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01/12/11 REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE JEUDI (CongoForum)
Les scrutins du 28 novembre se trouvent à l’étape du dépouillement. Les résultats provisoires de l'élection présidentielle ne seront connus que le 6 décembre prochain. Mais déjà, les chiffres partiels affichés dans les bureaux de vote commencent à donner certaines tendances plutôt favorables à Tshisekedi.
Dépouillement
Certains commentateurs font des comparaisons avec 2006, où le résultat a été plus rapidement, sinon connu, au moins prévisible. C’est oublier que le mécanisme de 2006 était différent, avec un tour éliminatoire et seulement deux candidats pour la « grande finale »
Dans le camp UDPS, on se dit sûr de gagner et on affirme que le "sphinx de Limete" est "largement en tête, avec un grand écart dans la majorité des provinces et que c'était très serré ailleurs". Sur internet, les différents sites militants du parti affichent même des "estimations de vote" donnant leur candidat gagnant. Mais rien ne garantit ces chiffres dont certains frisent le ridicule.
Les médias congolais, ceux du moins qui n’ont pas pris parti durant la campagne, se comportent avec la prudence de Sioux pistant le bison. (Le Potentiel, par exemple, ne consacre aux élections qu’un seul article en bonne place, pour rendre compte de l’avis positif de certains observateurs internationaux. NdlR)
C’est plutôt dans les médias étrangers que l’on commence à poser plus ou moins clairement la question « Tshiesekedi peut-il gagner son pari et faire perdre le président sortant Joseph Kabila ? » (Afrikarabia) « Au vu des premiers dépouillements, une tendance semble se dégager et l'opposition d'Etienne Tshisekedi "se porte très bien" et "semble avoir une chance de vaincre le président Joseph Kabila" (VRT flamande - la télévision belge serait-elle un peu moins prudente que ses consoeurs occidentales ?). La chaîne belge note la bonne tenue du vote pro-Tshisekedi dans la capitale, Kinshasa et dans certaines provinces. Si le journaliste belge prévient que le nombre de bulletins dépouillés est trop faible pour en tirer des enseignements sur l'ensemble du territoire, la tendance est là. Et notamment en Equateur. Car si un bon résultat d'Etienne Tshisekedi à Kinshasa n'est pas une surprise, les bons scores de l'Equateur montrent un solide report des voix du MLC de Jean-Pierre Bemba vers le candidat de l'UDPS… "un bon présage pour les autres provinces" selon un proche de l'UDPS (Bemba avaient réalisé 42% des suffrages en 2006, en grande partie grâce aux voix des électeurs UDPS frustrés. Le MLC, en quelque sorte, renvoie l’ascenseur. NdlR).
Cette « surprise » résulte en partie d’une opinion erronée. Ces observateurs ont visiblement surestimé le caractère déterminant des facteurs ethniques ou régionaux.
Autre signe d'un "effet Tshisekedi": la fébrilité certaine du camp présidentiel, pourtant "sûr de l'emporter". Officiellement, on se dit "serein", mais sur le site de RFI, "un haut responsable de la majorité présidentielle concède toutefois qu’il est surpris par la percée de l’opposant historique". Autre signe encore : le camp joséphiste a, lui aussi , ses « Nostradamus de l’Internet », publicateurs de résultats pharamineusement impossibles. Ils n’attribuent cependant à JKK que 51% des suffrages.
Autre signe qu'il se passe "quelque chose" autour du vote Tshisekedi : la déception du clan Kamerhe, Kengo et leur demande d'annulation du scrutin. Alors qu'au contraire, l'UDPS dit "accepter le résultat des urnes" et ne contestera pas le scrutin (aussi imparfait soit-il) qui pourrait (peut-être) lui donner la victoire.
Dernier « présage », international celui-là : le Carter Center a pris comme Chef de Mission Rupiah Banda, l'ancien président de Zambie. Cet ancien leader s'entend bien avec Kabila et si le cas se présentait il devrait pouvoir le convaincre de quitter le pouvoir comme il l’a fait lui-même au mois de septembre
Commentaires de la presse
« Centre Carter et UA saluent la détermination des Congolais », rapporte Le Potentiel.
Il note que les déclarations préliminaires des missions d’observation des élections 2011 en RDC rendent hommage au peuple congolais. Celles-ci saluent « la grande et paisible participation du peuple congolais à ces élections » de même que « sa détermination à contribuer à la consolidation de la paix, au renforcement de la réconciliation nationale et l’approfondissement du processus démocratique ». Au passage, elles déplorent les violences qui ont émaillé les scrutins du 28 novembre dernier.
Les observateurs internationaux sont également en vedette dans L’Avenir, qui souligne que « Les observateurs minimisent les irrégularités ». En effet, du Centre Carter, en passant par l’UA, la SADC, la CIRGL, la CEEAC, le COMESA, pour terminer par la MOESCA, tous les observateurs sont unanimes. Les élections du 28 novembre se sont bien déroulées, même si elles ont été entachées de quelques irrégularités qui ne vont pas influer négativement sur les résultats. Entre-temps, les missions d’observateurs lancent un appel à tous les acteurs politiques congolais pour qu’ils continuent à faire preuve de grande retenue et d’esprit de responsabilité en acceptant les résultats des élections et, en cas de contestation, à recourir aux procédures et mécanismes prévus à cet effet.
(Pour décrypter ce « diplospeak », il faut le prendre à l’envers : on a remarqué les violences et les autres incidents qui sont de nature à faire douter de la crédibilité du scrutin ; on espère toutefois que les Congolais trouveront le moyen de s’arranger des résultats qui en sortiront, car recommencer les élections coûterait très cher. NdlR)
La Mission d’observation électorale de l’Union européenne est absente de cette “brigade d’acclamation internationale” et la raison en est certainement qu’elle rend, sous les compliments d’usage, un son nettement plus critique. (Cette déclaration est disponible sur CongoForum, section “comuniqués”, et également sur le site web de la Mission :
http://www.moeue-rdc.eu et sur la page de la mission sur le site facebook :
http://www.facebook.com/moeue.rdc. NdlR)
Si certaines de ses critiques rendent un son déjà bien connu (souci insuffisant de rendre la politique accessible aux femmes, fichier électoral incertain en l’absence de recensement, inégalités dans les moyens de faire campagne, défauts et erreurs de la cartographie et de l’affichage, etc…) un pasage, notamment, paraît lourd de menaces: “La Cour Supréme de Justice (CSJ), en l’absence effective de la Cour constitutionnelle prévue par la constitution, est une institution clé puisqu’elle est chargée du contentieux électoral en sus de la proclamation des résultats définitifs des élections présidentielles et législatives. Pourtant, l’opposition ne croit pas à son indépendance car ses magistrats sont nommés par le Président sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature, une institution dont il nomme aussi indirectement les membres. L’indépendance de la CSJ est aussi remise en question pour la nomination de 18 nouveaux magistrats à la CSJ, en plein milieu de la campagne électorale, nomination qui pourrait violer les conditions établies par le statut des magistrats.
La révision de la loi électorale au mois d’août 2011 a modifié les procédures en matière de contentieux des résultats, en remplaçant un traitement contradictoire en séance publique par un traitement à huit clos, plus opaque, où un magistrat mène l’instruction et récolte tout le nécessaire pour régler le contentieux. Dans une situation où les acteurs politiques n’ont pas confiance en l’indépendance du pouvoir judiciaire, cette solution n’est pas appropriée.”
Sous le titre : « Députés : deuil dans les états-majors », Le Phare signale que 48 heures après la tenue des élections présidentielle et législatives nationales, la majorité des Congolais étaient en possession des résultats partiels ayant sanctionné ces deux scrutins couplés.Le constat à faire au vu des chiffres ramenés des centres et bureaux de dépouillement par des milliers de « volontaires » est que le 28 novembre 2011, un terrible tsunami électoral a secoué la classe politique congolaise. Le sinistre a frappé plus de 18.000 candidats en général et des caciques du pouvoir en place (ministres, sénateurs, députés, gouverneurs de provinces, mandataires publics), en particulier. Selon Le Phare, nombreux d’entre eux qui rêvaient de se repositionner à l’Assemblée nationale pour la mandature de 2011 à 2016 ont connu une cruelle désillusion.
La CENI condamne la diffusion des faux résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 par voie des sms, sur le net et sur papier anonyme. Il s’agit selon elle d’une action qui vise à semer des troubles à l’ordre public et qui viole l’article 71 de la loi électorale.
Forum des As rapporte que « V. Kamerhe propose la publication progressive des résultats ».
Il affirme aussi que Vital Kamerhe n’est pas demandeur de l’annulation du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier en RDC. Le président de l’UNC, l’un des onze présidentiables, exige autre chose : la correction de la suite des opérations électorales. Notamment, la publication des résultats via les médias. Ce, avant le 6 décembre prochain, date prévue pour la publication des résultats provisoires du scrutin par la CENI. Au cours d’une conférence de presse, mercredi 30 novembre à Kinshasa, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) a estimé nécessaire que la Ceni mette les résultats de la présidentielle déjà disponibles à la disposition des médias «pour que le peuple suive et que les partis politiques notent». Selon lui, la publication progressive des résultats provisoires permettra aux cellules des partis de faire la comptabilité des voix. «Puisque cela aura déjà été rendu public, il n’y aura plus possibilité de manipulation au niveau des bureaux de compilation», a déclaré Vital Kamerhe avant de poursuivre: «Vous n’allez pas tricher devant les chiffres [publiés progressivement] mais pourquoi alors vous allez contester les résultats le jour de la proclamation des résultats. A moins que vous soyez de mauvaise foi».
Kamerhe n’est pas seul de cet avis, d’après Radio Okapi, les experts des questions électorales invitent la Ceni à procéder à la publication progressive des résultats de la présidentielle du 28 novembre. La publication progressive limiterait les risques de contestations des résultats définitifs. Cela limiterait en tous cas la diffusion « sauvage » de résultats fantaisistes. Reste à savoir si cela ne risquerait pas aussi d’accentuer la tension dans l’opinion publique.
Elégamment, nous laisserons le mot de la fin au journal burkinabe Le Pays qui titre « RDC : Des résultats plus redoutés qu’attendus ». Il écrit :
« Daniel Ngoy Mulunda Nyanga, balaie du revers de la main les critiques liées à l’organisation du scrutin et crie à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
Pour lui, des observateurs électoraux n’ont pas trouvé à redire, donc tout baigne. Toutefois, la trop grande certitude du pasteur pourrait se révéler être un arbre qui cache une forêt d’inquiétudes et d’incertitudes. La proclamation des résultats est à redouter dans ce pays plus qu’ailleurs. Des prétendants à la présidentielle sont si sûrs de leur victoire que l’on se demande quelle serait leur attitude si jamais les résultats n’étaient pas en leur faveur. »
© CongoForum, le jeudi 1er décembre 2011