Portrait de "Dieu" dans "Planète-asm"...
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Joueurs / Aujourd'hui - 12h39 / Maxime M.
Portrait : Dieumerci Mbokani, un don du ciel ?
Dieumerci Mbokani à la Turbie (©Planete-ASM)
Pour reprendre la métaphore déjà largement employée par les médias du fait de son nom, le Congolais Dieumerci Mbokani débarque sur le Rocher en provenance de Belgique afin de renforcer une attaque qui manque cruellement d'efficacité. Avec un parcours assez remarquable, le joueur entretient aisément le mythe divin qu'on lui associe. A Monaco, on espère évidemment qu'il va faire des miracles.
L'Homme au parcours d'or
Le 22 novembre 1985 à Kinshasa, au Zaïre, naissait un enfant prodige au pays. Au TP Mazembe (Congo), on ne le savait pas encore, mais lorsqu'il fut délogé du Bel'or FC, ce fut pour prendre une place de titulaire qu'il ne souhaiterait plus jamais perdre sur le front de l'attaque. Avec pas moins de 67 buts en 72 matchs sur deux saisons, le joueur ne tarda pas à attirer l'oeil des recruteurs belges, toujours présents au pays. Ce furent d'ailleurs ceux d'Anderlecht qui découvrirent les premiers la pépite africaine. Mais, avec surprise, le RSC Anderlecht ne lui laissa guère sa chance qu'en fin de saison, où il profita des méformes de ses coéquipiers, Mbo Mpenza et Mémé Tchite. Il figure en revanche parmi l'effectif champion de Belgique, son premier titre européen. C'est ensuite avec le Standard de Liège qu'il décide de poursuivre son parcours en juin 2007. Et dès sa première saison, il fait passer le trophée dans les mains de son nouveau club, mettant fin à 25 ans de disette pour son écurie et avec cette fois-ci un rôle clef. Numéro 9 du club, il inscrivit 15 buts lors de sa première saison sous les couleurs blanches et rouges. La Supercoupe en prime pour son palmarès, il voit débarquer pour sa seconde saison un entraîneur connu du Rocher : Lazlo Bölöni. Sous ses ordres, le Standard continua son ascension folle, et Mbokani de marquer encore plus : 16 buts (mais il doit laisser le soulier d'or à son compère Milan Jovanovic). Une nouvelle Supercoupe, de nouveaux titres, et surtout une qualification pour la Ligue des Champions grâce à la réforme de Michel Platini. Dans le groupe d'Arsenal, de l'AZ Alkmar et de l'Olympiakos pour sa première, le Standard ne fait pas pâle figure et obtient même son premier succès de la compétition contre les Grecs : 2-0 et un but de Mbokani. En arrachant une dernière victoire, le repêchage en Europa League s'offre au club du Congolais. Après avoir battu d'abord le Redbull Salzburg, puis le Panathinaikos (avec un but de Mbokani au retour), le club chute finalement en quart face à Hambourg au terme d'une belle expérience pour Mbokani, 3 buts au total. Un palmarès déjà bien rempli lorsqu'il arrive à Monaco, désiré par Marc Keller et Guy Lacombe pour renforcer l'attaque. Et le joueur ne manque pas de jouer de cet atout pour s'annoncer : champion lors de toutes les premières saisons avec chaque nouveau club, il déclare la formule choc, « attention à ce qu'il va arriver à Monaco cette année ». Les supporters attendent le miracle de « Dieu ».
Un attaquant difficile à gérer
De l'attention, c'est certain qu'il en faudra pour ce joueur. Mais probablement surtout pour Lacombe et son staff. Après un transfert déjà long en négociations et tractations - un problème administratif entre le Standard et son dernier club au Congo - le joueur débarque avec son numéro 9 et déjà une petite réputation de joueur à scandale. Pour cause, une déclaration faite lors de sa dernière année en Belgique. Pour se situer dans le contexte, en parallèle de son épopée européenne, le club belge ne réussissait guère en championnat. Bölöni remercié, le club termina avec une place pour le deuxième groupe de play-off. Une ambition qui ne satisfit pas vraiment Mbokani, qui tint alors ce langage : « Si nous ne participons pas au top 6, je préfère alors rester sur le banc. Je veux bien jouer, par exemple, contre Genk. Mais les autres matches ne m’intéressent pas. Il vaut mieux laisser jouer Grozav et Traoré dans les Playoff 2. » Des mots qui inspirent l'égoïsme et le manque de professionnalisme. Des traits de caractères déjà malheureusement bien connus sur le Rocher par le passé. Déjà sur le départ dans son esprit, il oubliait avec fracas le respect de ses couleurs lorsqu'il dit : « Il y a 80% de chance que je quitte le Standard à l’issue de la saison. Je peux partir, il faut juste qu’une bonne offre arrive, entre 13 et 15 millions d’euros ». La tête vers d'autres clubs, il dessinait petit à petit son futur, jusqu'à arriver en Principauté, là où le scandale passe toujours inaperçu.
Pourtant, Patrice Neveu, l’ex-sélectionneur de la République Démocratique du Congo, soulignait la véritable nature d'un joueur au demeurant attachant. « Dieumerci, c’est un prénom un peu du Congo, où l’on est très croyant. En tout cas, il est très discret et il a beaucoup de bonté. » Mais sa bonté s'est pourtant vite estompée lorsqu'il prit cette suspension de 4 matchs pour un tâcle dangereux, dans une période sans excuse pour lui : celle où il jouait déjà pour son prochain club. « Il s’est un peu démotivé en Championnat parce qu’il voulait vraiment partir ». Mais hormis ces deux faits marquants, Pierre François, le directeur Gérénal du Standard, n'hésite pas à prendre sa défense pour montrer un autre visage du Congolais : « Il est venu d’Anderlecht avec la réputation d’un garçon à problèmes. Il a peut-être besoin de plus d’attention que d’autres mais on n’a pas eu de grands soucis. Je ne jurerais pas qu’il n’ait pas eu 24 ou 48 heures de retard parfois au retour de sélection. Mais, sinon, c’était un garçon poli, souriant avec les employés et le cœur sur la main lors des rencontres avec les supporters. » Mais quel visage va-t-il montrer à la Turbie ?
Le talent du buteur
Si c'est le visage souriant du joueur qui marque son 18ème but de la saison, synonyme de victoire en Championnat, cela ne fera que ravir ses détracteurs. Car en dépit de son caractère certes un peu fougueux, ou tout simplement maladroit, le talent, lui, n'a jamais cessé d'augmenter. Son profil de finisseur est bien connu des défenses, et son ancien coéquipier en vante les mérites aisément. « Il a un talent naturel, expose Éliaquim Mangala, international espoir français et désormais ex-coéquipier au Standard. C’est quelqu’un d’assez efficace. Je crois aussi que c’est lui qui prenait le plus de cartons, parce qu’il harcèle et défend. Il était averti plus à cause de maladresse que de méchanceté. Quand il est bien, il peut régaler un stade. S’il s’intègre bien, il peut faire mal. »
Là est tout le problème. Mais dans un système de jeu qui lui convient, il est cependant capable de faire des miracles de ses pieds. « C’est un vrai buteur, adroit, doté d’un très bon jeu de tête, capable de “remiser” et de prendre la profondeur. », continue Neveu, récitant tout ce dont il manquait à l'ASM. Plus « félin que Nonda », ancien Congolais du Rocher - où il retrouvera également Mongongu cette saison - Dieumerci Mbokani n'a qu'une condition pour sa réussite : l'intégration et l'encadrement. « Il faut être à la fois intransigeant et à son écoute, sinon il peut se refermer sur lui-même. Si ça colle, alors on peut lui demander beaucoup et il peut donner beaucoup. Je suis persuadé que Guy Lacombe saura en tirer la quintessence. » Ici, on l'espère et attend les premiers buts, servis par Niculae ou combinés avec Park. Les centres d'Alonso ou de Muratori, ses nouveaux coéquipiers, qui seront chargés de le faire briller. Après tout, il a un contrat à remplir !