J'ai lu cette interview et j'ai pensé la partager avec vous, tellement ce qui est dit est vrai et s'appliquerait à notre equipe. c'est peut etre pas l'endroit indiqué mais je ne vlais pas me compliquer la vie.
http://www.lemonde.fr/sport/article/201 ... L-32280515
Mondial 2014 : "Les Bleus sont touchés dans leur orgueil"
Le Monde.fr | 19.11.2013 à 09h51 • Mis à jour le 19.11.2013 à 09h53 | Propos recueillis par Anthony Hernandez
Battue 2-0, vendredi 15 novembre en Ukraine, en barrages aller de la Coupe du monde 2014, l'équipe de France se trouve mardi 19 novembre dos au mur lors du match retour prévu au Stade de France. Après les échecs du Mondial 2002 et 2010 et de l'Euro 2008, une nouvelle désillusion ne ferait qu'illustrer, selon Jean-Cyrille Lecoq, psychologue du sport, "la faiblesse du football français en matière de préparation mentale".
Jean-Cyrille Lecoq a travaillé pendant sept ans auprès de la Fédération française de football (FFF) entre 1996 et 2003, où il s'est notamment occupé de l'équipe féminine et de la génération 1987, celle des Nasri, Benzema et Ben Arfa.
Selon vous, qu'ont de si particulier, ces matchs de barrage ?
Jean-Cyrille Lecoq : Avant tout, ces barrages sont d'autant plus délicats à disputer dans la zone Europe, où la densité du niveau est importante. La difficulté vient plutôt à mon sens des conditions de rassemblement des sélections, s'insérant entre les championnats, qui sont clairement la priorité. Du coup, il est délicat d'avoir une équipe stable, car il faut compter sur les blessés et les joueurs en méforme.
Les observateurs annonçaient la France grande favorite face à l'Ukraine. Ce climat exagéré de confiance a-t-il eu un impact sur les Bleus ?
Incontestablement, je pense qu'il y a eu un excès de confiance devant un tirage annoncé facile. L'utilisation abusive des statistiques l'illustre bien : la victoire était prétendument évidente parce que nous l'avions emporté à deux reprises face aux Ukrainiens. Mais le football évolue, les stratégies aussi.
Que pensez-vous du rôle de la presse et du déferlement médiatique qui s'abat sur les Bleus depuis l'ère Domenech [2004-2010] ?
Par rapport à la presse, je relève deux paradoxes. Le premier est ce retour sans cesse à l'épisode de Knysna lors du Mondial 2010. Mais, selon moi, ce que l'on vit actuellement autour de l'équipe de France est la conséquence directe du Mondial 2002. Les Bleus arrivent en Corée du Sud et au Japon en tant que détenteurs du trophée et ils sont éliminés au premier tour, de façon médiocre. A ce moment-là, il y a clairement eu un laisser-aller de la part de la Fédération dans la gestion des joueurs. On a considéré que l'on était les meilleurs. Le parcours surprise de 2006, où la France atteint la finale, a contribué à ne pas prendre conscience des vrais problèmes. Ensuite, je trouve également révélateur que l'on ait autant célébré cette semaine l'anniversaire de l'élimination face à la Bulgarie en 1994. Plutôt que de se focaliser sur le positif, on célèbre un événement dramatique.
Que pensez-vous des rapports entre les joueurs et la presse ?
Les journalistes mettent toujours en exergue le fait qu'untel ait mal répondu ou qu'un autre se soit mal comporté. On axe sur le côté négatif. L'analyse des commentateurs sportifs, toujours les mêmes, de Pierre Ménès à Jean-Michel Larqué, manque d'objectivité.
Pour revenir au fiasco des éliminatoires au Mondial 1994, Didier Deschamps a fait partie de cette campagne malheureuse. Cela a-t-il joué ?
Non, quand on regarde son parcours, il ne fait aucun doute qu'il a rendu positive cette déception. Il a réussi le doublé Coupe du monde-Euro ensuite. Eu égard à son parcours en tant que joueur, capitaine et entraîneur, je suis certain qu'il est capable de trouver les mots pour transcender les joueurs.
Que peut-on lui reprocher dans son travail de sélectionneur ?
D'abord, il faut souligner qu'à de rares exceptions près aucun des Bleus ne figure plus en tant que joueur cadre dans de grandes équipes européennes. On retrouve pas mal de joueurs dans des seconds ou troisièmes couteaux comme Tottenham ou Newcastle. Sur ce, un paramètre essentiel, celui du sang-froid devant une difficulté, n'est pas pris en compte dans le travail de sélection. Comme en 2006, lorsque Zidane pète un plomb en assénant un coup de tête à Marco Materazzi en finale du Mondial, l'expulsion du défenseur Laurent Koscielny relève de la faute professionnelle. C'est une erreur de sélection que d'aligner un joueur coutumier du fait lors d'un tel match couperet. J'ai senti vendredi des joueurs excédés comme s'ils découvraient la possibilité d'un match rugueux face à l'engagement des adversaires. Pour entrer dans des troupes d'élite comme le RAID, on fait passer des évaluations psychologiques et on ne prendrait jamais quelqu'un susceptible de perdre son sang-froid.
Pour vous, la dimension mentale n'est donc pas assez prise en compte chez les Bleus ?
Il n'y a pas de passation de test psychologique, de regard extérieur avec du recul. Laurent Blanc avait mis en place un système de profiling à son arrivée mais de façon timide. A ma connaissance, il n'a rien été mis en place de semblable autour de Didier Deschamps. En France, le psychologue du sport est associé exclusivement à la maladie, jamais à l'aide à la performance.
La France a-t-elle un problème général à ce niveau ?
Oui, on est en retard, alors que l'on a les structures pour. Il faudrait utiliser les préparateurs mentaux pour le travail de terrain, de concentration, de relaxation et d'imagerie mentale. Cela n'a jamais été fait ou très peu. Les joueurs ne l'apprennent pas dans les clubs français ou en sélection, ils le découvrent parfois lors de leur passage dans des clubs européens. Didier Deschamps se retrouve donc dans la même situation que Laurent Blanc face aux problèmes humains, c'est-à-dire démuni. Le travail de base n'est pas réalisé et un sélectionneur ne peut tout amener tout seul en cette matière. La dimension de la préparation mentale est sous-estimée en France où l'on considère que l'expérience des vainqueurs de 1998 suffit. Or elle devrait, entre autres, s'ajouter à ce travail psychologique.
Vous avez connu certains joueurs importants de cette équipe, notamment Samir Nasri et Karim Benzema. Que pensez-vous d'eux ?
J'ai fait passer des tests d'évaluation psychologique à la génération 1987 dans le cadre du suivi dopage. Alors qu'on les présente systématiquement comme des sales gosses, il ressort de mes tests que nous avons affaire à de vrais compétiteurs. Encore faut-il les mettre en condition. Ils ont besoin de se sentir soutenus. Ils ont quand même gagné un titre [ils sont champions d'Europe des moins de 17 ans en 2004]. Ils ne l'ont pas volé.
Pour revenir à l'actualité, comment envisagez-vous le match retour ?
Les vingt premières minutes seront, bien entendu, déterminantes. Ils vont avoir une réaction car ils ont été touchés dans leur orgueil. On s'aperçoit que les Bleus ont besoin de cela pour avoir une prise de conscience. Contrairement aux jugements lapidaires de certains, les joueurs ne se foutent pas du Mondial, il leur manque simplement l'alchimie et le plaisir d'être ensemble. Cela n'a pas été assez travaillé. On apprend ces derniers jours que le président de la FFF est allé rendre visite aux joueurs dans leur chambre, fort bien, mais pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant ?
Quels sont les ressorts pour rebondir et tenter de réaliser l'exploit ?
En regardant la conférence de presse de Didier Deschamps, on voit bien qu'il est sonné et qu'il ne s'attendait pas à un tel match. A partir de là, les entretiens individuels et le vase clos autour des Bleus font penser à l'image de Fort Alamo. Nul doute qu'ils vont se battre, est-ce que cela suffira face à un adversaire qui va gérer son avantage, défendre et multiplier les fautes loin des buts ? En tout cas, même en cas de qualification, il ne faut pas oublier l'existence d'un mal plus profond.
Quel est ce mal profond ?
Les grandes périodes de l'équipe de France ont toujours coïncidé avec la présence d'un homme providentiel, Michel Platini dans les années 1980 et Zinédine Zidane plus récemment. Sans un tel joueur, on ne sait pas gérer. C'est un problème de formation et de sélection chez les jeunes. Nous sommes un pays du coup sportif, capable d'un rebond au pied du mur, mais certainement pas un pays sportif