvoir traditionnel, ponctuée par vingt et un coups de canon.