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Etienne Tshisekedi, son discours historique à la Conférence Nationale Souveraine (CNS)
21/08/2011 à 23h05 | 252 vues | 0 réactions
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Etienne Tshisekedi, son discours historique à la Conférence Nationale Souveraine (CNS)
Par Freddy Mulongo, dimanche 21 août 2011 à 22:25 :: radio :: #1674 :: rss
C'est un discours historique que Réveil-FM International met à la disposition de tous. Le discours d'Etienne Tshisekedi pour son élection comme Premier ministre de la Conférence Nationale Souveraine au Palais du peuple. Dans la nuit du 14 au 15 août 1992, la plénière de la Conférence nationale souveraine (CNS) élit Etienne Tshisekedi comme Premier ministre de la transition, avec 70,8 % des voix devant ses adversaires, Thomas Kanza et Clément Kanku. Aujourd’hui, face aux enjeux électoraux actuelles, face aux candidats copains-coquins de l'élection de novembre 2011, Etienne Tshisekedi est le seul candidat qui n'a rien à perdre ! Le sphinx de Limeté à tout connu: bastonnades, arrestations arbitraires, emprisonnements, relégation dans son village Kabeya Kamuanga... Les autres candidats, policailleurs, dribbleurs patentés ne sont que de candidats putatifs. Et lorsque Colette Braeckman, la dinosaure virée du "Soir" s'en prend dans ses écrits à Etienne Tshisekedi, on comprend tout suite que "la mangeriste" du Palais de la Nation a compris que Ya Tshitshi n'est pas formaté pour défendre en premier les intérêts de la Belgique. Etienne Tshisekedi peut encore défendre le Congo, il en a la volonté.
CNS, Palais du peuple, Etienne Tshisekedi congratulant chaleureusement l'un de ses jeunes loups Jacques Matanda Ma Mboyo. Photo Réveil-FM, archives
Etienne Tshisekedi élu Premier ministre de la CNS, entouré par les PM. Photo Réveil-FM, archives
Le week-end du 15 au 16 août 1992 aura été féerique sur l’ensemble du pays. Les péripéties de la longue nuit électorale du 14 au 15 août meublaient encore toutes les conversations. En effet, dès le lendemain de l’élection de Tshisekedi comme premier ministre, le chef de l’Etat Mobutu Sese Seko lui envoie un message de félicitations ; il lui promet une sincère collaboration. Malheureusement, jusqu’au lundi 17 août, le maréchal-président ne signe toujours pas l’ordonnance de nomination.
L’opinion est perplexe et commence à se poser des questions. Les milieux de la présidence de la république tranquillisent tout le monde : le chef de l’Etat n’est pas encore saisi officiellement par le Bureau de la Conférence nationale souvraine (CNS) de l’élection d’un premier ministre. Mgr Monsengwo, président du bureau de la CNS, que Mobutu avait reçu sur le bateau présidentiel à N’Sele, la veille de l’élection, avant de se rendre le même jour à Gbadolite, lui fera suivre l’Acte portant élection du premier ministre dans le courant du 17 août.
Mercredi 19 août, soit 48 h après, Mobutu signe depuis Gbadolite l’ordonnance n°92/085 portant nomination du Premier ministre Etienne Tshisekedi. Cette ordonnance qui fait référence à la Constitution du 24 juin 1967, à l’ordonnance du 15 juillet 1991 portant convocation et organisation de la CNS, et au compromis politique du 22 juillet 1992, ignorera superbement l’Acte constitutionnel de la CNS auquel tient mordicus le nouveau Premier ministre.
Très rusé, Mobutu Sese Seko va piéger par ce biais la CNS et Tshisekedi lui-même, obligé de travailler selon la légalité constitutionnelle de 1967, et non celle votée par la CNS le 4 août 1992. Pour dédramatiser ce point d’achoppement, Mgr Monsengwo parlera de «convergences parallèles».
CONSULTATIONS GOUVERNEMENTALES
Dès le lundi 17 août 1992, Mobutu nomme Ngunz a Karl-I-Bond, comme ministre d’Etat chargé des missions personnelles du chef de l’Etat. Le décor est ainsi planté pour une conflictualité agressive au sommet de l’Etat. Ngunz est le prédécesseur de Tshisekedi à la Primature, où il avait été sérieusement attaqué et diabolisé par l’Union sacrée de l’opposition radicale (Usor) de Tshisekedi.
Le même jour Etienne Tshisekedi commence les consultations pour former son gouvernement. Il oriente toutes les demandes d’audience des non-conférenciers vers le Secrétariat technique de l’opposition (STOP). Lui-même reçoit les représentants des plates-formes présentes au palais du Peuple, dont la mouvance présidentielle, l’Union sacrée radicale par Kibassa-Maliba et son aile libérale par le professeur Sekimonyo, le Front uni de l’opposition par le professeur Kakez, le Collectif progressiste de Lambert Mende, le Cartel de 40 de Kitenge Yezu, l’UFONAL d’Antoine Gizenga, le Groupe du consensus acquis au changement d’Eugène Diomi Ndongala, l’AFICI de Joseph Nsinga Udjuu, l’ADELI de Ngunz, le G 18 regroupant les partis formés après le 18 juin 1991 et non admis à la CNS.
Tshisekedi, qui avait promis de conduire la transition en tenant compte de toutes les tendances politiques, a ainsi deux contraintes : d’abord la réconciliation nationale qui pousse à regrouper autant de sensibilités autour de lui, ensuite le réalisme qui le contraint d’éviter un gouvernement éléphantesque et budgétivore.
Trois jours après, le 20 août, il est prêt avec la composition de son équipe gouvernementale. Il attend de la présenter à Mobutu, qui est toujours à Gbadolite.
PEAUX DE BANANES
Le mercredi 26 août Ngunz rassemble ses militants au siège national de l’UFERI à la Gombe, en face du building de Petro-Zaïre (actuelle Cohydro) à Kinshasa. L’ancien Premier ministre, devenu ministre d’Etat, déclare solennellement « ne plus reconnaître la CNS, dans sa lancée actuelle ».
C’était un peu le remake de janvier 1992, quand il avait fermé la CNS « avec force ». Nguz trouve que la CNS est devenue « un espace d’exacerbation des passions vengeresses et de conquête du pouvoir ».
Ensuite, il s’attaque à Tshisekedi, mais sans le nommer : «Suivant l’esprit du compromis politique, le gouvernement de transition devait être conduit par des hommes neutres. Des technocrates, qui devaient avoir la charge de préparer le terrain pour l’affrontement des politiciens lors des élections ». Décidément très déchaîné, Ngunz fustige la magouille de Mgr Monsengwo dans l’élection en complicité avec l’Union sacrée radicale.
Alors, il laisse parler sa colère en qualifiant Mgr Monsengwo de « politicien vêtu de soutane, en mal de vengeance ». Et s’exclamera : «drôle d’évêque».
Ngunz déclara: «autant ils ont eu à saboter la leur ». Il va ajouter, très rageur : « d’ores et déjà, comme le demande la base de l’UFERI, notre parti ne participera pas à ce gouvernement. Notre rôle est désormais de saper les efforts de Tshisekedi ».
Pour y arriver, il compte sur les 40.000 travailleurs de la Gecamines, tous membres de l’UFERI sous la conduite de Kyungu, gouverneur du Katanga : « il suffira qu’il ordonne une grève à la Gecamines, tout l’appareil de l’Etat sera bloqué ». Pour en rajouter au défi lancé à Tshisekedi, Ngunz demandera à l’UDPS «d’aller faire taire les Shabiens en dehors de notre circuit de l’UFERI».
Une autre crise va éclater au même moment avec le MPR. En effet, jeudi 27 août, la commission politique de la CNS, dirigée par Kibassa-Maliba a présenté un rapport très dur à l’endroit du chef de l’Etat, du MPR Parti-Etat et exige la suppression du MPR devenu parti privé. Ce dernier montera sur ses grands chevaux.
Dans un premier temps, il quitte la CNS et s’attaque nommément à Mgr Monsengwo accusé de duplicité « pour avoir laissé lire cette partie des injures, qu’il exige des excuses plus tard ». Dès le lendemain, le premier vice-président du MPR, Banza Mukalayi écrira à Tshisekedi pour l’informer de la décision de son parti, de renoncer à participer au gouvernement en raison « d’une attitude provocatrice des membres de l’Union sacrée, plate-forme du Premier ministre entrant ».
Tous les partis membres de la mouvance présidentielle emboîteront le pas au MPR en suspendant leur participation à la CNS, de qui ils exigent réparation au chef de l’Etat et au gouvernement Tshisekedi. Le président en exercice de la mouvance présidentielle, Kitenge Yezu, qui n’a pas sa langue en poche, qualifiera carrément l’Union sacrée de « conglomérat d’imbéciles ».
RENCONTRE MOBUTU-TSHISEKEDI
Après l’élection du 15 août 1992 à la CNS, les deux personnalités mettront deux semaines pour se rencontrer. Mobutu, toujours à Gbadolite tient à y rencontrer « l’élu de la CNS » pour le 24 août. Il récuse Kinshasa perçu comme le fief de Tshisekedi qui, de son côté, décline la date et le lieu pour des raisons sécuritaires. Il propose le 25 août pour Kinshasa. Mais Mobutu ne regagnera la capitale que le vendredi 28 août. Une rencontre prévue pour l’après-midi de ce même vendredi avorte à la dernière minute : Mobutu a plutôt préféré recevoir le Premier ministre sortant et une délégation des chefs coutumiers.
Finalement, la rencontre aura lieu le lendemain, 29 août à N’Sele, sur le Yacht présidentiel Kamanyola. Vers midi de ce samedi ensoleillé, la Jaguar verte du Premier ministre Tshisekedi, escortée par une Jeep Toyota, modèle Pajero, des éléments de la Garde civile, arrive à la cité de N’Sele. Seule la Jaguar est autorisé, à continuer jusqu’au tapis rouge conduisant au pont du M/S Kamanyola.
Rapidement, le Premier ministre est conduit par le protocole vers le salon-bar du yacht présidentiel, opposé aux appartements présidentiels. Un quart d’heure plus tard, Tshisekedi est rejoint par Mgr Monsengwo arrivé dans une limousine Mercedes-Benz noire.
Monsengwo entrera le premier au salon privé de Mobutu, suivi de Tshisekedi. Mobutu salue en premier Mgr Monsengwo. La poignée de mains qui suit avec Tshisekedi est froide, elle manque de courtoisie : Tshisekedi garde ostensiblement sa main gauche dans la poche de sa veste.
Télé-Zaïre fait un gros plan sur cette « poignée de mains historique ». Mobutu encaisse mal cet affront de son ancien ami « Mwana mboka » devenu son opposant le plus radical.
Mobutu va se venger à la fin de l’audience. Les journalistes vident les lieux, puis commence le huis-clos durant lequel Mgr Monsengwo va déployer ses talents de psychologue, pour chaque fois arrondir les angles.
Première surprise désagréable pour Mobutu, la liste du gouvernement que lui tend Tshisekedi n’est pas sur du papier original : c’est une photocopie.
Mobutu se plaint auprès de Mgr : « Ça ne se fait pas comme ça au sommet de l’Etat ». Deuxième surprise pour le Maréchal, alors que la discussion devait porter sur des ministères de collaboration, Affaires étrangères et de Défense ; Tshisekedi y a déjà nommé ses proches.
Face à l’étonnement de Mobutu, le Premier ministre lui demande de lui proposer quatre noms, parmi lesquels Tshisekedi choisira deux pour ces deux postes. Alors, Mobutu s’énerve et lâche : « mais dis donc, qui nomme ? Vous ou moi ? ».
La rencontre s’arrête là. Juste 25 minutes.
Le chef de l’Etat raccompagne ses hôtes. Mobutu est devant, avec à ses côtés Mgr Monsengwo, Tshisekedi est à quelques pas de là. Après avoir salué Mgr Monsengwo avec une amitié visible, Mobutu tend la main discrètement à Thsisekedi, sans même le regarder. Mobutu vient de venger et laver l’affront du début de leur entretien.
De nombreux Congolais ne croient pas aux élections prévues de novembre 2011. En cas de force majeure, Etienne Tshisekedi est le seul candidat qui peut récuser de se faire voler sa victoire par Joseph Kabila, ses alliés et mentors. Qu'on se le dise !