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Election présidentielle : Résultats provisoires dans 48 heures
Jacques Djoli Eseng’Ekeli, vice président de la Commission électorale nationale indépendante. Photo CIC
Selon Tharcisse Loseke Nembalemba, co-fondateur de l’ECIDé et membre de la "Dynamique Tshisekedi Président", une coalition des partis qui soutient Etienne Tshisekedi wa Mulumba, les forces de l’opposition se sont opposées à la publication des «résultats provisoires» de l’élection présidentielle prévue initialement au cours de la soirée de ce mardi 6 décembre. Et ce conformément au calendrier électoral. La nouvelle est désormais officielle : l’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle est reportée de 48 heures. «Les résultats de l’élection présidentielle publiés jusqu’ici sont illégaux», a fait remarquer Loseke. Au motif que les chiffres divulgués ne sont pas tirés des procès-verbaux établis en bonne et due forme par des centres locaux de compilation de chaque circonscription électorale.
La capitale congolaise ressemblait mardi 6 décembre à une ville en état de siège. Selon des correspondants de presse, vingt mille militaires ont été déployés à travers les endroits stratégiques de la ville. Dans la commune de Limete où se trouve notamment la résidence d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, plusieurs milliers de militants de son parti «campent» tout autour. «Ils assurent la sécurité du président Tshisekedi», confie Loseke. A Bruxelles, les activistes politiques rejoints par la "population d’origine congolaise" ont à nouveau manifesté au Quartier Matonge. Cette fois, les dégâts matériels ont été moins importants. En revanche, a police a procédé à une centaine d’interpellations. Jusqu’à 23 heures, plusieurs parents étaient sans nouvelles de leurs enfants mineurs qui se trouveant au lieu de manif’ en tant que "badauds". Selon des sources, Patrick Kanku, président des «Jeunes UDPS» pour le Benelux ferait partie des personnes «raflées» mardi par la police.
A Kinshasa, la tension était montée d’un cran dans l’attente de l’annonce par la Commission électorale nationale indépendante de ce que la grande majorité de la population congolaise appelle désormais le «hold-up électoral». Les résultats partiels publiés au 5 décembre par la Ceni créditaient le président sortant «Joseph Kabila» d’un score de 46% des voix. Tshisekedi, lui, aurait recueilli 36%. Selon ces «résultats», la situation se présenterait à trvaers les 169 circonscriptions électorales se présenterait comme suit : Bandundu : bureaux compilés : 4763 ; taux de compilation : 68, 45 % ; Bas-Congo : bureaux compilés : 2777 ; taux de compilation : 99,96 % ; Equateur : bureaux compilés: 4572 ; Taux de compilation: 62,09 % ; Kasaï-Occidental : bureaux compilés : 3625 ; taux de compilation : 77,81 % ; Kasaï-Oriental : bureaux compilés: 3886 ; taux de compilation:75,75 % ; Katanga : bureaux compilés : 6113 ; taux de compilation : 72,42 % ; Kinshasa : bureaux compilés: 7361 ; taux de compilation: 71, 23 % ; Maniema : bureaux compilés : 1 220 ; taux de compilation : 73, 10 % ; Nord-Kivu : bureaux compilés : 2800 ; taux de compilation : 52,45 % ; Province Orientale : bureaux compilés : 3 869 ; taux de compilation : 51,68 % ; Sud-Kivu : bureaux compilés : 2220 ; taux de compilation : 59,89 %.
A en croire la Ceni, les résultats en provenance de plus de deux tiers des bureaux de vote sur les 63.000 ont donc été «compilés». Un avis qui est loin d’être partagé par les forces de l’opposition qui continuent à dénoncer des "fraudes massives". «En réalité, la Ceni ne serait en possession que des procès-verbaux (P.V) émanant d’une cinquantaine des centres locaux de compilation», dit Loseke. Selon lui, les "résultats partiels" publiés jusqu’ici sont par conséquents «illégaux». «Pour être authentiques, les résultats doivent être retracés par circonscription électorale et accompagnés des procès-verbaux des centres locaux de compilation», poursuit-il. Pour "Tharcisse", les membres du Bureau de la Ceni issus de l’opposition (MLC et ODR) ne pourraient ratifier les «résultats provisoires» de l’élection présidentielle qu’à la condition que ces "chiffres" soient appuyés par des P.V établis en bonne et due au niveau de chaque circonscription électorale. «Chaque enveloppe en provenance d’une circonscription devrait être vérifiée pour s’assurer de l’authenticité des signatures des personnes habilitées au niveau des centres locaux de compilation", souligne-t-il. "Toute action contraire équivaudrait à un coup de force", a-t-il conclu.
Dans les milieux de l’opposition, il ne fait aucun doute que le président sortant «Joseph Kabila» «a été battu» par Etienne Tshisekedi wa Mulumba par 51% des suffrages exprimés contre 26%. Selon une source kinoise, la Majorité présidentielle avait prévu mardi soir une "grande soirée" au Grand Hôtel Kinshasa pour célébrer la "victoire" du "raïs". Des voix commencent à s’élever pour critiquer l’attitude des "milieux catholiques". «Nous regrettons la posture à la Ponce Pilate adoptée tant par le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya que par la Conférence épiscopale, commente un analyste. L’Eglise doit servir la vérité en divulguant les informations récoltées par ses 30.000 observateurs...».
En attendant, le suspens continue. Rendez-vous est pris pour jeudi 8 décembre. Notons que "Joseph Kabila" a été investi le 6 décembre 2006 pour un mandat de cinq ans. Théoriquement, le chef d’Etat congolais exerce un pouvoir fondé plus "légal" que "légitime"...
B.A.W
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