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E. Kabila Taratibu parle de Kanambe, Tshisekedi, Munene, Ngbanda, M23…
Écrit par Justine Mbelu
Mercredi, 25 Juillet 2012 10:29
Dimanche dernier, 22 juillet, une nouvelle bien curieuse a circulé à la vitesse du son dans les milieux de la diaspora congolaise en Europe au sujet d’une arrestation d’Etienne Kabila Taratibu en Angola. Et pour cause, le fils ainé de Laurent-Désiré Kabila aurait franchi illégalement les frontières du pays d’Edouardo Dos Santos, ce qui aurait décidé Joseph Kabila à dépêcher son ministre des Affaires étrangères, Raymond tshibanda Ntungamulongu, à Luanda pour négocier l’extradition de son « frère » ennemi.
Congoone qui avait retrouvé la dernière trace de Kabila Taratibu à Cap en Afrique du Sud a voulu en avoir le cœur en tentant d’appeler sur le portable de ce dernier. Belle surprise ! Au bout du fil, c’est Etienne Kabila en personne quoi tombe de nues quand on lui apprend la nouvelle de son arrestation.
Question : Aviez-vous une mission à mener en Angola, vous qui avez choisi l’option militaire pour chasser Kanambe du pouvoir à Kinshasa ?
E.K.T : Je n’ai pas le don d’ubiquité pour me trouver en Angola et en Afrique du Sud au même moment. Je n’ai jamais été en Angola et je n’ai l’intention d’y aller.
Congoone : Plus d’une fois, Congoone est entré en contact avec vous sur le théâtre des opérations militaires dans le Kivu, voire dans certains pays frontaliers du Congo à démocratiser, puis silence de mort avant de vous retrouver à Cap. Avez-vous renoncé à la lutte armée faute de moyens ? Il semble d’ailleurs que les soutiens promis par certains congolais de la diaspora ne se sont arrêtés qu’au niveau du verbe.
E.KT : J’étais parti en RDC avec les moyens mis à ma disposition par mon parti politique, l’Union des nationalistes pour le renouveau, UNR. Je connais bien mes frères congolais, surtout ceux vivant en Occident. Pour eux, dire c’est faire au point que leur soutien à l’engagement politique pour chasser l’imposteur du pouvoir se limite aux promesses fallacieuses. Je ne pouvais donc compter sur eux uniquement. Laconiquement, sachez que je n’ai pas renoncé à la lutte armée. J’ai juste cessé de parler car tout a déjà été dit. Il ne reste qu’à passer à l’action.
Congoone : pendant votre séjour clandestin dans le Kivu, on a pu voir vos photos en tenue militaire en compagnie de quelques hommes de troupes non autrement identifiés. Plusieurs mois ont passé avant qu’on vous retrouve non pas dans le maquis mais en Afrique du Sud. Maintenant ce sont des rebellions animées par des anciens du CNDP qui font la loi au Nord-Kivu. Eux, ils semblent avoir des moyens et soutiens qui vous ont fait défaut. Quel est votre commentaire ?
EKT : Le M23 n’est pas différent du CNDP. Après le retrait de son numéro un, Laurent Nkundabatware, le second du groupe, Bosco Ntaganda a pris la relève. Uvira et Bukavu constituaient leurs fiefs. Bosco Ntaganda étant sous le coup d’un mandat de la Cour pénale internationale, son compatriote Hyppolite Kanambe alias Joseph Kabila lui demandera de se retirer dans le Nord-Kivu sous prétexte de non respect de leurs accords. Voilà comment le CNDP est devenu le M23, avec comme objectif principal de soustraire le criminel Ntaganda des poursuites de la justice internationale tout en exterminant bien des Congolais. C’est un véritable coup de théâtre dont mes compatriotes ne semblent pas saisir la portée réelle. La vérité est que les Tutsi ne se sacrifient jamais. C’est pourquoi Laurent Nkundabatware vit à l’air libre à Kigali avec des millions de dollars américains qu’il a pompés en RDC. Personnellement, je n’aime pas trop commenter cette comédie de mauvais goût dont les acteurs sont Kanambe et ses frères Kagame, Nkundabatware, Ntaganda… Ce qui m’attriste davantage c’est de voir nombre de mes compatriotes de la diaspora en Occident sur qui ceux qui sont au pays comptent pour appuyer la lutte contre l’imposteur et son régime au service de l’étranger se contenter des marches dans les capitales de leurs pays de résidence, en plus de se jeter des fleurs sur des radios qu’ils ont eux-mêmes créées sur internet. Comme si cela suffisait à faire changer la situation de notre pays !
Congoone : Plus de dix ans après l’assassinat de votre père, LD Kabila, votre famille est-elle enfin parvenue à rentrer dans ses droits ? Plus clairement, les biens de feu Laurent-Désiré Kabila sont-ils restés la propriété de seuls enfants dits de Sifa Mahanya, la mère officielle de Joseph Kabila ?
EKT : La libération du Congo est plus importante que l’héritage laissé par mon père. Pour répondre néanmoins à votre question, je suis convaincu que le procès sur l’assassinat de LD Kabila aura lieu après la chute de Kanambe. C’est alors que le peuple congolais connaitra la vraie vérité.
Congoone : Quel est votre commentaire sur le procès Chebeya en appel au regard de l’exigence des parties civiles de voir John Numbu Banza comparaitre comme provenu ? En outre, pensez-vous que le fait que Floribert Chebeya ait mis à votre disposition le siège de la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme en janvier 2002 pour animer la conférence de presse au cours de laquelle vous aviez annoncé que Joseph Kabila était rwandais et s’appelait en réalité Joseph Christopher Kanambe, et l’implication du même Chebeya pour faire la lumière sur l’assassinat de votre sœur Aimée Kabila seraient parmi les motifs qui auraient décidé Kanambe à le faire exécuter ?
EKT : Le vrai commanditaire de l’assassinat de Chebeya c’est bel et bien Joseph Hyppolite Kanambe et c’est bien lui qui couvre John Numbi Banza. C’est pourquoi il me semble vain de chercher à faire actuellement la lumière sur l’assassinat du président de la VSV. Il n’y a pas que la tenue de la conférence de presse que vous rappelez au siège de la VSV qui est à la base de l’exécution de Chebeya. Les faits sont nombreux. Outre la vérité sur l’assassinat de ma sœur Aimée que Chebeya voulait faire émerger, il y a également le lourd dossier et les détails sur les massacres des adeptes de Bundu dia Kongo.
Congoone : Il y a eu depuis quelques semaines une rencontre en France entre les délégués de l’Udps d’Etienne Tshisekedi, de l’Apareco d’Honoré Ngbanda et l’ARP de Faustin Munene pour sceller une sorte d’alliance destinée à provoquer le changement au Congo à démocratiser. Que vous inspire pareille approche ?
EKT : Même si on n’est pas spécialiste des sciences politiques, on ne peut ne pas réaliser que cette approche ne serait qu’une aventure sans lendemains. Sans chercher à polémiquer avec quiconque, comment peut-on un seul instant croire à une telle alliance quand on sait que ceux qui la forment n’ont pas les atouts qu’il faut pour mener une guerre ? Faustin Munene, par exemple, se trouve présentement au Congo-Brazzaville en résidence surveillée. Ce, malgré les va et vient et discours multiples du secrétaire général de son mouvement resté sans troupes. Depuis bientôt dix ans, M. Honoré Ngbanda n’a cessé d’affirmer à qui veut l’entendre qu’il dispose des moyens et soutiens pour mener une lutte armée. On ne demande qu’à voir pour croire. Quant au patriarche Etienne Tshisekedi, en dépit de la haute considération que j’ai pour l’homme et son combat politique, je suis dans l’incompréhension de sa démarche de prendre part aux élections de 2011 alors que les obstacles qui l’avaient contraint à boycotter celles de 2006 n’avaient pas été levés. Par sa participation à un processus électoral biaisé comme 2006, il a contribué à légitimer le pouvoir scélérat de Kanambe.
Congoone : Avez-vous malgré tout des contacts avec ces leaders dont vous semblez visiblement ne pas partager la démarche politique ?
EKT : Bien sûr ! Depuis mon maquis, j’ai discuté avec le général Munene plus d’une fois. Je lui avais dit que je disposais des troupes bien formées et structurées. Il nous fallait juste des moyens logistiques pour entrer en action. Il me recommandera à cet effet le secrétaire général de son mouvement, M. Famba, avec qui une rencontre a été fixée hors du territoire congolais. Il y a déjà quatre mois que le plénipotentiaire de Munene ne fait plus signe de vie. Allez-y comprendre quelque chose ! Sans vouloir me répéter, les contacts avec Honoré Ngbanda et Etienne Tshisekedi n’ont pas abouti à quelque chose de sérieux. Du moins jusque là !
Congoone : A vous entendre parler, c’est l’amertume qui semble prédominer. Et si on vous lit entre les lignes, on comprend que vous avez un problème de logistique. Est-ce cela qui justifie votre retour en Afrique du Sud ?
EKT : Je n’ai pas tous les moyens qu’il faut pour lancer l’assaut final contre Kanambe et ses forces négatives. Néanmoins, je m’applique à réunir le minimum nécessaire pour retourner au front et amorcer l’action militaire, car c’est le seul combat qui vaut la peine.
Congoone : Pour autant, le peuple congolais a-t-il des raisons d’espérer ?
EKT : Même quand on désespère on espère toujours. C’est pourquoi depuis ma conférence de presse tenue à Kinshasa au siège de la VSV le 15 janvier 2002, en passant par celle que j’avais animée à Sun City en Afrique du Sud en marge du Dialogue intercongolais, le peuple congolais retiendra que je tiens toujours le même discours, en dépit de diverses tentatives de corruption orchestrées par Joseph Hyppolite Kanambe. Je suis resté droit dans mes bottes. Dans la révolution prônée par l’Union des nationalistes pour le renouveau (UNR), la libération du Congo est une mission exaltante qui nécessite, s’il le faut, d’aller jusqu’au sacrifice suprême. Car, notre cause est juste et nous entendons au sein de l’UNR rester fidèle au serment de l’hymne de l’indépendance de bâtir un pays plus beau qu’avant.